PARIS: "Nouvelle France" et touche personnelle: Valérie Pécresse a tenu son premier grand meeting dimanche à Paris devant quelque 7.500 militants, un raout très scruté alors que sa campagne, pilonnée par l'extrême droite, peine à se relancer.
"Nous sommes là, ensemble, pour affirmer, haut et fort, que la Nouvelle France arrive", a assuré la candidate LR à la présidentielle, en promettant de porter "un nouvel espoir" dans une France "réconciliée".
Quelque 6.000 personnes, venues majoritairement de région parisienne, avaient pris place au Zénith, et plus de mille autres, selon les organisateurs, dans une salle voisine.
Seule sur scène, sur un arrière fond stylisé aux couleurs bleu-blanc-rouge et deux drapeaux tricolores, Valérie Pécresse a déroulé les grandes lignes de son programme, entrecoupée de "Valérie Présidente", "on va gagner!" et autres "Macron au Touquet, Valérie à l'Élysée" qui tranchaient avec le caractère solennel de son discours.
Ce meeting était scruté alors que la candidate, qui peine à distancer ses rivaux d'extrême droite dans les sondages, a connu une semaine animée, avec plusieurs ralliements à Emmanuel Macron et des propos critiques prêtés à Nicolas Sarkozy.
L'heure était au rassemblement et tous les ténors de droite avaient fait le déplacement, sauf l'ancien président, dont des propos ont fuité cette semaine, avant une rencontre vendredi avec Valérie Pécresse aux allures d'apaisement.
Avant de monter sur scène, la candidate a embrassé Rachida Dati qui avait étrillé son directeur de campagne Patrick Stefanini jeudi, et elle a pris soin dans son discours de rendre hommage à Jacques Chirac, Nicolas Sarkozy et François Fillon.
La scénographie avait été conçue pour la mettre en valeur, avec des interventions de ses concurrents à la primaire depuis le bas de la scène.
Pendant plus d'une heure, elle s'est montrée très ferme sur le régalien, alors qu'Éric Zemmour l'a jugée "pas de droite" samedi, vilipendant l'"immigration débordante" qui crée "des zones de non-France".
"Nous sommes à la croisée des chemins" mais il n'y a "pas de fatalité, ni au grand remplacement, ni au grand déclassement", a affirmé Valérie Pécresse qui n'a jamais prononcé les noms d'Éric Zemmour ni de Marine Le Pen. "Je défends l'identité française, la vraie", a-t-elle martelé.
Pécresse a franchi «un Rubicon de plus» en évoquant le «grand remplacement» juge Hidalgo
La candidate socialiste à la présidentielle Anne Hidalgo a estimé dimanche que sa rivale de droite Valérie Pécresse avait franchi "un Rubicon de plus" en évoquant dans son meeting "le grand remplacement", théorie complotiste relayée par le candidat d'extrême droite Eric Zemmour.
Selon Anne Hidalgo, ces propos sont "graves". "C'est un Rubicon de plus qui est franchi par la droite, qui aurait pu être cette droite républicaine, mais qui prend une référence de l'extrême droite, le signe sans doute pour Valérie Pécresse d'une course éperdue derrière Marine Le Pen et Eric Zemmour", a estimé la candidate depuis Le Lamantin en Martinique où elle poursuit sa campagne.
Selon elle, Valérie Pécresse "prend un tournant extrêmement grave pour le débat politique" qui "n'est absolument pas dans la filiation d'un Jacques Chirac qui a toujours (...) posé la ligne rouge à ne pas franchir".
"Notre pays ne peut pas sombrer dans ces idéologies fascistes, fascisantes. Cette théorie du grand remplacement, on sait qu'elle a conduit au massacre en Nouvelle Zélande en 2019" dont l'auteur était un adepte, a-t-elle ajouté.
«Indomptable»
Dans le public, des militants du collectif d'extrême droite Nemesis ont brièvement déployé une banderole "Ne vous voilez pas la face", rapidement saisie par le service d'ordre.
Pour la candidate LR, qui inaugurait là un nouveau logo bleu et rouge - un "Valérie Pécresse" incrusté sur le V de la victoire - l'enjeu était aussi de continuer à imposer le duel face à Emmanuel Macron.
Citant Jules Michelet et Charles Péguy, elle a pourfendu le wokisme qui est "le contraire de la République" et taclé Emmanuel Macron qui a "cédé à la repentance" et "racialisé la question des banlieues".
Le chef de l'État "devra rendre des comptes" car "si nous ne réagissons pas très fortement, un jour viendra où les Français ne vivront plus ensemble, mais face à face", a-t-elle ajouté.
Elle promis le recours au référendum d'initiative citoyenne et abordé tous les aspects de son programme: "nation éducative", défense du nucléaire, hausse de 10% des salaires... "Je veux la France en ordre car je veux la France de la concorde", a-t-elle martelé.
Un discours assez solennel que la candidate, critiquée pour un côté trop technocratique, a voulu humaniser à la fin, en racontant son enfance de "fille de prof", son grand-père psychiatre, et en remerciant son mari Jérôme et ses enfants, dont elle s'est dite "si fière".
"Je suis cette femme française indomptable" et "rien ne m'arrêtera", a-t-elle assuré.
Le président de LR Christian Jacob a salué sur LCI une candidate "solide, courageuse, déterminée" et un meeting avec "une très belle ambiance" qui "restera comme un marqueur".
Sur Nicolas Sarkozy, absent dimanche, il a dit n'avoir "aucun doute" sur sa "fidélité à sa famille politique". "Il s'exprimera le moment venu".
Sans surprise, l'extrême droite a raillé un discours où "tout tombe à plat", selon le porte-parole de Marine Le Pen, Sébastien Chenu. "Naufrage en direct", a tweeté Samuel Lafont, chargé du numérique chez Éric Zemmour.