PARIS: Duel de meetings samedi à l'extrême droite: Marine Le Pen accélère sa campagne à Reims en attaquant surtout Emmanuel Macron, tandis qu'Eric Zemmour compte faire à Lille une nouvelle démonstration de force en ciblant davantage la candidate LR Valérie Pécresse.
« Pas de surenchère » mais du « sérieux ». Malgré des défections d'élus partis chez Eric Zemmour, pour lequel « penche » désormais sa nièce Marion Maréchal, Marine Le Pen entend « tracer sa route » de candidate « des solutions concrètes ».
Elle réunit quelque 3 000 personnes à Reims pour une « convention présidentielle ». Mais « ce n'est pas un meeting pour chauffer des militants », prévient son proche conseiller Philippe Olivier, alors qu'Eric Zemmour attend le même jour environ 8 000 partisans à Lille.
« C'est une convention où on présente notre projet, un exercice de sérieux pour montrer qu'on a travaillé, qu'on apporte des réponses concrètes, chiffrées », fait valoir M. Olivier, également beau-frère de la candidate du Rassemblement national, au coude-à-coude avec Valérie Pécresse dans les sondages, derrière Emmanuel Macron, mais devant Eric Zemmour.
Marine Le Pen a édulcoré son discours, ne veut plus supprimer la double nationalité ni sortir de l'euro, et met l'accent sur le pouvoir d'achat. Même si elle prévoit toujours de refondre en profondeur la Constitution pour contrer l'immigration.
Pas en « guerre »
Des bus floqués à l'effigie de la candidate partiront symboliquement de Reims pour lancer « l'opération 5 000 marchés », que la candidate rejoindra chaque semaine avant de présider une réunion publique.
Au RN on minimise les départs chez Eric Zemmour de trois eurodéputés et quelques conseillers régionaux. Marine Le Pen s'est même réjouie mercredi que « ceux qui (…) faisaient la taqiya (dissimulation, ndlr) au sein de la campagne partent. Tant mieux ».
« On ne s'énerve pas. Pour nous, Zemmour il est derrière, il n'est pas qualifié, on ne va pas faire de surenchère », souligne-t-on dans son camp où on cherche plutôt à réveiller le duel de 2017 face à Emmanuel Macron, dont le bilan est jugé « catastrophique ».
Eric Zemmour assure de son côté ne pas être en « guerre » contre Marine Le Pen, dont il rêve de réunir l'électorat avec celui situé à la droite de LR. « Ce n'est pas notre ennemie », insiste un proche.
Il organise néanmoins le même jour qu'elle son deuxième grand meeting, après celui du 5 décembre qui avait rassemblé plus de 10 000 personnes à Villepinte (Seine-Saint-Denis). Cette réunion avait été marquée par des violences d'un groupuscule d'extrême droite contre des militants de SOS Racisme, tandis qu'un individu avait empoigné le candidat avant son entrée en scène.
A Lille, la maire PS Martine Aubry a déjà indiqué que le candidat Reconquête! n'était « pas le bienvenu » dans sa ville, et appelé les Lillois à se joindre à un rassemblement en fin de matinée, initié par SOS Racisme.
Une seconde manifestation « d'antifas » est prévue en début d'après-midi à quelques centaines de mètres du lieu du meeting.
Primaire ou pas
« S'il y a une frange violente de manifestants, cela montrera qui sont les antidémocrates et les fascistes », rétorque l'entourage d'Eric Zemmour.
Après avoir beaucoup insisté sur la lutte contre l'immigration, « la peur que » la France soit « ensevelie par une autre civilisation » ou avoir plaidé pour soutenir la « ruralité » plutôt que les « banlieues », Eric Zemmour compte centrer son intervention sur les questions économiques et sociales.
Selon l'ancien LR Guillaume Peltier, après une période de « stabilité » en janvier dans les sondages, le but du mois de février est « d'installer le match entre Valérie Pécresse et nous ». « C'est la plus fragile » parmi les prétendants au second tour, considère le camp Zemmour qui multiplie les attaques contre la candidate LR sur les réseaux sociaux.
Les deux réunions publiques vont « être un moment intéressant pour savoir si on est en face d'une primaire » entre Marine Le Pen et Eric Zemmour ou « de deux candidatures vraiment différentes », estime l'analyste et sondeur Jérôme Sainte-Marie.
Selon lui, Mme Le Pen a un électorat « populaire » identifié, « les travailleurs pauvres du privé, employés, ouvriers ou travailleurs et commerçants indépendants », alors que chez Eric Zemmour, « il y a une différence entre ses cadres, qui viennent de la bourgeoisie catholique ‘Manif pour tous’ » et l'électorat, qui n'a « pas vraiment de sociologie ».