OTTAWA: Le Premier ministre canadien Justin Trudeau a annoncé mercredi la fin des mesures d'urgence prévues dans la loi d'exception, invoquée la semaine dernière pour mettre un terme aux manifestations anti-mesures sanitaires.
"On constate qu'on n'est plus en situation d'urgence. C'est pourquoi le gouvernement fédéral met fin à la loi sur les mesures d'urgence", a déclaré Justin Trudeau, précisant que cette révocation devrait être effective "dans les heures à venir".
M. Trudeau a été vivement critiqué par l'opposition après avoir invoqué le 14 février cette loi pour mettre fin à une contestation historique contre les mesures de santé publique.
Cette disposition législative a accordé au gouvernement canadien des pouvoirs exceptionnels prévus en cas de "crise nationale", lui permettant notamment d'autoriser les banques et autres fournisseurs de services financiers à immédiatement geler ou suspendre un compte sans ordre de la cour.
Ces pouvoirs exceptionnels pouvaient être maintenus pendant une durée maximale de 30 jours, renouvelable, et s'appliquaient à l'ensemble du Canada.
L'annonce de Justin Trudeau intervient après qu'Ottawa a été libérée dimanche des manifestants et camionneurs au terme d'une vaste opération policière.
Cette loi a donné "plus d'outils" aux forces de l'ordre, selon M. Trudeau, mais "la menace de manifestations illégales, de barricades ou d'occupations demeure". "Les forces policières et les lois que nous avons en temps normal sont et seront suffisantes pour pouvoir empêcher d'autres occupations", a-t-il toutefois assuré.
Une enquête sera lancée par une commission parlementaire d'ici 60 jours pour étudier les circonstances ayant entouré le recours à cette loi.
Même si elle n'a que "trop tardé", la décision de lever les mesures d'urgence a été saluée par l'Association canadienne des libertés civiles (ACLC), une organisation indépendante qui va poursuivre la procédure judiciaire entamée pour contester le recours à ces pouvoirs.
"Nous continuons de penser que son invocation ne reposait pas sur une base juridique suffisante et que les décrets émis en vertu de la loi étaient inconstitutionnels", a regretté Abby Deshman de l'ACLC.
L'annonce de M. Trudeau "est la preuve que le Premier ministre avait tort lorsqu'il a invoqué la loi", a tancé la cheffe par intérim du Parti conservateur, Candice Bergen, dans un communiqué.
Lundi, Justin Trudeau avait déclaré que l'état d'urgence au Canada "n'était pas terminé" en dépit de la levée des blocages à travers le pays.
Au moment de cette annonce, le Sénat examinait le texte, qui a été approuvé lundi soir par les députés.
Dans la foulée de l'intervention de M. Trudeau, l'Ontario, province dans laquelle se trouve la capitale Ottawa, a mis fin mercredi à l'état d'urgence lancé il y a une dizaine de jours.
Minimisé au départ par les autorités, le mouvement de contestation est parti de camionneurs protestant contre l'obligation d'être vacciné pour passer la frontière avec les Etats-Unis, puis s'est élargi à un refus général des règles de santé publique au Canada.