«Stoppez cette folie!»: rassemblements dans le monde pour l'Ukraine, arrestations en Russie

Une manifestante tient une pancarte  pour protester contre l'invasion de l'Ukraine par la Russie à Washington, DC, le 24 février 2022 (Photo, AFP).
Une manifestante tient une pancarte pour protester contre l'invasion de l'Ukraine par la Russie à Washington, DC, le 24 février 2022 (Photo, AFP).
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Publié le Vendredi 25 février 2022

«Stoppez cette folie!»: rassemblements dans le monde pour l'Ukraine, arrestations en Russie

  • A Moscou comme à Saint-Pétersbourg, des milliers de Russes ont manifesté et plus de 1 700 personnes ont été interpellées par la police dans plusieurs villes du pays
  • A Prague, où les chars russes étaient intervenus en 1968, plusieurs milliers de personnes se sont dirigées vers l’ambassade de Russie, en portant une grande caricature d'Hitler et de Poutine

BERLIN: "Stoppez cette folie!": à Berlin, Paris, Londres ou New York, des milliers de manifestants ont protesté jeudi dans de nombreux pays contre l'invasion de l'Ukraine. Et en Russie même des centaines de protestataires ont été arrêtés.

A Moscou comme à Saint-Pétersbourg, des milliers de Russes ont manifesté et plus de 1 700 personnes ont été interpellées par la police dans plusieurs villes du pays, dont plus de la moitié rien que dans la capitale, selon l'ONG spécialisée OVD-Info.

L'AFP a assisté à des dizaines d'interpellations sur la seule place Pouchkine, dans le centre de Moscou.

Devant l'ambassade russe à Berlin, un manifestant brandit une pancarte où est écrit: "Stoppez cette folie, sauvez la vie, plus de mensonges". De nombreux autres arborent les couleurs ukrainiennes.

"Tout le monde devrait venir ici aujourd'hui et soutenir l'Ukraine et dire que la guerre doit cesser", déclare à l'AFP Olga Kupricina, 32 ans, originaire de Kaliningrad en Russie et installée en Allemagne depuis octobre. 

Les Ukrainiens craignant pour leur sécurité peuvent bloquer l'accès à leurs comptes Facebook

Le réseau social Facebook a assuré jeudi que les Ukrainiens craignant pour leur sécurité pouvaient facilement bloquer l'accès à leur compte pour se protéger.


Comme le groupe l'avait déjà proposé au moment de la prise du pouvoir des Talibans en Afghanistan, les utilisateurs de la plateforme peuvent empêcher les internautes qu'ils ne connaissent pas de télécharger et de partager leur photo de profil ou d'accéder à leurs messages.


Cette annonce par la maison mère Meta intervient quelques jours après que les Etats-Unis ont averti l'ONU de l'existence, selon eux, d'une liste noire, établie par Moscou, d'Ukrainiens à éliminer en cas d'invasion.

Facebook a mis en place une équipe spéciale pour surveiller la situation, incluant des personnes maîtrisant l'ukrainien, et être prête à répondre rapidement au besoin. 


La plateforme a parallèlement lancé ce nouvel outil qui, en un clic, permet aux Ukrainiens de "bloquer leurs comptes en appliquant rapidement les paramètres de sécurité existants et des nouvelles fonctionnalités", a expliqué sur Twitter le responsable de la sécurité de Facebook, Nathaniel Gleicher.


Dans une série de messages, le responsable a aussi relayé des conseils aux militants et journalistes pour protéger leurs communications en ligne, renvoyant même à un guide écrit par Twitter, un concurrent, pour renforcer sa sécurité en ligne.

«Criminel de guerre»

"Les Ukrainiens et les Russes sont frères et sœurs. Tous mes amis et mes parents sont sous le choc et ne veulent pas de guerre", dit-elle.

"Nous voulons montrer que nous sommes contre la guerre. Nous sommes russes et venons de Russie. L'Ukraine a toujours été un pays très amical avec nous et un pays proche", abonde Ekaterina Studnitzky, 40 ans dont 16 passés en Allemagne.

Des Ukrainiens participaient à un autre rassemblement, au pied de la mythique Porte de Brandebourg.

Vladimir "Poutine a déjà volé ma maison parce que je suis de Donetsk et que ma famille et moi avons dû partir à cause de la guerre", s'emporte Sofia Avdeeva, étudiante de 22 ans.

"Je ne veux pas que l'ensemble de l'Ukraine connaisse le même sort. J'ai déjà dit au revoir à ma maison mais je ne veux pas que tout le pays vive l'enfer que nous avons vécu", poursuit-elle, avant de lancer que le président russe "devrait mourir".

A Paris, près de 3 000 manifestants, portant drapeaux bleus et jaunes ou bouquets de mimosas à la main, étaient réunis jeudi soir place de la République, lieu emblématique de grands rassemblements dans la capitale française. En pleine campagne présidentielle, des candidats de gauche étaient présents, comme l'écologiste Yannick Jadot ou Christiane Taubira. Des centaines de personnes s'étaient déjà rassemblées plus tôt devant l'ambassade de Russie à Paris, ainsi que dans d'autres grandes villes françaises.

«Liberté»

Sur Times Square, la célèbre place de New York, où quelque 200 Ukrainiens s'étaient réunis, Dmytro Zhurba, 36 ans, ne croit plus trop à la communauté internationale. "Ils n'ont rien fait ces huit dernières années", depuis l'annexion de la Crimée, d'où il est originaire, déplore-t-il.

"Tout le monde a essayé de jouer la diplomatie avec la Russie. Mais vous ne pouvez pas", s'emporte-t-il. "Vous vous rendez compte, il y a une vraie guerre au cœur de l'Europe, en 2022!".

Comme Dmytro Zhurba, beaucoup s'inquiètent pour leurs parents qui sont restés au pays. 

"Mes parents sont médecins. Ils resteront là-bas, ils refusent de partir", explique Kateryna Bieliaieva, 34 ans.

A Londres, quelques centaines de manifestants, en majorité des Ukrainiens, se sont rassemblés devant les bureaux du Premier ministre Boris Johnson, à Downing Street. 

"Nous sommes désespérés. Nous ne pouvons pas nous opposer à la Russie et il semble que le monde entier a peur de lui, peur que Poutine le punisse, ce qui lui permet d'aller toujours plus loin, de tuer encore plus de gens", a expliqué Libby Lubovfodor.

En Géorgie, théâtre d'une intervention russe en 2008, des milliers de personnes ont manifesté dans les principales villes. "Poutine a attaqué non seulement l'Ukraine aujourd'hui ou la Géorgie il y a des années, mais l'idée même de liberté", estime à Tbilissi Keti Tavartkiladze, professeur de mathématiques de 61 ans.

Drapeau brûlé

A Prague, où les chars russes étaient intervenus en 1968, plusieurs milliers de personnes ont manifesté sur la place Wenceslas, puis se sont dirigées vers l’ambassade de Russie, en portant une grande caricature d'Hitler et de Poutine.

A Varsovie, pays limitrophe de l'Ukraine, un drapeau russe a été brûlé par un manifestant devant l'ambassade russe. Des rassemblements ont aussi été organisés à Washington, Istanbul, Beyrouth, Tokyo, Dublin, La Haye, Amsterdam ou Berne.

"Nous nous sentons détruits (...) C'est un très mauvais sentiment quand votre mère vous appelle à 6 heures du matin et vous dit que la guerre a commencé. Alors nous avons décidé de quitter notre lieu de travail pour venir dire +non+ devant l'ambassade de Russie", déclare à l'AFP Yevhenii Osypchuk, un mécanicien automobile de 27 ans, qui a lui participé à un rassemblement à Stockholm.


Canada: le suspect de l'attaque à la voiture-bélier qui a fait 11 morts inculpé

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC. (AFP)
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  • L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police
  • "Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues

VANCOUVER: Le suspect d'une attaque à la voiture-bélier qui a tué 11 personnes et fait des dizaines de blessés lors d'un festival de la communauté philippine de Vancouver a été inculpé de meurtre, a annoncé dimanche la police.

"Le parquet de Colombie-Britannique a inculpé Kai-Ji Adam Lo", le suspect âgé de 30 ans, "de huit chefs de meurtre", a déclaré la police dans un communiqué, ajoutant que d'autres inculpations étaient attendues.

L'homme présenté comme un habitant de Vancouver, qui a comparu devant un tribunal avant d'être remis en garde à vue, a agi délibérément et a des antécédents de troubles mentaux, selon la police.

Aucun motif n'a été confirmé pour cette attaque survenue samedi soir dans la ville de Vancouver, dans l'ouest du pays, en pleine campagne électorale alors que les Canadiens sont appelés aux urnes lundi pour des élections législatives. La police a exclu cependant la piste terroriste.

Le Premier ministre canadien Mark Carney s'est rendu dimanche à Vancouver, où il a assisté dimanche, des fleurs à la main, à une veillée religieuse organisée pour les victimes, selon le média CPAC.

"La nuit dernière, des familles ont perdu une sœur, un frère, une mère, un père, un fils ou une fille", a-t-il déclaré. "Ces familles vivent le cauchemar de toutes les familles.

Le suspect a "un lourd passé d'interactions, avec la police et des soignants, liées à la santé mentale", a déclaré Steve Rai, un haut responsable de la police de Vancouver, lors d'une conférence de presse dimanche.

"Même si je ne peux pas m'exprimer à ce stade sur un possible mobile, je peux désormais dire, confiant, que les éléments de ce dossier ne nous mènent pas à penser qu'il s'agit d'un acte terroriste", a-t-il ajouté.

"Il y a désormais 11 décès confirmés, et nous pensons que des dizaines d'autres sont blessés, dont certains gravement", a poursuivi Steve Rai, prévenant que le nombre de morts pourrait augmenter.

"Il s'agit du jour le plus sombre de l'histoire de Vancouver", a-t-il estimé.

Des corps "écrasés" 

Peu après 20H00 locales samedi (03h00 GMT dimanche) selon la police, "un homme au volant d'un SUV Audi noir" a foncé à travers la foule dans le quartier Sunset on Fraser de la ville de la côte pacifique où des membres de la communauté philippine s'étaient rassemblés pour célébrer la journée Lapu-Lapu, qui commémore une victoire du XVIe siècle contre les explorateurs européens.

Abigail Andiso a raconté au Vancouver Sun qu'elle a entendu de grands bruits, puis des hurlements: "Il y avait des corps. Ils ont été écrasés. Certains étaient déjà morts sur place".

Des images partagées sur les réseaux sociaux et vérifiées par l'AFP montrent un véhicule, un SUV noir dont l'avant est très endommagé, arrêté dans une rue jonchée de débris avec des camions de restauration rapide tout autour.

Sheila Nocasa était sur place peu avant l'incident. Elle a dit à l'AFP être "sous le choc", "anéantie".

Des personnes sont venues dimanche déposer des fleurs pour rendre hommage aux victimes sur le site de l'attaque.

"C'est très traumatisant", a indiqué à l'AFP Mohamad Sariman, qui travaillait dans un food truck au festival Lapu Lapu et qui dit avoir entendu une "grosse détonation".

De nombreuses communautés asiatiques, notamment chinoise, indienne et philippine, vivent dans l'ouest du Canada, pour beaucoup autour de Vancouver, troisième agglomération du pays.

Dimanche, le roi Charles III, chef d'Etat du Canada, s'est dit "profondément attristé" par cette "terrible tragédie". Le président français Emmanuel Macron a dit sa "solidarité aux Canadiens et à la communauté philippine".

De son côté, le président des Philippines Ferdinand Marcos a déclaré dans un communiqué qu'il était "complètement bouleversé d'apprendre ce terrible incident".

"J'ai peur" 

"J'étais choqué" en apprenant la nouvelle, a déclaré dimanche matin à l'AFP Julie Dunbar, une retraitée de la capitale Ottawa. Elle rappelle tristement qu'il "est arrivé la même chose à Toronto" en 2018, quand un homme avait tué 11 personnes avec un van. "J'ai peur de la société dans laquelle on vit".

Ce drame fait monter la tension à quelques heures du scrutin, lundi. La campagne électorale a été dominée par la question de la guerre économique avec les Etats-Unis de Donald Trump et ses menaces d'annexion.

Le nouveau Premier ministre Mark Carney, qui se présente comme un rempart face au président américain, est donné favori par les sondages. Il a modifié le programme de son dernier jour de campagne en raison de l'attaque à Vancouver.


La Chine contredit Trump et dément tout appel récent avec Xi Jinping

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains. (AFP)
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  • Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation
  • Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines

PEKIN: La Chine a assuré lundi qu'aucun appel téléphonique n'avait eu lieu dernièrement entre le président Xi Jinping et son homologue américain, contredisant les affirmations de Donald Trump qui dit avoir parlé avec le dirigeant chinois.

Les deux premières puissances économiques mondiales sont engagées dans une guerre commerciale, déclenchée par le locataire de la Maison Blanche.

Donald Trump a imposé des droits de douane de 145% sur la majorité des produits chinois entrant sur le territoire américain. Pékin a riposté en mettant en place ses propres surtaxes douanières de 125% sur les produits américains.

Dans un entretien publié vendredi par Time Magazine, le président américain a dit avoir parlé au téléphone avec Xi Jinping, sans toutefois préciser à quelle date, ni le contenu de la conversation.

"À ma connaissance, les deux chefs d'État n'ont pas eu de conversation téléphonique récemment", a indiqué lundi lors d'un point de presse régulier Guo Jiakun, un porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères.

Donald Trump avait également affirmé au Time Magazine que des discussions étaient en cours avec la Chine pour tenter de parvenir à un accord, et laissé entendre que le processus pourrait aboutir dans les prochaines semaines.

"Je tiens à rappeler que la Chine et les États-Unis n'ont pas engagé de consultations ni de négociations concernant les droits de douane", lui a répondu lundi Guo Jiakun.

 


Trump demande la gratuité des canaux de Panama et de Suez pour les navires américains

Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
Cette photo diffusée par l'autorité du canal de Panama le 30 août 2024, montre le porte-conteneurs MSC Marie, de 366 mètres de long et 51 mètres de large, transitant dans le canal de Panama à Panama. (AFP)
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  • Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.
  • « J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

WASHINGTON : Donald Trump a demandé samedi que le passage des navires américains soit rendu gratuit sur les canaux de Panama et de Suez, et a chargé son chef de la diplomatie, Marco Rubio, de se saisir immédiatement de ce dossier.

Après avoir répété, depuis des mois, sa volonté de prendre le contrôle du canal de Panama, le président américain vise désormais le canal de Suez, un autre axe de transport stratégique pour le commerce mondial.

« Les navires américains, à la fois militaires et commerciaux, devraient être autorisés à transiter gratuitement via les canaux de Panama et de Suez. Ces canaux n'existeraient pas sans les États-Unis d'Amérique », a écrit Donald Trump sur son réseau Truth Social.

« J'ai demandé au secrétaire d'État Marco Rubio de se saisir » de ce dossier, a-t-il ajouté. 

Avant même de prendre ses fonctions le 20 janvier, Donald Trump avait fait monter la pression sur le Panama, menaçant de « reprendre » le canal construit par les États-Unis et inauguré en 1914, et resté sous souveraineté américaine jusqu'en 1999.

Le Panama avait récupéré le canal cette année-là, en vertu d'un accord conclu en 1977 avec le président Jimmy Carter. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs de ce lien stratégique, par lequel transite 5 % du commerce maritime mondial.

Début avril, Washington a obtenu l'autorisation du Panama de déployer des militaires américains autour de cette voie d'eau stratégique.

Le canal de Suez, contrôlé par l'Égypte depuis 1956, concentrait lui environ 10 % du commerce maritime mondial, jusqu'à ce que les rebelles houthis du Yémen commencent à lancer des attaques contre des navires, disant agir en « solidarité » avec les Palestiniens de la bande de Gaza.

Les États-Unis sont intervenus, avec d'autres pays, pour tenter de sécuriser cette route maritime.

Mais le trafic a chuté, réduisant drastiquement une source essentielle de devises étrangères pour Le Caire, plongé dans la pire crise économique de son histoire.