PARIS : Brocardée pour sa prestation lors de son meeting dimanche à Paris, Valérie Pécresse réplique en dénonçant "le machisme" de certains commentateurs, "une ligne de défense" nécessaire selon un analyste, qui juge "disproportionnée" la "violence des critiques".
Pour la candidate LR à la présidentielle, "la vérité est toute simple: quand c'est un homme, c'est +erreur de jeunesse+, quand c'est une femme: faiblesse", a-t-elle fustigé lundi soir sur BFMTV, dénonçant "un phénomène médiatique machiste" avec "des candidats hommes qui sont les favoris des médias", selon elle.
"Quand Emmanuel Macron fait ses premiers meetings il y a cinq ans, où il fait quasiment sa mue en direct, où il se met à crier, est-ce qu'il y a eu les mêmes critiques que vis-à-vis de moi?", a-t-elle interrogé, visant les critiques, y compris au sein de son propre camp, sur sa prestation dimanche au Zénith de Paris, où la candidate est apparue peu à l'aise en public et a déroulé son discours d'un ton forcé.
Comme pour déminer le terrain, la candidate LR a été obligée de reconnaître qu'elle était, sur la forme, davantage une "faiseuse" qu'une grande oratrice.
Mardi matin, elle a reçu le soutien de Marlène Schiappa, ministre en charge de la Citoyenneté engagée dans la lutte contre les violences faites aux femmes, qui a dit avoir trouvé "très durs" les commentaires, voire "un peu sexistes".
"Il y a un double standard: il y a une présomption de compétence des hommes et d'incompétence pour les femmes", a-t-elle critiqué sur RMC et BFMTV, estimant qu'"on attend toujours beaucoup plus des femmes en politique que des hommes".
Pour Valérie Pécresse, "c'est une ligne de défense pour justifier sa mauvaise performance", analyse Philippe Moreau-Chevrolet, professeur de communication politique à Sciences Po, "mais la violence des attaques était disproportionnée".
En face, "l'enjeu" à ses yeux "pour les Macronistes ou les Zemmouristes, c'est d'attaquer Mme Pécresse", "pour qu'elle ne soit pas au deuxième tour et récupérer une partie de ses électeurs", observe-t-il, rappelant que "les critiques ne se font jamais frontalement, mais souvent +en meute+".
« Cibles »
Au sein de LR, la campagne actuelle de Mme Pécresse ne fait pas l'unanimité face à la double pression venue d'un côté d'Emmanuel Macron et de l'autre de l'extrême droite, représentée par Marine Le Pen et Eric Zemmour.
Pour l'ancien président du parti Jean-François Copé, "ça joue" que Les Républicains présentent pour la première fois une femme candidate à la magistrature suprême, évoquant même "un peu d'agacement par rapport au fait qu'une femme porte nos couleurs".
Dans le passé, plusieurs femmes politiques de premier rang ont été les "cibles" d'attaques qu'elles ont jugé "sexistes" ou "machistes", dans un milieu dominé par les hommes, rappelle M. Moreau-Chevrolet.
La socialiste Ségolène Royal avait essuyé "un procès dérisoire en incompétence" et un "indécrottable sexisme" selon elle, notamment des dirigeants de son propre parti, le PS, lors de la campagne présidentielle de 2007 où elle avait atteint le second tour face à Nicolas Sarkozy.
Quelques années plus tard, dans son autobiographie "Passions" (Éditions de l'Observatoire, 2019), l'ancien chef de l'Etat avait écrit à l'égard de son ex-rivale "s'être demandé" si elle "faisait preuve d'incompétence par volonté politique, ou si plus vraisemblablement elle ne possédait ni la connaissance ni la compréhension des dossiers qu'elle abordait".
Aux Etats-Unis, la candidate démocrate Hillary Clinton avait aussi été la cible en 2017 d'attaques injurieuses de la part de Donald Trump.
En attendant, les attaques n'ont pas tardé à fuser du côté des concurrents à l'Elysée de Valérie Pécresse.
Pour Marine Le Pen, qui devance légèrement la candidate LR dans les sondages, "l'utilisation récurrente de l'argument du machisme en toutes circonstances m'est assez étranger", a-t-elle lancé mardi en marge d'un déplacement dans l'Aisne, préférant tancer la "faiblesse absolue du projet" de sa rivale.