NEW DELHI : Sikka Khan (76 ans) a éclaté en sanglots lorsqu'il a appris qu'il avait obtenu un visa pour le Pakistan lui permettant de passer deux mois avec son frère aîné. Il n'a pas hésité à étreindre le fonctionnaire de l'ambassade du Pakistan à New Delhi qui lui a remis le passeport estampillé.
Sikka et son frère Sadiq Khan (84 ans) ne sont pas réunis depuis l'année 1947, date à laquelle les Indes ont été divisées en deux États indépendants : l'Inde et le Pakistan.
Cette partition a en effet donné lieu à l'une des plus grandes migrations de l'histoire ; environ 15 millions de musulmans, d'hindous et de sikhs ont été contraints de se déplacer dans un contexte de troubles politiques ayant fait plus d'un million de morts.
Au début du mois , Sikka et Sadiq ont repris espoir de se retrouver pour une courte durée à Kartarpur à la suite de la décision du Pakistan de permettre aux pèlerins sikhs indiens d'accéder sans visa à cette ville qui abrite l'un des sites les plus sacrés de leur religion : le Gurdwara Darbar Sahib.
Dans un article paru dans Arab News la semaine dernière, les deux frères ont exprimé leur souhait de se réunir à nouveau et ont exhorté les autorités pakistanaises et indiennes à leur accorder le droit d'entrée. Vendredi, Sikka a obtenu le visa pakistanais.
« C'est un rêve qui devient réalité. Je suis tellement heureux de passer quelque temps avec mon frère au Pakistan », a-t-il déclaré à Arab News en sortant du Haut-Commissariat pakistanais de New Delhi avec le visa apposé sur son passeport.
Il a remercié les médias « notamment Arab News pour avoir pris en charge cette affaire. Je suis conscient que je n'aurais pas pu obtenir ce visa sans votre soutien », dit-il.
Au cours des soixante-dix dernières années, les tensions et les conflits ont empêché les gens de traverser la frontière entre l'Inde et le Pakistan.
Les frères Khan ont repris contact en 2019 ; Nasir Dhillon, un YouTuber pakistanais, a entendu leur histoire lors de sa visite à Bogran, le village paternel où habite Sadiq à ce jour.
Peu de temps après avoir partagé les vidéos sur les médias sociaux, un message lui est parvenu de Jagsir Singh, un médecin indien qui vit à Phulewala, le village où Sikka et sa mère sont restés après que cette région a été placée du côté indien de la frontière en 1947. Le YouTuber et le médecin ont aidé les frères à se rencontrer virtuellement. Ils se parlent depuis au téléphone pendant au moins 15 minutes par jour.
« Sikka Khan était très heureux lorsqu'il a fait son entrée dans l'ambassade du Pakistan », raconte le Dr. Singh à Arab News. « Nous avons été accueillis comme des VIP à l'ambassade ; l’équipe a pris soin de nous ».
Sikka, célibataire et sans enfant, se dit heureux de pouvoir enfin renouer avec sa famille immédiate. Sadiq, lui, a quatre fils, deux filles et dix petits-enfants.
« Ma mère repose en paix en sachant que je vais visiter mon frère au Pakistan », explique-t-il. « Je lui transmettrai l'amour des habitants du village de Phulewala. Tout le monde dans le village le considère comme un membre de la famille ».
La famille de Dhillon a, elle aussi, été dispersée à la suite de la partition. Il se dit heureux de contribuer à cette histoire de retrouvailles.
« Allah a agi à travers moi pour accomplir cette belle mission et je m'en réjouis », a-t-il confié à Arab News.
A travers sa chaîne YouTube, Punjabi Lehar, il cherche à réunir les familles pakistanaises et indiennes qui ont été séparées suite à la scission du sous-continent.
« Mon grand-père a toujours rêvé de visiter son village natal et rencontrer ses anciens amis », souligne M. Dhillon. « En rapprochant les gens, j'ai l'impression de réaliser le souhait de mes ancêtres ».
Selon lui, les gouvernements pakistanais et indien doivent mettre de côté leurs différends pour permettre aux populations vivant de part et d'autre de la frontière de mener une vie paisible. »
« C'est l'objectif le plus pressant », dit-il. « Alors que le monde évolue, l'Inde et le Pakistan continuent de crouler sous le poids de l'histoire ».
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.
Contexte
Dans un article paru dans Arab News la semaine dernière, Sikka Khan et Sadiq Khan ont exprimé leur souhait de se réunir à nouveau et ont exhorté les autorités pakistanaises et indiennes à leur accorder le droit d'entrée.