BESANÇON : "Il y a un peuple de France qui n'attend que ça, pouvoir aider!": samedi, un impressionnant convoi humanitaire citoyen, lancé par le boulanger Stéphane Ravacley, s'élancera de Besançon jusqu'à la frontière ukrainienne pour venir en aide aux réfugiés.
Grâce au prêt de deux autocars, Stéphane Ravacley, devenu célèbre en menant une grève de la faim pour la régularisation de son apprenti guinéen l'an passé, compte aussi ramener des réfugiés ukrainiens en France, comme "l'autorise l'Etat français".
Samedi soir, 15 camions et camionnettes prêtés via le bouche-à-oreille s'élanceront dans un périple de 2 500 kilomètres jusqu'à la frontière entre la Pologne et l'Ukraine, en passant par Varsovie.
Le cortège acheminera plus de 200 m3 de nourriture (pâte, riz, lait pour bébé...), de produits d'hygiène (couches, serviettes hygiéniques...), de matériel médical (médicaments, bandes, pansements...), de couvertures et d'autres biens de première nécessité pour les victimes de la guerre.
Ce trésor humanitaire s'est constitué en quelques jours seulement grâce aux dons de milliers d'hommes, de femmes et d'entreprises qui ont répondu à l'appel du boulanger bisontin sur Facebook le 25 février, au lendemain de l'entrée des troupes russes en Ukraine.
"C'est comme pour ma grève de la faim, je n'ai pas trop réfléchi", confie Stéphane Ravacley. "Je me suis dit qu'il fallait faire quelque chose".
"On ne peut pas rester insensible", estime son ami Stéphane Nosjean qui a porté l'initiative à ses côtés. "Moi ça m'a pris aux tripes le soir devant la télé: une femme qui partait en courant avec son gosse, des bombes... Aujourd'hui c'est eux, demain ça peut être nous, mes enfants, ma femme, ma mère".
Élan de générosité
Créée pour l'occasion, l'association "Les convois solidaires" s'est chargée de structurer l'organisation de ce convoi et de ceux qui suivront, en lien avec une ONG internationale qui s'occupera de la distribution sur place.
L'élan de générosité est époustouflant: des supermarchés ont offert des vivres, des villages ont acheminé des dizaines de palettes de biens, 50 paires de rangers ont été envoyées d'Alsace, alors que des particuliers ont déposé, à flux tendu jusqu'au dernier jour de la collecte, des sacs en tous genres sous le porche de la boulangerie.
"L'hôpital de Lure (Haute-Saône) nous a même donné deux hôpitaux de campagne", s'émerveille M. Ravacley.
"C'est notre héros du jour", lance alors Emmanuelle Dubois, une infirmière qui a rejoint l'organisation, en désignant un homme amenant une pleine voiture de produits alimentaires non périssables et de produits d'hygiène.
Svitlana, une Ukrainienne de 57 ans, en France depuis huit ans, apporte elle des médicaments et des kits de soins: "ça nous fait du bien cette gentillesse et d'aider comme ça", dit cette femme dont la fille refuse de quitter l'Ukraine.
Ruche en effervescence
La cagnotte en ligne (https://www.cotizup.com/convoi-solidaire) lancée pour financer le voyage comptait vendredi soir plus de 25 000 euros, abondés par plus de 400 donateurs.
Outre les dons, l'engagement humain est considérable: une centaine de personnes se présentent spontanément chaque jour à l'entrepôt de 3 000 m2 prêté à l'association pour stocker les dons.
Dans cette ruche en effervescence, elles s'activent avec efficacité et détermination pour trier, ranger et mettre en carton un labyrinthe de produits, de vêtements et de matériel avant le départ prévu samedi soir.
"Il faut absolument qu'on aide les peuples qui sont en souffrance, l'Ukraine c'est à nos portes", insiste Gilles Treuvey, un bénévole de 66 ans. "On est là en tant que citoyens, on est les petites mains et si ça peut aider, c'est le principal."
"Je ne m'attendais pas à ce que ça prenne une telle ampleur", confie Stéphane Ravacley, les traits tirés par ses courtes nuits mais porté par "la force" de la mobilisation.
Il en est convaincu : "Il y a un peuple de France qui, quoi qu'on en dise, n'attend que ça, de pouvoir aider. Avec cette mobilisation, nous sommes une pommade contre la 'bêtise zémourienne' et tous les extrêmes".