La contestation au Canada, signe de la naissance d'un mouvement populiste canadien?

Les truckers et leurs partisans se rassemblent pour bloquer les rues pour protester contre la politique sanitaire la photo est prise à Ottawa le 09 février 2022 (AFP) ?
Les truckers et leurs partisans se rassemblent pour bloquer les rues pour protester contre la politique sanitaire la photo est prise à Ottawa le 09 février 2022 (AFP) ?
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Publié le Jeudi 10 février 2022

La contestation au Canada, signe de la naissance d'un mouvement populiste canadien?

  • La protestation a reçu le soutien de responsables conservateurs américains, du sénateur du Texas Ted Cruz à l'ex-président Donald Trump en passant par le fantasque milliardaire Elon Musk
  • La mobilisation qui occupe les rues de la capitale fédérale canadienne depuis bientôt deux semaines et bloque certains axes routiers stratégiques pourrait être un premier pas vers l'émergence d'un mouvement populiste

OTTAWA: "Kim Jong Trudeau", "Canada = dictature communiste", drapeaux pro-Trump: le noyau dur des opposants canadiens aux mesures sanitaires qui occupent les rues d'Ottawa compose une coalition hétéroclite marquée à droite, qui pourrait représenter une nouvelle force populiste à l'avenir, d'après des experts.

Contrairement à l'Europe et aux Etats-Unis, les idées populistes n'ont jamais réussi à vraiment percer au Canada lors des élections. Mais cette mobilisation qui occupe les rues de la capitale fédérale canadienne depuis bientôt deux semaines et bloque certains axes routiers stratégiques pourrait être un premier pas.

"C'est une coalition opportuniste car ils n'ont pas grand chose en commun" mais on voit "clairement qu'ils rejettent les institutions démocratiques et ont pour cible Justin Trudeau", explique Daniel Béland, politologue de l'Université McGill à Montréal.

Le réseau Anti-haine canadien a analysé ce mouvement baptisé au départ "Convoi de la liberté": "Si vous regardez ses organisateurs et ses promoteurs, vous trouverez l'islamophobie, l'antisémitisme, le racisme et les incitations à la violence", écrit l'organisme indépendant. 

Parmi les responsables, on trouve en effet plusieurs militants du Maverick Party --une organisation politique, marginale et embryonnaire, militant pour l'indépendance des provinces de l'Ouest-- dont Tamara Lich. Cette dernière est à l'origine d'une campagne de financement qui a permis d'amasser plus de 10 millions de dollars (7 millions d'euros). 

Autre groupe à l'origine du mouvement: Canada Unity, fondé par James Bauder, qui a publiquement soutenu les thèses de la mouvance complotiste QAnon et qui a qualifié le Covid-19 de "plus grande arnaque politique de l'histoire".

« Qu'ils dégagent tous »

Minimisée par les politiques au départ, cette coalition de groupuscules a réussi le tour de force de s'organiser et surtout de collecter de l'argent pour tenir sur la longueur.

Puis de rallier, notamment pendant les manifestations du weekend, des gens bien moins politisés mais fatigués de la pandémie et des restrictions sanitaires contre le Covid plus strictes au Canada qu'ailleurs dans le monde. 

Depuis elle a reçu le soutien de responsables conservateurs américains, du sénateur du Texas Ted Cruz qualifiant les protestataires de "héros" et de "patriotes" à l'ex-président Donald Trump en passant par le fantasque milliardaire Elon Musk.

"Nous pensions être seulement quelques centaines de camions et maintenant nous avons quelque part créé un mouvement mondial. C'est incroyable", s'enthousiasme Lloyd Brubacher, grand admirateur de Donald Trump, qui se définit comme d'"extrême droite".

Déterminé à "se battre jusqu'au bout, peu importe le résultat", ce chauffeur routier a voté pour le parti conservateur aux dernières élections mais ne les trouve pas assez radicaux.

Bernhard Rempel, 55 ans, venu du Manitoba, espère renverser le gouvernement libéral de Justin Trudeau. "Je veux qu'ils dégagent tous complètement, c'est pour ça que je suis là", assène-t-il.

Parsemant son discours de références religieuses, ce dernier s'insurge contre l'emprise du gouvernement sur la vie des gens. "Nous n'avons pas besoin d'être contrôlés par le gouvernement. Nous avons besoin d'un bon leader qui nous dirige".

Aux dernières élections législatives en septembre, ce non-vacciné a voté pour le Parti populaire du Canada (PPC), un parti d'extrême droite dirigé par un ancien ministre conservateur. La formation politique n'est pas représentée au Parlement mais elle a fait une percée aux dernières élections.

Son chef, le Québécois Maxime Bernier, a dénoncé le pass vaccinal et est coutumier des sorties contre l'immigration et le multiculturalisme.

Soutien de politiciens

"Ce mouvement est maintenant bien financé, a mené une opération réussie et a gagné le soutien de certains politiciens", décrypte Stéphanie Carvin, professeure à l'Université Carleton et ancienne analyste en matière de sécurité nationale, ajoutant qu'ils sont "très actifs sur les réseaux sociaux".

L'émergence de ce mouvement qui aura en effet permis une grande visibilité des groupuscules canadiens d'extrême droite est déjà en train de remodeler en partie l'échiquier politique canadien, notamment à droite.

Accusé de n'avoir pas assez soutenu le mouvement au départ, le chef conservateur Erin O'Toole a été chassé de la direction de sa formation politique. Et depuis le parti est divisé sur l'attitude à adopter, certains s'inquiétant de voir partir des partisans.

A l'avenir ces groupuscules "seront-ils capables de reproduire la même chose et de galvaniser les gens autour de questions qui peuvent susciter la même attention?", continue Stéphanie Carvin.

"Ce n'est pas certain. Néanmoins, ils peuvent parvenir à changer le paysage politique canadien dans les années à venir s'ils parviennent à rester ensemble", conclut-elle. 


Record de 281 travailleurs humanitaires tués dans le monde en 2024, selon l'ONU

 Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis. (AFP)
Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis. (AFP)
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  • L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database
  • "Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires

GENEVE: Un nombre record de 281 travailleurs humanitaires ont été tués dans le monde cette année, ont alerté les Nations unies vendredi, qui demandent que les responsables soient poursuivis.

L'année 2024 est devenue "la plus meurtrière jamais enregistrée pour le personnel humanitaire", a affirmé l'ONU dans un communiqué, citant des données du Aid Worker Security Database.

"Les travailleurs humanitaires sont tués à un rythme sans précédent, leur courage et leur humanité se heurtant aux balles et aux bombes", a déclaré le nouveau secrétaire général adjoint de l'ONU aux affaires humanitaires et coordinateur des situations d'urgence, Tom Fletcher, dans le communiqué.

Le Britannique souligne que "cette violence est inadmissible et dévastatrice pour les opérations d'aide".

"Les États et les parties au conflit doivent protéger les humanitaires, faire respecter le droit international, poursuivre les responsables et mettre un terme à cette ère d'impunité".

L'année 2023 avait déjà connu un nombre record, avec 280 travailleurs humanitaires tués dans 33 pays.

L'ONU souligne que la guerre à Gaza "fait grimper les chiffres". Il y a eu "au moins 333 travailleurs humanitaires qui ont été tués rien que dans la bande de Gaza" depuis le début de la guerre en octobre 2023, a indiqué le porte-parole de l'agence de coordination humanitaire de l'ONU (Ocha), Jens Laerke, lors d'un point de presse à Genève.

Nombre d'entre eux ont été tués dans l'exercice de leurs fonctions alors qu'ils fournissaient de l'aide humanitaire. La plupart travaillaient pour l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dont 243 employés ont été tués depuis la guerre à Gaza, a indiqué M. Laerke.

Parmi les autres travailleurs humanitaires tués depuis le début de la guerre à Gaza figure notamment du personnel du Croissant-Rouge palestinien, a-t-il relevé.

Mais les menaces qui pèsent sur les travailleurs humanitaires ne se limitent pas à Gaza, indique l'ONU, soulignant que des "niveaux élevés" de violence, d'enlèvements, de harcèlement et de détention arbitraire ont été signalés, entre autres, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, au Soudan du Sud, au Soudan, en Ukraine et au Yémen.

La majorité du personnel humanitaire tué sont des employés locaux travaillant avec des ONG, des agences de l'ONU et le Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge.

L'ONU explique que la violence à l'encontre du personnel humanitaire s'inscrit dans "une tendance plus large d'atteintes aux civils dans les zones de conflit", avec l'an dernier "plus de 33.000 civils morts enregistrés dans 14 conflits armés, soit une augmentation de 72% par rapport à 2022".

 


Mandats d'arrêt de la CPI : réaction outrées en Israël, un nouveau «procès Dreyfus» dit Netanyahu

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JERUSALEM: L'annonce par la Cour pénale internationale (CPI) de mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu et son ex-ministre de la Défense Yoav Gallant a suscité des réactions outrées en Israël, M. Netanyahu comparant la décision de la Cour à un nouveau "procès Dreyfus".

"La décision antisémite de la Cour pénale internationale est comparable à un procès Dreyfus d'aujourd'hui qui se terminera de la même façon", a déclaré le chef du gouvernement dans un communiqué diffusé par son bureau.

Condamné pour espionnage, dégradé et envoyé au bagne à la fin du XIXe siècle en France, le capitaine français de confession juive Alfred Dreyfus avait été innocenté et réhabilité quelques années plus tard. L'affaire Dreyfus a profondément divisé la société française et révélé l'antisémitisme d'une grande partie de la population.

"Israël rejette avec dégoût les actions absurdes et les accusations mensongères qui le visent de la part de la [CPI]", dont les juges "sont animés par une haine antisémite à l'égard d'Israël", ajoute M. Netanyahu.

La CPI "a perdu toute légitimité à exister et à agir" en se comportant "comme un jouet politique au service des éléments les plus extrêmes oeuvrant à saper la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient", a réagi son ministre des Affaires étrangères, Gideon Saar, sur X.

La CPI a émis jeudi des mandats d'arrêt contre MM. Netanyahu et Gallant "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre commis au moins à partir du 8 octobre 2023 jusqu'au 20 mai 2024", et contre Mohammed Deif, chef de la branche armée du Hamas "pour crimes contre l'humanité et crimes de guerre présumés commis sur le territoire de l'Etat d'Israël et de l'Etat de Palestine depuis au moins le 7 octobre 2023", date de l'attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël à partir de Gaza ayant déclenché la guerre en cours.

"Jour noir" 

"C'est un jour noir pour la justice. Un jour noir pour l'humanité", a écrit sur X le président israélien, Isaac Herzog, pour qui la "décision honteuse de la CPI [...] se moque du sacrifice de tous ceux qui se sont battus pour la justice depuis la victoire des Alliés sur le nazisme [en 1945] jusqu'à aujourd'hui".

La décision de la CPI "ne tient pas compte du fait qu'Israël a été attaqué de façon barbare et qu'il a le devoir et le droit de défendre son peuple", a ajouté M. Herzog, jugeant que les mandats d'arrêt étaient "une attaque contre le droit d'Israël à se défendre" et visent "le pays le plus attaqué et le plus menacé au monde".

Itamar Ben Gvir, ministre de la Sécurité nationale, et chantre de l'extrême droite a appelé à réagir à la décision de la CPI en annexant toute la Cisjordanie, territoire palestinien occupé par Israël depuis 1967, et en y étendant la colonisation juive.

"Israël défend les vies de ses citoyens contre des organisations terroristes qui ont attaqué notre peuple, tué et violé. Ces mandats d'arrêt sont une prime au terrorisme", a déclaré le chef de l'opposition, Yaïr Lapid, dans un communiqué.

"Pas surprenant" 

Rare voix discordante, l'organisation israélienne des défense des droits de l'Homme B'Tselem a estimé que la décision de la CPI montre qu'Israël a atteint "l'un des points les plus bas de son histoire".

"Malheureusement, avec tout ce que nous savons sur la conduite de la guerre qu'Israël mène dans la bande de Gaza depuis un an [...] il n'est pas surprenant que les preuves indiquent que [MM. Netanyahu et Gallant] sont responsables de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité", écrit l'ONG dans un communiqué.

Elle appelle par ailleurs "tous les Etats parties [au traité de Rome ayant institué la CPI] à respecter les décisions de la [Cour] et à exécuter ces mandats".

L'attaque sans précédent du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023 a entraîné la mort de 1.206 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur les données officielles, incluant les otages tués ou morts en captivité à Gaza.

La campagne de représailles militaires israéliennes sur la bande de Gaza a fait au moins 44.056 morts, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

 


Le président chinois appelle à un cessez-le-feu à Gaza

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat. (AFP)
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  • Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle
  • Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens

BRASILIA: Le président chinois Xi Jinping a appelé mercredi à un cessez-le-feu dans la bande de Gaza et à "mettre fin rapidement à la guerre", a rapporté l'agence officielle Chine nouvelle.

Il s'est dit "préoccupé par l'extension continue du conflit à Gaza" et a demandé la mise en œuvre de la solution à deux Etats et "des efforts inlassables en vue d'un règlement global, juste et durable de la question palestinienne".

Xi s'exprimait à Brasilia, où il a été reçu mercredi par le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva pour une visite d'Etat.

Les Etats-Unis ont empêché mercredi le Conseil de sécurité de l'ONU d'appeler à un cessez-le-feu "immédiat, inconditionnel et permanent" à Gaza, un nouveau veto en soutien à leur allié israélien dénoncé avec force par les Palestiniens.