DUBAI : En 1851, l’exposition universelle avait pour objectif de rassembler la culture, l’histoire et l’innovation dans un même lieu, Londres, pour les exposer au monde entier. Cependant, depuis cette première exposition universelle, plus de 85% des événements à portée mondiale ont été tenus dans des villes européennes ou nord-américaines.
Il y eut quelques exceptions, telles que les expositions tenues en Asie : celle d’Osaka en 1970, d’Aichi en 2005 et de Shanghai en 2010. Ces expositions ont presque toutes enregistré des taux de participation record. Il n’en demeure que, jusqu’à ce jour, les grands événements mondiaux restent largement l’apanage de l’hémisphère Nord et de l’Occident.
Voilà pourquoi l’Expo 2020 revêt une telle importance, non seulement par rapport aux expositions universelles, mais également pour la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord. En effet, pour la première fois, c’est le monde arabe qui occupe le devant de la scène.
Pays hôte de l’Expo, les Emirats Arabes Unis ont offert un modèle d’hospitalité arabe en allouant un pavillon à chacun des pays participants, mais également en accordant une « journée nationale » à chaque pays. La journée de l’Arabie Saoudite a été célébrée le 7 janvier.
L’Expo 2020 est résolument empreinte de culture arabe. En effet, des motifs architecturaux arabes sont parsemés, ça et là, qu’ils s’agissent des parasols, des fontaines ou même des bancs publics.
Il est bien connu que dans une exposition universelle, le positionnement est crucial. Il indique souvent le statut d’un pays à l’échelle internationale ainsi que sa relation avec le pays hôte. À cet égard, les Emirats Arabes Unis ont su remarquablement agencer l’espace, plaçant les pays arabes au cœur de l’action, leur conférant autant de visibilité que d’importance.
Le pavillon émirien est naturellement le plus grand, et occupe la place de choix. Son voisin immédiat est l’impressionnant pavillon saoudien, qui a réussi l’exploit d’établir de nouveaux records. Non loin de là, se placent les pavillons du Maroc, de la Palestine, de l’Égypte, du Koweit et d’autres pays arabes.
Le pavillon saoudien a établi trois nouveaux records Guinness : celui du plus grand sol lumineux interactif, du plus haut rideau d’eau interactif et du plus grand écran/miroir digital interactif. Mais l’Arabie Saoudite n’est pas le seul pays à exposer des modèles d’architecture avant-gardistes.
De nombreux pavillons arabes retiennent l’attention par leur sens de l’esthétique et leur portée culturelle. Ces pavillons sont parmi les plus grands de l’exposition et certains ont même été choisis pour devenir des structures permanentes, affiliées à leur pays, et abriter des centres culturels une fois l’exposition terminée.
Si l’Expo s’inscrit clairement dans le thème choisi : « Connecter les esprits, construire le futur », elle n’en est pas moins un hommage aux cultures et aux pays arabes à destination du monde entier.
Les expositions universelles ont longtemps été l’occasion pour les pays participants de présenter leur histoire nationale, souvent dans le but de présenter le pays de la manière la plus attrayante en vue d’en promouvoir les industries commerciale et touristique.
Les pays profitent donc des différents événements pour présenter plusieurs aspects de leur culture et de leur patrimoine, promouvoir les échanges et s’attirer une opinion publique favorable à travers l’art, l’innovation, l’entreprenariat, la technologie et la politique.
Les pavillons arabes de l’Expo 2020 racontent chacun une histoire différente. Pourtant, plusieurs thèmes communs les lient : la célébration du patrimoine, la façon concrète et incisive d’appréhender l’avenir et l’accent mis sur la durabilité, qu’elle soit culturelle, sociale ou environnementale.
Les thèmes mettant le passé à l’honneur se déclinent généralement en deux temps : le passé ancien avec l’île koweitienne de Failaka habitée dès l’âge de bronze, et le passé plus récent, avant l’urbanisation galopante des dernières 50 années.
En effet, les pavillons arabes n’ont pas lésiné sur les efforts pour rendre hommage aux exploits et à la sagesse de leurs anciens. À titre d’exemple, dans la première galerie du pavillon émirien, on peut voir une reproduction d’un désert de sable fin et des dunes typiques des Emirats. Ce désert sert de support visuel sur lequel défilent des images d’archives rendant hommage au Cheikh Zayed Al-Nayhan, père fondateur des Emirats Arabes Unis.
Juste à côté, dans le pavillon de la vision, dédié au Cheikh Mohammed Bin Rashid Al-Maktoum, une vidéo commentée revient sur son enfance dans le désert, avec un leader bédouin, expliquant comment, des années plus tard, son leadership a été influencé par ce rapport à la terre.
Dans le pavillon saoudien, des sites culturels antiques, tels que les tombes d’Al-Hijr, le district d’at-Turaif et la vallée AlULa, sont reproduits dans le cadre d’un tour visuel exposant le riche patrimoine culturel et la beauté naturelle du Royaume.
Le pavillon saoudien a accueilli plus de 1800 événements, activités, programmes et semaines thématiques. Toutes ces manifestations reflètent la société vibrante du Royaume, son patrimoine millénaire et ses nouvelles perspectives économiques.
Les Emirats Arabes Unis ont su remarquablement agencer l’espace, plaçant les pays arabes au cœur de l’action, leur conférant ainsi autant de visibilité que d’importance. (AFP/Photo de dossier)
Dans le pavillon d’Oman, l’accent a été mis sur l’encens pour mettre en valeur les paysages remarquables du Sultanat et sa longue expérience dans le commerce.
Mais les pavillons arabes ne se sont pas contentés de se concentrer sur leur passé glorieux, ils se sont également tournés vers l’avenir. Nombreux sont ceux qui présentent une vision concrète pour l’avenir en montrant clairement les objectifs qu’ils se sont fixé pour atteindre le développement auquel ils aspirent.
L’Arabie Saoudite a placé la durabilité au cœur de sa vision pour l’avenir. Sa Vision 2030 vise en effet à diversifier l’économie tout en respectant un engagement zéro carbone d’ici 2060.
L’Egypte a également sa propre Vision 2030. Annoncée en 2016, elle consiste en huit objectifs nationaux conformes aux Objectifs de développement durable des Nations Unies. Les thèmes principaux sont l’économie inclusive, l’éducation et l’environnement.
La durabilité est un thème commun à tous les pavillons arabes, avec un focus particulier sur la transmission des richesses culturelles, du savoir et de la prospérité aux générations à venir. C’est dans cette perspective que le pavillon koweitien met en valeur la résilience de ses premières installations. Un château d’eau, s’élevant au centre du pavillon, rappelle les différentes façons dont les habitants ont intelligemment géré leurs ressources naturelles pour prospérer.
Les galeries du pavillon montrent également le système démocratique au Koweit et l’investissement de la nation dans sa jeunesse.
Le thème de la victoire contre l’adversité revient dans plusieurs pavillons de pays arabes ayant connu les conflits et l’instabilité économique.
S’il est vrai que le pavillon libanais est bien plus austère que ceux d’autres pays arabes, son message n’en demeure pas moins un puissant rappel de la résilience de son peuple.
Au vu des innombrables défis auxquels la nation est confrontée, la simple présence du pavillon libanais est un signal fort en soi. À l’instar du Koweit, le pavillon libanais fait la belle part à la jeunesse du pays, particulièrement les artistes.
De manière générale, les pays arabes participant à l’Expo 2020 ont fait bon usage de cette tribune internationale en exposant leurs réussites, leur patrimoine et leurs ambitions. De ce point de vue, l’Expo peut être considérée comme un triomphe arabe.