Mali: les djihadistes tuent 40 civils complices selon eux de leurs rivaux

Une photo montre le camp informel de Bagoundié, à 8 km de Gao, qui abrite 300 ménages peuls qui ont fui leurs maisons à Tessit, près d'Ansongo, le 16 octobre 2020. (AFP)
Une photo montre le camp informel de Bagoundié, à 8 km de Gao, qui abrite 300 ménages peuls qui ont fui leurs maisons à Tessit, près d'Ansongo, le 16 octobre 2020. (AFP)
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Publié le Samedi 19 février 2022

Mali: les djihadistes tuent 40 civils complices selon eux de leurs rivaux

  • Deux habitants de Tessit installés à Gao et Bamako et dont l'AFP garde également secrète l'identité ont confirmé l'ampleur des exactions après avoir pu échanger avec des survivants ayant fui
  • Les organisations assistant les Maliens disent régulièrement que les civils sont les premières victimes de la tourmente dans laquelle est pris le Mali depuis 2012

BAMAKO : Une quarantaine de civils maliens ont été tués cette semaine par un groupe affilié à l'organisation Etat islamique, dans une région du nord du pays en proie à des affrontements entre jihadistes, a appris l'AFP de différentes sources locales.

"Il y a au moins quarante morts civils, dans trois sites différents" des environs de Tessit, à quelques dizaines de kilomètres des frontières avec le Burkina Faso et le Niger, a dit à l'AFP un responsable civil de ce secteur dont l'AFP a choisi de taire le nom pour sa sécurité.

Il a précisé que c'était un bilan encore provisoire, la remontée d'informations étant lente et parcellaire dans une zone reculée et dangereuse, avec des témoins toujours dispersés.

"Ce sont des civils qui ont été accusés par un groupe de complicité avec l'autre groupe" jihadiste, a-t-il dit.

Deux habitants de Tessit installés à Gao et Bamako et dont l'AFP garde également secrète l'identité ont confirmé l'ampleur des exactions après avoir pu échanger avec des survivants ayant fui. 

Moussa Ag Acharatoumane, porte-parole d'un groupement de formations armées du nord, le Cadre stratégique permanent (CSP), a rapporté un bilan humain similaire.

Les faits se sont produits dans la zone dite des trois frontières, un des foyers de la violence qui secoue le Sahel. L'Etat islamique au grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (GSIM), alliance de groupes armés appartenant à la nébuleuse Al-Qaïda, y sont particulièrement actifs. En plus d'attaquer les armées nationales ou étrangères, ils s'y livrent depuis 2020 une guerre des territoires.

Tessit, commune rurale de la région de Gao, a été le théâtre de tels combats ces dernières semaines.

Le hashtag #JeSuisTessit ont commencé à fleurir sur les réseaux sociaux.

Ces combats inter-jihadistes sont peu médiatisés, sinon occasionnellement par les jihadistes eux-mêmes. Les autorités maliennes, dominées par les militaires depuis le coup d'Etat d'août 2020, n'ont pas communiqué sur les évènements de Tessit.

La zone est coupée du réseau téléphonique depuis plusieurs années, rendant l'accès à l'information difficile. Elle est d'autant plus enclavée que la route reliant Tessit à Ansongo, principale ville de la zone, a été coupée au niveau du passage du fleuve Niger en 2020, des groupes djihadistes ayant incendié le bac qui permettait de traverser le fleuve.

Les organisations assistant les Maliens disent régulièrement que les civils sont les premières victimes de la tourmente dans laquelle est pris le Mali depuis 2012.

Des vieillards exécutés

Entre le 8 et le 10 février, ont dit trois sources locales, les hommes du GSIM sont venus dans plusieurs villages autour de Tessit, dont Kaygourouten, Bakal et Tadjalalt. Ils y ont saccagé un centre de santé, une pharmacie, un château d'eau, un commerce, et se sont emparé d'une ambulance, accusant les commerçants de ravitailler les rivaux de l'EIGS.

Les habitants ont été sommés de partir.

Lundi et mardi, de jour et de nuit, des combattants de l'EIGS sont venus dans les mêmes villages. "Ils ont accusé les hommes d'être complices du GSIM, ils ont tué les vieillards et les jeunes hommes", a relaté le responsable civil du secteur de Tessit. Trente personnes ont été exécutées à Kaygourouten, a-t-il dit.

Ces incursions de l'EIGS et du JNIM dans la commune de Tessit ont poussé les habitants à fuir vers les villes alentours, ainsi qu'aux Niger et Faso voisins, a constaté le Haut commissariat aux réfugiés de l'ONU (HCR). 

Il dénombrait vendredi soir 1.200 personnes déplacées dans plusieurs villes de la zone, dont 350 femmes et 620 enfants.

Mais "les personnes fuyant la violence continuent à affluer", a déclaré à l'AFP Mohamed Askia Touré, représentant du HCR au Mali, indiquant que "les premiers secours ont été engagés et les évaluations sont en cours avec nos partenaires" pour qu'un soutien leur soit apporté.

Ce scénario d'accusations de complicité, souvent couplé à des représailles meurtrières, est courant, dit le responsable civil: "Quand un groupe (jihadiste) passe dans un village, celui qui vient après accuse les habitants d'être complices, alors que ces populations sont là et ne sont même pas dans la capacité de chasser une mouche".

Dans la zone dite des trois frontières opèrent aussi côté malien l'armée nationale, les soldats français de la force Barkhane ainsi que les forces spéciales européennes de Takuba, et les Casques bleus de l'ONU au Mali (Minusma). La France et ses partenaires européens ont annoncé jeudi le retrait de leurs forces du Mali.


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.