BRUXELLES : Le successeur du Norvégien Jens Stoltenberg à la tête de l'Otan sera choisi pour le sommet de Madrid fin juin et les Européens veulent désigner une femme, une première pour une Alliance dirigée par des hommes depuis sa création en 1949.
"La course est ouverte depuis l'annonce surprise par Jens Stoltenberg en décembre 2021 de sa candidature pour la direction de la Banque centrale de Norvège", a confié un diplomate européen de l'Alliance.
"Mais le processus de désignation est opaque", a-t-il souligné. "Personne ne fait campagne. Il y a en revanche beaucoup d'échanges sur des noms entre les alliés", a-t-il expliqué.
"Les candidats ne se déclarent pas avant d’avoir l'aval de Washington. Et l’usage veut qu’ils évitent de faire campagne ouvertement", confirme un autre diplomate.
"Le poste revient traditionnellement aux Européens et il y a une attente pour la désignation d'une femme d'un Etat membre", a-t-il confié. 21 des 30 pays de l'Otan sont membres de l'UE. "Ce n'est pas gagné", a toutefois confié un ministre européen sous couvert de l'anonymat.
Le mandat de Jens Stoltenberg à l'Otan se termine le 1er octobre 2022 et il a annoncé qu'il prendrait ses fonctions à la tête de la Banque centrale norvégienne autour du 1er décembre.
Les 13 précédents secrétaires généraux ont tous été des hommes: trois Britanniques, trois Néerlandais, deux Belges, un Italien, un Espagnol, un Allemand, un Danois et un Norvégien.
Les spéculations vont bon train autour de plusieurs noms, mais comme au Vatican, rien n'est joué et les papabili restent le plus souvent cardinaux.
La ministre belge des Affaires étrangères et ancienne Premier ministre Sophie Wilmès, 47 ans, est considérée comme "une candidate crédible".
"Elle a pour elle de venir d’un pays fondateur, membre de l'UE, bon allié et bon partenaire, alors que ses deux prédécesseurs étaient très réticents sur la défense européenne", fait valoir le diplomate européen.
Jens Stoltenberg est Norvégien, non membre de l'UE, et son prédécesseur, Anders Fogh Rasmussen, était Danois, un pays membre de l'UE mais qui refuse de participer à la Politique étrangère et de sécurité commune.
Mme Wilmès n'a pas souhaité faire de commentaire et plusieurs ministres qui l'ont rencontrée ces derniers jours ont confié à l'AFP qu'elle ne leur avait pas fait part de ses intentions.
«C'est Washington qui décide»
"De nombreux pays, et pas seulement la France, considèrent que le prochain secrétaire général doit trouver un meilleur compromis avec l'Otan sur le rôle de l'UE en matière de défense, d'autant que les Américains ne s'y opposent pas", a souligné un ancien responsable de l'Alliance sous couvert de l'anonymat.
Le nom de l'ancienne ministre de la défense allemande Annegret Kramp-Karrenbauer (59 ans), a été avancé, mais "elle n'a aucune chance, car elle ne sera pas soutenue par son gouvernement", ont affirmé deux responsables européens.
Une candidature britannique aurait pour sa part "peu de chances d'être acceptée après le retrait du Royaume-Uni de l'UE", ont-ils ajouté.
Et une candidature française aurait du mal à obtenir l'aval de la Turquie en raison des relations difficiles entre les deux pays, ont-ils souligné.
La désignation d'une secrétaire générale venue de l'Est est en revanche possible.
"Il y a plusieurs candidates, notamment l'ancienne présidente de l'Estonie" Kersti Kaljulaid (52 ans), a confié le diplomate européen.
Le nom de l'ex-présidente de la Lituanie, Dalia Grybauskaité (65 ans), est également cité.
La désignation du patron de l'Otan se fait par consensus au sein du Conseil Atlantique, l'instance qui réunit les ambassadeurs des 30 Etats membres.
"Mais au bout du compte, c'est toujours Washington qui décide", a confié le ministre européen.