PARIS: Les mauvais sondages autour de la candidate socialiste Anne Hidalgo sonnent-ils le glas du PS ? Certains, au sein même du parti de François Mitterrand, le pensent, inquiets pour le financement et les législatives à venir. D'autres assurent qu'une remontée de la maire de Paris reste possible.
Tombée mercredi à 1,5% des intentions de vote selon un sondage Elabe, Anne Hidalgo est à 3% dans le baromètre Opinionway-Kéa Partners, et à moins de 3% dans le Rolling Ifop. Depuis décembre, elle n'a pas atteint les 5% d'intentions de vote, derrière Jean-Luc Mélenchon, Yannick Jadot, Christiane Taubira et même désormais le communiste Fabien Roussel.
"C'est difficile", reconnaît la candidate, qui n'entend pas lâcher, persuadée de la non fiabilité des sondages, mais aussi que ses thématiques sur le pouvoir d'achat, la justice sociale, vont finir par infuser.
Au PS, qui était en 2012 à la tête de toutes les institutions (présidence, Assemblée, Sénat) et se retrouve dix ans plus tard avec seulement 22 000 adhérents, l'ambiance est morose.
"A ce niveau, il faut être fou ou ravi de la crèche pour ne pas douter", analyse un cadre. "La marque PS est au sol, c'est une réalité, mais l'idée socialiste est toujours d'actualité", veut-il espérer, dénonçant un "Hidalgo bashing forcené".
Un autre y voit plutôt des erreurs de la candidate elle-même, regrettant qu'elle ait "fait des virages à 180 degrés qui posent questions" et "échaudé des gens, même dans son équipe". "C'était juste de poser la question de l'unité, en proposant une primaire, mais elle l'a fait trop tard", constate un autre.
Stéphane Le Foll, le maire du Mans, candidat malheureux à l'investiture PS, a pour sa part jugé mercredi sur France 2 que "la survie du PS était déjà largement entamée".
"La gauche est trop datée, divisée, radicalisée, elle sera marginalisée, même aux législatives" de juin, abonde auprès de l'AFP l'ex-Premier secrétaire du PS Jean-Christophe Cambadelis. "La majorité des abstentionnistes sont de gauche", insiste-t-il, regrettant que le PS ne soit "plus le facteur d'ordre de la gauche".
Du côté des concurrents, le constat est rude: "La faiblesse de la gauche est d'abord due à la faiblesse du PS", veut croire une responsable de LFI. "On ne voit pas comment ils pourraient remonter", juge un membre de EELV.
«Danger de mort»
"Le PS n'est pas plus en danger de mort que les autres partis de gauche", répond à l'AFP Philippe Doucet, membre du Bureau national du parti. "Toute la gauche se tire vers le bas" et "n'arrive pas à cranter ses thématiques dans la campagne", dit-il.
L'inquiétude plane aussi sur le financement de la campagne. "Bien sûr, tout le monde veut être au moins à 5%, pour se faire rembourser. Personne n'a envie de perdre 5 à 6 millions", note un autre responsable socialiste. Mais il souligne qu'il n'est pourtant "pas question de débrancher Hidalgo. Si débranchage il y a, le parti explose".
Pour Pierre Jouvet, porte-parole du parti, les sondages "ne sont pas sérieux. Le PS n'est pas à 1,5% des intentions de vote. Ca n'existe pas quand vous êtes un parti qui dirige 25 départements, 5 régions et parmi les plus grandes villes".
Certain cadres l'avouent, "la vraie difficulté est surtout qu'"on n'a pas encore purgé le passif de haine contre nous" après le quinquennat Hollande.
"En 2017, je disais, +on en a pour 15 ans à se reconstruire+. On est encore dedans", abonde Sébastien Vincini, maire de Cintegabelle et porte-parole de la candidate.
Mais "le coeur du PS est toujours là", insiste Jean-François Débat, maire de Bourg-en-Bresse, qui juge que la primaire populaire, qui a étrillé Anne Hidalgo et donné la victoire à sa concurrente Christiane Taubira, a paradoxalement "ressoudé les militants au PS".
"Il y a plus de solidité dans les soutiens à Anne Hidalgo que ce qui est raconté", renchérit Sébastien Vincini, selon lequel il "n'y a pas eu d'exode massif d'élus", vers Taubira ou Emmanuel Macron.
Mais, d'après les sondages, beaucoup d'électeurs de gauche envisagent pour l'heure le vote utile vers le président sortant, dès le premier tour.