«En cas d'agression» contre l'Ukraine, «la riposte sera là» avertit Macron

Le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron s'entretiennent avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky (R) dans le cadre du sommet du Partenariat oriental au Conseil européen à Bruxelles le 15 décembre 2021.
Le chancelier allemand Olaf Scholz et le président français Emmanuel Macron s'entretiennent avec le président ukrainien Volodymyr Zelensky (R) dans le cadre du sommet du Partenariat oriental au Conseil européen à Bruxelles le 15 décembre 2021.
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Publié le Mercredi 26 janvier 2022

«En cas d'agression» contre l'Ukraine, «la riposte sera là» avertit Macron

  • «En cas d'agression» contre l'Ukraine, «la riposte sera là et le coût sera très élevé»: Emmanuel Macron, aux côtés du chancelier allemand Olaf Scholz, a adressé un avertissement à la Russie mardi
  • La France fait cependant une tentative de négociation directe, avec un entretien téléphonique Macron-Poutine programmé pour vendredi

PARIS: Le ton monte contre la Russie. En cas d'agression" contre l'Ukraine, "la riposte sera là et le coût sera très élevé": Emmanuel Macron, aux côtés du chancelier allemand Olaf Scholz, a adressé un avertissement à la Russie mardi, tout en annonçant qu'il parlerait à Vladimir Poutine vendredi, avec un appel à la désescalade.
Alternant fermeté et volonté de dialogue, le président français a souligné que les Occidentaux étaient "totalement unis" et "coordonnés" sur l'Ukraine, tandis que la Russie a entamé des manoeuvres militaires aux portes de ce pays et que Washington agite la menace de sanctions économiques.
"Nous préparons en parallèle la réaction commune et la riposte en cas d'agression", a affirmé le président français, au lendemain d'une visioconférence entre Etats-Unis et Européens destinée à montrer l'unité occidentale, une réunion demandée par le président américain Joe Biden.
La France fait cependant une tentative de négociation directe, avec un entretien téléphonique Macron-Poutine programmé pour vendredi. Paris plaide d'ailleurs pour un dialogue direct entre UE et Russie - en vain pour l'instant -, afin d'éviter un face-à-face Russie-Etats-Unis qui relèguerait l'Europe au second plan.
L'Elysée a donc décidé de convier mercredi à Paris les conseillers diplomatiques des présidents russe, ukrainien et du chancelier allemand pour une discussion à quatre pays dans le format dit "Normandie", dans lequel le tandem franco-allemand officie comme médiateur du conflit.
"Renoncer c'est acter que la situation politique n'est plus sur la table. La réunion de nos conseillers diplomatiques demain et la perspective d'une réunion future, qui sera organisée cette fois en Allemagne, crée des attentes positives et permet d'engager les choses", a insisté le président français.
"J'en veux pour preuve les gestes des Ukrainiens sur le projet de loi critiqué par la Russie" concernant la région du Donbass dans l'est de l'Ukraine. "C'est important de continuer dans ce format Normandie, c'est le seul format politique".
"La discussion entre Etats-Unis et la Russie est-elle un bonne chose ? Oui. Cette discussion a-t-elle donné des résultats concrets ? Je n'en ai pas vu", a lancé Emmanuel Macron. "La discussion avec la Russie est toujours difficile, ayant réengagé celle-ci en 2019, j'ai pu le constater", a-t-il reconnu.
"Mais il est important de garder ces canaux de discussion", a conclu le président français.
"C'est avec une volonté exigeante et lucide que j'aurai un échange vendredi matin avec le président Poutine. Si un déplacement était envisagé, il pourrait se faire (avec Olaf Scholz) pour une position franco-allemande assumée", a-t-il ajouté, interrogé sur l'absence de Berlin dans cette initiative. "L'échange de vendredi aura pour but de faire le point sur l'ensemble de la situation, obtenir de la visibilité et engager un dialogue exigeant".
"Une seule possibilité pour résoudre cette situation difficile, en favorisant tous les contacts, tous les formats de discussion", a abondé Olaf Scholz. "Il faut qu'on se parle, on se dispute mais il faut chercher à progresser et sortir de cette situation délicate. Je suis satisfait du leadership que l'on constate actuellement".
"Nous attendons donc de la Russie qu'elle prenne des mesures claires pour contribuer à une désescalade de la situation et nous sommes tous d'accord pour dire qu'une agression militaire aurait de graves conséquences", a-t-il cependant averti.

Sanctions économiques américaines

De leur côté, les Etats-Unis envisagent une riposte limitée en cas d'agression russe.
A une journaliste qui lui demandait mardi s'il pouvait envisager de sanctionner personnellement le président russe, Joe Biden a répondu "Oui", puis "Je peux le concevoir".
Si la Russie "envahit tout le pays", ou "même beaucoup moins" que cela, il y aura "d'énormes conséquences" et cela "changerait le monde", a encore indiqué le président américain.
Qui a toutefois fixé, une nouvelle fois, les limites de toute riposte américaine: "Nous n'avons pas l'intention de déployer des forces américaines ou de l'Otan en Ukraine", qui n'est pas membre de l'alliance militaire occidentale.
Sur le plan économique en revanche, les Etats-Unis sont prêts à taper fort.
"Il n'est plus question de réponse graduée. Cette fois nous commencerons d'emblée par le haut de l'échelle" des sanctions, a dit un haut responsable de la Maison Blanche mardi.

Washington envisage, selon le haut responsable de la Maison Blanche, d'interdire l'exportation vers la Russie de technologie américaine.
Les Etats-Unis menacent aussi d'asphyxier les banques russes en leur interdisant les transactions en dollars, devise reine des échanges internationaux.

Reste un point extrêmement délicat, susceptible d'entamer la cohésion entre Occidentaux: les hydrocarbures russes. Les Européens craignent, en cas d'escalade, d'être privés en plein hiver du gaz russe, qui couvre plus de 40% de leurs besoins.
"Nous pensons être prêts à trouver des approvisionnements alternatifs couvrant une majorité significative des potentielles coupes" dans la livraison de gaz russe, a promis le haut responsable américain.
La Maison Blanche a annoncé mardi, fort à propos, que Joe Biden recevrait le 31 janvier l'émir du Qatar.
Cet allié des Etats-Unis a d'immenses réserves de gaz naturel. Il est aussi le premier exportateur mondial de gaz naturel liquéfié.


Washington cherche à renverser le rapport de force instauré par Vladimir Poutine. Accusé d'avoir massé plus de 100.000 militaires à la frontière de l'Ukraine, le président russe veut bousculer l'emprise américaine sur l'équilibre militaire et stratégique en Europe, et particulièrement à l'Est.
Après avoir mis en alerte 8.500 militaires susceptibles de renforcer très rapidement les rangs de l'Otan, les Etats-Unis ont mis en scène mardi une livraison d'équipement militaire à l'Ukraine.
Les forces armées russes ont quant à elles lancé mardi une nouvelle série de manœuvres à proximité de l'Ukraine et en Crimée annexée.
Pour le Kremlin, c'est Washington qui provoque une nouvelle "exacerbation", que ce soit en mettant des troupes en alerte ou en rapatriant des familles de diplomates américains d'Ukraine, une initiative imitée mardi par le Canada.

La Russie, considérée comme marraine des séparatistes pro-russes que Kiev combat dans l'est du pays depuis huit ans, dément tout projet d'offensive, mais lie une désescalade à des traités figeant l'Otan, de manière à ce que l'Ukraine en particulier n'y adhère jamais.
La demande est jugée inacceptable en Europe comme en Amérique. Mais Washington a néanmoins promis de remettre cette semaine une réponse écrite aux Russes.

(avec AFP)


Première mission du porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle aux Philippines

Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
Le 6 juillet 1999, un prototype du Rafale M02 effectue un appontage sur la piste du porte-avions nucléaire Charles de Gaulle à Brest (Photo Getty Images)
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  • L'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.
  • La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

SUBIC BAY FREEPORT ZONE PHILIPPINES : Le porte-avions nucléaire français Charles de Gaulle a effectué sa première mission aux Philippines, où l'ambassadrice de France a jugé dimanche que ces exercices militaires étaient « encore plus importants » en raison de la montée des tensions en mer de Chine méridionale.

« Compte tenu de la montée des tensions, il est d’autant plus important de défendre le droit international et la liberté de navigation, que ce soit en mer ou dans les airs », a déclaré l'ambassadrice Marie Fontanel sur le pont du porte-avions, dans la baie de Subic, au nord de Manille.

Le groupe aéronaval a rejoint la marine des Philippines vendredi pour ces exercices.

Constitué de quelque 3 000 marins, il avait quitté le port de Brest en novembre pour une mission de plusieurs mois en mer Rouge, dans l'océan Indien et dans le Pacifique, durant laquelle il doit intégrer régulièrement des frégates ou des sous-marins de pays étrangers.

La France cherche à réaffirmer son poids dans la région Asie-Pacifique, où la Chine et les États-Unis sont en concurrence pour exercer leur influence.

Les Philippines cherchent pour leur part à renforcer leurs relations avec leurs alliés face aux confrontations régulières entre Manille et Pékin concernant la mer de Chine méridionale. Pékin y revendique en effet la majeure partie de cette voie navigable stratégique.

En novembre, Manille avait annoncé l'achat à la France de 40 vedettes rapides de patrouille dans le cadre d'un accord de 440 millions de dollars (environ 420 millions d'euros).


L'écrivain Boualem Sansal a entamé une grève de la faim, a déclaré son avocat

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  • « Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.
  • Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

PARIS : L'écrivain franco-algérien Boualem Sansal, incarcéré en Algérie depuis mi-novembre, a entamé lundi une grève de la faim, a indiqué son avocat dimanche à l'AFP, précisant tenir cette information d'une source judiciaire.

« Je suis inquiet pour sa santé, comme pour la possibilité même d'un procès équitable », a affirmé Me François Zimeray, avocat français de l'écrivain, confirmant une information du JDD.

Selon Me Zimeray, qui a expliqué ne pas avoir obtenu de visa pour se rendre en Algérie afin de voir son client, Boualem Sansal aurait pris cette décision « en raison des pressions exercées contre lui pour changer d'avocat ».

« Ni la pondération dans l'expression de sa défense, ni la retenue face à la campagne abjecte que j'ai subie dans certains médias algériens, ni le respect du cadre judiciaire de ce pays ne semblent avoir été appréciés par un régime qui persiste à me refuser le visa sans raison valable, privant Boualem Sansal de la défense de son choix », a martelé l'avocat.

Ce dernier a également affirmé que le protocole de soin suivi par Boualem Sansal avait été interrompu, alors que l'écrivain souffrirait d'un cancer, d'après des informations de presse.

Boualem Sansal est poursuivi en vertu de l'article 87 bis du Code pénal algérien, qui sanctionne comme acte terroriste ou subversif tout acte visant la sûreté de l'État, l'intégrité du territoire, la stabilité et le fonctionnement normal des institutions.

Selon le quotidien français Le Monde, le pouvoir algérien aurait mal pris les déclarations de Boualem Sansal au média français Frontières, réputé d'extrême droite, reprenant la position du Maroc selon laquelle le territoire de ce dernier pays aurait été amputé sous la colonisation française au profit de l'Algérie.

Son incarcération a provoqué les protestations de nombreux intellectuels et écrivains, qui estiment les poursuites sans aucun fondement.

Boualem Sansal a longtemps affirmé être né en 1949, ce qui lui donnerait aujourd'hui 75 ans. En décembre, son éditeur Antoine Gallimard avait pour sa part indiqué qu'il était en vérité né en 1944 et avait donc 80 ans.


Immigration : un conseil interministériel se réunit mercredi

Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
Le ministre français de l'Intérieur Bruno Retailleau (C) serre la main d'un agent de la police nationale française dans une caserne de pompiers après une attaque au couteau à Mulhouse, dans l'est de la France, où un homme est soupçonné d'avoir tué une personne et grièvement blessé deux agents de police, le 22 février 2025 (Photo par SEBASTIEN BOZON / AFP)
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  • Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.
  • Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

PARIS : Le gouvernement français réunira un conseil interministériel de contrôle de l'immigration mercredi, alors qu'une attaque au couteau, perpétrée par un Algérien en situation irrégulière, a fait un mort samedi à Mulhouse, a assuré dimanche le ministre des Affaires étrangères.

Ce conseil, qui était prévu avant l'attaque de Mulhouse, « se réunira ce mercredi », a déclaré Jean-Noël Barrot lors d'un entretien avec Europe 1 et CNews, où il était interrogé sur l'attaque de samedi.

Au cours de l'entretien, le ministre a été interrogé sur les discussions avec ses homologues algériens concernant les obligations de quitter le territoire français (OQTF).

« Cette attaque terroriste nous appelle à amplifier encore la mobilisation qui est la nôtre pour mieux contenir et prévenir les conséquences de la présence de ce terroriste islamiste sur le territoire national », a estimé le ministre avant d'évoquer le conseil interministériel.

Interrogé sur TF1, le ministre de l'Intérieur, Bruno Retailleau, a indiqué que le suspect faisait l'objet d'une obligation de quitter le territoire français (OQTF) et a accusé l'Algérie de l'avoir refoulé à 10 reprises.

Le Premier ministre, François Bayrou, a d'ailleurs convoqué un conseil interministériel de contrôle de l'immigration ce mercredi. « Nous devons faire plus et nous devons faire mieux », a-t-il déclaré.

M. Barrot a également affirmé avoir demandé « aux 19 ambassadeurs, dans les pays où nous rencontrons le plus de difficultés pour renvoyer les étrangers en situation irrégulière, à me faire un rapport circonstanciel dont je présenterai les résultats ce mercredi au Premier ministre pour que nous puissions prendre des mesures fortes ».

« Il y a des pays vis-à-vis desquels il nous faut effectivement prendre des mesures fortes. Il y en a d'autres où, au contraire, il nous faut des mesures d'accompagnement », a-t-il ajouté.