PARIS : Situation sur le terrain, réactions internationales, promesses de sanctions : le point sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie.
Moscou revendique un «succès»
La Russie a affirmé jeudi soir qu'elle avait rempli "avec succès" tous les objectifs fixés au premier jour de son invasion de l'Ukraine.
Le président russe Vladimir Poutine avait annoncé le lancement de l'offensive dans une allocution télévisée surprise à 03H00 GMT, la qualifiant d'"opération militaire spéciale" pour défendre les séparatistes de l'est du pays et "démilitariser et dénazifier" son voisin pro-occidental. Le Kremlin a précisé vouloir imposer un "statut neutre" à l'Ukraine.
Combats meurtriers
Les combats de jeudi entre Russes et Ukrainiens ont fait plusieurs dizaines de morts selon les premiers bilans disponibles, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) disant craindre un nombre massif de victimes.
Dans la matinée, Kiev avait fait état de la mort d'au moins 40 soldats et une dizaine de civils. Les autorités de la région d'Odessa ont indiqué de leur côté que 18 personnes avaient été tuées dans un village par des frappes, sans que l'on sache si ces victimes avaient été comptabilisées dans le bilan global. Dans le sud, treize civils et neuf militaires ont été tués dans la région de Kherson, en partie tombée aux mains des Russes selon l'administration régionale.
L'armée ukrainienne a quant à elle affirmé avoir abattu cinq avions et un hélicoptère de l'armée russe et avoir tué une cinquantaine "d'occupants russes" dans l'est du pays.
Bombardements
L'armée russe a affirmé en début d'après-midi avoir détruit 74 installations militaires, dont 11 aérodromes dans le pays, ainsi que 18 stations radar des systèmes de défense antimissile, des déclarations invérifiables.
Les Russes ont conquis un aéroport militaire situé à une quarantaine de kilomètres de Kiev, mais l'armée tente de le reprendre selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
Offensive terrestre
Des forces terrestres russes ont pénétré dans la région de Kiev à partir du Bélarus pour mener une attaque sur des cibles militaires, selon Kiev. Au fil des heures, elles ont semblé s'approcher de la capitale, où des explosions avaient retenti dans la matinée, comme dans d'autres villes comme Kramatorsk (est), Kharkiv (nord-est) ou Marioupol, principal port de l'est du pays.
Par ailleurs, selon le ministère russe de la Défense, les séparatistes prorusses à l'offensive contre l'armée ukrainienne dans l'Est et sous le couvert de bombardements russes ont "progressé de 7 kilomètres" dans leur attaque.
Prise de la centrale de Tchernobyl
La Russie a pris le contrôle de la centrale de Tchernobyl, site du pire accident nucléaire de l'histoire en 1986, a annoncé la présidence ukrainienne.
"L'état des installations" de la centrale, de la chape étanche isolant son réacteur accidenté et d'un dépôt pour le combustible nucléaire "est inconnu" et "il est impossible de dire si la centrale est en sécurité", a indiqué un responsable ukrainien, jugeant qu'il s'agissait d'une "des menaces les plus graves pour l'Europe".
Poutine «paria» international
L'invasion russe a suscité une pluie de condamnations venant des Etats-Unis, de l'Otan, de l'Union européenne, du G7, de l'Allemagne, de la France, du Royaume-Uni, de l'Italie, du Japon ou encore de la Turquie. La Chine, de son côté, a dit qu'elle "comprend les préoccupations" de la Russie.
Le président américain Joe Biden a annoncé une série de nouvelles sanctions visant les banques, élites et exportations russes, qui vont selon lui faire de Poutine "un paria sur la scène internationale".
L'UE a indiqué de son côté préparer un nouveau train de sanctions qui est le "plus sévère jamais mis en oeuvre", selon son chef de la diplomatie. Mais les dirigeants européens ne devraient pas à ce stade décider d'exclure la Russie du système de messagerie interbancaire Swift, mesure réclamée par Kiev.
Manifestations contre la guerre
A Berlin, Paris ou encore Prague et Varsovie, des milliers de manifestants ont protesté jeudi dans de nombreux pays contre l'invasion de l'Ukraine.
En Russie, près de 1.400 personnes ont été interpellées par la police dans 51 villes, dont la plupart à Moscou et Saint-Saint-Pétersbourg, selon l'ONG spécialisée OVD-Info.
Tempête sur les marchés
L'invasion de l'Ukraine a provoqué une journée noire sur les marchés mondiaux. Les places boursières européennes ont ainsi connu l'une des plus mauvaises séances depuis mars 2020 et la mise en place des confinements, perdant jusqu'à 5% au pire de la journée. Wall Street était aussi bousculée, l'indice phare, le Dow Jones, tombant de 1,62%.
Le prix du baril de pétrole a de son côté dépassé au cours de la journée les 100 dollars, autant pour le baril américain que celui de la mer du Nord, une première depuis 2014. L'aluminium et le blé battaient aussi des records.