NEW DELHI: Les autorités de l'État du Karnataka, dans le sud de l'Inde, ont fermé des écoles et interdit les rassemblements mercredi, après que des manifestations contre le port du foulard par des femmes musulmanes dans les salles de classe ont tourné à la violence.
La controverse a commencé fin janvier, lorsque six étudiantes d'un lycée public du district d'Udupi, dans l'État, ont lancé une manifestation pacifique après avoir été empêchées d'assister aux cours parce qu’elles portaient le hijab.
Après que le gouvernement de l'État a soutenu la semaine dernière les autorités scolaires et interdit le hijab dans les établissements d'enseignement, les écolières ont attiré l'attention des médias, engendrant des manifestations en leur faveur, ainsi que des contre-manifestations de certains groupes hindous.
Mais les rassemblements sont devenus violents mardi, avec des informations faisant état de jets de pierres et d'incendies criminels, conduisant le Premier ministre du Karnataka à ordonner la fermeture de toutes les écoles pendant trois jours. La police de la capitale de l'État a interdit tout type de rassemblement à proximité des établissements d'enseignement pendant les dix prochains jours.
Le commissaire de police de Bangalore, Kamal Kant, a déclaré dans un communiqué que l'interdiction avait été imposée car «à certains endroits, ces manifestations ont conduit à la violence» et qu'il était «essentiel de mettre en œuvre des mesures de sécurité appropriées afin de maintenir la paix et l'ordre publics».
Les jeunes filles qui ont organisé la première manifestation ont révélé que les événements étaient sans précédent, car elles n'avaient jamais rencontré de problèmes liés au port du hijab dans l'État, où 12% de la population est musulmane.
«Il s'agit d'une controverse inutile, et nous n'avons jamais été confrontées à un problème de port du hijab à l'école dans le passé», a déclaré Almas AH, l'une des filles, à Arab News.
L'interdiction a suscité des craintes parmi les étudiantes musulmanes de l'État, dirigé par le parti nationaliste hindou Bharatiya Janata du Premier ministre, Narendra Modi.
«Il n'y a jamais eu de problème avec le fait que nous portions le hijab», a signalé Aysha Byndoor, une autre manifestante d'Udupi. «Le hijab est notre marque culturelle et c'est notre choix.»
L'Association pour la protection des droits civils, qui a déposé une requête auprès de la Haute Cour du Karnataka, a affirmé que l'interdiction allait à l'encontre de la constitution.
«L'Inde est un pays connu pour sa diversité et la constitution protège cela», a déclaré le secrétaire général de l’Association pour la protection des droits civils (APCR), Nadim Khan, à Arab News.
«Nous avons confiance dans la justice. Il s’agit d’une question sensible. La droite hindoue essaie d'imposer son nationalisme culturel où elle veut imposer un choix majoritaire aux personnes qui suivent différentes pratiques religieuses.»
La Cour a demandé mercredi au juge en chef de constituer un jury plus large pour décider si l'interdiction violait les droits fondamentaux des individus.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com