SALT LAKE CITY/WASHINGTON : Le vice-président américain Mike Pence et Kamala Harris, la démocrate qui brigue son poste, se sont affrontés mercredi sur la gestion de la Covid-19 dès l'ouverture de leur débat, aux enjeux décuplés par les interrogations sur l'âge et la forme de Donald Trump et Joe Biden.
«Les Américains ont été témoins de ce qui est le plus gros échec de toute administration présidentielle dans l'histoire de notre pays», a lancé d'emblée la sénatrice démocrate de 55 ans, qui serait la première femme à devenir vice-présidente des États-Unis en cas de victoire de Joe Biden à la présidentielle du 3 novembre.
«Le président Donald Trump a fait ce qu'aucun autre président américain n'a jamais fait», a répondu Mike Pence, 61 ans, en mettant en avant notamment la décision de fermer les frontières avec la Chine au début de l'année. Il a accusé Mme Harris de «saper la confiance» des Américains dans un vaccin actuellement en préparation.
Huit jours après le premier face-à-face entre le président républicain, 74 ans, et son adversaire démocrate, 77 ans, qui avait viré au pugilat verbal, le duel entre les colistiers a débuté par des échanges plus posés, bien que fermes.
Il a pris une importance encore plus particulière depuis que Donald Trump a été hospitalisé pendant trois jours autour du week-end après avoir contracté la Covid-19.
Mike Pence et Kamala Harris briguent en effet le poste de vice-président, appelé à remplacer le président des États-Unis en cas de décès ou d'incapacité.
À moins de quatre semaines du scrutin, la pandémie s'est invitée jusque sur le plateau du débat télévisé à Salt Lake City, dans l'Utah. Des parois en plexiglas ont été installées pour séparer l'actuel vice-président républicain et la sénatrice démocrate, et les bureaux où ils ont pris place ont été éloignés de près de quatre mètres.
Ex-procureure habituée des réquisitoires acérés, Kamala Harris a reproché à son adversaire le bilan de plus de 210 000 morts qui fait des États-Unis le pays le plus endeuillé au monde par la pandémie.
Mike Pence est en effet depuis février aux commandes de la cellule de crise de la Maison-Blanche chargée de lutter contre le coronavirus.
«Débat le plus important»
L'arrêt par Donald Trump des négociations avec l'opposition sur un plan d'aide aux ménages et petites entreprises devrait aussi être au cœur des échanges. Les démocrates accusent sur ce sujet le président d'abandonner ses concitoyens.
Mike Pence doit plus globalement défendre le bilan de quatre ans de mandat aux côtés du tempétueux milliardaire. Et il pourrait tenter de contre-attaquer en évoquant les huit années passées par Joe Biden à la Maison-Blanche, quand il était vice-président de Barack Obama
«Je crois que nous allons assister ce soir (...) au débat entre candidats à la vice-présidence le plus important depuis qu'ils ont commencé à en organiser en 1976», a déclaré dans l'après-midi le sénateur républicain John Barrasso sur CNN. Les téléspectateurs «vont tenter de voir qui est prêt à être commandant-en-chef», a-t-il ajouté.
Leurs lieutenants complètent chacun, à leur façon, la personnalité des candidats à la Maison-Blanche.
Fervent chrétien aux manières policées, Mike Pence, avocat de formation, tranche avec la personnalité haute en couleur de Donald Trump.
Sur la pandémie, il s'en tient à des propos mesurés. Mais cet ex-gouverneur et animateur de radio ultra-conservateur est aussi un orateur discipliné.
Fille d'un père jamaïcain et d'une mère indienne, première colistière noire au nom d'un grand parti, Kamala Harris apparaît, elle, comme un gage de vitalité aux côtés d'un Joe Biden qui serait le plus vieux président à prendre ses fonctions, en janvier, s'il était élu.
«Je suis impatient de voir Kamala Harris entrer dans l'histoire», a tweeté Joe Biden.
Scepticisme sur le plexiglas
Se posant en rassembleur d'une Amérique divisée, l'ancien vice-président de Barack Obama mène en tout cas depuis des mois dans les sondages. Et a encore creusé l'écart après son premier débat abrasif du 29 septembre face à Donald Trump.
Moins de trois jours plus tard, le président annonçait son diagnostic. Respectant scrupuleusement les gestes barrières, Joe Biden a depuis été testé quatre fois négatif.
Dans la salle, les proches de Donald Trump avaient enlevé leurs masques, malgré les consignes. Mercredi, la modératrice Susan Page, du journal USA Today, a rappelé au strict rappel de la règle sur le port du masque pour les spectateurs, par ailleurs très peu nombreux.
Cette fois, les organisateurs seront stricts. Et ont ajouté les fameuses parois en plexiglas, même si des experts préviennent qu'elle ne protégeront pas forcément Mike Pence et Kamala Harris d'une éventuelle contamination à la Covid-19 par des particules en suspension dans l'air.