OUAGADOUGOU: Des assises nationales rassemblant "les forces vives de la nation", convoquées par la junte qui a pris le pouvoir au Burkina Faso, ont débuté lundi à Ouagadougou en vue d'adopter une charte qui doit notamment fixer la durée de la transition avant des élections, a constaté un journaliste de l'AFP.
Les travaux de ces assises impliquant junte, partis, syndicats, organisations de la société civile, de la jeunesse et des personnes déplacées par les attaques jihadistes qui frappent le Burkina depuis 2015, doivent s'achever dans l'après-midi.
Un "projet de charte constitutionnelle de la transition" dont l'AFP a obtenu copie, stipule "que la durée de la transition est fixée à trente mois à compter de la date de l'investiture du président de la transition", le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, qui a pris le pouvoir le 24 janvier.
Cette proposition de 30 mois de transition est celle d'une commission technique mise en place par la junte, qui a rendu son rapport la semaine dernière.
L'investiture par les assises nationales de M. Damiba, qui a déjà prêté serment le 16 février devant le Conseil constitutionnel, aura lieu mercredi.
Le projet de charte stipule qu'il "n'est pas éligible aux élections présidentielle, législatives et municipales qui seront organisées pour mettre fin à la transition".
Cette disposition s'applique également aux vingt membres du gouvernement de transition dont "le Premier ministre est une personnalité civile", précise le projet.
Outre le président et le gouvernement, les organes de la transition comprennent un "Conseil d'orientation et de suivi de la transition" fixant "les grandes orientations de la politique de l'Etat", et une "Assemblée législative de transition" composée de 51 membres, selon le projet.
Il ajoute que deux des principales missions de la transition sont "de lutter contre le terrorisme, restaurer l'intégrité du territoire national" et en "assurer la sécurité", et "apporter une réponse efficace et urgente à la crise humanitaires et aux drames socioéconomiques et communautaires provoqués par l'insécurité".
Le lieutenant-colonel Damiba, 41 ans, a pris le pouvoir le 24 janvier après deux jours de mutineries dans plusieurs casernes du pays, renversant le président élu Roch Marc Christian Kaboré, accusé notamment de ne pas avoir réussi à contrer la violence jihadiste qui frappe le Burkina depuis près de sept ans et a fait quelque 2.000 morts et 1,5 millions de déplacés.
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao), qui a suspendu le Burkina Faso de l’organisation le 28 janvier en raison du coup d’Etat, a demandé aux nouvelles autorités de présenter un calendrier "raisonnable pour le retour à l’ordre constitutionnel".