MONTRÉAL : Plusieurs centaines de camionneurs canadiens, qui ont reçu le soutien d'Elon Musk, convergeaient vendredi vers Ottawa, la capitale canadienne, pour participer à une manifestation contre la vaccination obligatoire pour franchir la frontière canado-américaine.
Parti entre autres de la Colombie-Britannique (côte pacifique) pour rallier Ottawa (est), le "Convoi de la liberté", tel qu'il a été baptisé par les routiers, n'a cessé de prendre de l'ampleur ces derniers jours. Le point de rendez-vous est maintenant la colline du Parlement, au cœur de la capitale fédérale.
"On ne veut pas être forcés à se faire vacciner, ça devrait être un choix personnel", a affirmé une manifestante, Louise, venue appuyer les camionneurs lors d'un arrêt dans la région de Vaudreuil, sur la route vers Ottawa.
Sous les acclamations de la foule et coups de klaxon, la retraitée aux cheveux blancs a dit craindre "une perte totale" de sa liberté. Elle participe à la mobilisation pour "remercier les camionneurs" et "envoyer un message au gouvernement Trudeau".
"Que les gens soient vaccinés ou non, ce n'est pas ça le problème. Le problème, c'est l'obligation", a pour sa part exprimé Tabitha, 26 ans, tenant entre les mains un drapeau canadien. Selon elle, le Canada a besoin de retrouver ses "points communs et idéaux fondamentaux".
Depuis la mi-janvier, le Canada et les Etats-Unis imposent pleinement vaccinés contre la Covid-19 aux camionneurs qui traversent la frontière entre les Etats-Unis et le Canada, la plus longue du monde avec près de 9 000 km.
Une mesure dénoncée par une partie des routiers, soutenus depuis jeudi par le milliardaire américain Elon Musk, qui a tweeté jeudi: "Les camionneurs canadiens assurent."
"C'est une manifestation nationale. Ce sera important en taille et polarisant par nature", a déclaré en conférence de presse vendredi Peter Sloly, chef de la police d'Ottawa, évoquant une situation "complexe et qui évolue rapidement".
Ce dernier s'est dit incapable de chiffrer le nombre de camions ou de participants, mais s'attend à des "problèmes majeurs" sur les routes autour de la capitale et demande à la population d'éviter les déplacements.
Surtout, les forces de l'ordre craignent des débordements et des violences, même si les organisateurs du mouvement ont fait savoir qu'ils entendaient manifester "de manière pacifique". La police d'Ottawa a prévenu que certaines personnes pourraient se joindre au mouvement pour "inciter à la haine et à la violence".
Certains commerçants ont pris les devants et fermé leurs portes pour le week-end, selon les médias locaux.
Les politiciens de la région de la capitale fédérale pourraient également être pris pour cible, a indiqué le chef de police.
Le Premier ministre Justin Trudeau, actuellement à l'isolement après avoir été cas contact, a défendu mercredi l'obligation vaccinale pour les camionneurs, rappelant que 90% d'entre eux sont déjà vaccinés.
"Les propos que tiennent certaines personnes associées à ce convoi sont inacceptables", a par ailleurs estimé le Premier ministre, alors que le chef de l'opposition conservatrice, Erin O'Toole, a fait savoir jeudi qu'il allait rencontrer certains des camionneurs.
Sur les réseaux sociaux, certains membres des milieux d'extrême droite ont en effet tenu des propos menaçants et appelé à imiter l'assaut du Capitole, en référence à l'attaque du Congrès américain en janvier 2021.
La police canadienne redoute que la mobilisation des camionneurs ne se prolonge au-delà du week-end.
Estimant que la "vaste majorité" des chauffeurs de poids-lourds est vaccinée au Canada, l'Alliance Canadienne du Camionnage, importante association du secteur, a "fortement désapprouvé" cette manifestation.