À Besançon, le «peuple de France» se mobilise pour aider les Ukrainiens

Dans cette ruche en effervescence, les bénévoles s'activent avec efficacité et détermination pour trier, ranger et mettre en carton un labyrinthe de produits, de vêtements et de matériel avant le départ prévu samedi soir. (Photo, AFP)
Dans cette ruche en effervescence, les bénévoles s'activent avec efficacité et détermination pour trier, ranger et mettre en carton un labyrinthe de produits, de vêtements et de matériel avant le départ prévu samedi soir. (Photo, AFP)
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Publié le Samedi 05 mars 2022

À Besançon, le «peuple de France» se mobilise pour aider les Ukrainiens

  • 15 camions et camionnettes prêtés via le bouche-à-oreille s'élanceront dans un périple de 2 500 kilomètres jusqu'à la frontière entre la Pologne et l'Ukraine
  • Une centaine de personnes se présentent spontanément chaque jour à l'entrepôt de 3 000 m2 prêté à l'association pour stocker les dons

BESANÇON : "Il y a un peuple de France qui n'attend que ça, pouvoir aider!": samedi, un impressionnant convoi humanitaire citoyen, lancé par le boulanger Stéphane Ravacley, s'élancera de Besançon jusqu'à la frontière ukrainienne pour venir en aide aux réfugiés.

Grâce au prêt de deux autocars, Stéphane Ravacley, devenu célèbre en menant une grève de la faim pour la régularisation de son apprenti guinéen l'an passé, compte aussi ramener des réfugiés ukrainiens en France, comme "l'autorise l'Etat français".

Samedi soir, 15 camions et camionnettes prêtés via le bouche-à-oreille s'élanceront dans un périple de 2 500 kilomètres jusqu'à la frontière entre la Pologne et l'Ukraine, en passant par Varsovie.

Le cortège acheminera plus de 200 m3 de nourriture (pâte, riz, lait pour bébé...), de produits d'hygiène (couches, serviettes hygiéniques...), de matériel médical (médicaments, bandes, pansements...), de couvertures et d'autres biens de première nécessité pour les victimes de la guerre.

Ce trésor humanitaire s'est constitué en quelques jours seulement grâce aux dons de milliers d'hommes, de femmes et d'entreprises qui ont répondu à l'appel du boulanger bisontin sur Facebook le 25 février, au lendemain de l'entrée des troupes russes en Ukraine.

"C'est comme pour ma grève de la faim, je n'ai pas trop réfléchi", confie Stéphane Ravacley. "Je me suis dit qu'il fallait faire quelque chose".

"On ne peut pas rester insensible", estime son ami Stéphane Nosjean qui a porté l'initiative à ses côtés. "Moi ça m'a pris aux tripes le soir devant la télé: une femme qui partait en courant avec son gosse, des bombes... Aujourd'hui c'est eux, demain ça peut être nous, mes enfants, ma femme, ma mère".

Élan de générosité

Créée pour l'occasion, l'association "Les convois solidaires" s'est chargée de structurer l'organisation de ce convoi et de ceux qui suivront, en lien avec une ONG internationale qui s'occupera de la distribution sur place.

L'élan de générosité est époustouflant: des supermarchés ont offert des vivres, des villages ont acheminé des dizaines de palettes de biens, 50 paires de rangers ont été envoyées d'Alsace, alors que des particuliers ont déposé, à flux tendu jusqu'au dernier jour de la collecte, des sacs en tous genres sous le porche de la boulangerie.

"L'hôpital de Lure (Haute-Saône) nous a même donné deux hôpitaux de campagne", s'émerveille M. Ravacley.

"C'est notre héros du jour", lance alors Emmanuelle Dubois, une infirmière qui a rejoint l'organisation, en désignant un homme amenant une pleine voiture de produits alimentaires non périssables et de produits d'hygiène.

Svitlana, une Ukrainienne de 57 ans, en France depuis huit ans, apporte elle des médicaments et des kits de soins: "ça nous fait du bien cette gentillesse et d'aider comme ça", dit cette femme dont la fille refuse de quitter l'Ukraine.

Ruche en effervescence

La cagnotte en ligne (https://www.cotizup.com/convoi-solidaire) lancée pour financer le voyage comptait vendredi soir plus de 25 000 euros, abondés par plus de 400 donateurs.

Outre les dons, l'engagement humain est considérable: une centaine de personnes se présentent spontanément chaque jour à l'entrepôt de 3 000 m2 prêté à l'association pour stocker les dons.

Dans cette ruche en effervescence, elles s'activent avec efficacité et détermination pour trier, ranger et mettre en carton un labyrinthe de produits, de vêtements et de matériel avant le départ prévu samedi soir.

"Il faut absolument qu'on aide les peuples qui sont en souffrance, l'Ukraine c'est à nos portes", insiste Gilles Treuvey, un bénévole de 66 ans. "On est là en tant que citoyens, on est les petites mains et si ça peut aider, c'est le principal."

"Je ne m'attendais pas à ce que ça prenne une telle ampleur", confie Stéphane Ravacley, les traits tirés par ses courtes nuits mais porté par "la force" de la mobilisation.

Il en est convaincu : "Il y a un peuple de France qui, quoi qu'on en dise, n'attend que ça, de pouvoir aider. Avec cette mobilisation, nous sommes une pommade contre la 'bêtise zémourienne' et tous les extrêmes".


Mandat d'arrêt de la CPI contre Netanyahu: la France «doit appliquer les règles», estime Braun-Pivet

Paris a "pris acte" jeudi de ces mandats d'arrêt, rappelant "son attachement au travail indépendant de la Cour" mais sans dire explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire.  L'Italie et le Royaume-Uni ont en revanche immédiatement annoncé qu'ils respecteraient leur engagement auprès de la CPI. (AFP)
Paris a "pris acte" jeudi de ces mandats d'arrêt, rappelant "son attachement au travail indépendant de la Cour" mais sans dire explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire. L'Italie et le Royaume-Uni ont en revanche immédiatement annoncé qu'ils respecteraient leur engagement auprès de la CPI. (AFP)
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  • La Cour pénale internationale, à laquelle Israël n'a pas adhéré et dont les États-Unis se sont retirés, a lancé jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de Benyamin Netanyahu et du chef de la branche armée du Hamas palestinien Mohammed Deif
  • "A partir du moment où la France est signataire, adhérente du statut de Rome et reconnaît la CPI, je pense qu'elle doit appliquer les règles qui en découlent, il n'y a pas de raison d'y déroger", a expliqué Yaël Braun-Pivet sur Sud radio

PARIS: La présidente de l'Assemblée nationale Yaël Braun-Pivet (Renaissance) a estimé mardi qu'en tant que signataire du statut de la Cour pénale internationale, la France "doit appliquer les règles" et arrêter le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahu s'il venait sur le territoire hexagonal.

"A partir du moment où la France est signataire, adhérente du statut de Rome et reconnaît la CPI, je pense qu'elle doit appliquer les règles qui en découlent, il n'y a pas de raison d'y déroger", a expliqué Yaël Braun-Pivet sur Sud radio.

La Cour pénale internationale, à laquelle Israël n'a pas adhéré et dont les États-Unis se sont retirés, a lancé jeudi des mandats d'arrêt à l'encontre de Benyamin Netanyahu et du chef de la branche armée du Hamas palestinien Mohammed Deif pour crimes de guerre et crimes contre l'humanité.

"C'est toute la difficulté de la justice internationale (...), c'est quand même compliqué d'avoir une justice qui n'est pas reconnue par tous", a estimé la présidente de l'Assemblée française, défendant néanmoins "la stricte application du droit".

"En vertu de la séparation des pouvoirs, je n'ai pas d'injonction à faire au gouvernement et au pouvoir exécutif", a-t-elle précisé, "mais, en tout état de cause, il nous faut tirer les conséquences de cette adhésion à la CPI, évidemment".

Paris a "pris acte" jeudi de ces mandats d'arrêt, rappelant "son attachement au travail indépendant de la Cour" mais sans dire explicitement si la France procéderait à leur arrestation si ces personnes se rendaient sur son territoire.

L'Italie et le Royaume-Uni ont en revanche immédiatement annoncé qu'ils respecteraient leur engagement auprès de la CPI.

A l'inverse, la Hongrie a invité le chef du gouvernement israélien en signe de défiance.


Budget: «pas de catastrophe annoncée» tempère Braun-Pivet face aux menaces de censure

La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a déclaré mardi ne pas envisager de "catastrophe annoncée", face aux menaces de censure qui planent sur le projet de budget de l'Etat pour 2025. (AFP)
La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a déclaré mardi ne pas envisager de "catastrophe annoncée", face aux menaces de censure qui planent sur le projet de budget de l'Etat pour 2025. (AFP)
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  • "J'entends tout et souvent n'importe quoi (...) Nos textes sont bien faits, notre Constitution et nos règles sont là, donc pas de catastrophe annoncée, pas de +shutdown+ à l'américaine (...) Il n'y a pas de scénario catastrophe"
  • Outre les oppositions, certains alliés de Michel Barnier font monter la pression pour limiter les hausses d'impôts

PARIS: La présidente de l'Assemblée nationale, Yaël Braun-Pivet, a déclaré mardi ne pas envisager de "catastrophe annoncée", face aux menaces de censure qui planent sur le projet de budget de l'Etat pour 2025.

"J'entends tout et souvent n'importe quoi (...) Nos textes sont bien faits, notre Constitution et nos règles sont là, donc pas de catastrophe annoncée, pas de +shutdown+ à l'américaine (...) Il n'y a pas de scénario catastrophe", a déclaré Mme Braun-Pivet, invitée sur Sud Radio.

"Le gouvernement peut présenter au Parlement ce qu'on appelle une loi spéciale pour prélever les impôts à partir du 1er janvier, il peut y avoir reconduction des dépenses par décret pour pouvoir payer les fonctionnaires, les retraités, etc. (...) Je ne veux pas inquiéter nos compatriotes. Nous sommes en responsabilité réelle", a-t-elle ajouté.

Interrogée sur les pressions auxquelles est confronté le Premier ministre Michel Barnier - Marine Le Pen pour l'extrême droite puis Mathilde Panot au nom de la gauche ont fermement maintenu lundi leurs menaces de censure du gouvernement après leurs entretiens avec le locataire de Matignon - Yaël Braun-Pivet considère qu'il s'agit plutôt de "positions politiques".

"Le rôle du Premier ministre, lorsqu'il construit un budget, c'est de prendre en compte les expressions des parlementaires élus de la nation représentant les Français. (...) Il faut faire des choix et c'est justement ça qui lui incombe en tenant compte des opinions et des expressions politiques des uns et des autres".

Face à l'intention du RN de voter la censure si le budget restait "en l'état" selon Marine Le Pen, la présidente de l'Assemblée nationale a rappelé que la motion de censure est "un droit constitutionnel qui appartient aux parlementaires" et appelé à ce que "chacun se mette dans une position constructive pour le bien de notre pays".

Outre les oppositions, certains alliés de Michel Barnier font monter la pression pour limiter les hausses d'impôts.

Le chef des députés macronistes Gabriel Attal, qui était reçu mardi matin avec les autres dirigeants du "socle commun", a redit lundi ses "doutes" à ce sujet mais jugé Marine Le Pen "totalement irresponsable", en marge d'un déplacement dans l'Orne.


France: la menace de la censure s'accroît sur le gouvernement Barnier

Cette vue générale prise à Paris le 2 avril 2024, montre le Sénat français lors d'une session. (AFP)
Cette vue générale prise à Paris le 2 avril 2024, montre le Sénat français lors d'une session. (AFP)
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  • Formé le 21 septembre à l'issue de plusieurs semaines de crise politique suivant la dissolution inattendue de l'Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron, en juin, l'exécutif se sait bâti sur du sable, étant minoritaire
  • Le Premier ministre n'a visiblement pas davantage convaincu la cheffe de file des députés de la France insoumise

PARIS: Le risque de censure s'est accru lundi sur le gouvernement français: la cheffe de file de l'extrême droite Marine Le Pen et Mathilde Panot au nom de la gauche ont fermement maintenu leurs menaces en ce sens, après des entretiens avec le Premier ministre conservateur Michel Barnier.

Formé le 21 septembre à l'issue de plusieurs semaines de crise politique suivant la dissolution inattendue de l'Assemblée nationale par le président Emmanuel Macron, en juin, l'exécutif se sait bâti sur du sable, étant minoritaire.

Une censure ne serait pas "le chaos", a souligné Mme Le Pen après avoir été reçue lundi par M. Barnier.

Alors que selon elle le Premier ministre a "campé sur ses positions", elle a affirmé que le RN ne "renoncer(ait) pas à défendre les Français", refusant de céder "à la petite musique (...) consistant à dire si jamais ce budget est refusé, s'il y a une censure, ça va être dramatique, ça va être le chaos".

Le RN est le parti comptant le plus grand nombre d'élus à l'Assemblée (125 sur 577 sièges).

Le Premier ministre n'a visiblement pas davantage convaincu la cheffe de file des députés de la France insoumise (gauche radicale), Mathilde Panot, qu'il a reçue ensuite.

A sa sortie de l'entretien, Mme Panot a appelé "l'ensemble des députés", y compris du RN, à voter la motion de censure. Elle a prévu de la déposer avec ses alliés du Nouveau front populaire (NFP) si le Premier ministre utilisait l'article 49.3 de la Constitution -qui lui permet de faire passer un texte sans vote- pour forcer l'adoption de son budget 2025 décrié.

Mme Panot a "acté des désaccords profonds" avec M. Banier, le budget étant selon elle "le plus violent socialement et écologiquement" de la Ve République.

Alors que la France est lourdement endettée et que le gouvernement veut faire voter de nombreuses économies, la gauche et l'extrême droite, qui s'y opposent, pourraient le faire tomber ensemble.

"Jusqu'à présent, on avait une opposition de style entre la gauche et le RN", observe le politologue du Centre national de la recherche scientifique (CNRS), Olivier Costa. "La gauche souhaitait censurer le gouvernement Barnier dès que possible, l'estimant illégitime, alors que l'extrême droite souhaitait le laisser œuvrer pour s'afficher en parti responsable".

Mais "pour la première fois depuis que Barnier est en poste, il y a un risque réel d'avoir une motion de censure contre lui", souligne-t-il.

- "Mort politique" -

Un raidissement attribué par nombre d'analystes aux ennuis judiciaires de Marine Le Pen, qui à l'instar de son parti est accusée de détournements de fonds publics européens, pour un préjudice de 4,5 millions d'euros.

Les réquisitions ont été lourdes à l'encontre de Mme Le Pen: cinq ans d'emprisonnement, dont deux ferme, 300.000 euros d'amende et cinq ans d'inéligibilité avec exécution immédiate, ce qui signifie qu'elle deviendrait inéligible dès le prononcé du verdict, même en cas d'appel.

"C'est ma mort politique qui est réclamée", considère la candidate trois fois malheureuse à la présidentielle française, qu'une condamnation empêcherait de concourir à celle de 2027.

Alors que le RN refuse officiellement de lier une éventuelle censure à ses ennuis judiciaires, le chercheur Olivier Costa voit dans les déclarations à répétition de ses cadres une "stratégie d'agitation" médiatique.

"Si le gouvernement Barnier tombe, plus personne ne se souciera du procès des assistants parlementaires du RN, alors qu'ils sont actuellement sous le feu de la rampe", estime-t-il.

- "Chienlit" -

Le vote de la motion de censure pourrait intervenir dans la deuxième quinzaine de décembre, si le gouvernement a recours à l'article 49.3.

"Est-ce que le RN passera réellement à l'acte? Je ne sais pas", souligne toutefois le politologue Pascal Perrineau, professeur à Sciences Po Paris, interrogé par l'AFP. Car il y aura selon lui "un coût politique" pour ceux qui feront tomber l'exécutif.

"Celui ou celle qui renversera le gouvernement privera le pays d'un budget et le précipitera dans le désordre et la chienlit", parce qu'"il n'existe aucune majorité alternative au socle qui soutient le gouvernement", a estimé le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot.

La porte-parole du gouvernement Maud Bregeon a elle évoqué le risque d'"un scénario à la grecque" pour la France, la censure du budget pouvant selon elle plonger le pays dans une crise financière.