Le point sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie

Des militaires des forces militaires ukrainiennes bloquent une route dans le "quartier gouvernemental" de Kiev le 24 février 2022 alors que les forces terrestres russes envahissaient l'Ukraine. (AFP)
Des militaires des forces militaires ukrainiennes bloquent une route dans le "quartier gouvernemental" de Kiev le 24 février 2022 alors que les forces terrestres russes envahissaient l'Ukraine. (AFP)
L'invasion russe a commencé tôt jeudi matin (AFP)
L'invasion russe a commencé tôt jeudi matin (AFP)
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Publié le Jeudi 24 février 2022

Le point sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie

  • Les Russes ont conquis un aéroport militaire situé à une quarantaine de kilomètres de Kiev, a reconnu le président ukrainien Volodymyr Zelensky
  • Au moins 40 soldats et une dizaine de civils ont été tués, selon Kiev

PARIS : Situation sur le terrain, réactions internationales, promesses de sanctions : le point sur l'invasion de l'Ukraine par la Russie.

Moscou revendique un «succès»

La Russie a affirmé jeudi soir qu'elle avait rempli "avec succès" tous les objectifs fixés au premier jour de son invasion de l'Ukraine.

Le président russe Vladimir Poutine avait annoncé le lancement de l'offensive dans une allocution télévisée surprise à 03H00 GMT, la qualifiant d'"opération militaire spéciale" pour défendre les séparatistes de l'est du pays et "démilitariser et dénazifier" son voisin pro-occidental. Le Kremlin a précisé vouloir imposer un "statut neutre" à l'Ukraine.

Combats meurtriers

Les combats de jeudi entre Russes et Ukrainiens ont fait plusieurs dizaines de morts selon les premiers bilans disponibles, le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) disant craindre un nombre massif de victimes.

Dans la matinée, Kiev avait fait état de la mort d'au moins 40 soldats et une dizaine de civils. Les autorités de la région d'Odessa ont indiqué de leur côté que 18 personnes avaient été tuées dans un village par des frappes, sans que l'on sache si ces victimes avaient été comptabilisées dans le bilan global. Dans le sud, treize civils et neuf militaires ont été tués dans la région de Kherson, en partie tombée aux mains des Russes selon l'administration régionale. 

L'armée ukrainienne a quant à elle affirmé avoir abattu cinq avions et un hélicoptère de l'armée russe et avoir tué une cinquantaine "d'occupants russes" dans l'est du pays.

Bombardements

L'armée russe a affirmé en début d'après-midi avoir détruit 74 installations militaires, dont 11 aérodromes dans le pays, ainsi que 18 stations radar des systèmes de défense antimissile, des déclarations invérifiables.

Les Russes ont conquis un aéroport militaire situé à une quarantaine de kilomètres de Kiev, mais l'armée tente de le reprendre selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky.

Offensive terrestre

Des forces terrestres russes ont pénétré dans la région de Kiev à partir du Bélarus pour mener une attaque sur des cibles militaires, selon Kiev. Au fil des heures, elles ont semblé s'approcher de la capitale, où des explosions avaient retenti dans la matinée, comme dans d'autres villes comme Kramatorsk (est), Kharkiv (nord-est) ou Marioupol, principal port de l'est du pays.

Par ailleurs, selon le ministère russe de la Défense, les séparatistes prorusses à l'offensive contre l'armée ukrainienne dans l'Est et sous le couvert de bombardements russes ont "progressé de 7 kilomètres" dans leur attaque.

Prise de la centrale de Tchernobyl

La Russie a pris le contrôle de la centrale de Tchernobyl, site du pire accident nucléaire de l'histoire en 1986, a annoncé la présidence ukrainienne.

"L'état des installations" de la centrale, de la chape étanche isolant son réacteur accidenté et d'un dépôt pour le combustible nucléaire "est inconnu" et "il est impossible de dire si la centrale est en sécurité", a indiqué un responsable ukrainien, jugeant qu'il s'agissait d'une "des menaces les plus graves pour l'Europe".

Poutine «paria» international

L'invasion russe a suscité une pluie de condamnations venant des Etats-Unis, de l'Otan, de l'Union européenne, du G7, de l'Allemagne, de la France, du Royaume-Uni, de l'Italie, du Japon ou encore de la Turquie. La Chine, de son côté, a dit qu'elle "comprend les préoccupations" de la Russie.

Le président américain Joe Biden a annoncé une série de nouvelles sanctions visant les banques, élites et exportations russes, qui vont selon lui faire de Poutine "un paria sur la scène internationale".

L'UE a indiqué de son côté préparer un nouveau train de sanctions qui est le "plus sévère jamais mis en oeuvre", selon son chef de la diplomatie. Mais les dirigeants européens ne devraient pas à ce stade décider d'exclure la Russie du système de messagerie interbancaire Swift, mesure réclamée par Kiev.

Manifestations contre la guerre

A Berlin, Paris ou encore Prague et Varsovie, des milliers de manifestants ont protesté jeudi dans de nombreux pays contre l'invasion de l'Ukraine. 

En Russie, près de 1.400 personnes ont été interpellées par la police dans 51 villes, dont la plupart à Moscou et Saint-Saint-Pétersbourg, selon l'ONG spécialisée OVD-Info. 

Tempête sur les marchés

L'invasion de l'Ukraine a provoqué une journée noire sur les marchés mondiaux. Les places boursières européennes ont ainsi connu l'une des plus mauvaises séances depuis mars 2020 et la mise en place des confinements, perdant jusqu'à 5% au pire de la journée. Wall Street était aussi bousculée, l'indice phare, le Dow Jones, tombant de 1,62%.

Le prix du baril de pétrole a de son côté dépassé au cours de la journée les 100 dollars, autant pour le baril américain que celui de la mer du Nord, une première depuis 2014. L'aluminium et le blé battaient aussi des records.


L'Otan en plein doute sur son avenir face à la tempête Trump

Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
Le secrétaire général de l'OTAN, Mark Rutte, s'exprime lors d'une conférence et d'une réunion avec des étudiants de l'École d'économie de Varsovie (SGH), à Varsovie (Pologne), le 26 mars 2025. (Photo Wojtek RADWANSKI / AFP)
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  • Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer.
  • les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

BRUXELLES : Les tirs de barrage américains contre les pays européens de l'Otan ébranlent jusqu'aux fondements de l'Alliance atlantique, qui a cependant toutes les peines du monde à imaginer un avenir sans les États-Unis.

Sous les coups de butoir de Donald Trump et de son équipe, l'Organisation du traité de l'Atlantique nord, vieille dame de plus de 75 ans, doit rapidement changer. Un diplomate interrogé sous couvert d'anonymat décrit l'agressivité de la nouvelle administration américaine comme un « traumatisme ».

Ce changement se fera-t-il avec ou sans les États-Unis ? La question agite les couloirs du siège de l'Alliance à Bruxelles.

« On connaît la direction : moins d'États-Unis et plus d'Europe », résume un diplomate sous couvert d'anonymat. Cependant, de nombreuses questions restent en suspens.

En deux mois, Donald Trump s'en est pris au Canada qu'il entend voir devenir le 51ᵉ État américain, et au Danemark, dont il revendique l'un des territoires, le Groenland. 

Plusieurs responsables américains, dont le vice-président J. D. Vance, n'ont pas caché leur mépris à l'égard des Européens, considérés comme des « profiteurs » et des passagers clandestins d'une alliance où, dénoncent-ils, ils ne paient pas leur dû.

Depuis le 20 janvier, date du retour de Donald Trump à la Maison Blanche, « l'optimisme est de moins en moins de mise », confie un diplomate. « Les États-Unis n'ont pas encore pris de décisions concrètes, mais on dirait que chaque jour est porteur d'un nouveau coup contre les fondations de l'Alliance. »

- Transition « désordonnée » -

Pour Camille Grand, ancien secrétaire général adjoint de l'Otan et chercheur auprès de l'ECFR, trois scénarios sont possibles.

Celui de la transition ordonnée : les Américains se désengagent, mais en bon ordre, à la suite d'une négociation qui donne aux Européens le temps de se préparer. « Cela permet d'éviter les incertitudes », assure-t-il dans un entretien avec l'AFP.

Celui de la transition « désordonnée » : les États-Unis restent membres de l'OTAN, y compris pour la dissuasion nucléaire, mais se désengagent des forces conventionnelles, comme l'a évoqué le secrétaire américain à la Défense, Pete Hegseth. 

Le retrait se fait « en mode crise », avec des « menaces et des annonces désordonnées ». C'est « le scénario dominant » aujourd'hui, estime l'analyste.

Il y a aussi le scénario cauchemar pour nombre d'Alliés : le retrait « de facto ou de jure ». Les États-Unis se désintéresseront de la défense du continent européen.

Donald Trump exige que les Européens et les Canadiens consacrent au moins 5 % de leur PIB à cette défense, alors qu'ils sont à moins de 2 % pour l'Italie ou l'Espagne. La marche est très haute. Mais tous savent qu'il faudra « annoncer » quelque chose au sommet de l'OTAN en juin, selon un diplomate.

Le Secrétaire général de l'Alliance Mark Rutte a évoqué un chiffre entre 3,5 et 3,7 %. Ce sera difficile, mais c'est une question de priorités dans les dépenses nationales, ajoute-t-il. 

Personne ne sait si ce chiffre sera suffisant pour Donald Trump.

- "Cinq ans" -

En attendant, beaucoup à Bruxelles et dans les autres capitales européennes s'interrogent sur un "après" Etats-Unis.

"Nous avons toujours su que le moment viendrait où l'Amérique se retirerait en quelque sorte et où l'Europe devrait faire davantage", rappelle ainsi Jamie Shea, ancien porte-parole de l'Otan et expert auprès du think tank londonien Chatam House.

Et le calendrier est très serré. Les Européens ont "cinq ans" pour recréer une dissuasion face à la menace russe, juge ainsi Camille Grand. Un calcul basé sur le temps jugé nécessaire, selon plusieurs services de renseignement, pour que la Russie reconstitue son armée et soit en mesure de menacer un pays de l'Otan, explique-t-il. 

Selon cet expert français, les Européens en sont capables, même si un investissement substantiel sera nécessaire pour combler l'apport américain en termes de renseignement, de satellites ou de logistique. « Il n'y a pas de raison que 500 millions d'Européens ne puissent pas dissuader 140 millions de Russes », assure-t-il.

Plusieurs pays en doutent. « Les États-Unis restent indispensables pour une dissuasion crédible », estime ainsi un diplomate européen auprès de l'Otan.


Le Wisconsin, théâtre d'une première défaite électorale pour Trump et Musk

 Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
Donald Trump et Elon Musk. (Photo AFP)
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  • Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin,
  • En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias

WASHINGTON : Le président américain Donald Trump a essuyé mardi son premier revers électoral avec l'élection d'une juge démocrate dans le Wisconsin, un scrutin habituellement d'ampleur locale, marqué cette fois-ci par la forte implication d'Elon Musk.

Selon les projections de plusieurs médias américains, Susan Crawford, soutenue par les démocrates, a remporté un siège pour dix ans à la Cour suprême de cet État de la région des Grands Lacs.

Elle faisait face à Brad Schimel, soutenu par Donald Trump et par le multimilliardaire Elon Musk, et dont la victoire aurait fait basculer la haute instance du Wisconsin du côté conservateur.

En Floride, deux législatives partielles ont également eu lieu mardi dans des circonscriptions solidement ancrées à droite et qui resteront dans l'escarcelle des républicains, selon les projections de plusieurs médias.

Mardi soir, le président a mis à profit sa plateforme Truth Social pour se féliciter des deux « larges » victoires de son camp en Floride, mettant en avant son « soutien » aux candidats.

Il n'a en revanche pas commenté le résultat pour la Cour suprême du Wisconsin, préférant y retenir l'adoption, par un référendum organisé le même jour, d'une mesure obligeant les électeurs à présenter une pièce d'identité avec photo afin de pouvoir voter.

« C'est une grande victoire pour les républicains, peut-être la plus grande de la soirée », a-t-il écrit.

« Le plus important » 

Elon Musk n'a pas non plus réagi à la défaite de Brad Schimel, et a plutôt salué l'issue du référendum local. « C'était le plus important », a-t-il affirmé sur son réseau social X.

Le patron de Tesla et Space X s'inquiétait d'un potentiel rééquilibrage par la Cour suprême locale dans le découpage des circonscriptions électorales, en faveur des démocrates. État pivot, le Wisconsin avait été remporté par Donald Trump à la présidentielle de novembre.

« C'est l'une de ces situations étranges où une petite élection en apparence pourrait déterminer le destin de la civilisation occidentale », avait lancé Elon Musk mardi.

Le président républicain avait, lui, publié lundi sur Truth Social un message de soutien à Brad Schimel. Il s'en était surtout pris à Susan Crawford, qui serait, selon lui, « un désastre pour le Wisconsin et pour les États-Unis d'Amérique ».

Un peu plus de deux mois après le début de son mandat, les enquêtes d'opinion indiquent une baisse relative de la popularité de Donald Trump. Ces élections dans le Wisconsin et en Floride étaient les premières véritables épreuves auxquelles il faisait face dans les urnes depuis novembre.

Campagne onéreuse 

Mardi, le trumpiste Randy Fine a bien remporté le siège en jeu à la Chambre des représentants face au démocrate Josh Weil, mais avec une avance bien plus mince qu'il y a quelques mois.

Ces résultats ont « de quoi donner des sueurs froides à mes collègues républicains », a déclaré sur la chaîne MSNBC Hakeem Jeffries, responsable de la minorité démocrate à la Chambre des représentants. Cela fait écho à la difficulté de l'opposition à se faire entendre depuis le retour de Donald Trump à la Maison Blanche.

Dans le Wisconsin, les deux camps avaient sorti l'artillerie lourde pour une élection qui, d'ordinaire, passe inaperçue dans le reste du pays.

Selon le Centre Brennan de l'université de New York, c'est « le scrutin judiciaire le plus coûteux de l'histoire américaine », avec plus de 98 millions de dollars déversés dans la campagne, dont 53 millions en faveur du candidat conservateur.

Elon Musk n'est pas étranger à cela.

« Il a dépensé plus de 25 millions de dollars pour essayer de m'empêcher de siéger à la Cour suprême du Wisconsin », a lancé dimanche Susan Crawford lors d'un rassemblement.

Son équipe de campagne avait récemment accusé Elon Musk de vouloir « acheter un siège à la Cour suprême du Wisconsin afin d'obtenir une décision favorable » dans des poursuites engagées par Tesla, son entreprise de véhicules électriques, contre les autorités du Wisconsin.


Amnesty International demande à la Hongrie d'arrêter M. Netanyahou

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. (Photo d'archives de l'AFP)
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  • Le Premier ministre israélien doit se rendre cette semaine dans un pays membre de la Cour pénale internationale
  • Cette visite " ne doit pas devenir un indicateur de l'avenir des droits humains en Europe "

LONDRES : Amnesty International a demandé à la Hongrie d'arrêter le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, à la suite d'informations selon lesquelles il se rendra dans cet État membre de l'UE mercredi à l'invitation de son homologue hongrois Viktor Orban.

M. Netanyahou fait l'objet d'un mandat d'arrêt délivré en novembre par la Cour pénale internationale en raison de la conduite d'Israël à Gaza.

M. Orban, proche allié de M. Netanyahu, a déclaré qu'il n'exécuterait pas le mandat. En tant qu'État membre, la Hongrie est tenue d'exécuter tout mandat d'arrêt délivré par la CPI.