JOHANNESBURG : Le parquet sud-africain a révélé samedi que l'homme accusé d'être à l'origine d'un incendie dévastateur au Parlement en janvier, qui compte pourtant plaider non-coupable, était passé aux aveux devant les enquêteurs après son arrestation.
Le suspect de 49 ans, Zandile Christmas Mafe, avait été arrêté au matin du 2 janvier dans l'enceinte du bâtiment historique alors que les pompiers luttaient encore contre le feu.
Placé en détention, l'homme présenté comme un sans-abri a comparu samedi au Cap pour une demande de libération sous caution. L'audience était retransmise en direct à la télévision.
Interrogé après son arrestation par les enquêteurs qui lui ont montré des images du bâtiment en flammes, il avait déclaré en se frappant fièrement la poitrine: "Ca, c'est Christmas", a rapporté le ministère public au tribunal.
Dans une déclaration sous serment lue pendant l'audience, M. Mafe a estimé que mettre le feu au Parlement était "la bonne chose à faire car il n'aide pas les citoyens d'Afrique du Sud".
Le suspect a aussi expliqué aux enquêteurs être passé à l'acte pour empêcher le président Cyril Ramaphosa de prononcer un discours à la Nation prévu en février et exiger sa démission, ainsi que la libération du meurtrier d'un combattant anti-apartheid et une aide de 1.500 rands (86 euros) pour tous les Sud-Africains sans revenu.
Les pompiers avaient lutté plus de 48 heures avant de maitriser l'incendie qui n'a fait aucune victime "mais totalement détruit l'Assemblée nationale". M. Ramaphosa a qualifié cet acte de "vaine tentative" pour menacer la démocratie.
Vêtu d'un costume noir et avec un air de défi, Christmas Mafe a présenté à son entrée au tribunal son visage aux photographes et journalistes. Il est poursuivi pour acte de terrorisme, vol et incendie volontaire.
« Imbibés d'essence »
Interrogé sur ses aveux, le suspect qui s'exprime en tswana, une des langues officielles en Afrique du Sud, et a recours à une traductrice, a déclaré: "Je ne suis pas coupable". Il a ensuite refusé de répondre à la plupart des questions.
"Vous avez clairement indiqué dans une déclaration sous serment que vous allez plaider non coupable", a rappelé au tribunal son avocat Dali Mpofu, ténor du barreau qui le défend gratuitement et notamment connu pour avoir défendu l'ex-président Jacob Zuma.
Dans cette déclaration transmise au tribunal, M. Mafe a signalé avoir été "sévèrement et violemment malmené et intimidé" par la police. Emmené au commissariat, "un homme blanc que je ne connaissais pas m'a dit que je serais condamné à mort pour avoir brûlé le Parlement si je ne coopérais pas", poursuit-il dans le document.
Depuis son arrestation, des voix se sont élevées pour présenter le suspect comme un bouc émissaire, insistant sur les manquements à la sécurité et les défaillances des systèmes anti-incendie.
Selon certains éléments de l'enquête, le système anti-incendie était défectueux et l'entretien pas à jour. Par ailleurs, la présence de M. Mafe sur les lieux n'a été détectée qu'après plusieurs heures.
Le parquet a toutefois déclaré avoir des images de caméras de surveillance montrant un homme, vêtu comme M. Mafe lors de son arrestation, "mettre le feu au Parlement à l'aide de papier et de boîtes imbibés d'essence".
Une bouteille de soda remplie d'essence à la main, "cette personne a déchiré des rideaux pour faire prendre le feu", a déclaré le ministère public.
Lors d'une audience précédente, Me Mpofu avait affirmé que Christmas Mafe avait été diagnostiqué "schizophrène paranoïaque". Mais la défense a refusé une nouvelle expertise psychiatrique qui lui ôterait la responsabilité de ses actes. L'accusé risque la prison à vie.