Face aux séismes causés par la fracturation hydraulique, le Texas contraint d'agir

Un camion de ravitaillement entre dans une raffinerie de pétrole le 21 janvier 2022 à Houston, Texas. (Photo, AFP)
Un camion de ravitaillement entre dans une raffinerie de pétrole le 21 janvier 2022 à Houston, Texas. (Photo, AFP)
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Publié le Mercredi 09 février 2022

Face aux séismes causés par la fracturation hydraulique, le Texas contraint d'agir

  • Les industriels doivent en effet gérer d'immenses quantités de saumure qui remontent des puits avec le pétrole brut
  • Contrairement à la production conventionnelle, l'exploitation du pétrole et gaz de schiste ne permet pas de la réinjecter directement d'où elle vient

HOUSTON : "Cela devient une habitude. Les murs vibrent", explique Sam, un habitant de Midland, ville de l'ouest du Texas où l'activité d'exploitation par fracturation hydraulique provoque de plus en plus de séismes, forçant les régulateurs à prendre des mesures restrictives.

"Puis une deuxième secousse intervient une seconde plus tard, comme si un camion passait à proximité", décrit à l'AFP l'homme de 44 ans, qui souhaite garder l'anonymat.

Faisant écho à ses propos, trois séismes ont fait trembler le sol la seule journée du 4 février.

Cette contrée du bassin permien, d'où sont extraits 40% du pétrole et 15% du gaz américain, a connu neuf tremblements de terre de magnitude supérieure à 3 en 2019, 51 en 2020 et 176 en 2021, soit une multiplication par 20 en deux ans, d'après l'entreprise Sourcenergy.

Ce qui les provoque n'est pas l'activité de fracturation de la roche par les pétroliers en elle-même, mais l'injection d'eau salée dans des puits dédiés.

Face à ce phénomène, la Railroad Commission of Texas, qui régule les activités pétrolières, a dû imposer de nouvelles règles visant directement ces eaux usées.

«Le renard surveille»

Les industriels doivent en effet gérer d'immenses quantités de saumure qui remontent des puits avec le pétrole brut. Elle constitue environ 80% des fluides pompés.

Contrairement à la production conventionnelle, l'exploitation du pétrole et gaz de schiste ne permet pas de la réinjecter directement d'où elle vient.

Presque 4 000 puits ont été forés spécifiquement pour la recueillir dans ce bassin grand comme un tiers de la France métropolitaine (190 000 km2).

"Avec le temps, (...) cela devient de plus en plus dur d'injecter de l'eau au même endroit. On pousse donc de plus en plus fort et l'eau peut atteindre une faille géologique" détaille Joshua Adler, PDG et fondateur de Sourcenergy, qui aide notamment les compagnies pétrolières à optimiser la gestion de leurs eaux.

"Or, en injectant de l'eau au-delà d'un certain niveau de pression, on lubrifie la faille, cela la fait glisser et provoque un tremblement de terre", ajoute-t-il.

Depuis 2012, la production quotidienne de pétrole a été multipliée par 5 dans le bassin permien donc les injections d'eau ont aussi été démultipliées.

"En Oklahoma, (les régulateurs locaux) ont traîné des pieds pendant des années en niant qu'il y avait un problème" lorsque les séismes se sont accrus durant la décennie 2010, explique M. Adler.

Au Texas, "dès qu'il y a eu une hausse des tremblements de terre de magnitude supérieure à 3, la Commission a commencé à se pencher sur le problème. (…) Cela fait partie de leur travail de protéger les Texans", assure-t-il.

Entre septembre et janvier, elle a défini trois zones où les séismes ont augmenté de façon inquiétante.

Dans la plus peuplée, Gardendale --où se situent les villes de Midland et d'Odessa-- elle a suspendu les injections profondes d'eau dans sept puits mi-décembre. Après quatre autres tremblements de terre de magnitudes 3.1 à 3.7, elle a étendu la mesure à 26 autres puits.

Le régulateur attend des propositions des acteurs locaux avant de décider d'éventuelles nouvelles mesures coercitives dans les deux autres zones, Stanton et Northern Culberson-Reeves.

Neta Rhyne, qui habite non loin de cette dernière, estime que "cela revient à demander au renard de surveiller le poulailler".

«Les vieux râlent un peu»

Cette femme de 72 ans a demandé jeudi à la Railroad Commission, comme elle le fait depuis 2016, à être auditionnée après de nouvelles demandes de forage de puits pour eaux salées dans sa région. Jusque-là, cela lui a toujours été refusé.

Elle craint qu'un tremblement de terre ne finisse par affecter la source d'une des plus grandes piscines d'eau naturelle au monde, à un jet de pierre de chez elle, dans le parc naturel de Balmorhea.

Le Département des parcs du Texas a refusé de répondre aux questions de l'AFP mais sa responsable presse Stephanie Salinas Garcia reconnaît "qu'il peut y avoir des inquiétudes quant aux effets des séismes sur les sources".

"Ici, vivent de petites communautés", explique Neta Rhyne, qui possède une boutique d'articles de plongée près du parc de Balmorhea. "Les gens ne veulent pas créer de problèmes, ils ne veulent pas dire tout haut leurs préoccupations".

"Les vieux râlent un peu contre les tremblements de terre. Mais les jeunes, jamais! Les trois-quarts vivent du pétrole", explique Sam, à Midland. "Même quand cela sent le sulfure d'hydrogène émis par les puits, ils disent que ça sent l'argent… Mais ça sent surtout le cancer".

Reste à connaître l'impact des suspensions d'injection d'eau. Les pétroliers n'auront d'autre choix que d'évacuer leurs eaux loin des lieux de production, par pipeline... ou camion.


France: l'Insee confirme une inflation de 2,2% en avril, en léger ralentissement

Un représentant de l'INSEE relève les prix dans une auto-école à Paris, le 21 avril 2023 (Photo, AFP).
Un représentant de l'INSEE relève les prix dans une auto-école à Paris, le 21 avril 2023 (Photo, AFP).
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  • Les prix des produits manufacturés se sont même légèrement repliés, de 0,1% après +0,1% en mars
  • Les gardiens de l'euro s'attendent à un retour de l'inflation à cette cible en 2025, après 2,3% en 2024

PARIS: Les prix ont augmenté de 2,2% en avril sur un an, a indiqué l'Insee mercredi, confirmant sa première estimation d'un léger ralentissement de l'inflation, sur fond d'une hausse plus modérée des prix alimentaires.

Après une inflation de 2,3% en mars, la baisse "résulte du ralentissement sur un an des prix de l'alimentation (+1,2% après +1,7%) et du tabac (+9,0% après +10,7%)", précise l'institut dans un communiqué.

Les prix des produits manufacturés se sont même légèrement repliés, de 0,1% après +0,1% en mars.

Les prix des services, qui représentent près de la moitié de la consommation, ont augmenté sur un an au même rythme qu'en mars, +3%, selon ces données définitives en ligne avec les chiffres provisoires publiés fin avril.

Sur un mois, l'inflation accélère toutefois, à 0,5% (contre 0,2% en mars), indique l'Insee, confirmant là aussi sa première estimation - une évolution due notamment à la hausse des prix des services (+1%, après une stabilité en mars).

Baisse des taux directeurs 

A contrario, "les prix des produits manufacturés et du tabac sont stables" sur un mois.

Sur un an, l'indice des prix à la consommation harmonisé (IPCH, qui permet les comparaisons avec les autres pays de l'UE et intéresse particulièrement la Banque centrale européenne pour sa politique monétaire) augmente de 2,4% en avril 2024, comme en mars, et de 0,6% sur le mois, après +0,2% en mars. Ces chiffres sont également conformes aux premières estimations.

Lors de sa dernière réunion en avril, la BCE a jugé "plausible" de commencer à baisser ses taux directeurs - actuellement à leur plus haut - en juin si les données confirment d'ici là le retour anticipé de l'inflation dans le zone euro à la cible de 2%, selon le compte rendu publié la semaine passée.

Les gardiens de l'euro s'attendent à un retour de l'inflation à cette cible en 2025, après 2,3% en 2024.


Un commerce bilatéral saoudo-britannique évalué à 30 milliards de livres sterling d’ici à 2030

Lors d’un entretien accordé à Arab News en marge de la conférence Great Futures, le vice-Premier ministre britannique, Oliver Dowden, a mis en lumière l’objectif de Londres de porter le commerce bilatéral à 30 milliards de livres sterling d’ici à 2030. (Photo AN/Loai Elkellawy)
Lors d’un entretien accordé à Arab News en marge de la conférence Great Futures, le vice-Premier ministre britannique, Oliver Dowden, a mis en lumière l’objectif de Londres de porter le commerce bilatéral à 30 milliards de livres sterling d’ici à 2030. (Photo AN/Loai Elkellawy)
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  • La conférence Great Futures, organisée le 14 mai dans le quartier financier du roi Abdallah, comprend quarante-sept sessions et ateliers avec cent vingt-sept intervenants des secteurs public et privé
  • Elle vise à renforcer les partenariats entre l’Arabie saoudite et le Royaume-Uni dans treize secteurs tels que le tourisme, la culture, l’éducation, la santé et les sports, entre autres

RIYAD: Lors d’un entretien accordé à Arab News en marge de la conférence Great Futures, le vice-Premier ministre britannique, Oliver Dowden, a mis en lumière l’objectif de Londres de porter le commerce bilatéral à 30 milliards de livres sterling (1 livre sterling = 1,16 euro) d’ici à 2030.

«L’idée de cette conférence est de servir de vitrine pour montrer les possibilités qui s’offrent à nos deux pays. Je pense qu’il existe des occasions considérables pour renforcer le commerce et les investissements», déclare-t-il.

«Nous nous sommes fixé un objectif ambitieux de 30 milliards de livres sterling pour le commerce bilatéral d’ici à 2030. La croissance est déjà impressionnante. Elle représente quelque 17 milliards de livres sterling. Je pense que nous pouvons atteindre notre but.»

La conférence de deux jours, organisée le 14 mai dans le quartier financier du roi Abdallah, comprend quarante-sept sessions et ateliers avec cent vingt-sept intervenants des secteurs public et privé.

Cette conférence vise à renforcer les partenariats entre l’Arabie saoudite et le Royaume-Uni dans treize secteurs tels que le tourisme, la culture, l’éducation, la santé, les sports, l’investissement, le commerce et les services financiers.

Elle a accueilli quatre cent cinquante représentants britanniques et chefs d’entreprise venus rencontrer des entreprises et des responsables saoudiens.

M. Dowden pense que «la relation entre nos deux pays est plus forte qu’elle ne l’a jamais été».

«Elle repose sur des bases très solides, qu’il s’agisse de relations diplomatiques, militaires ou même des liens entre Sa Majesté, le roi Charles III, et le prince héritier, Mohammed ben Salmane, au sein de la famille royale d’Arabie saoudite.»

Oliver Dowden soutient qu’il a été témoin, lors de la conférence Great Futures et des visites précédentes, de «possibilités considérables pour l’avenir».

«Le prince héritier a défini la vision pour 2030. Les entreprises britanniques veulent faire partie de cette vision et c’est pour cette raison que je suis accompagné, en Arabie saoudite, de la plus grande délégation commerciale que le Royaume-Uni ait jamais envoyée dans un pays au cours de la dernière décennie», précise-t-il.

Dans le discours d’ouverture du premier jour, le vice-Premier ministre s’est exprimé lors d’une table ronde aux côtés du Dr Majid ben Abdallah al-Qasabi, le ministre saoudien du Commerce.

Il soutient que les deux pays pouvaient collaborer de façon encore plus active dans les domaines de la technologie et de l’intelligence artificielle.

«Je pense que notre coopération pourrait être beaucoup plus importante, car l’Arabie saoudite possède une grande expertise en matière d’intelligence artificielle», déclare M. Dowden.

Au cours de son entretien avec Arab News, Oliver Dowden a également souligné que le nord-est de l’Angleterre était sur le point de recevoir des investissements d’une valeur de 3 milliards de livres sterling de la part du Royaume.

«Prenez le nord-est de l’Angleterre, qui ne représente qu’une partie du Royaume-Uni. Nous sommes convenus d’un investissement de 3 milliards de livres sterling qui soutiendra deux mille emplois. Je pense que nous pouvons faire encore beaucoup plus», poursuit-il.

Avant la conférence, le vice-Premier ministre a insisté sur l’importance de cet événement dans l’établissement de partenariats entre les secteurs commerciaux de l’Arabie saoudite et du Royaume-Uni.

«La conférence Great Futures permet également aux entreprises britanniques de se familiariser avec les réglementations commerciales, les incitations et les avantages liés à la conduite des affaires en Arabie saoudite», conclut M. Dowden.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


La Qatar Investment Authority s’engage à soutenir le secteur français des semi-conducteurs

Il convient de noter que l’intérêt de la QIA pour la chaîne de valeur des semi-conducteurs comprend une récente participation minoritaire dans la société japonaise Kokusai Electric Corp. (Shutterstock)
Il convient de noter que l’intérêt de la QIA pour la chaîne de valeur des semi-conducteurs comprend une récente participation minoritaire dans la société japonaise Kokusai Electric Corp. (Shutterstock)
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  • Grâce à cette initiative, la Qatar Investment Authority (QIA) contribuera à un fonds thématique novateur destiné à renforcer l’industrie des semi-conducteurs en Europe
  • Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’investissement plus large de la QIA, qui consiste à s’engager auprès d’entreprises de premier plan à la pointe de l’innovation

RIYAD: Le Qatar va se lancer dans l’industrie technologique française, un grand organisme d'investissement qui a annoncé son intention de s’engager financièrement dans Ardian Semiconductor.

Grâce à cette initiative, la Qatar Investment Authority (QIA) contribuera à un fonds thématique novateur destiné à renforcer l’industrie des semi-conducteurs en Europe. Cela confirme son rôle de partenaire financier privilégié dans les sous-secteurs technologiques clés, notamment dans le développement de la chaîne d’approvisionnement.

Selon un communiqué officiel, l’attention stratégique que la QIA accorde à ce secteur reflète sa conviction du rôle essentiel que jouent les semi-conducteurs dans la stimulation des transformations numériques et écologiques dans des industries vitales telles que l’intelligence artificielle, la mobilité et la technologie grand public.

Cette initiative s’inscrit dans le cadre de la stratégie d’investissement plus large de la QIA, qui consiste à s’engager auprès d’entreprises de premier plan à la pointe de l’innovation.

Il convient de noter que l’intérêt de la QIA pour la chaîne de valeur des semi-conducteurs comprend une récente participation minoritaire prise en juin 2023 dans la société japonaise Kokusai Electric Corp., leader dans la fabrication de semi-conducteurs. Cela témoigne de l’engagement continu de la QIA à réaliser des investissements importants dans ce domaine à l’échelle mondiale.

En outre, le 13 mai, la QIA a annoncé son intention de porter son partenariat d'investissement avec Bpifrance à 300 millions d’euros, renforçant ainsi leur engagement commun à stimuler la croissance économique et l’innovation en France. Cela marque un tournant dans leur collaboration, initialement établie dans le cadre de la coentreprise Future French Champions.

Lors de la première phase de ce partenariat, qui s’est achevée en 2021, près de 300 millions d’euros ont été consacrés à la création d’emplois, au développement économique et, plus particulièrement, au renforcement du secteur des petites et moyennes entreprises françaises.

Fortes de ces réalisations, les deux entités sont passées à la deuxième phase de leur collaboration en janvier 2023, s’engageant à verser 300 millions d’euros supplémentaires.

Ils prévoient désormais d’entamer une troisième phase, en promettant jusqu’à 300 nouveaux millions d’euros une fois que les fonds actuels auront été entièrement déployés.

Le partenariat renouvelé se focalisera sur des priorités stratégiques telles que l’intelligence artificielle, les semi-conducteurs, l’informatique quantique, les soins de santé, le secteur aérospatial et la transition énergétique.

Ces investissements sont destinés à faire progresser les capacités technologiques, à améliorer la compétitivité dans divers secteurs et à promouvoir une croissance durable, reflétant ainsi l’engagement des deux parties à promouvoir des innovations importantes et à soutenir les objectifs économiques à long terme de la France.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com