Les civils ne doivent pas payer le prix de la crise ukrainienne, déclare le CCG à l'ONU

Réunion de l'Assemblée générale des Nations unies sur la situation entre la Russie et l'Ukraine, au siège de l’ONU à New York, le 23 février 2022 (Photo, Reuters).
Réunion de l'Assemblée générale des Nations unies sur la situation entre la Russie et l'Ukraine, au siège de l’ONU à New York, le 23 février 2022 (Photo, Reuters).
Short Url
Publié le Jeudi 24 février 2022

Les civils ne doivent pas payer le prix de la crise ukrainienne, déclare le CCG à l'ONU

  • Le CCG appelle au dialogue, à la diplomatie et à la mise en œuvre de la résolution 2202 du Conseil de sécurité
  • Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a estimé que le monde «faisait face à un moment de péril» avec la crise autour de l’Ukraine

NEW YORK: Lors d'une réunion à l'ONU mercredi, les pays du Golfe ont exprimé leur grande inquiétude face à la détérioration de la situation en Ukraine. Ils ont exhorté tous les participants à œuvrer pour résoudre la crise par le dialogue et la diplomatie.
S'exprimant au nom du Conseil de coopération du Golfe, Abdelaziz Alatik, représentant permanent adjoint de l'Arabie saoudite auprès de l'ONU, a exprimé le soutien du CCG aux efforts internationaux visant à encourager le calme et une désescalade des tensions. Alatik a exhorté les parties impliquées dans le conflit à entamer des discussions politiques dans un efforts pour trouver une solution.
Il a appelé à la pleine mise en œuvre de la résolution 2202 du Conseil de sécurité, adoptée à l'unanimité en 2015, qui appelle à un cessez-le-feu dans l'est de l'Ukraine et au retrait simultané de toutes les armes lourdes par les deux parties afin de créer une zone de sécurité.
Ses remarques ont été faites lors d'une session plénière de l'Assemblée générale des Nations unies pour discuter des derniers développements de la crise de longue date le long des frontières orientales de l'Ukraine.
Mercredi, les dirigeants occidentaux ont cherché à dissuader Moscou de lancer une invasion à grande échelle du pays en imposant des sanctions punitives aux membres du cercle restreint du président russe, Vladimir Poutine, et en menaçant de sanctions encore plus sévères si le Kremlin lançait une offensive militaire.
Les actions punitives ont été déclarées en réponse aux derniers développements entourant le déploiement par la Russie de 150 000 soldats le long de trois côtés de sa frontière avec l'Ukraine.
Bien qu'une invasion à grande échelle n'ait pas encore été lancée, les forces russes ont pénétré mardi dans les régions de Donetsk et Louhansk, tenues par les rebelles, dans l'est de l'Ukraine, après que le président, Vladimir Poutine, a officiellement reconnu l'indépendance de ces zones séparatistes.
«Les civils n'ont pas à payer le prix de l'escalade militaire», a déclaré Alatik aux représentants de plus de 70 pays lors de la réunion. Il a précisé que le CCG est «en faveur du droit international et de la charte des Nations unies, en particulier du principe de règlement pacifique des différends, du non-recours à la force ou à la menace de recours à la force, ainsi que du principe de souveraineté et d'intégrité territoriale».
Dmytro Kuleba, ministre ukrainien des Affaires étrangères, a signalé que la reconnaissance de Donetsk et de Louhansk en tant qu'États indépendants par Poutine, constitue «le coup ultime porté à des années de processus de paix».
Il a averti les autres États membres que si Poutine n'est pas stoppé, d'autres suivront ses traces et «votre gouvernement et votre peuple subiront les mêmes conséquences que notre gouvernement et notre peuple».
Kuleba a ajouté: «Il est clair que Poutine ne s'arrêtera pas de lui-même. Une guerre en Ukraine sera la fin de l'ordre mondial tel que nous le connaissons, un sombre scénario qui nous replongera dans l’obscurité» des siècles précédents.
Il a décrit la situation actuelle comme «la plus grande crise sécuritaire en Europe» depuis la Seconde Guerre mondiale. Il a de même révélé que tout échec de la communauté internationale à réagir correctement ne fera qu'ajouter à la souffrance, qui «je regrette de le dire, ne sera pas limitée à l'Ukraine».
Il a ajouté que «la Russie doit retirer ses forces des territoires ukrainiens», et a déclaré qu'une réponse rapide de l'ONU, à la hauteur de la gravité de la situation, contribuerait à rétablir la crédibilité de l'organisation.
Vassily Nebenzia, représentant permanent de la Russie auprès de l'ONU, a accusé le gouvernement ukrainien de mener une «politique de privation des droits humains fondamentaux contre son propre peuple».
Il a déclaré que «Kiev continue de bombarder ses propres citoyens et de soustraire au dialogue direct dans la région de Donbass.
«L'Ukraine est en guerre contre ses propres citoyens qui ne sont pas d'accord avec la politique actuelle des autorités. Les bailleurs de fonds occidentaux n'ont rien fait pour demander à l'Ukraine de tenir compte de son propre peuple, ce qui démontre deux poids deux mesures.»
Nebenzia a ajouté qu’«au milieu de ce ‘génocide’, la Russie ne peut pas rester indifférente».
Il a averti que «ce conflit est loin d’être terminé. Le bombardement de zones résidentielles dans les deux républiques de Donetsk et de Louhansk n'a pas cessé. Nous vous prévenons, puisque le cessez-le-feu sera surveillé par les forces russes, personne n'a l'intention de se montrer indulgent envers les contrevenants. Nous vous encourageons à freiner Kiev».
L'envoyé russe a également critiqué le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, qui, a-t-il affirmé, «a suivi le triste exemple de l'Occident». Il a de plus rejeté l'offre du chef de l'ONU de proposer ses «bons offices» pour un retour au dialogue.
«Nous ne comprenons pas de quels ‘bons offices’ le secrétaire général parle et qui peuvent être fournis», a-t-il ajouté.
António Guterres avait appelé à un cessez-le-feu et au rétablissement immédiat de l'État de droit, décrivant la crise comme un «moment de péril que j'espérais vraiment ne pas voir arriver».
Répondant à l'insistance de la Russie sur le fait qu’elle mène une mission de maintien de la paix dans l'est de l'Ukraine, António Guterres s'est dit préoccupé par «la perversion du concept de maintien de la paix».
«Lorsque les troupes d'un pays pénètrent sur le territoire d'un autre pays sans son consentement, il ne s’agit pas de forces de maintien de la paix impartiales. Ce ne sont pas du tout des soldats de la paix», a-t-il ajouté.
Lord Tariq Ahmad de Wimbledon, ministre d'État britannique pour le Commonwealth et les Nations unies, a souligné que son pays avait imposé «la plus grande série de sanctions contre la Russie dans l'histoire du Royaume-Uni».
Il a ajouté que «le Kremlin doit comprendre la force de la condamnation mondiale du choix de guerre par Poutine» et «nous devons dire très clairement à Moscou: ‘Retirez-vous; choisissez la paix et non la guerre’. Et au peuple ukrainien nous disons: ‘Nous, les Nations unies, sommes à vos côtés’».
Tobias Lindner, ministre d'État au ministère allemand des Affaires étrangères, a déclaré: «Nous devons serrer les rangs et rejeter fermement les actions de la Russie. Sinon, ce qui arrive à l'Ukraine aujourd'hui arrivera demain aux autres membres de l'ONU.»
L'envoyée américaine, Linda Thomas-Greenfield, a pour sa part averti  que «si la Russie continue sur cette voie, elle pourrait créer une nouvelle crise de réfugiés, l'une des plus importantes auxquelles le monde soit confronté aujourd'hui, avec environ 5 millions de personnes supplémentaires déplacées par la guerre choisie par la Russie, et faire pression sur les voisins de l'Ukraine.»
«Parce que l'Ukraine est l'un des plus grands exportateur de blé au monde, en particulier pour les pays en développement, les actions de la Russie pourraient provoquer une flambée des prix des denrées alimentaires et conduire à une faim encore plus désespérée dans des endroits comme la Libye, le Yémen et le Liban.»

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir usé d'un agent chimique en Ukraine

Short Url
  • Washington a annoncé mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères
  • Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies

WASHINGTON: Les Etats-Unis accusent la Russie d'avoir eu recours à un agent chimique, la chloropicrine, contre les forces ukrainiennes, en violation de la Convention sur l'interdiction des armes chimiques (CIAC), selon un communiqué mercredi du département d'Etat.

En outre, la Russie se sert d'agents anti-émeutes comme "méthode de guerre en Ukraine, également en violation de la convention", ajoute la diplomatie américaine dans ce texte.

"L'utilisation de ces produits chimiques n'est pas un incident isolé et est probablement motivée par le désir des forces russes de déloger les forces ukrainiennes de positions fortifiées et de réaliser des avancées tactiques sur le champ de bataille", écrit le département d'Etat.

Washington a annoncé en parallèle mercredi une nouvelle vague de sanctions visant des entreprises ou des personnes russes ou étrangères, accusées de participer à l'effort de guerre russe dans l'invasion de l'Ukraine.

Outre des entreprises russes de la défense, ainsi que des entités chinoises, ces sanctions concernent également plusieurs unités de recherche et entreprises impliquées dans les programmes d'armes chimiques et biologiques russes.

"Le mépris permanent de la Russie pour ses obligations au titre de la CIAC s'inscrit dans la même logique que les opérations d'empoisonnement d'Alexeï Navalny et de Sergueï et Ioulia Skripal avec des agents neurotoxiques de type Novichok", poursuit le département d'Etat.

Alexeï Navalny, ancien opposant au président russe Vladimir Poutine, décédé le 16 février, avait été victime d'un grave empoisonnement qu'il avait attribué au Kremlin,

L'ancien agent double russe Sergueï Skripal et sa fille Ioulia Skripal avaient été empoisonnés en Angleterre en 2018.

La Russie a déclaré ne plus posséder d'arsenal chimique militaire, mais le pays fait face à des pressions pour plus de transparence sur l'utilisation d'armes toxiques dont il est accusé.

Selon les Instituts nationaux de la santé (NIH), la chloropicrine est un produit chimique qui a été utilisé comme agent de guerre et comme pesticide et qui, en cas d'inhalation, présente un risque pour la santé.

«Contournement» des sanctions 

"Les sanctions prises aujourd'hui visent à perturber encore plus et affaiblir l'effort de guerre russe en s'attaquant à son industrie militaire de base et aux réseaux de contournement (des sanctions existantes, ndlr) qui l'aident à se fournir", a déclaré la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, citée dans un communiqué.

Parmi les entreprises étrangères visées, seize sont chinoises ou hongkongaises, pour la plupart accusées d'aider la Russie à se fournir en composants qui sont normalement interdits, mais aussi, pour deux d'entre elles, d'avoir procuré les matériaux nécessaires à la production de munitions.

Les sanctions concernent des entreprises issues de cinq autres pays: les Emirats arabes unis, la Turquie et l'Azerbaïdjan, ainsi que deux membres de l'Union européenne, la Belgique et la Slovaquie.

Une centaine d'entreprises russes, parmi les plus de 200 également visées, opèrent spécifiquement dans les secteurs de la défense, du transport ou des technologies.

Enfin, les sanctions concernent aussi les infrastructures de gaz et pétrole russes, alors que Moscou cherche à développer celles qui lui permettraient d'exporter plus facilement ses hydrocarbures, en particulier vers la Chine. Ces exportations se font actuellement par pétroliers ou méthaniers, faute d'oléoducs et gazoducs suffisants vers l'est.

Ces sanctions prévoient notamment le gel des avoirs des entreprises ou personnes visées et présentes aux Etats-Unis, ainsi que l'interdiction pour des entités ou citoyens américains de faire affaire avec les cibles des sanctions.

Les membres du G7 ainsi que l'UE et plusieurs pays proches, tels que l'Australie ou la Corée du Sud, ont multiplié les sanctions à l'encontre de la Russie depuis le déclenchement de l'invasion de l'Ukraine en février 2022.

Les dernières sanctions ont en particulier ciblé le secteur minier, notamment l'aluminium, le cuivre et le nickel, dont l'importation aux Etats-Unis et au Royaume-Uni sont désormais interdits.


Ukraine: une attaque russe de missiles à Odessa fait une dizaine de blessés

Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Un policier ukrainien se tient à côté du corps d'une victime sur le site d'une frappe, dans le village de Zolotchiv, dans la région de Kharkiv, le 1er mai 2024, au milieu de l'invasion russe de l'Ukraine. (AFP)
Short Url
  • Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones
  • Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville

KIEV: Une attaque russe de missiles a fait une dizaine de blessés à Odessa, une ville portuaire ukrainienne déjà ciblée en début de semaine par des attaques meurtrières, ont rapporté les autorités locales dans la nuit de mercredi à jeudi.

"Une nouvelle attaque russe de missiles balistiques" a touché Odessa, a rapporté le maire de cette ville du sud-ouest de l'Ukraine, Guennadiï Troukhanov, sur le réseau social Telegram.

"Des infrastructures civiles ont été détruites" et "13 personnes ont été blessées" dans l'attaque, a-t-il précisé, ajoutant que les pompiers combattaient "un incendie" d'ampleur, sans fournir davantage de détails.

Oleg Kiper, le gouverneur de la région d'Odessa, a de son côté affirmé qu'une "attaque russe de missile sur Odessa" avait blessé 14 personnes. "Des infrastructures civiles ont été endommagées, dont des entrepôts postaux", a-t-il ajouté.

Odessa, un port sur la mer Noire vital pour les exportations ukrainiennes, est régulièrement visé par des attaques meurtrières de missiles et de drones.

Tôt mercredi, les autorités locales avaient annoncé la mort d'au moins trois personnes, victimes d'une attaque russe de missiles sur la ville. Et lundi, une attaque similaire conduite par Moscou y avait tué cinq personnes, d'après des responsables locaux.

La Russie frappe sans relâche les villes ukrainiennes depuis des mois et avance sur le front est de l'Ukraine avant l'arrivée d'armes américaines cruciales pour Kiev.


Guerre à Gaza: la Colombie rompt ses liens diplomatiques avec Israël

Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza. (AFP).
Short Url
  • Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza
  • Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire"

BOGOTA: Le président de la Colombie Gustavo Petro a annoncé mercredi la rupture des liens diplomatiques avec Israël, qualifiant le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahu de "génocidaire" dans sa conduite de la guerre à Gaza.

Israël a immédiatement accusé M. Petro de "récompenser" le mouvement islamiste palestinien Hamas qui a, de son côté, salué l'annonce du dirigeant colombien, la qualifiant de "victoire".

M. Petro avait vivement critiqué, à plusieurs reprises, la guerre menée par Israël dans la bande de Gaza après les attaques sans précédent du Hamas dans le sud du territoire israélien le 7 octobre.

"Demain (jeudi), les relations diplomatiques avec l'Etat d'Israël seront rompues (parce qu'il a) un gouvernement, un président génocidaire", a déclaré mercredi le président colombien, lors d'un discours prononcé devant plusieurs milliers de partisans à Bogota à l'occasion du 1er-Mai.

En Israël, le chef du gouvernement est le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, tandis que le président, Isaac Herzog, a  un rôle avant tout symbolique.

"On ne peut pas revenir aux époques de génocide, d'extermination d'un peuple entier", a déclaré le président colombien. "Si la Palestine meurt, l'humanité meurt", a-t-il lancé, déclenchant les vivats de la foule.

Le ministre israélien des Affaires étrangères Israël Katz a aussitôt réagi en qualifiant Gustavo Petro d'"antisémite". "Le président colombien avait promis de récompenser les meurtriers et violeurs du Hamas, aujourd'hui il a tenu promesse", a écrit M. Katz sur X.

"Nous apprécions grandement la position du président colombien Gustavo Petro (...) que nous considérons comme une victoire pour les sacrifices de notre peuple et sa cause qui est juste", a déclaré pour sa part dans un communiqué la direction du Hamas, en appelant d'autres pays d'Amérique latine à "rompre" leurs relations avec Israël.