KIEV: Alors que les tensions en Ukraine s'intensifient face à une éventuelle invasion russe, Moscou et les États-Unis ont annoncé samedi qu'ils avaient ordonné à une partie du personnel de leur ambassade de quitter Kiev.
« Craignant d'éventuelles provocations de la part du régime de Kiev ou d'autres pays, nous avons en effet décidé d'optimiser les effectifs des missions russes en Ukraine », a déclaré la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères Maria Zakharova dans un communiqué, répondant à une question des médias sur ce sujet.
Outre certains membres du personnel de l'ambassade, des sources ont affirmé que Washington retirait également d'Ukraine son personnel de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE).
Cette annonce est intervenue alors que les responsables américains déclaraient que le Département d'État prévoyait d'annoncer samedi matin que tout le personnel américain de l'ambassade de Kiev sera appelé à quitter le pays en prévision d’une invasion russe.
Le Département d'État avait auparavant ordonné aux familles des membres du personnel de l'ambassade américaine à Kiev de partir. Mais il avait laissé à la discrétion du personnel non essentiel la possibilité de décider ou non de partir. Cette nouvelle décision intervient alors que Washington intensifie ses avertissements concernant une éventuelle invasion de l'Ukraine par la Russie.
Les responsables, qui se sont exprimés sous couvert d'anonymat parce qu'ils n'étaient pas autorisés à parler publiquement de la question, ont affirmé qu'un nombre limité de diplomates américains pourraient être transférés dans l'extrême ouest de l'Ukraine, près de la frontière avec la Pologne, alliée de l'OTAN, afin que les États-Unis puissent conserver une présence diplomatique dans le pays.
« Campagne de propagande »
Au cours d'un appel téléphonique avec le Secrétaire d'État américain Antony Blinken, le ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov a accusé Washington de mener une « campagne de propagande » sur une éventuelle agression russe, a annoncé samedi le ministère russe des Affaires étrangères.
La Russie a rassemblé des forces militaires près de l'Ukraine, alimentant les craintes d'une invasion. Moscou nie de tels plans.
Commentant l'appel téléphonique de samedi avec Blinken, Lavrov a également déclaré que Washington et Bruxelles avaient ignoré les principales exigences de sécurité russes.
Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a déclaré samedi que les avertissements concernant une imminente attaque russe contre son pays alimentaient la « panique » et a exigé des preuves solides d'une invasion planifiée.
« Toutes ces informations ne font que provoquer la panique et ne nous aident pas », a indiqué le dirigeant ukrainien aux journalistes, ajoutant que « si quelqu'un a des informations supplémentaires sur une probabilité d'invasion à 100%, qu’il nous les donne. »
Par ailleurs, deux sources diplomatiques ont déclaré à Reuters que les États-Unis retiraient leur personnel de l'OSCE en Ukraine avec effet immédiat.
L'OSCE n'a pas répondu à une demande de commentaire.
L'organisation mène actuellement des opérations en Ukraine, notamment une mission d'observation civile dans les républiques séparatistes autoproclamées soutenues par la Russie dans l'est du pays, où une guerre qui a éclaté en 2014 a provoqué la mort de plus de 14 000 personnes.
L'une des sources, qui s'est exprimée sous couvert d'anonymat, a affirmé qu'elle s'attendait à ce que d'autres pays prennent bientôt des décisions d'évacuation similaires.
Les deux sources ont déclaré à Reuters que la Grande-Bretagne avait décidé de déplacer ses membres de l'OSCE des régions ukrainiennes tenues par les rebelles vers la zone contrôlée par le gouvernement.
La crise entre la Russie et l'Ukraine s'intensifie, mais l'Allemagne met tout en œuvre pour trouver une solution diplomatique, a déclaré samedi la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock.
« Nous devons être préparés à tous les scénarios », a précisé Baerbock lors d'une conférence de presse au Caire.
Troupes de combat en Pologne
Le Pentagone a annoncé vendredi qu'il envoyait 3 000 soldats supplémentaires en Pologne pour rejoindre les 1 700 qui se trouvent déjà sur place, comme preuve de l'engagement américain envers les alliés de l'OTAN inquiets à l'idée que la Russie envahisse l'Ukraine.
Les soldats supplémentaires quitteront leur poste à Fort Bragg, en Caroline du Nord, au cours des deux prochains jours et devraient être en Pologne au début de la semaine prochaine, selon un responsable de la défense, qui a fourni les informations conformément aux règles de base établies par le Pentagone. Ce sont les éléments restants d'une brigade d'infanterie de la 82e division aéroportée (82nd Airborne Division).
Leur mission consistera en entraînement et force de dissuasion, sans engager de combats en Ukraine.
Cette annonce est intervenue peu de temps après que Jake Sullivan, conseiller à la sécurité nationale du président Joe Biden, a émis un avertissement public à tous les citoyens américains en Ukraine afin qu'ils quittent le pays dès que possible. Sullivan a déclaré que le président russe Vladimir Poutine pourrait donner l'ordre de lancer une invasion de l'Ukraine d'un jour à l'autre.
En sus des troupes américaines déployées en Pologne, environ 1 000 soldats américains basés en Allemagne se déplacent vers la Roumanie dans une mission similaire de tranquillisation auprès d'un allié de l'OTAN. En outre, 300 soldats d'une unité du quartier général du 18e Airborne Corps sont arrivés en Allemagne, sous le commandement du lieutenant-général Michael E. Kurilla.
Les troupes américaines doivent s'entraîner avec les forces du pays hôte, mais ne doivent entrer en Ukraine sous aucun prétexte.
Les États-Unis ont déjà environ 80 000 soldats présents à travers l'Europe dans des bases permanentes et en déploiements rotatifs.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com