RIYAD: Fitch et Moody’s ont abaissé la note de la Russie de six crans: elle accède au statut de «junk». Ces agences de notation affirment que les sanctions occidentales mettaient en doute sa capacité à rembourser ses dettes et affaibliraient l’économie.
FAITS MARQUANTS
Économie russe
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Le rouble a fortement chuté au début des échanges de devises, atteignant 100,96 pour un dollar (1 dollar = 0,90 euro), contre 83,5 mercredi 23 février, la veille de l’invasion de l’Ukraine, et 113,52 pour un euro, contre 93,5 avant le début de l’offensive.
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Les sanctions imposées à la Russie ont considérablement augmenté le risque de non-remboursement par ce pays de la dette publique en dollars et sur d’autres marchés internationaux, ont déclaré mercredi dernier des analystes de JPMorgan, entre autres.
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Les entreprises russes se ruent sur les comptes bancaires chinois après les sanctions imposées par les pays occidentaux.
Pétrole
- Le brut Brent ou brut de Londres est de nouveau monté en flèche le 3 mars, atteignant 120 dollars le baril, soit le niveau le plus élevé depuis neuf ans, selon un rapport de Reuters.
- Les contrats à terme sur le brut américain WTI ont grimpé à 115,64 dollars le baril, leur plus haut niveau depuis septembre 2008.
Cotes de crédit
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L’invasion a déclenché des mouvements de cotes de crédit et de terribles avertissements relatifs aux répercussions sur l’économie russe. S&P a abaissé la note de la Russie au statut de «junk» la semaine dernière.
Indices
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Les fournisseurs d’indices FTSE Russell et MSCI ont annoncé mercredi dernier qu’ils retireraient les actions russes de tous leurs indices après qu’un haut responsable de MSCI a qualifié plus tôt cette semaine le marché boursier russe de «non investissable».
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FTSE Russell a déclaré que la décision entrerait en vigueur à compter du 7 mars, tandis que MSCI a précisé que la sienne serait appliquée en une fois sur tous les indices MSCI à compter du 9 mars.
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MSCI a fait savoir qu’il reclassait également les indices MSCI Russie des marchés émergents au statut de marchés autonomes.
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La Russie a une pondération de 3,24% au sein de l’indice de référence des marchés émergents de MSCI et une pondération d’environ 30 points de base au sein de l’indice de référence mondial du fournisseur.
Réactions internationales
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L’Italie a cessé de financer le projet Arctic LNG 2, d’une valeur de 21 milliards de dollars, selon un rapport de Reuters.
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Le commerce indo-russe est au point mort puisque les banques ne traitent pas les documents de paiement, rapporte CNBC.
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Le Japon est prêt à geler les actifs de quatre banques russes supplémentaires, affirme son ministre des Finances, Shunichi Suzuki.
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Les autorités allemandes ont saisi le superyacht de 600 millions de dollars du milliardaire russe Alicher Ousmanov, indique Forbes.
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Japan Airlines Co Ltd et ANA Holdings Inc. ont décidé d’annuler jeudi tous les vols à destination et en provenance de l’Europe pour des raisons de sécurité.
Répercussions énergétiques
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La société énergétique finlandaise Fortum mettra un terme à tous les nouveaux investissements en Russie, selon un rapport de Reuters.
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La hausse des prix de l’énergie qui découle de l'invasion de l’Ukraine par la Russie augmentera le risque d'inflation en Asie: Moody’s.
Fitch et Moody's
Fitch a abaissé la note de la Russie de «BBB» à «B», la plaçant sous surveillance négative. Moody’s, qui avait signalé la semaine dernière la possibilité d’une dégradation, a également abaissé la note du pays de six crans, passant de Baa3 à B3.
Selon Fitch, la seule autre dégradation de six crans sur une même entité souveraine a eu lieu pour la Corée du Sud en 1997.
«La sévérité des sanctions internationales en réponse à l’invasion militaire de l’Ukraine par la Russie augmente les risques d’instabilité macrofinancière, représente un choc énorme pour les fondamentaux du crédit de la Russie et pourrait saper sa volonté de rembourser la dette publique», indique Fitch dans un rapport.
Fitch ajoute que les sanctions américaines et européennes qui interdisent toute transaction avec la Banque centrale de Russie auraient «une incidence beaucoup plus importante sur les fondamentaux du crédit de la Russie que toutes les sanctions précédentes» et rendraient une grande partie des réserves internationales de la Russie inutilisables pour une intervention sur le marché des changes.
«Les sanctions pourraient également peser sur la volonté de la Russie de rembourser sa dette», avertit Fitch. «La décision du président Poutine de mettre la force de dissuasion nucléaire en état d’alerte maximale semble diminuer la perspective qu’il change d’avis sur l’Ukraine de manière à annuler rapidement le durcissement des sanctions.»
Fitch s’attend à un renforcement des sanctions contre les banques russes.
Moody’s a déclaré jeudi que la portée et la sévérité des sanctions «ont dépassé les attentes initiales de Moody’s et qu’elles auront des répercussions importantes sur le crédit».
En outre, les sanctions imposées par les pays occidentaux affaibliront considérablement le potentiel de croissance du PIB de la Russie par rapport à l’évaluation précédente de l’agence de notation (1,6%), rapporte Fitch.
«Dans ce cas, les actifs gelés ou en baisse, encouragés par les sanctions, ont bousculé les notations», écrivent les analystes de Mizuho. Ils ajoutent que «les notations et les risques de référence pourraient aggraver la fuite de capitaux, étant donné que les fonds de référence sont contraints d’être liquidés plutôt que détenus.»
La Russie a répondu aux sanctions par une série de mesures qui visent à renforcer ses défenses économiques et à riposter contre les restrictions occidentales. Elle a relevé son taux directeur à 20%, interdit aux courtiers russes de vendre des titres détenus par des étrangers, ordonné aux entreprises exportatrices de renforcer le rouble et déclaré qu’elle empêcherait les investisseurs étrangers de vendre des actifs.
Le gouvernement prévoit également de faire appel au fonds souverain – son filet de sécurité – en vue de contrer les sanctions.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com