MOSCOU: Les chefs des diplomaties russe et américaine doivent se reparler mardi après de nouvelles invectives autour de la crise ukrainienne, l'Occident affûtant ses armes économiques dans l'espoir de faire enfin céder Moscou.
Dans ce contexte très tendu, deux Premiers ministres européens, dont le Britannique Boris Johnson, se déplacent mardi à Kiev pour afficher leur soutien. Pendant ce temps-là, à Moscou, le président Vladimir Poutine accueille son allié hongrois Viktor Orban.
Après un échange écrit entre les deux rivaux de la Guerre froide, l'heure est de nouveau à la discussion orale, avec un entretien téléphonique prévu entre le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken et le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov.
La Russie est accusée par les Occidentaux d'avoir massé plusieurs dizaines de milliers de militaires à la frontière de son voisin en prévision d'une possible invasion.
La Russie dément toute velléité belliqueuse, mais conditionne toute désescalade à une liste d'exigences, nécessaires selon elle pour garantir sa sécurité, notamment l'assurance que l'Ukraine ne sera jamais membre de l'Otan et que l'Alliance retire ses hommes sur ses positions de 1997.
Washington a rejeté cette demande dans un courrier envoyé la semaine dernière, tout en laissant la porte ouverte à des discussions sur d'autres sujets sécuritaires, comme le déploiement de missiles ou des limites réciproques aux exercices militaires.
L'échange téléphonique très attendu mardi est prévu au lendemain de vifs débats au Conseil de sécurité de l'ONU entre la Russie et les Etats-Unis au sujet des troupes massées par Moscou à la frontière de l'Ukraine.
Battre en retraite
Lors de la réunion du Conseil de sécurité, l'ambassadeur de Russie aux Nations unies Vassily Nebenzia a accusé Washington de chercher à "créer l'hystérie" et à "tromper la communauté internationale" avec ses "accusations infondées".
Son homologue américaine Linda Thomas-Greenfield a estimé de son côté que le déploiement de plus de 100.000 militaires russes autour de l'Ukraine menaçait "la sécurité internationale". Assurant détenir des "preuves", elle a accusé Moscou de vouloir déployer début février plus de 30.000 militaires supplémentaires au Bélarus, allié du Kremlin et voisin de l'Ukraine.
Les Etats-Unis ont ordonné dans ce contexte aux familles des employés du gouvernement américain en poste au Bélarus de quitter le pays.
Parallèlement, les manoeuvres diplomatiques continuent, tout comme les préparatifs de sanctions.
Les Etats-Unis comme le Royaume-Uni, qui est l'un des terrains d'investissement favoris des grandes fortunes russes, ont dit lundi vouloir taper au portefeuille le premier cercle du pouvoir russe et des proches du Kremlin.
Du côté de Londres, les oligarques russes risqueront le gel de leurs avoirs au Royaume-Uni et l'impossibilité d'entrer sur son territoire. Il serait également impossible pour une entreprise ou un individu au Royaume-Uni d'effectuer des transactions avec eux.
"Nous n'allons pas battre en retraite et nous tenir au garde-à-vous en écoutant les menaces de sanctions américaines", a répliqué mardi l'ambassade russe à Washington.
Visites tous azimuts
Les Européens souhaitent ne pas être en reste des efforts diplomatiques menés par Washington.
Au moment où les chefs de la diplomatie américaine et russe se parlent au téléphone, le Premier ministre britannique Boris Johnson discutera mardi à Kiev avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky.
"Nous exhortons la Russie à reculer et à engager un dialogue pour trouver une solution diplomatique et éviter de nouvelles effusions de sang", exhorte dans un communiqué publié lundi le dirigeant britannique, qui espère s'entretenir cette semaine avec Vladimir Poutine.
Le Premier ministre britannique doit proposer cette semaine à l'Otan un déploiement de troupes pour répondre à la montée de "l'hostilité russe" envers l'Ukraine.
Le chef du gouvernement polonais Mateusz Morawiecki est lui aussi attendu à Kiev.
En parallèle, le Premier ministre hongrois Viktor Orban rencontrera M. Poutine à Moscou, une visite critiquée par l'opposition hongroise au vu des tensions autour de l'Ukraine.
Sur le front militaire, les mouvements se poursuivent également. Plusieurs pays occidentaux ont annoncé ces derniers jours l'envoi de nouveaux contingents en Europe orientale.