AMPASIPOTSY : Les habitants de l'est de Madagascar se sont préparés vendredi, avec les moyens du bord, à l'arrivée du cyclone Batsirai qui, selon l'ONU, pourrait toucher, avec un impact "considérable", 600.000 personnes sur la grande île de l'Océan Indien.
Assis en haut de sa maison, Tsarafidy Ben Ali, vendeur de charbon de 23 ans, leste les plaques en tôle ondulée du toit avec des sacs remplis de la terre de son jardin. "Les rafales de vent vont être très fortes. C’est pour ça qu'on renforce les toitures", explique-t-il à l'AFP.
Après avoir déversé des torrents de pluie pendant deux jours sur l'île française de la Réunion, le cyclone devrait toucher Madagascar samedi.
L'île, déjà frappée par la tempête tropicale Ana en janvier, est déjà balayée vendredi par le vent et une pluie continue. Ana, qui avait aussi touché le Malawi, le Mozambique et le Zimbabwe, a fait une centaine de morts - dont 56 à Madagascar - et des dizaines de milliers de sinistrés.
L'impact du cyclone Batsirai devrait être "considérable", y compris dans les zones qui se remettent encore de la tempête Ana, a mis en garde vendredi un porte-parole du Bureau de coordinations des affaires humanitaires (Ocha) de l'ONU, Jens Laerke.
"Les Nations unies et nos partenaires humanitaires intensifient leurs efforts de préparation", a-t-il poursuivi.
La directrice du Programme alimentaire mondial (PAM) pour Madagascar, Pasqualina Di Sirio, a déclaré anticiper "une crise majeure" sur la Grande Ile, où le cyclone pourrait toucher plus de 600.000 personnes, dont 150.000 déplacées.
Batsirai devrait toucher la côte est de Madagascar et notamment la région de Mahanoro, prévoit Météo-France, possiblement toujours au stade de cyclone tropical intense.
"Il commencera à avoir des impacts dès aujourd'hui (vendredi), avec des vagues en mer de 8 à 15 mètres de hauteur. Une onde de tempête pouvant atteindre 1,50 m de hauteur est possible dans les zones côtières les plus touchées", avec des risques d'inondations, a déclaré une porte-parole de l'Organisation météorologique mondiale (OMM), Clare Nullis.
pétrolier échoué
Des équipes de recherche et sauvetage ont été placées sur le qui-vive, des stocks de fournitures ont été préparés et des avions se tiennent prêts à intervenir en soutien à la réponse humanitaire.
Razafimahefa Etienne, agriculteur de Madagascar, s'inquiète déjà pour la nourriture. La famille aura de quoi tenir jusqu'à samedi. "Mais à partir de dimanche, on n'aura plus rien. On va essayer de trouver une autre solution mais s'il n'y a rien, on va manger des bananes", dit-il.
La Fédération internationale des sociétés de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge (FICR) estime elle qu'environ 4,4 millions de personnes au total sont menacées d'une façon ou d'une autre.
"Les équipes et les partenaires de la Croix-Rouge malgache sont en état d'alerte et déployés au sein des communautés, pour les prévenir de l'approche de la tempête, tandis que des stocks d'urgence sont déplacés pour en faciliter l'accès, a expliqué son secrétaire général Andoniaina Ratsimamanga.
Les équipes tentent également avec le gouvernement de mettre en place des centres d'hébergement d'urgence.
Chaque année durant la saison cyclonique (de novembre à avril) une dizaine de tempêtes ou cyclones traversent le sud-ouest de l'Océan Indien, d'Est en Ouest.
Après près de deux jours de pluies diluviennes et de vent, le cyclone Batsirai s'est éloigné des côtes de l'île française de la Réunion, où l'alerte rouge cyclonique, imposant aux habitants de se barricader, a été levée vendredi. Douze blessés ont été recensées.
Une trentaine de sauveteurs ont secouru dans la nuit onze marins - indiens et bangladais - du pétrolier mauricien Tresta Star échoué au sud de l'île, une opération "périlleuse, très technique et inédite" menée dans "des conditions météorologiques très défavorables", selon les autorités.