KOCAELI, Turquie : Plusieurs centaines de personnes ont assisté dimanche aux funérailles du journaliste tué la veille à Kocaeli, dans le nord-ouest de la Turquie, dont la veuve a demandé des comptes aux autorités, ont rapporté les témoins dont un photographe de l'AFP.
Directeur et rédacteur en chef du quotidien local Ses Kocaeli (La Voix de Kocaeli), Güngör Arslan, 60 ans, a été visé samedi, au siège de la publication, par un assaillant armé qui l'a atteint de plusieurs balles.
Grièvement blessé, le journaliste est décédé peu après à l'hôpital de la ville où il avait été transféré.
Près de 400 personnes, dont le gouverneur et le maire de la ville, ainsi que des élus locaux et des députés, ont assisté aux funérailles du journaliste, a constaté un photographe de l'AFP.
Selon les journaux locaux, l'épouse de la victime a interpellé et demandé des comptes au gouverneur de Kocaeli, Darse Yakuza, quand ce dernier a voulu lui présenter ses condoléances.
"Ils ont armé un jeune homme de 21 ans et lui ont fait commettre ce meurtre. Je ne peux y croire! Rendez s'il vous plait la justice et présentez-moi vos condoléances lorsque vous aurez trouvé les assassins", a lancé l'épouse de la victime, Suna Arslan.
"N'ayez aucune inquiétude. On les trouvera", a assuré en réponse le gouverneur.
L'assaillant, interpellé la veille par les forces de l'ordre et identifié dans des journaux locaux par ses initiales, aurait avoué avoir été recruté par deux personnes pour commettre le crime, selon le journal Ensellure qui affirme avoir eu accès à sa déposition.
Les commanditaires lui auraient assuré que "ni lui, ni sa famille n'auraient aucun souci", selon le journal.
Le représentant en Turquie de l'ONG Reporters sans frontières (RSF), Erol Önderoglu, a rapporté à l’AFP que le journaliste enquêtait sur des affaires de corruption présumée dans sa ville.
Il a condamné l'attentat et demandé que ce crime soit élucidé et les responsables "punis de la manière la plus sévère".
Dans ses deux dernières publications, Güngör Arslan avait accusé le maire de Kocaeli, élu de l’AKP (le parti de la justice et du développement, au pouvoir), d'attribuer des appels d'offres à des groupes proches de son parti.
Le sexagénaire à la barbe blanche fournie, père de deux enfants, avait déjà été victime d'une agression physique et subi une mise en examen pour ses articles.
"Beaucoup voyaient en lui le courage de traiter des affaires de corruption", a affirmé M. Önderoglu.
La Turquie figure à la 153e place du classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF.