Les ressources numériques arabes de la Bibliothèque nationale d'Israël trouvent un public dans toute la région

Une illustration française de La Mecque au milieu du XVIIIe siècle. (Photo, Bibliothèque nationale d'Israël)
Une illustration française de La Mecque au milieu du XVIIIe siècle. (Photo, Bibliothèque nationale d'Israël)
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Publié le Jeudi 10 février 2022

Les ressources numériques arabes de la Bibliothèque nationale d'Israël trouvent un public dans toute la région

  • La bibliothèque, fondée à Jérusalem en 1892, a numérisé sa collection de livres et manuscrits islamiques rares
  • L'année dernière, plus de 650 000 personnes à travers le monde arabe ont visité le site Web en langue arabe de la bibliothèque

LONDRES: À la suite des Accords d'Abraham, le Moyen-Orient évolue rapidement, et le succès d'une initiative de rapprochement par la Bibliothèque nationale d'Israël témoigne d'une soif croissante de collaboration et de compréhension interculturelles.
Au cours de l'été 2020, Arab News a rapporté que la Bibliothèque nationale d'Israël, fondée à Jérusalem en 1892, prévoyait de numériser sa grande collection de livres et de manuscrits islamiques rares, dans le cadre d’un effort interculturel visant à ouvrir ses portes numériques aux arabophones d'Israël et de la région.
En août 2020, le Dr Raquel Ukeles, alors conservatrice de la collection Islam et Moyen-Orient de la Bibliothèque nationale d'Israël (NLI), a révélé que la bibliothèque était déterminée à jouer un rôle dans l'éradication de ce qu'elle considérait comme «l'immense méconnaissance de l'Islam, de la culture palestinienne et de la culture arabe en général qui a de réelles répercussions sur le plan politique».
Il était, selon elle, «très naturel pour nous de nous concentrer et d'investir dans ce matériel, afin de créer un espace pour la culture musulmane en Israël et dans la vie intellectuelle au sens large, que ce soit au Moyen-Orient ou dans le monde, dans le but de permettre une meilleure compréhension».

Manuscrit «Tuhfat al-Ahrar» de Noureddine Jami, Persan, 1484. (Photo, Bibliothèque nationale d'Israël)


La réaction a été vraiment impressionnante.
«La vérité est que je suis ravie de voir l'augmentation massive de l'utilisation de nos ressources numériques arabes», a déclaré le Dr Ukeles, qui est maintenant responsable des collections à la bibliothèque, à Arab News un an et demi plus tard.
«C'est tellement encourageant de voir que les gens sont prêts à franchir les frontières afin d’acquérir des connaissances.»
En 2021, plus de 650 000 visiteurs du monde arabe ont trouvé leur chemin vers le site Web en langue arabe de la NLI, soit une augmentation de 40% par rapport à 2020. Il y a eu une augmentation spectaculaire de l'intérêt des visiteurs en Arabie saoudite en particulier.

Des Arabes palestiniens se préparent pour un voyage de pèlerinage à La Mecque depuis Hébron en 1972. (Photo, © IPPA)


La plupart des visiteurs, à la recherche non seulement de documents islamiques rares mais aussi d'autres trésors d'archives, notamment une grande collection de journaux historiques en langue arabe, provenait principalement de l'Autorité palestinienne, d'Égypte, d'Arabie saoudite, de Jordanie et d'Algérie.
Au niveau mondial, le nombre de visiteurs du site arabe a augmenté de 125% pour atteindre 1,5 million. En Israël même, le nombre de visiteurs du site a bondi de 250% pour atteindre un total de 620 000 utilisateurs, tandis que le site trilingue hébreu-arabe-anglais de la bibliothèque dans son ensemble a enregistré 10 millions de visites en 2021.
L'intérêt de l'Arabie saoudite en particulier, a augmenté de façon spectaculaire. En 2021, le trafic en provenance du Royaume sur le site de la NLI a augmenté de 30%, avec plus de 121 000 sessions effectuées par près de 94 000 utilisateurs individuels. Environ un tiers des visiteurs étaient des femmes et 60% du total avaient entre 25 et 44 ans.

Page d'ouverture d'un manuscrit du Coran d'Ispahan, daté de 1735. (Photo, Bibliothèque nationale d'Israël)


«Lorsque nous avons lancé nos premières archives numériques de journaux arabes anciens de la Palestine ottomane et sous mandat britannique en septembre 2016, nous avions un taux annuel d'environ 5 000 utilisateurs au cours des premières années», a indiqué le Dr Ukeles.
«Ce nombre a maintenant été multiplié par environ dix et, grâce à notre talentueuse équipe numérique arabe, l'année dernière, nous avons eu 1,5 million d'utilisateurs au total sur nos sites Web arabes.»
L’objectif de la Bibliothèque nationale d'Israël est, selon elle, de «permettre aux gens d'avoir accès à leur propre culture et à leur histoire», mais aussi «de stimuler la curiosité et d'engendrer le respect des autres cultures».
Cela semble fonctionner.
«Les utilisateurs du monde arabe font des recherches dans nos collections de journaux arabes et de manuscrits islamiques, et s’intéressent également à nos cartes historiques et à nos documents numérisés sur l'histoire juive et sur Israël.»
Grâce à la technologie, les documents inestimables de la bibliothèque sont encore plus accessibles en ligne, où ils peuvent être vus dans des détails exquis et rapprochés, bien mieux qu'ils ne le seraient s'ils étaient vus en personne derrière la vitre d'une vitrine.
«La technologie permet à la culture et à l'écrit de franchir les frontières et d'atteindre de nouveaux endroits qui étaient auparavant inaccessibles», a souligné Yaron Deutscher, responsable du numérique à la NLI.
«Le fait que tant de personnes du monde arabe expriment un tel intérêt pour les trésors culturels librement disponibles via le site Web montre à quel point ces choses sont pertinentes, même pour la jeune génération vivant dans notre région.»

Script d'un Coran du IXe siècle d'Afrique du Nord. (Photo, Bibliothèque nationale d'Israël)


Ces trésors comprennent des documents extraordinaires, dont une copie exquise du célèbre poème du XIIIe siècle de Mohammed al-Busayri «Qasidat al-Burda», ou Ode du manteau, écrit à la gloire du Prophète Mohammed.
Sont également en ligne des cartes, des illustrations et des photographies, ainsi que des centaines de milliers de pages de journaux arabes historiques de la Palestine ottomane et sous mandat britannique, d’inestimables «premiers brouillons de l'histoire» publiés entre 1908 et 1948.
Les journaux et les revues du passé «constituent l'un des points de vue les plus clairvoyants pour se familiariser avec des époques révolues», a déclaré un porte-parole de la bibliothèque.
«Les périodiques sont une ressource importante pour les chercheurs ainsi qu'un portail pour quiconque souhaite accéder à l'histoire à travers les écrits des contemporains.»
Parmi les articles les plus consultés figurent 73 numéros de l'hebdomadaire Al-Arab, publié en Palestine sous mandat britannique entre août 1932 et avril 1934. Parmi ses rédacteurs figuraient d’éminents intellectuels de l'époque, tels que Mohammed 'Izzat Darwaza, l'homme politique et historien palestinien dont les contributions comprennent l'important article «Le réveil moderne du nationalisme arabe», et qui fut emprisonné par les Britanniques en 1936.

Les 167 numéros du journal bihebdomadaire Al-Jazira, publié en Palestine entre 1925 et 1927, constituent un autre aperçu inestimable de la politique de l'époque, tandis qu'un aperçu fascinant de l'art et de la culture contemporains se trouvent dans les trois rares numéros de la revue Al-Fajr. Son but, comme déclaré dans sa première édition, publiée le 21 juin 1935, était «de représenter tous les courants intellectuels de la littérature, de la société, de l'art et de la science».

«Les résultats des facultés et les vertus des qualités», un manuscrit ottoman du XVIe siècle. (Photo, Collection de la Bibliothèque nationale d'Israël)


C'était «un véritable stock de connaissances et comprenait divers écrits qui représentent une étape importante dans le développement de la culture palestinienne».
Al-Fajr n'a duré que deux ans. Comme de nombreux journaux et magazines, il a cessé de paraître pendant la révolte arabe en Palestine entre 1936 et 1939, et n'est jamais revenu à l'impression.
L'un des plus anciens périodiques de la collection numérique est le quotidien Al-Quds. Publié pour la première fois à Jérusalem en 1908, les 107 numéros de la collection couvrent la période allant de cette date jusqu'à la fin de 1913, offrant un aperçu fascinant des préoccupations sociales et politiques à la veille de la Première Guerre mondiale et de l'agonie finale de l'Empire ottoman.
Mis à part l'histoire sociale, les trésors les plus époustouflants visuellement appartiennent à un passé plus lointain. De nombreux documents et livres contiennent des exemples inégalés de calligraphie et d'illustrations arabes et persanes.
La bibliothèque attribue en partie la hausse de l'intérêt pour ses collections aux accords d'Abraham, les accords de normalisation signés entre Bahreïn, Israël et les Émirats arabes unis le 15 septembre 2020, qui a vu l’ouverture de la première ambassade d'Israël à Abu Dhabi, et de la première ambassade des Émirats arabes unis à Tel-Aviv.
En mai de l'année dernière, la NLI a signé un protocole d'accord historique avec les Archives nationales des Émirats arabes unis à Abu Dhabi, engageant les deux organisations «à travailler ensemble pour soutenir des objectifs mutuels et distincts au profit du secteur international du patrimoine culturel et documentaire».
La NLI a signalé que cette collaboration s’inscrivait «dans le contexte d'un intérêt accru pour la collaboration régionale à la suite des accords d'Abraham». Dans un communiqué conjoint, les nouveaux partenaires ont salué l'accord comme «une avancée significative».

Mohammed al-Busayri, Ode du manteau. (Photo, Bibliothèque nationale d'Israël)


Selon la NLI, les deux organisations «sont les institutions centrales de la mémoire nationale pour leurs pays respectifs et pour des publics plus larges. Ces dernières années, toutes deux ont lancé des efforts étendus et diversifiés dans le but de servir les chercheurs et un public plus large aux niveaux national et international».
Pour le Dr Ukeles, la collaboration a fait progresser «nos objectifs communs de préservation et d'ouverture de l'accès au patrimoine culturel au profit d’utilisateurs de tous âges et de tous horizons en Israël, aux Émirats arabes unis, dans la région et dans le monde entier».
Le Dr Abdallah M. Alraisi, directeur général des archives nationales des Émirats arabes unis, a déclaré que cette collaboration reflète la détermination de son pays à «déployer ses ailes dans le monde entier pour atteindre les archives et les bibliothèques mondiales les plus avancées, afin d’obtenir les documents qui sont au cœur de son intérêt alors qu’il documente la mémoire de la patrie pour des générations».
Comme l'a déclaré le secrétaire d'État américain, Antony Blinken, en septembre dernier, à l'occasion du premier anniversaire des accords, des relations qui auraient autrefois été inconcevables se tissent désormais entre les individus, mais aussi entre les gouvernements.
«Il y a une soif d'apprendre la culture de l'autre, de voir de nouveaux sites, de goûter de nouveaux aliments, de forger de nouvelles amitiés;  autant d’expériences qui ont été impossibles pendant si longtemps et pour tant de personnes, et qui rattrapent maintenant le temps perdu» a-t-il soutenu.
«Les gens saisissent cette occasion.»
Blinken a conclu en mentionnant le codirigeant du nouveau Conseil des affaires EAU-Israël, qui prévoyait de passer un mois en Israël pour en apprendre davantage sur son peuple et sa culture.
«Tout est possible, si nous nous asseyons ensemble, dialoguons et nous comprenons les uns les autres», a-t-il constaté.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Syrie: Chareh lance un appel à l'unité un an après la chute d'Assad

Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile. (AFP)
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  • Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence
  • Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer

DAMAS: Le président syrien Ahmed al-Chareh a exhorté lundi, un an après la chute de Bachar al-Assad, son peuple à s'unir pour rebâtir un pays ravagé par des années de guerre civile.

"La phase actuelle exige que tous les citoyens unissent leurs efforts pour bâtir une Syrie forte, consolider sa stabilité, préserver sa souveraineté", a déclaré le dirigeant, endossant pour l'occasion l'uniforme militaire comme le 8 décembre 2024, quand il était entré dans Damas à la tête de forces rebelles.

Après les prières du matin à mosquée des Omeyyades, il a salué "les sacrifices et l'héroïsme des combattants" ayant renversé il y a un an l'ex-dictateur Assad, selon un communiqué de la présidence.

Ahmed al-Chareh, ancien jihadiste de 43 ans, était devenu dans la foulée chef d'Etat par intérim après 14 ans de guerre civile et plus de cinq décennies d'un régime familial à la main de fer.

Il a rompu avec son passé jihadiste et réhabilité la Syrie sur la scène internationale, obtenant la levée des sanctions internationales, mais reste confronté à d'importantes défis sécuritaires.

De sanglantes violences intercommunautaires dans les régions des minorités druze et alaouite, et de nombreuses opérations militaires du voisin israélien ont secoué la fragile transition.

"C'est l'occasion de reconstruire des communautés brisées et de panser des divisions profondes", a souligné dans un communiqué le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"L'occasion de forger une nation où chaque Syrien, indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique, peut vivre en sécurité, dans l'égalité et dans la dignité".

Les célébrations de l'offensive éclair, qui ont débuté fin novembre, doivent culminer lundi avec une parade militaire et un discours du président syrien.

Elles sont toutefois marquées par le boycott lancé samedi par un chef spirituel alaouite, Ghazal Ghazal. Depuis la destitution d'Assad, lui-même alaouite, cette minorité est la cible d'attaques.

L'administration kurde, qui contrôle une grande partie du nord et du nord-est de la Syrie, a également annoncé l'interdiction de rassemblements et événements publics dimanche et lundi "en raison de la situation sécuritaire actuelle et de l'activité accrue des cellules terroristes".

 


Liban: l'armée annonce six arrestations après une attaque visant des Casques bleus

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre. (AFP)
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  • L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban
  • "Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité

BEYROUTH: Six personnes ont été arrêtées au Liban, soupçonnées d'être impliquées dans une attaque d'une patrouille de Casques bleus jeudi dans le sud du pays, qui n'a pas fait de blessés, a annoncé l'armée libanaise samedi.

L'incident s'était produit jeudi soir, selon un communiqué de la Force intérimaire des Nations unies au Liban (Finul) quand "des Casques bleus en patrouille ont été approchés par six hommes sur trois mobylettes près de Bint Jbeil". "Un homme a tiré environ trois coups de feu sur l'arrière du véhicule. Personne n'a été blessé".

L'armée a souligné dans un communiqué qu'elle ne tolérerait aucune attaque contre la Finul mettant en avant son "rôle essentiel" dans le sud du Liban, où, déployée depuis 1978, elle est désormais chargée de veiller au respect du cessez-le-feu qui a mis fin en novembre 2024 à la dernière guerre entre Israël et le Hezbollah pro-iranien.

"Les attaques contre les Casques bleus sont inacceptables", avait de fustigé vendredi la Finul, rappelant "aux autorités libanaises leur obligation d'assurer" sa sécurité.

Bastion du Hezbollah, le sud du Liban subit ces dernières semaines des bombardements réguliers de la part d'Israël, qui assure viser des cibles du mouvement chiite et l'accuse d'y reconstituer ses infrastructures, en violation de l'accord de cessez-le-feu.

Israël, dont l'accord de trêve prévoit pourtant le retrait total du pays voisin, maintient de son côté dans la zone cinq positions militaires dans la région. La Finul a à plusieurs reprises accusé les troupes israéliennes de tirs à son encontre.

Mercredi, le quartier général de la Finul a accueilli à Naqoura, près de la frontière avec Israël, de premières discussions directes, depuis des décennies, entre des responsables israélien et libanais, en présence de l'émissaire américaine pour le Proche-Orient Morgan Ortagus.

Le président libanais, Joseph Aoun, a annoncé de prochaines discussions à partir du 19 décembre, qualifiant de "positive" la réunion tenue dans le cadre du comité de surveillance du cessez-le-feu, disant que l'objectif était d'éloigner "le spectre d'une deuxième guerre" au Liban.


Les efforts pour panser les «profondes divisions» de la Syrie sont ardus mais «pas insurmontables», déclare Guterres

Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
Des Syriens font la queue dans les rues de Damas en attendant un défilé de la nouvelle armée syrienne, pour marquer le premier anniversaire de l'éviction de Bashar Assad, le 8 décembre 2025. (AP)
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  • Antonio Guterres salue "la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", "la résilience et le courage" des Syriens
  • La transition offre l'opportunité de "forger une nation où chaque Syrien peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité"

NEW YORK : Les efforts pour guérir les "profondes divisions" de la Syrie seront longs et ardus mais les défis à venir ne sont "pas insurmontables", a déclaré dimanche le Secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, à l'occasion du premier anniversaire de la chute du régime Assad.

Une offensive surprise menée par une coalition de forces rebelles dirigées par Hayat Tahrir al-Sham et des milices alliées a rapidement balayé les zones tenues par le régime à la fin du mois de novembre 2024. En l'espace de quelques jours, elles se sont emparées de villes clés et ont finalement capturé la capitale Damas.

Le 8 décembre de l'année dernière, alors que les défenses du régime s'effondraient presque du jour au lendemain, le président de l'époque, Bachar Assad, a fui la République arabe syrienne, mettant fin à plus de 50 ans de règne brutal de sa famille.

"Aujourd'hui, un an s'est écoulé depuis la chute du gouvernement Assad et la fin d'un système de répression vieux de plusieurs décennies", a déclaré M. Guterres, saluant la "résilience et le courage" des Syriens "qui n'ont jamais cessé de nourrir l'espoir en dépit d'épreuves inimaginables".

Il a ajouté que cet anniversaire était à la fois un moment de réflexion sur les sacrifices consentis en vue d'un "changement historique" et un rappel du chemin difficile qui reste à parcourir pour le pays.

"Ce qui nous attend est bien plus qu'une transition politique ; c'est la chance de reconstruire des communautés brisées et de guérir de profondes divisions", a-t-il déclaré, ajoutant que la transition offre l'occasion de "forger une nation où chaque Syrien - indépendamment de son appartenance ethnique, de sa religion, de son sexe ou de son affiliation politique - peut vivre en sécurité, sur un pied d'égalité et dans la dignité".

M. Guterres a souligné que les Nations Unies continueraient à soutenir les Syriens dans la mise en place de nouvelles institutions politiques et civiques.

"Les défis sont importants, mais pas insurmontables", a-t-il déclaré. "L'année écoulée a montré qu'un changement significatif est possible lorsque les Syriens sont responsabilisés et soutenus dans la conduite de leur propre transition.

Il a ajouté que les communautés à travers le pays construisent de nouvelles structures de gouvernance et que "les femmes syriennes continuent de mener la charge pour leurs droits, la justice et l'égalité".

Bien que les besoins humanitaires restent "immenses", il a souligné les progrès réalisés dans la restauration des services, l'élargissement de l'accès à l'aide et la création de conditions propices au retour des réfugiés et des personnes déplacées.

Des efforts en matière de justice transitionnelle sont en cours, a-t-il ajouté, ainsi qu'un engagement civique plus large. M. Guterres a exhorté les gouvernements à soutenir fermement une "transition dirigée par les Syriens et prise en charge par les Syriens", précisant que le soutien doit inclure le respect de la souveraineté, la suppression des obstacles à la reconstruction et un financement solide pour le redressement humanitaire et économique.

"En ce jour anniversaire, nous sommes unis dans un même but : construire les fondations de la paix et de la prospérité et renouveler notre engagement en faveur d'une Syrie libre, souveraine, unie et ouverte à tous", a ajouté M. Guterres.