PARIS : Le numéro national de prévention du suicide 3114 a reçu 34.000 appels depuis son lancement il y a quatre mois, sur fond de crise sanitaire, selon des chiffres communiqués vendredi à la veille de la journée nationale de prévention du suicide.
"En quatre mois, il y a eu 34.000 appels au 3114, avec deux pics, autour des fêtes de fin d'année, et après le passage de Stromae" au journal de 20h de TF1 où le chanteur belge a dévoilé "L'enfer", titre de son futur album évoquant des "pensées suicidaires", a-t-on indiqué au ministère de la Santé.
De 10 à 15% de ces appels ont débouché sur une prise en charge du Samu, a-t-on précisé à l'AFP.
Disponible 24 heures sur 24 et sept jours sur sept, ce numéro national, gratuit, est dédié aux personnes aux idées suicidaires mais aussi à leurs proches et à celles endeuillées par un suicide. Les 169 répondants sont des professionnels hospitaliers, supervisés par des psychiatres.
Actuellement, il existe 11 centres en régions, d'autres sont à venir cette année.
Le 3114 va s'enrichir sous peu d'un service de "tchat".
Avec environ 9.000 suicides par an, la France présente "un des taux les plus élevés d'Europe", selon Santé publique France.
Une moyenne qui date d'avant le Covid-19. "La crise sanitaire a eu un rôle de catalyseur des problèmes de santé mentale, notamment chez certains publics spécifiques comme les jeunes", relève le ministère dans un communiqué.
Selon la dernière livraison de l'étude Coviprev initiée par Santé publique France, 9% des Français ont eu des pensées suicidaires au cours de l'année, un niveau élevé, supérieur de quatre points au niveau hors épidémie.
Le 3114, lancé six mois plus tôt que prévu face à la situation sanitaire, a complété un arsenal de dispositifs, comme VigilanS, créé en 2015, qui suit les personnes ayant fait une tentative de suicide, des mesures pour prévenir la "contagion suicidaire" ou des formations, rénovées en 2019.
La prévention du suicide est une priorité pour le ministère, qui l'a inscrite dans sa Feuille de route santé mentale et psychiatrie de 2018, a-t-on rappelé au cabinet d'Olivier Véran. Et le Ségur de la santé a confirmé la mise en service du numéro national, a-t-on souligné de même source.
Lors des Assises de la santé mentale et de la psychiatrie, fin septembre 2021, Emmanuel Macron avait annoncé une série de mesures pour un secteur qui s'était dit "au bord de l'implosion", sans en satisfaire complètement les acteurs.