Premiers pourparlers russo-ukrainiens, au cinquième jour de l'invasion russe

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'un briefing au bureau du chef de l'État à Kiev. (AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky lors d'un briefing au bureau du chef de l'État à Kiev. (AFP).
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Publié le Lundi 28 février 2022

Premiers pourparlers russo-ukrainiens, au cinquième jour de l'invasion russe

  • Des délégations russe et ukrainienne doivent entamer lundi des négociations, au cinquième jour de l'invasion de l'Ukraine
  • Ces pourparlers interviennent alors que l'offensive russe se heurte à une vive résistance de l'armée ukrainienne et des sanctions inédites adoptées par les Occidentaux

KIEV : Des délégations russe et ukrainienne ont entamé lundi au Bélarus de premiers pourparlers au cinquième jour de l'invasion de l'Ukraine par la Russie, qui a poussé plus d'un demi-million d'Ukrainiens à fuir leur pays.

Ces premières négociations, qui ont débuté vers 11H00 GMT, interviennent alors que les forces de Vladimir Poutine rencontrent une vive résistance de l'armée ukrainienne, et que les sanctions d'une ampleur inédite adoptées par les Occidentaux font vaciller l'économie russe.

Selon la présidence ukrainienne, Kiev comptait demander lors des discussions --organisées dans une résidence du président bélarusse Alexandre Loukachenko, à la frontière ukraino-bélarusse-- "un cessez-le-feu immédiat et le retrait des troupes (russes) du territoire ukrainien".

Le président Zelensky , qui ne participe pas aux négociations, la délégation ukrainienne étant conduite par le ministre de la Défense Oleksiï Reznikov, a appelé depuis Kiev les soldats russes à "déposer les armes".

Il a également demandé à l'Union européenne (UE) une intégration "sans délai" de l'Ukraine. "Je suis sûr que c'est juste. Je suis sûr que c'est possible", a-t-il lancé.

Le président du Conseil européen Charles Michel a cependant souligné qu'il y avait "différentes opinions" sur l'adhésion de l'Ukraine parmi les Vingt-Sept, semblant écarter toute décision rapide.

Le chef de la délégation russe, le conseiller du Kremlin Vladimir Medinski, a de son côté indiqué vouloir "trouver un accord" avec Kiev qui soit "dans l'intérêt des deux parties".

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a refusé d'énoncer les exigences russes, soulignant que les négociations devaient se faire "dans le silence".

L'agence de presse d'Etat bélarusse Belta a diffusé des images de la salle des négociations, avec une longue table couverte d'une nappe blanche, une dizaine de chaises de chaque côté, et les drapeaux des trois pays dans le fond.  

"Vous pouvez vous sentir en sécurité totale, c'est notre responsabilité sacrée", a déclaré aux délégations en les accueillant le chef de la diplomatie bélarusse, Vladimir Makeï.

Le gouvernement du Bélarus, où sont stationnés d'importantes forces russes, a fait ratifier dimanche par référendum des amendements à sa Constitution ouvrant la porte à une nucléarisation du pays. 

Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell a jugé cette évolution "très dangereuse", car "cela signifie que la Russie va mettre des armes nucléaires au Bélarus".  

Pas de victoire majeure

Sur le terrain  en Ukraine, Kiev a indiqué lundi que l'armée russe avait tenté dans la nuit de prendre d'assaut la capitale mais que les attaques avaient été repoussées.

La ville était hérissée de barricades de fortune, tandis que des panneaux électroniques publics prévenaient les Russes qu'ils seraient accueillis "par des balles".

"Les Russes savent très bien que notre terre leur brûle sous les pieds", a affirmé à l'AFP Pavlo Krasnopruov, prêt au combat, acteur dans la vie civile.

L'armée russe a fait savoir que les civils pouvaient quitter "librement" Kiev et accusé le pouvoir ukrainien de les utiliser comme "boucliers humains", laissant planer le spectre d'un assaut de grande envergure.

Les Ukrainiens affirment eux que les forces russes ont subi de lourdes pertes au nord-ouest de l'Ukraine, et ont été arrêtées au sud-est de Kiev, mais poursuivent leur offensive sur d'autres localités, notamment Marioupol, important port du sud-est.

En l'absence jusqu'ici de victoire majeure de l'armée russe, Vladimir Poutine a franchi un nouveau cap dans la menace d'élargir le conflit, déjà le plus grave en Europe depuis 1945: il a déclaré dimanche avoir mis ses forces nucléaires en "état spécial d'alerte" face aux "déclarations belliqueuses de l'Otan" et aux sanctions "illégitimes" imposées à la Russie.

Sanctions économiques 

Durant le weekend, les Européens ont durci leurs sanctions économiques contre la Russie. Ils ont exclu plusieurs banques russes du système interbancaire international Swift, et interdit toute transaction avec la Banque centrale de Russie, mesure également annoncée par les Etats-Unis lundi. 

La Banque centrale devrait ainsi voir tous ses actifs gelés dans l'UE et aux Etats-Unis.

Les sanctions commencent à peser: la Banque centrale européenne a constaté la "faillite ou faillite probable" de la filiale européenne de la première banque russe, la Sberbank.

Pour défendre l'économie et le rouble, qui atteignait des plus bas historiques face à l'euro et au dollar lundi, la Banque centrale russe a annoncé relever de 10,5 points, à 20%, son taux directeur.

M. Poutine se concentrait lundi matin sur ces problèmes économiques, selon son porte-parole. "Les sanctions sont lourdes, elles posent problème (...) mais la Russie a toutes les capacités nécessaires pour compenser les dégâts," a affirmé Dmitri Peskov.

Mais plusieurs Moscovites interrogés par l'AFP s'inquiètent pour leurs économies. 

Natalia Prochina, 75 ans, a dit s'apprêter à retirer toute son épargne de la grande banque VTB "pour ne pas perdre de nouveau toute sa fortune", comme cela lui était déjà arrivé pendant la crise financière russe de 1998.

Et l'oligarque Oleg Deripaska, fondateur du géant de l'aluminium Rusal, a appelé à "changer de politique économique et mettre fin à tout ce capitalisme d'Etat," dans une rare critique du Kremlin.

Les Européens ont aussi fermé leur espace aérien aux compagnies russes. La Russie a répliqué en fermant ses portes aux compagnies aériennes de 36 pays.

L'ensemble des marchés mondiaux ont replongé lundi, craignant que le conflit n'alimente la flambée des prix de l'énergie et la reprise de l'inflation.

Soutien militaire européen

Si les pays européens sont pour la plupart membres de l'Alliance atlantique --qui a annoncé qu'elle n'enverrait pas de troupes en Ukraine-- ils ont annoncé dimanche des mesures inédites de soutien militaire à Kiev: déblocage de 450 millions d'euros pour financer des livraisons d'armes et envoi d'avions de combat.

Le président américain Joe Biden s'entretiendra à nouveau avec ses alliés à 16H15 GMT, pour "coordonner" une "réponse unie" face à l'attaque russe, a annoncé la Maison Blanche.

Le président français Emmanuel Macron, président en exercice de l'UE, participera à cette visioconférence puis aura un dîner avec le chancelier allemand Olaf Scholz et la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen.

500.000 réfugiés 

Le flot de réfugiés fuyant l'Ukraine ne cesse de grossir.

Depuis jeudi, plus de 500.000 réfugiés ont fui vers les pays voisins, a indiqué lundi le Haut-Commissaire de l'ONU pour les réfugiés. L'UE a dit s'attendre à plus de sept millions de personnes déplacées.

Une majorité se rend en Pologne. Mais la Roumanie, la Slovaquie, et la Hongrie --pays tous membres de l'Otan-- sont aussi concernés.

Connu pour ses positions anti-migrants, le Premier ministre hongrois Viktor Orban a assoupli les restrictions aux demandes d'asile, et les Hongrois ont accouru à la frontière ukrainienne pour proposer bols de goulash, offres d'hébergement et réconfort.

De longues files de voiture patientent aux points de passage frontaliers avec la Pologne.

Depuis Moscou également, les départs d'Occidentaux devraient s'accélérer. Les Etats-Unis ont autorisé lundi le départ volontaire du personnel non essentiel de son ambassade, et l'Italie et la Belgique recommandaient à leurs ressortissants en Russie de quitter le pays.

Le bilan de cinq jours de conflit reste incertain. L'Ukraine a fait état lundi de 352 civils tués et 2.040 blessés depuis jeudi. Elle affirme que plusieurs milliers de soldats russes ont péri. 

Les Russes, eux, n'ont donné aucun chiffre. 

L'ONU a indiqué lundi avoir enregistré 102 civils tués et 304 blessés, mais a averti que les chiffres réels étaient "considérablement" plus élevés.

Les 193 membres de l'Assemblée générale des Nations unies devaient se réunir lundi en "session extraordinaire d'urgence" pour débattre du conflit.

La France devait soumettre une résolution sur l'aide humanitaire à l'Ukraine au Conseil de sécurité. La Russie y détient un droit de veto qui exclut toute condamnation formelle de l'offensive.

La Chine appelle au calme et reporte ses évacuations

La Chine, qui se refuse à condamner la Russie pour l'invasion de l'Ukraine, a appelé lundi à la désescalade dans le conflit, au moment où les deux parties doivent entamer des négociations au Bélarus.

Depuis le début du conflit, la diplomatie chinoise se livre à un numéro d'équilibriste, entre sa proximité politique avec Moscou et sa défense traditionnelle de "la souveraineté et l'intégrité territoriale" des Etats.

Pékin a refusé d'approuver vendredi la résolution du Conseil de sécurité de l'ONU condamnant l'agression russe mais n'a pas non plus voté contre, en se réfugiant dans l'abstention.

Le régime communiste se refuse à parler "d'invasion" russe et a dit "comprendre" les demandes "raisonnables" de la Russie en matière de sécurité, reprenant à son compte les griefs de Moscou contre l'Otan.

Lundi, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Wang Wenbin, n'a pas condamné la décision du président russe Vladimir Poutine de mettre en alerte ses forces nucléaires et s'est contenté d'appeler les belligérants à "rester calmes et à faire preuve de retenue afin d'éviter une nouvelle escalade".

La Chine "soutient tous les efforts en vue d'une désescalade et d'une solution politique", a-t-il ajouté, alors que négociateurs russes et ukrainiens devaient se retrouver au Bélarus, pays allié de Moscou.

M. Wang a par ailleurs critiqué les sanctions adoptées par les pays occidentaux à l'encontre de la Russie, estimant qu'elles allaient créer de nouveaux problèmes.

Le pouvoir chinois n'a pas voulu dire s'il avait été prévenu ou non de l'invasion de l'Ukraine par M. Poutine, qui a rencontré son homologue Xi Jinping à Pékin début février à l'occasion de l'ouverture des Jeux olympiques d'hiver.

Pékin a ignoré les avertissements des services de renseignements occidentaux sur l'imminence d'une attaque russe, laissant ses quelque 6.000 ressortissants sous la menace des combats.

L'ambassade de Chine à Kiev a dans un premier temps appelé ces derniers à s'identifier à l'aide d'un drapeau chinois et annoncé des évacuations aériennes vers la Chine.

Mais la mission diplomatique a changé de pied samedi, appelant ses citoyens à la plus grande discrétion, avant de renoncer à les évacuer dimanche, face à la dégradation de la situation.

Sur les réseaux sociaux, des internautes font état d'incidents invérifiables entre Ukrainiens et Chinois présents dans le pays.

"Les Ukrainiens sont dans une situation difficile et souffrent beaucoup", a déclaré dimanche l'ambassadeur Fan Xianrong dans une vidéo diffusée en ligne, dans laquelle il appelle "à ne pas se disputer avec les habitants".

"Nous devons comprendre leurs sentiments et ne pas les provoquer", a-t-il ajouté.

Le Vatican «prêt à aider» au dialogue entre Kiev et Moscou

Le Vatican est "prêt à aider" dans les négociations entre la Russie et l'Ukraine, a déclaré le numéro deux du Vatican, le cardinal Pietro Parolin, dans une interview publiée lundi.

"Le Saint-Siège, qui a suivi ces dernières années les événements en Ukraine de manière discrète et constante avec une grande attention, offrant sa disponibilité pour faciliter le dialogue avec la Russie, est toujours prêt à aider les parties pour reprendre cette voie", a affirmé le secrétaire d'Etat dans un entretien avec plusieurs quotidiens italiens dont Il Corriere della Sera.

Une escalade du conflit impliquant d'autres pays "serait une catastrophe de proportions gigantesques", a-t-il estimé, tout en jugeant un éventuel retour de la guerre froide "un scénario tout aussi préoccupant".

"Je suis convaincu qu'il y a un espace pour la négociation. Il n'est jamais trop tard! Parce que la seule manière raisonnable et constructive d'aplanir les différends est à travers le dialogue", a-t-il ajouté.

"Nous devons éviter toute escalade, arrêter les affrontements et négocier", a-t-il encore déclaré.

Le pape François a demandé dimanche "que les armes se taisent" en Ukraine, appelant également à l'ouverture "urgente" de "couloirs humanitaires" pour les réfugiés fuyant face à l'invasion russe.

"Ceux qui font la guerre oublient l'humanité (...) Ils s'éloignent des gens du peuple, qui veulent la paix et qui sont dans tous les conflits les vraies victimes, qui paient sur leur propre peau les folies de la guerre", a-t-il estimé.

Depuis le lancement jeudi dernier de l'offensive russe en Ukraine, le pape a été très actif sur la scène diplomatique. Samedi, il s'est entretenu par téléphone avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Le pape était déjà intervenu vendredi. "Toute guerre est une capitulation honteuse", avait-il dénoncé dans un tweet traduit en plusieurs langues dont le russe, fait rarissime.

François s'était en outre rendu vendredi matin à l'ambassade de Russie près le Saint-Siège pour exprimer "sa préoccupation" au deuxième jour de l'invasion de l'Ukraine par les troupes russes.

Un geste lui aussi exceptionnel pour le pontife argentin, qui ne se rend jamais dans les représentations étrangères mais reçoit au palais apostolique les diplomates accrédités au Vatican.

Plus de 1.000 écrivains condamnent l'invasion russe de l'Ukraine

Plus de 1.000 écrivains dont le Britannique Salman Rushdie, la Canadienne Margaret Atwood et les prix Nobel de littérature turc Orhan Pamuk et bélarusse Svetlana Alexievitch ont exprimé leur solidarité avec l'Ukraine et demandé de mettre fin à l'invasion de l'Ukraine.

Dans une lettre ouverte publiée dimanche soir par l'association mondiale d'écrivains PEN International, ces auteurs se disent "consternés par la violence déchaînée par les forces russes contre l'Ukraine" et "appellent d'urgence à la fin de l'effusion de sang".

"Nous sommes unis dans la condamnation d'une guerre insensée, causée par le refus du président Poutine d'accepter le droit du peuple ukrainien à débattre de sa future orientation et de son histoire sans l'ingérence de Moscou", écrivent-ils dans cette lettre ouverte publiée également en russe et en ukrainien.

"Nous sommes unis pour soutenir les écrivains, les journalistes, artistes, et tout le peuple ukrainien, qui vivent leurs heures les plus sombres", ajoutent ces personnalités, qui comprennent également la journaliste philippine Maria Ressa, Nobel de la paix, et la romancière russe Lidoudmila Oulitskaïa.


Climat : les pays se préparent à une déception générale à Bakou

COP29 Azerbaïdjan 2024
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  • L'Union européenne, premier bailleur mondial pour le climat, a relevé samedi son engagement financier pour les pays en développement.
  • Une première proposition des pays riches d'augmenter leur soutien financier pour les pays les plus pauvres de 100 milliards de dollars par an pour le porter à 250 milliards d'ici 2035 a été rejetée vendredi par la plupart des pays en développement.

BAKOU : L'Union européenne, premier bailleur mondial pour le climat, a relevé samedi son engagement financier pour les pays en développement. Mais quoi qu'il arrive d'ici la nuit, nombre de pays semblent résignés à repartir mécontents de la conférence sur le climat de l'ONU à Bakou.

La présidence azerbaïdjanaise de la COP29 prévoit de publier son ultime proposition de compromis vers 14 h 00 (10 h 00 GMT), avant de le soumettre à l'approbation des près de 200 pays réunis ici vers 18 h 00 (14 h 00 GMT), soit 24 heures après la fin théorique de la conférence.

La plupart des stands de nourriture ont fermé et le service de navettes entre le stade de la ville a cessé. Des délégués commencent à rejoindre l'aéroport.

Une première proposition des pays riches d'augmenter leur soutien financier pour les pays les plus pauvres de 100 milliards de dollars par an pour le porter à 250 milliards d'ici 2035 a été rejetée vendredi par la plupart des pays en développement.

« Mieux vaut un mauvais accord qu'aucun accord », dit à l'AFP le chef des négociateurs du groupe africain, le Kényan Ali Mohamed. Il exige d'aller plus loin que les 250 milliards, « sinon cela mènera à l'échec de la COP ».

« Personne ne sera satisfait de tout, c'est sûr », ajoute-t-il.

L'Union européenne soutient un relèvement à 300 milliards annuels, ont confirmé plusieurs sources au sein de délégations à l'AFP. Mais les Européens conditionnent ce chiffre à d'autres avancées dans le compromis final. L'UE pousse notamment pour une revue annuelle des efforts de réduction des gaz à effet de serre, ce qui la met en opposition avec des pays comme l'Arabie saoudite.

« Les Saoudiens ont fait un effort extraordinaire pour qu'on obtienne rien », s'étrangle un négociateur européen.

« Je ne suis pas optimiste », confie à l'AFP le ministre de l'Environnement de Sierra Leone, Joseph Abdulai.

Alden Meyer, expert qui a participé à presque toutes les COP, prédit que « les pays en développement ne seront pas contents, que ce soit du nouveau chiffre de 300 ou de 350 ».

La question sera alors : accepteront-ils ce qu'ils considéreront être un mauvais accord, ou bloqueront-ils tout texte final ? Aux COP, toute décision doit être prise par consensus des 198 membres.

- Pression des ONG -

Le premier chiffre publié vendredi a été jugé « inacceptable » par les pays africains au regard des catastrophes qu'ils subissent et de leurs énormes besoins d'investissement dans les énergies bas carbone. Les petits États insulaires ont dénoncé le « mépris » dont leurs « peuples vulnérables » font l'objet.

Ils ont calculé que, compte tenu de l'inflation, l'effort financier réel des pays concernés (Europe, États-Unis, Canada, Japon, Australie, Nouvelle-Zélande) serait bien inférieur, a fortiori si l'on tient compte des efforts déjà prévus par les banques multilatérales de développement.

« Si rien de suffisamment fort n'est proposé lors de cette COP, nous vous invitons à quitter la table des négociations pour vous battre un autre jour, et nous mènerons le même combat », ont écrit dans la nuit 335 organisations à une alliance de 134 pays regroupant les pays en développement et la Chine, appelée G77+Chine.

Une stratégie qui contredit le message d'urgence porté par de nombreux pays en développement. Le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva, qui a d'autres priorités en vue pour la COP30 de Belém l'an prochain, a insisté pour « ne pas repousser » à 2025 la tâche confiée à Bakou.

« Nous devons redonner espoir au monde et montrer que le multilatéralisme fonctionne », a déclaré à l'AFP le ministre irlandais Eamon Ryan.

Les pays en développement chiffrent leurs demandes à entre 500 et 1 300 milliards de dollars par an, afin de les aider à sortir des énergies fossiles et à s'adapter au réchauffement climatique.

Quel nouveau chiffre proposera la présidence azerbaïdjanaise samedi ?

Il faudrait monter à 390 milliards d'ici 2035, ont réagi des économistes mandatés par l'ONU, Amar Bhattacharya, Vera Songwe et Nicholas Stern.

Un chiffre également repris vendredi soir par le Brésil et sa ministre de l'Environnement, Marina Silva.

- Austérité occidentale -

Mais les Européens sont sous pression budgétaire et politique.

L'Europe veut « assumer ses responsabilités, mais doit faire des promesses qu'elle peut tenir », a déclaré la ministre allemande des Affaires étrangères, Annalena Baerbock.

Le précédent projet d'accord fixait séparément l'objectif de lever 1 300 milliards de dollars par an d'ici 2035 pour les pays en développement ; ce total inclurait la contribution des pays développés et d'autres sources de financement (multilatérales, privées, taxes, autres pays du Sud, etc.).

La Chine semble pour l'instant avoir obtenu ce qu'elle souhaitait : l'exemption d'obligations financières. Il n'est pas question de renégocier la règle onusienne de 1992 qui stipule que la responsabilité de la finance climatique incombe aux pays développés.

Dont acte : le texte de vendredi « invite » les pays en développement, dont la Chine fait officiellement partie, à contribuer.

- Organisation azerbaïdjanaise -

Des négociateurs et des ONG critiquent la gestion de la conférence par les Azerbaïdjanais, qui n'avaient jamais organisé un événement mondial d'une telle ampleur.

La COP s'est déroulée dans une atmosphère pesante. Le président Ilham Aliev a attaqué la France, alliée de son ennemi l'Arménie. Les deux pays ont alors convoqué leurs ambassadeurs respectifs.

Deux parlementaires américains disent avoir été harcelés à Bakou. Plusieurs militants environnementaux azerbaïdjanais sont actuellement détenus.

Pour Alden Meyer, personne ne souhaite suspendre la COP29 pour la reprendre plus tard : « Cela obligerait à travailler encore cinq mois sous cette présidence. »


Le dirigeant de l'OTAN, Mark Rutte, a rencontré Donald Trump aux États-Unis

Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte participe à un sommet informel des dirigeants de l'Union européenne à Bruxelles, le 17 juin 2024. (Reuters)
Le Premier ministre néerlandais Mark Rutte participe à un sommet informel des dirigeants de l'Union européenne à Bruxelles, le 17 juin 2024. (Reuters)
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  • « Ils ont discuté de l'ensemble des problèmes de sécurité mondiale auxquels l'Alliance est confrontée » a indiqué la porte-parole de l'Alliance Atlantique.
  • Le soutien nord-coréen apporté à Moscou illustre la nécessité pour les États-Unis de soutenir leur allié, dont la propre sécurité est mise en cause, avait rappelé M. Rutte à Paris le 12 novembre.

BRUXELLES : Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, a rencontré vendredi le président américain élu Donald Trump à Palm Beach, en Floride, a annoncé samedi la porte-parole de l'Alliance Atlantique.

« Ils ont discuté de l'ensemble des problèmes de sécurité mondiale auxquels l'Alliance est confrontée », a-t-elle indiqué dans un court communiqué, sans plus de détail.

L'ancien Premier ministre néerlandais avait indiqué vouloir rencontrer Donald Trump deux jours après son élection, le 5 novembre.

Il avait alors affirmé vouloir discuter avec lui de la « menace » que représente le renforcement des liens entre la Russie et la Corée du Nord.

« J'ai hâte de m'asseoir avec le président Trump et de voir comment nous allons collectivement nous assurer que nous faisons face à cette menace », avait-il déclaré le 7 novembre, en marge d'un sommet de dirigeants européens à Budapest.

Depuis, il n'a cessé de mettre en garde contre les dangers d'un rapprochement entre la Chine, la Corée du Nord et l'Iran, trois pays accusés d'aider la Russie dans son effort de guerre contre l'Ukraine.

Le soutien nord-coréen apporté à Moscou illustre la nécessité pour les États-Unis de soutenir leur allié, dont la propre sécurité est mise en cause, avait rappelé M. Rutte à Paris le 12 novembre.

La Russie soutient financièrement Pyongyang et lui apporte son expertise en matière de technologie de missiles. « C'est très inquiétant. Ces missiles représentent une menace directe pour le territoire américain », avait-il plaidé.

De même, en collaborant avec la Corée du Nord, l'Iran et la Chine, la Russie « ne menace pas seulement l'Europe, mais aussi la paix et la sécurité dans l'Indo-Pacifique et en Amérique du Nord », selon lui.

Les pays européens s'inquiètent également de la promesse du milliardaire américain de mettre fin à la guerre en Ukraine en 24 heures, avec un accord allant à l'encontre des intérêts de Kiev et les laissant à l'écart.


Le Parlement ukrainien déserté par crainte de frappes russes

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  • L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP
  • La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP

KIEV: Le Parlement ukrainien a annulé vendredi sa séance par crainte de frappes russes en plein coeur de Kiev, au lendemain du tir par la Russie d'un nouveau missile balistique et de menaces de Vladimir Poutine à l'adresse de l'Occident.

Après ce tir, le président russe s'était adressé à la nation jeudi soir en faisant porter la responsabilité de l'escalade du conflit sur les Occidentaux. Il a estimé que la guerre en Ukraine avait pris désormais un "caractère mondial" et menacé de frapper les pays alliés de Kiev.

Le Kremlin s'est dit confiant vendredi sur le fait que les Etats-Unis avaient "compris" le message de Vladimir Poutine.

L'Otan et l'Ukraine doivent se retrouver mardi à Bruxelles pour évoquer la situation, selon des sources diplomatiques interrogées par l'AFP.

La tension ne retombait pas en Ukraine, où le Parlement, la Rada, a "annulé" sa séance en raison de "signaux sur un risque accru d'attaques contre le quartier gouvernemental dans les jours à venir", ont expliqué plusieurs députés à l'AFP.

En plein coeur de Kiev, ce quartier où se situent également la présidence, le siège du gouvernement et la Banque centrale, a jusqu'à présent été épargné par les bombardements. L'accès y est strictement contrôlé par l'armée.

Le porte-parole du président Volodymyr Zelensky a de son côté assuré que l'administration présidentielle "travaillait comme d'habitude en respectant les normes de sécurité habituelles".

"Compris" le message 

S'adressant aux Russes à la télévision jeudi soir, Vladimir Poutine a annoncé que ses forces avaient frappé l'Ukraine avec un nouveau type de missile balistique hypersonique à portée intermédiaire (jusqu'à 5.500 km), baptisé "Orechnik", qui était dans sa "configuration dénucléarisée".

Cette frappe, qui a visé une usine militaire à Dnipro, dans le centre de l'Ukraine, est une réponse, selon M. Poutine, à deux frappes menées cette semaine par Kiev sur le sol russe avec des missiles américains ATACMS et britanniques Storm Shadow, d'une portée d'environ 300 kilomètres.

M. Poutine a ainsi estimé que la guerre en Ukraine avait pris un "caractère mondial" et annoncé que Moscou se réservait le droit de frapper les pays occidentaux car ils autorisent Kiev à utiliser leurs armes contre le sol russe.

"Le message principal est que les décisions et les actions imprudentes des pays occidentaux qui produisent des missiles, les fournissent à l'Ukraine et participent ensuite à des frappes sur le territoire russe ne peuvent pas rester sans réaction de la part de la Russie", a insisté vendredi le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov.

Il s'est dit persuadé que Washington avait "compris" ce message.

La veille, les Etats-Unis, qui avaient été informés 30 minutes à l'avance du tir russe, avaient accusé Moscou de "provoquer l'escalade". L'ONU a évoqué un "développement inquiétant" et le chancelier allemand Olaf Scholz a regretté une "terrible escalade".

La Chine, important partenaire de la Russie accusé de participer à son effort de guerre, a appelé à la "retenue". Le Kazakhstan, allié de Moscou, a renforcé ses mesures de sécurité en raison de cette "escalade en Ukraine".

Le président ukrainien, Volodymyr Zelensky a lui appelé la communauté internationale à "réagir", dénonçant un "voisin fou" qui utilise l'Ukraine comme un "terrain d'essai".

"Cobayes" de Poutine 

Au-delà du tir de jeudi, la Russie a modifié récemment sa doctrine nucléaire, élargissant la possibilité de recours à l'arme atomique. Un acte "irresponsable", selon les Occidentaux.

Interrogés jeudi par l'AFP sur le tir de missile russe, des habitants de Kiev étaient inquiets.

"Cela fait peur. J'espère que nos militaires seront en mesure de repousser ces attaques", a déclaré Ilia Djejela, étudiant de 20 ans, tandis qu'Oksana, qui travaille dans le marketing, a appelé les Européens à "agir" et "ne pas rester silencieux".

M. Poutine "teste (ses armes) sur nous. Nous sommes ses cobayes", a affirmé Pavlo Andriouchtchenko cuisinier de 38 ans.

Sur le terrain en Ukraine, les frappes de la Russie, qui a envahi le pays il y a bientôt trois ans, se poursuivent.

A Soumy, dans le nord-est du pays, une attaque de drones a fait deux morts et 12 blessés, a indiqué le Parquet ukrainien.

Le ministre russe de la Défense, Andreï Belooussov, s'est lui rendu sur un poste de commandement de l'armée dans la région de Koursk, où les forces ukrainiennes occupent, depuis début août, des centaines de kilomètres carrés.

Il s'est félicité d'avoir "pratiquement fait échouer" la campagne militaire ukrainienne pour l'année 2025 en "détruisant les meilleures unités" de Kiev et notant que les avancées russes sur le terrain se sont "accélérées".

Cette poussée intervient alors que Kiev craint que Donald Trump, de retour à la Maison Blanche à partir de janvier prochain, ne réduise ou stoppe l'aide militaire américaine, vital pour l'armée ukrainienne.