Contestation au Canada: la police se prépare à intervenir à Ottawa

La neige tombe autour d'un manifestant agitant un drapeau lors d'une manifestation de camionneurs contre les règles sanitaires en cas de pandémie et le gouvernement Trudeau, devant le Parlement du Canada à Ottawa le 17 février 2022. (AFP)
La neige tombe autour d'un manifestant agitant un drapeau lors d'une manifestation de camionneurs contre les règles sanitaires en cas de pandémie et le gouvernement Trudeau, devant le Parlement du Canada à Ottawa le 17 février 2022. (AFP)
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Publié le Vendredi 18 février 2022

Contestation au Canada: la police se prépare à intervenir à Ottawa

  • Pour la première fois depuis le début du mouvement, des groupes de policiers se sont positionnés jeudi dans les rues d'Ottawa face aux contestataires et aux centaines de camions bloquant les rues
  • Trudeau a estimé que cette contestation n'avait plus rien de «pacifique», lors d'un débat historique à la Chambre des communes portant sur la mise en œuvre de la loi sur les mesures d'urgence

OTTAWA: La police canadienne, déployée en masse jeudi dans les rues d'Ottawa, a promis d'intervenir rapidement pour libérer les rues de la capitale paralysée depuis bientôt trois semaines par des manifestants anti-mesures sanitaires, une contestation qui n'a plus rien de "pacifique" selon le Premier ministre Justin Trudeau.


"Si vous voulez partir de votre propre gré, c'est maintenant qu'il faut le faire", a lancé aux manifestants jeudi après-midi le chef intérimaire de la police d'Ottawa Steve Bell, avertissant que ce week-end serait "bien différent des trois derniers".


Pour la première fois depuis le début du mouvement, des groupes de policiers se sont positionnés jeudi dans les rues d'Ottawa face aux contestataires et aux centaines de camions bloquant les rues.


"Nous sommes prêts à agir pour expulser les manifestants illégaux de nos rues", a-t-il ajouté, parlant d'une intervention "imminente". Toutefois, en début de soirée, les policiers n'avaient encore rien entrepris pour déloger les protestaires et leurs camions.


Un périmètre de sécurité a été érigé autour du centre-ville et une centaine de barrages permettent de contrôler les entrées dans la zone. 

Plus rien de «pacifique»
A quelques mètres de là, le Premier ministre Justin Trudeau a estimé jeudi matin que cette contestation n'avait plus rien de "pacifique", lors d'un débat historique à la Chambre des communes portant sur la mise en œuvre de la loi sur les mesures d'urgence, une disposition exceptionnelle invoquée lundi pour la deuxième fois de l'histoire du Canada en temps de paix.


"L'objectif de toutes les mesures, y compris les mesures financières prévues dans la loi sur les mesures d'urgence, est de faire face à la menace actuelle et de maîtriser pleinement la situation", a ajouté Justin Trudeau.


Dans une lettre adressée aux Premiers ministres des provinces mercredi soir, il avait estimé que le mouvement "menaçait la démocratie" et minait "la réputation du Canada à l'étranger".


Des "comptes bancaires d'individus et d'entreprises" liés au blocage ont été gelés, a précisé lors d'une conférence de presse la ministre des Finances et vice-Première ministre Chrystia Freeland. 


Qualifiant la situation de "précaire", le ministre de la Sécurité publique Marco Mendicino a estimé que "les blocus illégaux aux frontières" avaient coûté des milliards de dollars à l'économie canadienne.

Covid: le Canada autorise le vaccin de Novavax, le cinquième dans le pays

Le Canada a approuvé jeudi le vaccin anti-Covid de Novavax, qui devient ainsi le cinquième autorisé dans le pays pour les adultes de 18 ans et plus, a annoncé le gouvernement.


"A la suite d'un examen approfondi et indépendant des données probantes, le ministère a conclu que ce vaccin satisfait aux exigences rigoureuses du Canada en matière d'innocuité, d'efficacité et de qualité", a indiqué le ministère de la Santé par communiqué.


Contrairement aux vaccins à ARN messager de Pfizer et Moderna, celui de la firme américaine Novavax utilise une technologie plus classique, similaire à celle du vaccin contre la coqueluche.


D'après les essais cliniques, il est efficace à 90% pour prévenir la Covid-19 symptomatique et à 100% pour prévenir les maladies graves.


Les données préliminaires ont également montré que ce sérum produirait "des anticorps neutralisants contre le variant Omicron", selon Santé Canada.


Quelque 90% des Canadiens sont déjà vaccinés. Depuis le début de la pandémie, plus de 35 000 personnes sont décédées de la maladie dans le pays. 

Ultimatum 
Les manifestants, déterminés à rester "jusqu'à la fin", avaient reçu mercredi un ultimatum des forces de l'ordre, qui ont fait le tour des camions pour distribuer un tract leur intimant l'ordre de "quitter les lieux".


"Ils essaient de faire peur aux gens pour éviter qu'ils ne viennent ce week-end", a commenté le camionneur Kevin Veurink, 39 ans, réagissant à l'installation de ces barricades autour de l'enceinte parlementaire.


Pull gris avec logo "Liberté ensemble" sur le dos, cet Ontarien qui transportait un chariot avec des bidons d'essence se dit prêt à rester "jusqu'à ce qu'on se fasse arrêter, si cela arrive".


Mercredi soir, le nouveau chef de la police d'Ottawa Steve Bell avait déclaré avoir un "plan méthodique" pour mettre fin à la manifestation. "Certaines des techniques que nous avons le droit d'employer et que nous sommes prêts à employer ne sont pas couramment vues à Ottawa", avait-il mis en garde.

Situation périlleuse 
Un mélange de pluie et de neige attendu mercredi et dans les prochains jours pourrait compliquer les opérations de la police, confrontée à une situation complexe et périlleuse pour déloger les manifestants sans heurts. 


Elle craint notamment la présence d'"éléments radicaux" mais aussi de nombreux enfants dans la manifestation, y compris des bébés.


L'une des organisatrices du "Convoi de la liberté", Tamara Lich, a dit s'attendre à se faire arrêter. "Je pense que c'est inévitable maintenant...", a-t-elle affirmé dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux. 


La ville d'Ottawa, la province de l'Ontario et le Canada entier sont sous état d'urgence en raison de ce mouvement de contestation sans précédent, parti de l'opposition des camionneurs à se faire vacciner contre la Covid-19 pour franchir la frontière entre le Canada et les Etats-Unis.


Minimisé au départ par les autorités, le mouvement s'est étendu ces dernières semaines à l'ensemble des mesures sanitaires et, pour de nombreux manifestants, à un rejet du gouvernement de Justin Trudeau.


Début des discussions entre Washington et Niamey sur le retrait des troupes américaines du Niger

Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
Les manifestants réagissent alors qu'un homme brandit une pancarte exigeant que les soldats de l'armée américaine quittent le Niger sans négociation lors d'une manifestation à Niamey, le 13 avril 2024. (AFP)
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  • Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis
  • Washington a accepté de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait

WASHINGTON: Washington a entamé les discussions avec Niamey sur le retrait du Niger des troupes américaines qui y étaient déployées dans le cadre de la lutte antidjihadiste au Sahel, a déclaré lundi le Pentagone.

Le gouvernement du Niger, issu d'un coup d'Etat en juillet dernier, avait dénoncé en mars l'accord de coopération militaire en vigueur avec les Etats-Unis, estimant que la présence américaine était désormais "illégale".

Washington a finalement accepté la semaine dernière de retirer du pays ses plus de 1 000 soldats et annoncé envoyer une délégation à Niamey pour s'accorder sur les détails de ce retrait.

"Nous pouvons confirmer le début des discussions entre les Etats-Unis et le Niger sur le retrait ordonné des forces américaines du pays", a déclaré le porte-parole du Pentagone Pat Ryder.

Une "petite délégation du Pentagone et du commandement militaire américain pour l'Afrique" participe aux discussions, a-t-il précisé.

Les Etats-Unis vont "continuer à explorer les options possibles afin d'assurer que nous soyons toujours en mesure de faire face aux potentielles menaces terroristes", a-t-il encore dit.

A Niamey, le ministre nigérien des Affaires étrangères, Bakari Yaou Sangaré, a indiqué dans un communiqué avoir eu lundi "des discussions" avec l’ambassadrice des États-Unis à Niamey, Kathleen Fitzgibbon, portant "sur la question du départ des troupes militaires américaines du Niger".

L’entretien s’est déroulé en présence de Maria Barron, directrice de l'Agence américaine pour le développement international (USAID) à Niamey, qui a assuré que l'agence allait "poursuivre sa coopération bilatérale" avec le Niger, annonçant "un nouvel accord devant remplacer celui en cours qui expire en septembre 2024", selon le communiqué.

Au Niger, les Etats-Unis disposent notamment d'une base de drone importante près d'Agadez, construite pour environ 100 millions de dollars.

Après le coup d'Etat qui a renversé le président élu Mohamed Bazoum fin juillet, le nouveau régime militaire a rapidement exigé le départ des soldats de l'ancienne puissance coloniale française et s'est rapproché de la Russie, comme le Mali et le Burkina Faso voisins, également dirigés par des régimes militaires et confrontés à la violence de groupes jihadistes.


L'Ukraine s'attend à une détérioration sur le front vers la mi-mai

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky (Photo, AFP).
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  • L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine
  • La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar

KIEV: La situation sur le front ukrainien va empirer autour de la mi-mai et début juin, qui sera une "période difficile", a prévenu lundi le chef du renseignement militaire ukrainien Kyrylo Boudanov, sur fond de craintes d'une nouvelle offensive russe.

La Russie, qui est à l'initiative depuis l'automne 2023, a revendiqué lundi la conquête d'un village de l'Est ukrainien situé non loin de Vougledar, localité à la jonction des fronts Est et Sud, dont elle cherche à s'emparer depuis deux ans.

"N'allons pas trop dans les détails, mais il y aura une période difficile, à la mi-mai et début juin", a prévenu M. Boudanov, interrogé sur l'état du front, dans une interview au service ukrainien de la BBC.

L'armée russe "mène une opération complexe", a-t-il dit.

"Nous pensons qu'une situation plutôt difficile nous attend dans un futur proche. Mais il faut comprendre que ce ne sera pas catastrophique", a estimé Kyrylo Boudanov.

"Armageddon ne se produira pas, contrairement à ce que beaucoup disent en ce moment. Mais il y aura des problèmes à partir de la mi-mai", a-t-il ajouté.

L'armée ukrainienne traverse une période délicate, confronté à une pénurie de nouvelles recrues et de munitions en raison de retards importants de livraisons d'aide occidentale, notamment américaine.

En face, les troupes russes, bien plus nombreuses et mieux armées, ne cessent de pousser à l'Est et revendiquent régulièrement la prise de petits villages dans le Donbass.

En février, Moscou s'est emparé d'Avdiïvka, une ville forteresse, et vise désormais la cité  stratégique de Tchassiv Iar.

Cette cité, perchée sur une hauteur, s'étend à moins de 30 kilomètres au sud-est de Kramatorsk, la principale ville de la région sous contrôle ukrainien, qui est un important nœud ferroviaire et logistique pour l'armée ukrainienne.

Offensive estivale? 

Lundi, le ministère russe de la Défense a affirmé avoir "libéré" Novomykhaïlivka, à une trentaine de kilomètres de Donetsk.

Ce village est proche de Vougledar, une cité minière à la jonction des fronts Sud et Est. Début 2023, l'Ukraine était parvenue à y repousser un assaut de l'armée russe, infligeant des pertes humaines importantes.

Kiev craint désormais une offensive estivale russe encore plus puissante.

Fin mars, le commandant des forces terrestres ukrainiennes Oleksandre Pavliouk avait jugé "possible" un tel scénario, impliquant un groupe de 100.000 soldats russes.

Le commandant en chef des forces ukrainiennes, Oleksandre Syrsky, a déjà admis mi-avril que la situation sur le front Est s'était "considérablement détériorée" récemment.

Il a affirmé voir une "intensification significative" de l'offensive russe depuis mars, aboutissant à des "succès tactiques".

La grande contre-offensive ukrainienne de l'été 2023 s'était heurtée à de puissantes lignes de défense russes qui ont épuisé les ressources de l'armée ukrainienne, sans permettre de libérer les régions occupées par la Russie.

L'Ukraine fait désormais face aux hésitations de ses alliés occidentaux, même si une aide militaire américaine de 61 milliards, longtemps bloquée, a finalement été votée par la Chambre des représentants des Etats-Unis samedi. Le texte doit encore être adopté par le Sénat puis promulgué par le président Joe Biden.

Kiev espère désormais que l'aide des Etats-Unis pourra atteindre le front très rapidement. Le Kremlin a, lui, jugé que qu'elle ne changerait "rien"


Espagne : l'homme clé d'un scandale de corruption garde le silence devant le Sénat

Koldo Garcia, ancien conseiller du ministre espagnol des Transports, assiste à une commission d'enquête sur une affaire de corruption liée à l'achat de masques pendant la pandémie, au Sénat de Madrid, le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
Koldo Garcia, ancien conseiller du ministre espagnol des Transports, assiste à une commission d'enquête sur une affaire de corruption liée à l'achat de masques pendant la pandémie, au Sénat de Madrid, le 22 avril 2024. (Photo, AFP)
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  • Placé en garde à vue le 21 février, Koldo García est soupçonné de s'être enrichi en prélevant de lucratives commissions sur des contrats de vente de masques entre mars et juin 2020
  • Selon la justice, l'affaire aurait généré 9,5 millions d'euros de profits, pour des contrats d'un montant total de 53 millions d'euros

MADRID: L'homme de confiance d'un ex-ministre espagnol, très proche du Premier ministre socialiste Pedro Sánchez, a invoqué lundi son droit au silence devant une commission d'enquête mise en place par le Sénat qui l'entendait dans une affaire de corruption embarrassante pour l'exécutif.

Mis en cause pour son rôle dans un scandale lié à des achats de masques pour des administrations publiques durant la pandémie de Covid-19, Koldo Garcia était invité à s'exprimer pour la première fois publiquement sur cette affaire par cette commission du Sénat, dominé par le Parti populaire (PP, droite), principale formation d'opposition.

Bombardé de questions, cet homme à la stature imposante a invoqué son "droit à ne pas témoigner" en raison de la procédure ouverte par la justice sur ce scandale. "Par bon sens, je pense que je dois attendre" de "témoigner devant" le juge avant d'évoquer l'affaire, a-t-il expliqué.

M. Garcia a toutefois assuré avoir la conscience "très" tranquille. Visiblement agacé, il a dénoncé le traitement réservé à l'affaire par les journaux. "Médiatiquement, on m'a déjà crucifié vivant", a-t-il jugé.

Placé en garde à vue le 21 février, Koldo García est soupçonné de s'être enrichi en prélevant de lucratives commissions sur des contrats de vente de masques entre mars et juin 2020.

Selon la justice, l'affaire aurait généré 9,5 millions d'euros de profits, pour des contrats d'un montant total de 53 millions d'euros.

L'affaire est très sensible politiquement, car Koldo García était l'homme de confiance de José Luis Ábalos, ministre des Transports de 2018 à 2021 et membre important du premier cercle de Pedro Sánchez - l'un des rares à lui être resté fidèle après son éviction en 2016 de la tête du parti socialiste à la suite de résultats électoraux désastreux.

Mi-mars, le chef de file du PP, Alberto Núñez Feijóo, avait accusé le Premier ministre d'avoir été "au courant" et d'avoir "couvert" l'affaire. "Nous sommes face à une très grave affaire potentielle de corruption qui touche votre gouvernement, votre parti et probablement vous-même", avait-il ajouté.

Le Parti socialiste, qui a promis d'enquêter sur cette affaire avec "une transparence absolue", a exclu M. Ábalos de ses rangs, tandis que le gouvernement a limogé un haut fonctionnaire du ministère des Transports qui avait géré l'achat des masques.

Comme le Sénat, la Chambre des députés, où les socialistes et leurs alliés sont majoritaires, a voté la création d'une commission d'enquête sur les affaires de corruption autour de contrats d'achat de matériel sanitaire, mais élargie à plusieurs autres affaires dont l'une implique le compagnon d'Isabel Díaz Ayuso, le présidente de la région de Madrid et une figure du PP.