Saudi Aramco s’efforce de concilier des priorités contradictoires

•	Saudi Aramco contribue activement à la diversification de l'économie de l’Arabie saoudite – ironiquement –, il renonce à la dépendance à l'égard du pétrole et ses dérivés –. (SPA)
• Saudi Aramco contribue activement à la diversification de l'économie de l’Arabie saoudite – ironiquement –, il renonce à la dépendance à l'égard du pétrole et ses dérivés –. (SPA)
Short Url
Publié le Dimanche 23 janvier 2022

Saudi Aramco s’efforce de concilier des priorités contradictoires

  • Premier fournisseur de pétrole brut au monde, Aramco produit quelque 10 millions de barils par jour
  • Des enjeux mondiaux plus vastes contraignent Aramco à élaborer des stratégies innovantes pour surmonter les vents contraires

LONDRES : Le prochain forum consacré par Saudi Aramco à l'initiative In-Kingdom Total Value Add  sera centré sur l'initiative que la société a lancée en 2015 en faveur d'une chaîne d'approvisionnement locale. (Le programme In-Kingdom Total Value Add (IKTVA) est conçu pour améliorer l'efficacité et la valeur de la chaîne d'approvisionnement en Arabie saoudite et pour favoriser la mise en place d'un secteur énergétique diversifié, durable et compétitif à l'échelle mondiale, NDRL).

D’après Aramco, l'objectif est de « faire évoluer et diversifier l'économie du Royaume par le biais de partenariats et de coopérations. Il s'agit de créer des emplois spécialisés pour la population saoudienne et de bâtir une économie résiliente et tournée vers l'avenir ».  

Les opportunités offertes par le programme IKTVA sont vastes aussi bien pour les entreprises que pour les personnes travaillant en Arabie saoudite ; ce programme s'inscrit dans la lignée des objectifs de la Vision 2030 du Royaume ; mais qu'en est-il d'Aramco ?

Aramco est le premier fournisseur de pétrole brut au monde. Il produit quelque 10 millions de barils par jour. Son chiffre d'affaires journalier s'élève actuellement à 32,6 milliards de SAR (8,7 milliards de dollars). Ce chiffre totalise environ 317,5 milliards de dollars par an : les recettes brutes ont atteint 205 milliards de dollars et les recettes nettes 49 milliards de dollars au cours de l'exercice 2020 - soit la dernière année complète pour laquelle des données étaient disponibles.

Grâce à ces revenus exceptionnels, Aramco semble avoir peu de raisons de s'inquiéter.

Néanmoins, des enjeux mondiaux plus vastes contraignent Aramco à élaborer des stratégies innovantes pour surmonter les vents contraires qui se font sentir en ce moment et ceux qui vont surgir à l'avenir.

La Conférence des Nations unies sur le changement climatique de 2021 (COP26), a fait ressortir le climat « hostile au pétrole » qui prévaut dans bon nombre de pays. Les pays participants se sont accordés à privilégier des sources d'énergie plus respectueuses de l'environnement, telles que les énergies solaire, éolienne, marémotrice et géothermique ; ces sources d'énergie permettront à l'économie mondiale de renoncer aux combustibles fossiles.

On assiste actuellement à une évolution qui a été initiée par Tesla et qui s'étend désormais aux grands constructeurs automobiles tels que Volkswagen, Volvo et Mercedes ; ces derniers abandonnent désormais les moteurs à essence/diesel pour se tourner vers des véhicules électriques fonctionnant sur des batteries. Cette tendance évolue à un rythme exponentiel : selon Forbes, les voitures électriques représentaient près de 20 % des véhicules achetés en Chine au quatrième trimestre de l’année 2021. Ces chiffres préfigurent probablement la tendance que connaîtra le reste du monde dans les années à venir.

Ces développements braquent les projecteurs sur Aramco en sa qualité de géant des combustibles à base de carbone et risquent de le convertir en principal fournisseur d'un produit de base qui devient de plus en plus obsolète.

La réalité qui se cache derrière les gros titres est la suivante : la demande mondiale de pétrole connaît en réalité une tendance à la hausse à mesure que le monde se remet de la récession industrielle provoquée par la pandémie de Covid-19 qui sévit depuis deux ans.

Selon un rapport publié le 11 janvier par l'Agence américaine d'Information sur l'Energie (Energy Information Administration ou EIA): « La croissance des activités économiques et l'assouplissement des restrictions imposées aux autres activités en raison de la pandémie ont conduit à une plus grande consommation de pétrole dans le monde ; celle-ci a augmenté de 5,5 % en 2021 par rapport à 2020 ».

Le même rapport signale par ailleurs qu'en raison de la consommation de pétrole supérieure à la production, le quatrième trimestre de 2021 a été marqué par des hausses significatives des prix de ce produit : le prix du baril de Brent est passé de 43 dollars en moyenne au troisième trimestre de 2020 à 79 dollars en moyenne au quatrième trimestre de 2021.

Les prix du pétrole sont encore plus élevés en ce moment et les différentes catégories de pétrole brut produit par les pays arabes oscillent entre 87 et 89 dollars le baril.

L'Agence américaine d'Information sur l'Energie (EIA) prévoit que le volume de pétrole consommé dans le monde connaitra une faible hausse en 2022 (100,5 millions bpj) par rapport à l'année précédente (96,9 millions bpj en 2021). Mais cette demande pourra-t-elle se maintenir à ce niveau ? D’après la société Aramco, la réponse est affirmative.

« Les alternatives (en matière d'énergie) sont loin de répondre à une forte demande et par conséquent, les sources d'énergie (nouvelles et anciennes) devront alimenter ensemble la demande pendant bien longtemps», a déclaré le PDG d'Aramco, Amin H. Nasser, lors du Congrès du Conseil mondial du pétrole organisé à Houston en décembre 2021.

M. Nasser a par ailleurs souligné qu’« Aramco s'engage en faveur d'une économie zéro carbone (...) ; toutefois, les alternatives viables qui remplaceraient les carburants conventionnels dans les secteurs de l'aviation, du transport maritime et du transport par camion font défaut ».

M. Nasser précise par ailleurs que « le pétrole et le gaz continueront à s'imposer dans les prochaines décennies ; réduire les émissions de gaz carbonique provenant de ces produits de manière plus accélérée s'avère indispensable et urgent si l'on souhaite atteindre les objectifs en matière de lutte contre le changement climatique. De nombreuses perspectives se présentent à nous : la production de produits à faible teneur en carbone (l’hydrogène bleu et l’ammoniac bleu), la mise au point de moteurs à combustion interne plus performants et moins polluants, et la mise en œuvre de l'économie circulaire du carbone que les dirigeants des pays du Groupe des Vingt (G20) ont approuvée l'année dernière ».

Ainsi, Aramco souhaite maintenir sa place de chef de file dans le secteur pétrolier mondial tout en s'imposant parmi les principaux producteurs de carburants propres à l'avenir. Cette approche à deux volets se manifeste à travers une série de transactions que la société a récemment conclues en Europe et en Asie.

Pour ce qui est de la fourniture de pétrole, Aramco a racheté ces dernières semaines une série d'actifs auprès de la société publique polonaise Orlen PKN, dont une grande raffinerie de pétrole et des centaines de stations-service. La valeur de cette transaction s'élève à 288 millions de dollars. Aramco a signé un autre contrat aux termes duquel la société fournira à Orlen 200 à 337 000 barils de pétrole par jour. 

Sur le plan des énergies « nouvelles », Aramco a récemment conclu des accords avec deux grandes sociétés de Corée du Sud – Korea Electric Power Corporation et S-Oil Corporation – . Ces accords prévoient des études de faisabilité pour la fourniture d'hydrogène bleu qui remplacera l'essence et émettra bien moins de CO2.   

Saudi Aramco établit un équilibre entre ces priorités mondiales divergentes tout en contribuant activement à la diversification de l'économie saoudienne – ironiquement, il renonce à la dépendance à l'égard du pétrole et ses dérivés – et se concentre sur les petites et moyennes entreprises plutôt que sur les grands conglomérats.

Saudi Aramco se trouve confronté à de nombreux défis et le forum d'IKTVA lui offrira sans aucun doute une occasion de mieux présenter sa stratégie et sa philosophie pour l'avenir.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com.


Trêve à Gaza : reprise attendue des négociations, désaccords persistants

Un enfant palestinien portant de la nourriture pleure alors que les gens se rassemblent pour un repas iftar de rupture du jeûne à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 15 mars 2025. (Photo Omar AL-QATTAA / AFP)
Un enfant palestinien portant de la nourriture pleure alors que les gens se rassemblent pour un repas iftar de rupture du jeûne à Beit Lahia, dans le nord de la bande de Gaza, le 15 mars 2025. (Photo Omar AL-QATTAA / AFP)
Short Url
  • Le Hamas réclame le passage aux négociations sur la deuxième phase de l'accord, qui prévoit selon lui un cessez-le-feu permanent, le retrait israélien de Gaza, la réouverture des points de passage pour l'aide humanitaire et la libération des otages.
  • Israël souhaite une extension de la première phase jusqu'à la mi-avril et réclame, pour passer à la deuxième, la « démilitarisation totale » du territoire et le départ du Hamas.

JERUSALEM : Israël et le Hamas palestinien doivent reprendre les négociations indirectes à Doha, par l'intermédiaire des médiateurs internationaux, pour tenter d'aplanir les profondes divergences sur les modalités de la suite du fragile cessez-le-feu dans la bande de Gaza.

Arraché par les médiateurs (Qatar, Égypte, États-Unis), l'accord de trêve est entré en vigueur le 19 janvier, après quinze mois d'une guerre dévastatrice à Gaza déclenchée par une attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien contre Israël le 7 octobre 2023.

Selon une source proche des négociations, une délégation du Hamas dirigée par Khalil al-Hayya, le négociateur en chef, a quitté dimanche le Caire pour Doha, qui accueille le bureau politique du mouvement.

Samedi soir, le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, « a donné instruction à l'équipe de négociateurs de se préparer à la poursuite des discussions », a indiqué son bureau après une réunion avec les négociateurs et les chefs de la sécurité « sur la question des otages » enlevés durant l'attaque du 7 octobre et emmenés à Gaza.

Ces discussions auront lieu sur la base de la proposition de l'émissaire américain Steve Witkoff, qui prévoit « la libération immédiate de onze otages vivants et de la moitié des otages morts ». M. Witkoff a participé aux négociations à Doha ces derniers jours.

- Divergences -

M. Netanyahu a de nouveau rejeté l'offre du Hamas, qui a annoncé vendredi être prêt à libérer un otage israélo-américain, Edan Alexander, et à rendre les corps de quatre autres israélo-américains, en échange de la libération de prisonniers palestiniens par Israël.

Les États-Unis, principal allié d'Israël, ont aussi dénoncé la proposition du Hamas.

Durant la première phase de l'accord de trêve, qui a expiré le 1er mars, le Hamas a rendu 33 otages, incluant huit morts, et Israël a libéré environ 1 800 détenus palestiniens.

Aujourd'hui, cet accord est en péril, les belligérants campant sur leurs positions et s'accusant mutuellement de le bloquer.

Le Hamas réclame le passage aux négociations sur la deuxième phase de l'accord, qui prévoit selon lui un cessez-le-feu permanent, le retrait israélien de Gaza, la réouverture des points de passage pour l'aide humanitaire et la libération des derniers otages.

Israël souhaite une extension de la première phase jusqu'à la mi-avril et réclame, pour passer à la deuxième, la « démilitarisation totale » du territoire et le départ du Hamas, qui a pris le pouvoir à Gaza en 2007.

- « Horrible massacre » -

L'attaque du 7 octobre dans le sud d'Israël a entraîné la mort de 1 218 personnes, majoritairement des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles et incluant les otages morts ou tués en captivité.

En riposte, Israël a juré d'anéantir le Hamas et a lancé une offensive destructrice à Gaza qui a fait au moins 48.543 morts, majoritairement des civils, d'après les données du ministère de la Santé du Hamas, jugées fiables par l'ONU, et provoqué un désastre humanitaire.

Malgré la trêve, l'armée israélienne mène régulièrement des frappes sur la bande de Gaza.

Samedi, des frappes ont fait neuf morts, dont quatre journalistes palestiniens, dans la ville de Beit Lahia, au nord de la bande de Gaza, selon la Défense civile de Gaza, ce qui constitue le bilan le plus lourd sur un même site depuis le 19 janvier.

Le Hamas a condamné « un horrible massacre » et « une violation flagrante du cessez-le-feu ».

L'armée israélienne a confirmé deux frappes à Beit Lahia, contre « deux terroristes opérant un drone » et un véhicule transportant « d'autres terroristes venus récupérer » le drone.

Selon le syndicat des journalistes palestiniens, un reporter et trois photojournalistes faisaient partie du groupe visé. L'un d'eux était spécialisé dans les prises d'images par drone, a précisé la Défense civile.


Le président libanais exhorte la communauté internationale à agir face aux tensions frontalières persistantes

Le président libanais Joseph Aoun a appelé samedi la communauté internationale à respecter ses engagements envers le Liban et à traduire ses positions de soutien en actions concrètes. (AFP/File Photo)
Le président libanais Joseph Aoun a appelé samedi la communauté internationale à respecter ses engagements envers le Liban et à traduire ses positions de soutien en actions concrètes. (AFP/File Photo)
Short Url
  • M. Aoun a insisté sur l’importance de la mise en œuvre de la résolution 1701 de l’ONU et du respect de l’accord de cessez-le-feu.
  • Ces déclarations interviennent alors que les tensions s'intensifient le long de la frontière israélo-libanaise.

BEYROUTH : Le président libanais, Joseph Aoun, a exhorté samedi la communauté internationale à tenir ses engagements envers le Liban et à traduire son soutien en actions concrètes.

S’exprimant samedi soir à Dar Al-Fatwa, M. Aoun a insisté sur l’importance de la mise en œuvre de la résolution 1701 de l’ONU et du respect de l’accord de cessez-le-feu. Il a averti que le Liban ne pourra atteindre une stabilité durable tant que les tensions persisteront le long de ses frontières méridionales.

“L’application de la résolution 1701 de l’ONU et le respect du cessez-le-feu sont des impératifs qui requièrent une attention particulière”, a déclaré M. Aoun. Il a souligné que la souveraineté, la sécurité et la stabilité du Liban reposent sur le respect des résolutions internationales, le retrait des forces israéliennes et le retour des détenus libanais.

Le président libanais a affirmé qu’un retour à la vie normale dans les zones touchées ne serait possible qu’avec l’adoption de mesures concrètes garantissant l’intégrité territoriale du Liban. Il a appelé les acteurs internationaux à assumer leurs responsabilités et à veiller à la préservation de la sécurité du pays.

Ces déclarations interviennent alors que les tensions s'intensifient le long de la frontière israélo-libanaise.

Samedi, un drone israélien a frappé un véhicule dans le village de Bourj El-Mlouk, tuant une personne.

L'armée israélienne a affirmé que la victime était un membre du Hezbollah, tandis que l'agence de presse nationale du Liban n'a pas fourni de détails supplémentaires.

Cette frappe aérienne s'inscrit dans une série d'attaques survenues après le cessez-le-feu négocié par les États-Unis, qui, fin novembre, avait mis un terme à 14 mois de conflit entre Israël et le Hezbollah.

Malgré la trêve, des affrontements sporadiques persistent, alimentant les inquiétudes sur la fragilité du cessez-le-feu et le risque d’une reprise des hostilités.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Le prince héritier saoudien félicite Mark Carney pour sa nomination au poste de Premier ministre du Canada

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, à gauche, et le Premier ministre canadien Mark Carney (SPA/ The Canadian Press via AP).
Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane, à gauche, et le Premier ministre canadien Mark Carney (SPA/ The Canadian Press via AP).
Short Url

RIYAD : Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed ben Salmane a félicité Mark Carney vendredi, à l'occasion de la formation du nouveau gouvernement qu'il dirige et de sa prestation de serment constitutionnel en tant que Premier ministre du Canada, a rapporté l'agence de presse saoudienne.

Le prince héritier a exprimé ses meilleurs vœux de succès et d'orientation à M. Carney et au peuple ami du Canada, pour plus de progrès et de prospérité, a ajouté l'agence de presse saoudienne.

M. Carney, ancien banquier central, a succédé à Justin Trudeau au poste de premier ministre du Canada, ce dernier ayant annoncé sa démission en janvier.

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com