St-Etienne-du-Rouvray: «j'étais seule face à sa radicalisation», déplore la mère d'un des djihadistes

Une capture d'image extraite d'une vidéo publiée le 27 juillet 2016 par Amaq News Agency, un service en ligne affilié au groupe État islamique (EI), montre le djihadiste français Adel Kermiche, 19 ans. (AFP)
Une capture d'image extraite d'une vidéo publiée le 27 juillet 2016 par Amaq News Agency, un service en ligne affilié au groupe État islamique (EI), montre le djihadiste français Adel Kermiche, 19 ans. (AFP)
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Publié le Mardi 01 mars 2022

St-Etienne-du-Rouvray: «j'étais seule face à sa radicalisation», déplore la mère d'un des djihadistes

  • «Mon fils a commencé à parler de religion autour de mars 2015 (...) On ne s'est pas inquiété: c'est normal pour un musulman de faire la prière»
  • Juillet 2016, Adel Kermiche fait irruption avec Abdel-Malik Petitjean dans l'église. Ils tuent à coups de couteau le prêtre de 85 ans

PARIS: La mère d'un des auteurs de l'assassinat du père Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray en 2016, a déploré lundi devant la cour d'assises spéciale de s'être retrouvée "seule face à la radicalisation" de son fils, jugeant que l'attentat "aurait pu être évité".


Le 26 juillet 2016, Adel Kermiche, 19 ans, porteur d'un bracelet électronique après deux tentatives de départ en Syrie, fait irruption avec Abdel-Malik Petitjean dans l'église de cette commune de Seine-Maritime où il résidait.


Ils tuent à coups de couteau le prêtre de 85 ans et blessent grièvement un paroissien avant d'être abattus par la police.


"Je suis vraiment très peinée pour les parties civiles (...) J'aurais tellement voulu avoir les moyens d'éviter cet attentat", témoigne Aldjia Kermiche, en tailleur noir, petit foulard autour du cou.


L'enseignante, âgée de 59 ans, explique avoir frappé à plusieurs portes, réclamé à la police qu'il soit "mis sous surveillance" ou demandé à la mairie de lui trouver "une occupation" à sa sortie de prison - il avait été détenu pour avoir tenté de rejoindre la Syrie - "pour pas qu'il passe son temps sur internet".


Mais à sa libération en mars 2016, "je me suis retrouvée seule pour faire face à la radicalisation de mon fils", souligne-t-elle.


Il semble alors "apaisé", ne parle plus de Syrie, "mais on le surveillait quand même", dit sa mère. Elle constate alors qu'en prison, il a "appris à lire et écrire l'arabe" et "des prières par cœur" mais n'imagine pas "qu'il puisse faire un attentat".

Difficultés psychologiques 
"J'aurais bien aimé" savoir ce que les services de renseignement "avaient comme informations et comment ces informations n'ont pas été transmises, parce que vraiment cet attentat aurait pu être évité, j'en suis certaine", insiste Mme Kermiche.


Cinq agents de la direction du renseignement de la préfecture de police (DRPP) de Paris ont été appelés à témoigner mardi avec leur cheffe de service. Mais quatre d'entre eux ont fourni des certificats attestant qu'ils n'étaient "pas aptes psychologiquement à être entendus".


La cour n'a pas encore indiqué si elle renonçait à leur audition.


Selon Mediapart, ces enquêteurs ont eu accès une semaine avant l'attentat à un message audio d'Adel Kermiche sur la messagerie cryptée Telegram évoquant une attaque dans une église.


A la barre, la mère du jeune homme revient sur son traitement pour "hyperactivité" dès l'enfance, son placement à 13 ans dans un institut pour adolescents souffrant de difficultés psychologiques puis son hospitalisation en psychiatrie pour des "problèmes de comportement".


Elle confirme aussi les violences du père qui l'a "attaché sur son lit" pour le punir après de nombreuses exclusions du collège.


"Mon fils a commencé à parler de religion autour de mars 2015 (...) On ne s'est pas inquiété: c'est normal pour un musulman de faire la prière", poursuivi Mme Kermiche.


"Quand il m'a dit qu'il voulait faire la prière, j'étais fier", abonde le père du jihadiste à la barre.

«Pas nette»
Veste kakie et sweat à capuche noir, ce chauffeur-routier d'une soixantaine d'années fond en larmes au bout de dix minutes, à l'évocation d'un souvenir. "Je peux plus parler". Il reprendra sa déposition après une brève suspension d'audience.


"Ensuite, il a commencé à nous reprocher nos propres pratiques, à nous dire qu'on n'était pas dans le bon chemin", se souvient la mère d'Adel Kermiche.


Le 23 juillet 2016, au retour d'un dîner, ils tombent sur Abdel-Malik Petitjean, que leur fils leur présente comme "un ami d'enfance" en formation à Rouen.


"Sa façon de parler, je la trouvais pas nette" mais "je peux pas laisser un garçon jeune dans la rue à minuit", se justifie M. Kermiche, qui lui demande de quitter son domicile le lendemain.


C'est dans le salon familial qu'ils filmeront une vidéo d'allégeance à l'organisation Etat islamique, transmise le lendemain au propagandiste Rachid Kassim.


"Je m'en suis vraiment voulu de n'avoir rien entendu ce soir-là. Comment ils ont pu tourner cette vidéo sans que je m'en rende compte ? On était là, mais on dormait", regrette Mme Kermiche.


Après sa déposition, Roseline Hamel, la soeur du prêtre assassiné, s'assied à son côté sur les bancs du public. Mme Kermiche l'avait rencontrée quelques mois après l'attentat, ainsi que l'une des filles du paroissien blessé.


"J'avais besoin de parler aux familles de victimes. On souffre tous de la même chose, du terrorisme", conclut-elle.


Le gouvernement annule 3 milliards d'euros de crédits dans le cadre de l'effort budgétaire

La ministre française en charge des comptes publics Amélie de Montchalin (G) et le ministre français de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique Eric Lombard tiennent une conférence de presse après une réunion hebdomadaire du cabinet au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 16 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
La ministre française en charge des comptes publics Amélie de Montchalin (G) et le ministre français de l'économie, des finances et de la souveraineté industrielle et numérique Eric Lombard tiennent une conférence de presse après une réunion hebdomadaire du cabinet au palais présidentiel de l'Elysée à Paris, le 16 avril 2025. (Photo Ludovic MARIN / AFP)
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  • La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, avait alors expliqué que ces 5 milliards d'euros devaient permettre de respecter les objectifs de déficit public cette année, dans un contexte de croissance moindre.
  • « Ces 5 milliards d'euros que nous allons soit annuler, soit reporter, soit réorienter, c'est notre réponse à un monde instable. C'est la manière de faire face quoi qu'il arrive à ce monde instable », avait-elle déclaré.

PARIS : Le gouvernement a acté dans le Journal officiel des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards, dans le cadre de l'effort supplémentaire de 5 milliards d'euros déjà annoncé par Bercy début avril.

La ministre des Comptes publics, Amélie de Montchalin, avait alors expliqué que ces 5 milliards d'euros devaient permettre de respecter les objectifs de déficit public cette année, dans un contexte de croissance moindre.

« Ces 5 milliards d'euros que nous allons soit annuler, soit reporter, soit réorienter, c'est notre réponse à un monde instable. C'est la manière de faire face quoi qu'il arrive à ce monde instable », avait-elle déclaré.

Une partie de cette somme a été concrétisée par le décret publié au Journal officiel.

« Afin de prévenir une détérioration de l'équilibre budgétaire sur le budget de l'État », selon le Journal officiel, « le présent décret porte des annulations de crédits à hauteur de 3,1 milliards d'euros en autorisations d'engagement ». 

« Cet effort porte essentiellement sur les crédits hors masse salariale mis en réserve en début d'année », est-il précisé, « ces annulations ne devraient ainsi pas remettre en cause de façon significative la capacité d'exécution des politiques publiques, selon les termes de la loi de finances initiale pour 2025 ».

Parmi les annulations de crédits, sont concernées la mission « écologie, développement et mobilité durable » (549,6 millions d'euros), la mission « économie » (517,7 millions d'euros), la mission « recherche et enseignement supérieur » (493,3 millions d'euros) ou encore la mission « agriculture, alimentation et affaires rurales » (140 millions d'euros).

« La dégradation récente des perspectives macroéconomiques conduit à anticiper de moindres recettes publiques, en lien notamment avec une révision à la baisse de la prévision de croissance à 0,7 %. Ces risques sont également renforcés par le contexte géopolitique incertain », souligne le décret.

« Dans ce cadre, un effort supplémentaire de maîtrise de la dépense est nécessaire pour respecter la trajectoire de redressement des comptes publics sur laquelle le gouvernement s'est engagé », ajoute le décret. 


France: prières et recueillement pour le pape François à Paris et Marseille

Des fidèles participent à un défilé aux flambeaux et à un service de prière après la mort du pape François, devant le sanctuaire Notre-Dame à Lourdes, dans le sud de la France, le 21 avril 2025. (AFP)
Des fidèles participent à un défilé aux flambeaux et à un service de prière après la mort du pape François, devant le sanctuaire Notre-Dame à Lourdes, dans le sud de la France, le 21 avril 2025. (AFP)
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  •  De nombreux fidèles se sont à nouveau déplacés vendredi pour le pape François, lors d'une messe à Notre-Dame à Paris puis d'une veillée de prières à Notre-Dame de la Garde à Marseille dans le sud de la France
  • A Paris, le Premier ministre français François Bayrou a assisté à la messe dans la cathédrale, chef d'oeuvre de l'art gothique récemment rénové après l'incendie de 2019

PARIS: De nombreux fidèles se sont à nouveau déplacés vendredi pour le pape François, lors d'une messe à Notre-Dame à Paris puis d'une veillée de prières à Notre-Dame de la Garde à Marseille dans le sud de la France, à la veille de ses funérailles au Vatican.

A Paris, le Premier ministre français François Bayrou a assisté à la messe dans la cathédrale, chef d'oeuvre de l'art gothique récemment rénové après l'incendie de 2019.

"J'ai vu les foules de la place Saint-Pierre et du parvis (de Notre-Dame) depuis lundi. Je me réjouis beaucoup de l'attachement des catholiques, du peuple d'une façon générale, à cette personnalité qui nous a marqués et a fait bouger les lignes dans l'Eglise et dans la société", a salué Mgr Laurent Ulrich, archevêque de Paris, auprès de journalistes.

"La transformation des coeurs humains a pu s'opérer sous son aura", a poursuivi le prélat, qui a présidé la messe solennelle "d'action de grâce et pour le repos de l'âme du Saint Père" décédé lundi à Rome.

Une heure avant l'office, une queue de plusieurs centaines de mètres composée de fidèles attendait déjà de pouvoir entrer dans l'édifice.

"Les institutions françaises ont le devoir d'être présentes chaque fois qu'une partie importante du peuple français est bouleversée, touchée, est en deuil", a estimé M. Bayrou, à l'issue de cette cérémonie, estimant que le pape François "était une figure que beaucoup de Français ressentaient comme de bonté, de générosité et du côté des plus faibles et des plus fragiles".

A Marseille, une centaine de personnes ont participé à une veillée de prière à la basilique Notre-Dame de la Garde, la "Bonne mère", symbole de la deuxième ville de France, juchée sur une colline face au soleil couchant.

Le pape François s'était rendu dans cette basilique néo-byzantine aux murs recouverts d'ex-votos lors d'un déplacement à Marseille en septembre 2023. Il y avait dénoncé le sort des migrants en Méditerranée, martelant son message de secours et d'accueil.

- "Valeurs d'humanité" -

A Marseille, la veillée a débuté par une procession sur l'esplanade de la basilique, jusqu'au mémorial aux marins et migrants disparus en mer. Ce même monument devant lequel le jésuite argentin avait souhaité "prier pour les morts en mer, particulièrement les migrants", a rappelé à l'AFP le recteur de la basilique, le père Olivier Spinosa.

"Nous ne pouvons plus assister aux tragédies des naufrages provoqués par des trafics odieux et le fanatisme de l'indifférence", avait lancé le pape à cet endroit, assurant que "les personnes qui risquent de se noyer, lorsqu'elles sont abandonnées sur les flots, doivent être secourues".

"C'est un devoir d'humanité, c'est un devoir de civilisation", avait-il insisté.

"Marseille est cosmopolite, le pape aimait cela, et il avait demandé à ce que la Méditerranée ne soit pas un cimetière", s'est remémoré Robert Olivieri, 73 ans, qui avait assisté à la messe du pape dans le stade de la ville, lors de ce déplacement orchestré par l'archevêque de Marseille, le cardinal Jean-Marc Aveline.

"J'aurais aimé pouvoir aller à Rome mais ce n'est pas possible. Je me sens proche des écrits de François, sa proximité avec les pauvres et les migrants. Ça me touche beaucoup plus que Benoît XVI qui était plus un théologien", a témoigné Sandrine Gougeon, 46 ans, auprès de l'AFP. Pour elle, "le décès de François rajoute de l'incertitude, une forme d'insécurité au monde".

Les funérailles du pape François, décédé lundi à 88 ans, se déroulent samedi. Après la messe en plusieurs langues, place Saint-Pierre, son cercueil sera transporté à la basilique Sainte-Marie-Majeure, dans le centre de Rome, où il sera inhumé.


Arrivée de 115 personnes évacuées de Gaza à l'aéroport de Paris-Orly

Selon une source diplomatique, "500 personnes" ont été évacuées par la France depuis l'attaque du 7 octobre. (AFP)
Selon une source diplomatique, "500 personnes" ont été évacuées par la France depuis l'attaque du 7 octobre. (AFP)
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  • Le groupe est constitué de "ressortissants français et de leurs ayants droit, de personnels de l'Institut français de Gaza et leurs familles, de personnalités palestiniennes proches de notre pays"
  • La semaine dernière, 59 personnes étaient déjà arrivées en région parisienne, selon la même source

ORLY: Un groupe de 115 personnes évacuées de la bande de Gaza, à l'initiative de la France, est arrivé à l'aéroport de Paris-Orly vendredi, ont constaté des journalistes de l'AFP.

Le groupe est constitué de "ressortissants français et de leurs ayants droit, de personnels de l'Institut français de Gaza et leurs familles, de personnalités palestiniennes proches de notre pays", a détaillé une source diplomatique, précisant que cette arrivée depuis Gaza est la plus importante depuis le début de la guerre lancée en représailles à l'attaque du Hamas en Israël le 7 octobre 2023.

La semaine dernière, 59 personnes étaient déjà arrivées en région parisienne, selon la même source.

Les familles déjà présentes en France ont attendu en fin de matinée l'arrivée de leurs proches dans une ambiance joyeuse, ont constaté les journalistes de l'AFP.

Parmi les nouveaux arrivés, il y a "des étudiants, boursiers du gouvernement français, qui ont leur bourse depuis 15 ou 18 mois à peu près, mais qui n'avaient pas encore pu venir effectuer leurs études en France", ainsi que des "chercheurs et artistes", venus "pour la plupart avec leur famille", selon Annick Suzor-Weiner, professeure émérite à l'université Paris-Saclay, vice-présidente du réseau Migrants dans l'enseignement supérieur.

Selon une source diplomatique, "500 personnes" ont été évacuées par la France depuis l'attaque du 7 octobre.

Rompant une trêve de près de deux mois dans la guerre déclenchée il y a plus d'un an et demi, Israël a repris le 18 mars son offensive aérienne puis terrestre dans la bande de Gaza et au moins 1.978 Palestiniens ont été tués depuis, selon les chiffres publiés jeudi par le ministère de la Santé du Hamas.

Ce bilan porte à 51.355 le nombre de morts dans la bande de Gaza, selon la même source, depuis le début de la guerre.

Cette attaque sans précédent a entraîné la mort de 1.218 personnes côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles.