L'accord d'échange Ankara-Abou Dhabi,un coup de pouce qui ne sauvera pas la livre

Des pièces de monnaie et des billets de banque turcs. (Photo fournie)
Des pièces de monnaie et des billets de banque turcs. (Photo fournie)
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Publié le Samedi 22 janvier 2022

L'accord d'échange Ankara-Abou Dhabi,un coup de pouce qui ne sauvera pas la livre

  • L'accord est évalué à 4,9 milliards de dollars
  • Cet accord intervient avant la visite prévue du président turc Erdogan à Abu Dhabi en février

ANKARA : À l'heure où Ankara est à la recherche de ressources étrangères et fait face à des taux d'inflation sans précédent, l'accord de swap de devises conclu entre la Turquie et les Émirats arabes unis constitue un regain de confiance indispensable pour l'économie du pays.

Cependant, les analystes ont averti que cet accord ne résoudra pas à lui seul les problèmes sous-jacents de la livre.

Les deux pays ont signé un accord de trois ans d'une valeur de 4,9 milliards de dollars, portant notamment sur les relations financières et commerciales.

L'obtention de lignes de swap de devises devrait alimenter les réserves de devises étrangères dont la Turquie a grandement besoin.

«Bien qu'il s'agisse d'un bon vote de confiance à long terme dans l'économie turque, le swap de devises ne s'attaquera pas aux origines des défis économiques de la Turquie. Beaucoup de ces défis sont liés à des décisions de politique économique non conventionnelles», a déclaré à Arab News Robert Mogielnicki, chercheur résident principal à l'Arab Gulf States Institute à Washington.

Selon Mogielnicki, le swap de devises met de l'argent derrière les efforts récents pour améliorer les relations tendues entre les Émirats arabes unis et la Turquie.

«Les Émirats arabes unis sont probablement intéressés par l’échange de devises afin de mieux positionner les entreprises et les investisseurs émiratis, pour qu’ils puissent s'engager sur les marchés turcs ainsi que pour soutenir les objectifs de politique étrangère», a-t-il éclairci.

Mogielnicki a noté que les swaps de devises réduisaient la dépendance à une troisième devise et évitaient ainsi les frais résultant de la volatilité des taux de change et les coûts de transfert. Il a expliqué que cette décision ouvrait la voie à un accroissement des échanges et des investissements entre les pays.

«Il est peu probable que la situation de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) dans son ensemble s’empire à cause du swap de devises, mais je ne considère pas cet accord comme particulièrement important pour la région», a-t-il ajouté.

Enver Erkan, l'économiste en chef de Tera Investment à Istanbul, salue l'accord de swap avec les Émirats arabes unis comme une étape positive vers l'augmentation des réserves de change brutes détenues par la Banque centrale turque.

«En revanche, nous considérons aussi le paysage économique en termes de réserves nettes hors swaps. Alors que les réserves nettes sont d'environ 8 milliards de dollars dans les circonstances actuelles, il y a une image négative de moins 56 milliards de dollars de réserves nettes hors swaps», a-t-il révélé à Arab News.

Des pourparlers entre la Banque centrale turque et son homologue azerbaïdjanais sur la mise en place d'une éventuelle ligne d'échange de devises sont également en cours.

Les accords de swap sont principalement utilisés par les pays qui entretiennent des relations commerciales à grande échelle afin de financer une partie de ces relations à payer en monnaies locales.

La Turquie a déjà conclu des accords d'échange avec la Chine, le Qatar et la Corée du Sud d'une valeur d'environ 23 milliards de dollars.

Avec ce dernier accord de swap de devises, le chiffre total de swap de la Banque centrale turque avec les banques centrales étrangères a atteint 28 milliards de dollars.

L'accord de swap avec la Chine en 2012 et les accords ultérieurs ont permis aux entreprises turques de payer les importations en provenance de Chine en yuan.

L'accord entre les banques centrales turque et émiratie sera valable pour une période de trois ans, avec la possibilité d'être prolongé.

Emre Peker, directeur européen du cabinet de conseil en risques politiques Eurasia Group, pense que l'accord de swap n'aura pas d'impact significatif sur l'économie turque, mais qu'il aidera les entreprises turques à faire du commerce avec les Émirats arabes unis sur les marges.

«Cela ne changera pas la donne, mais atténuera certaines pressions financières, étant donné que l'échange couvre les exportations annuelles moyennes de la Turquie vers les Émirats arabes unis», a-t-il déclaré à Arab News.

L'accord précède un voyage du président turc Recep Tayyip Erdogan à Abu Dhabi en février dans le cadre des mesures prises par Ankara pour rétablir les liens et se concentrer sur l'économie.

Mostafa Sentop, président de la Grande Assemblée nationale de Turquie, a déclaré à l’Emirates News Agency que la visite «sera un témoignage de l'amélioration des relations entre nos deux pays».

«Nous pensons que le fait que les dirigeants de la Turquie et des Émirats arabes unis se tiennent côte à côte délivrera un message important à lui seul. L'objectif est de renforcer davantage les relations bilatérales. Il y a des efforts mutuels pour conclure de nouveaux accords et pour renouveler les engagements antérieurs afin de couvrir un éventail plus large dans notre coopération actuelle», a ajouté Sentop.

Selon l’Emirates News Agency, les Émirats arabes unis sont le premier partenaire commercial de la Turquie parmi les pays du Conseil de coopération du Golfe, avec des échanges commerciaux entre les deux pays de 8 milliards de dollars en 2020.

Sentop a soutenu que le commerce au cours des dix premiers mois de 2021 s'était élevé à 6,4 milliards de dollars.

 

Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com


Évolution du financement des banques saoudiennes face à la hausse de la demande de prêts hypothécaires, selon S&P Global

Le financement hypothécaire représentait 23,5 % du total des crédits alloués par les banques saoudiennes à la fin de 2023, contre 12,8 % en 2019. (AFP)
Le financement hypothécaire représentait 23,5 % du total des crédits alloués par les banques saoudiennes à la fin de 2023, contre 12,8 % en 2019. (AFP)
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  • l'agence de notation a déclaré que les profils de financement des institutions financières du Royaume devraient subir des changements, principalement en raison d'une initiative soutenue par l'État pour stimuler l'accession à la propriété
  • Les besoins de financement continus de l'initiative économique Vision 2030 et la croissance relativement faible des dépôts, sont susceptibles d'inciter les banques à rechercher d'autres sources de financement

RIYAD : Les banques saoudiennes devraient poursuivre des stratégies alternatives de financement pour faire face à l'expansion rapide des prêts, alimentée par la demande de nouveaux prêts hypothécaires, selon S&P Global.

Dans son dernier rapport, l'agence de notation a déclaré que les profils de financement des institutions financières du Royaume devraient subir des changements, principalement en raison d'une initiative soutenue par l'État pour stimuler l'accession à la propriété.

Selon l'analyse, le financement hypothécaire représentera 23,5 % de l'allocation totale de crédit des banques saoudiennes à la fin de 2023, contre 12,8 % en 2019.

« Les besoins de financement continus de l'initiative économique Vision 2030 et la croissance relativement faible des dépôts, sont susceptibles d'inciter les banques à rechercher d'autres sources de financement, y compris l’externe », a déclaré S&P Global. 

Le rapport prévoit également que cette recherche de financement externe pourrait potentiellement avoir un impact sur la qualité de crédit du secteur bancaire saoudien.

Selon l'agence de notation basée aux États-Unis, la croissance des prêts parmi les banques saoudiennes a dépassé celle des dépôts, avec un ratio prêts/dépôts supérieur à 100 % en 2022, contre 86 % à la fin de 2019.

S&P Global s'attend à ce que cette tendance persiste, en particulier avec les prêts aux entreprises jouant un rôle plus important dans la croissance au cours des prochaines années. « Nous considérons que les banques saoudiennes se tourneront probablement vers des stratégies de financement alternatives pour soutenir cette expansion », indique le rapport. 


Espagne: la maison mère de Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier se lance en Bourse

 Les marques Nina Ricci, Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier font vendredi leur entrée sur les marchés financiers avec l'introduction en Bourse à Madrid de leur maison mère, le groupe espagnol Puig, en pleine expansion dans le secteur du luxe. (AFP).
Les marques Nina Ricci, Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier font vendredi leur entrée sur les marchés financiers avec l'introduction en Bourse à Madrid de leur maison mère, le groupe espagnol Puig, en pleine expansion dans le secteur du luxe. (AFP).
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  • Cent dix ans après sa création, la maison de beauté catalane va connaître une petite révolution avec cette opération, censée lui donner les moyens de concurrencer les grands noms du secteur
  • C'est "une étape décisive" qui "nous permettra d'être plus compétitifs sur le marché international de la beauté", soulignait dans un récent communiqué le PDG de l'entreprise, Marc Puig

MADRID: Les marques Nina Ricci, Paco Rabanne et Jean Paul Gaultier font vendredi leur entrée sur les marchés financiers avec l'introduction en Bourse à Madrid de leur maison mère, le groupe espagnol Puig, en pleine expansion dans le secteur du luxe.

Cent dix ans après sa création, la maison de beauté catalane va connaître une petite révolution avec cette opération, censée lui donner les moyens de concurrencer les grands noms du secteur comme Estée Lauder, Hermès, Kering et LVMH.

C'est "une étape décisive" qui "nous permettra d'être plus compétitifs sur le marché international de la beauté", soulignait dans un récent communiqué le PDG de l'entreprise, Marc Puig, en assurant viser une "approche de long terme".

Fondé en 1914 à Barcelone par l'entrepreneur Antonio Puig Castellò, le groupe de parfums et cosmétiques espagnol s'est fait une place ces dernières années parmi les géants du luxe et de la mode, en multipliant les acquisitions de marques de prestige.

La maison catalane contrôle ainsi les griffes Paco Rabanne, Nina Ricci, Charlotte Tilbury, Carolina Herrera, Dries Van Noten et Jean Paul Gaultier. Il a également noué des contrats de licence avec Prada, Christian Louboutin et Comme des Garçons.

Contrôle familial

L'introduction en Bourse de Puig se fera vendredi au prix de 24,50 euros par action. Elle est présentée par les analystes comme le plus gros lancement boursier de l'année en Espagne et comme l'un des principaux en Europe.

Le montant fixé pour l'action Puig valorise le groupe barcelonais à près de 14 milliards d'euros. Cela lui permettra d'intégrer directement l'Ibex 35, indice vedette regroupant les 35 plus grosses entreprises espagnoles.

Cette opération d'envergure se déclinera en deux phases: une émission de nouvelles actions, devant rapporter 1,25 milliard d'euros, et la vente de parts détenues par Exea, la holding de la famille Puig, pour près de 1,36 milliard d'euros.

Cette double opération pourrait être complétée par une vente de titres réservée à certains investisseurs pour un total de 390 millions d'euros, selon le groupe. De quoi lever au total quelque 3 milliards d'euros.

Malgré cette opération, la famille Puig assure qu'elle restera l'actionnaire majoritaire de l'entreprise avec 71,7% des parts. Elle conservera, en outre, une très large majorité des droits de vote (92,5%) au sein de son conseil d'administration.

« Muscle financier »

L'introduction en Bourse du groupe catalan avait été officialisée le 8 avril, après avoir été évoquée pour la première fois le 20 octobre par Marc Puig en personne dans un entretien au quotidien économique Financial Times.

Le PDG de 62 ans avait alors estimé qu'elle permettrait d'imposer une "discipline" de marché à l'entreprise et d'éviter les possibles "difficultés" auxquelles les sociétés familiales sont confrontées lors du passage de témoin entre générations.

Il arrive, en effet, "que les entreprises familiales perdent leur position sur le marché. Elles peuvent commencer à mourir lentement et personne au sein de l'entreprise n'en est conscient", avait insisté le petit-fils d'Antonio Puig, à la tête du groupe depuis 2004.

Selon Javier Cabrera, analyste chez XTB, ce lancement boursier devrait permettre à la maison de beauté catalane d'acquérir du "muscle financier", en profitant de la "bonne dynamique boursière du secteur".

De fait, le contexte est actuellement porteur pour le luxe, dont les poids lourds ont enregistré des niveaux de ventes record en 2023, malgré un léger ralentissement après deux années de croissance à deux chiffres.

Puig a, pour sa part, réalisé l'an dernier un chiffre d'affaires de 4,3 milliards d'euros et dégagé un bénéfice net de 465 millions d'euros, en hausse de 16% sur un an. Et cette dynamique pourrait s'accélérer.

Les acquisitions réalisées ces dernières années permettent "une forte croissance" et une "diversification des revenus" du groupe, observe Javier Cabrera, qui insiste sur ses bons résultats en Chine, marché devenu incontournable pour le secteur du luxe.


Liban: l'Union européenne annonce une aide d'un milliard d'euros pour soutenir l'économie

Le Premier ministre libanais Najib Mikati (au centre) pose pour une photo avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président chypriote Nikos Christodoulides lors de leur rencontre au siège du gouvernement du Grand Sérail à Beyrouth (Photo, AFP).
Le Premier ministre libanais Najib Mikati (au centre) pose pour une photo avec la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen et le président chypriote Nikos Christodoulides lors de leur rencontre au siège du gouvernement du Grand Sérail à Beyrouth (Photo, AFP).
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  • Le président chypriote s'était déjà rendu au Liban le 8 avril pour discuter avec M. Mikati de la question des réfugiés
  • Le Liban, frappé par une crise économique depuis 2019 dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens

BEYROUTH: La cheffe de la Commission européenne a annoncé jeudi à Beyrouth une aide d'un milliard d'euros pour soutenir la "stabilité socio-économique" du Liban et appelé ce pays à bien coopérer dans la lutte contre l'immigration clandestine.

Les fonds seront "disponibles à partir de cette année jusqu’en 2027. Nous voulons contribuer à la stabilité socio-économique du Liban", a déclaré Ursula von der Leyen, ajoutant "compter sur une bonne coopération" des autorités libanaises dans la lutte contre l'immigration clandestine vers l'Europe.

Le Liban, frappé par une crise économique depuis 2019 dit accueillir près de deux millions de réfugiés syriens, soit le plus grand ratio par habitant au monde.

Le petit pays méditerranéen, frontalier de la Syrie, n'a de cesse d'exhorter la communauté internationale de les rapatrier, les armes s'étant tues dans plusieurs régions syriennes.

Les migrants, demandeurs d'asile et réfugiés qui quittent le Liban par bateau à la recherche d'une vie meilleure en Europe se dirigent souvent vers Chypre qui affirme être en première ligne face aux flux migratoires au sein de l'UE.

"La réalité actuelle de cette question est devenue plus grande que la capacité du Liban à la traiter", a déclaré le Premier ministre libanais Najib Mikati, lors d'une conférence de presse en présence de Mme. von der Leyen et du président chypriote Nikos Christodoulides.

Augmentation des ressortissants syriens à Chypre 

"Nous renouvelons notre demande à l'UE, (...) d’aider les personnes déplacées dans leur pays (d'origine et non au Liban), pour les encourager à rentrer volontairement", a-t-il poursuivi.

De son côté, Chypre, qui fait état d'une augmentation des arrivées de ressortissants syriens, estime que la guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, qui a déclenché des violences à la frontière israélo-libanaise, a affaibli les efforts de Beyrouth pour empêcher les départs.

De janvier à avril 2024, plus de 40 bateaux transportant environ 2.500 personnes ont accosté à Chypre, a indiqué à l'AFP l'agence de l'ONU pour les réfugiés (HCR).

Chypre avait conclu il y a des années avec le Liban un accord pour le retour de migrants en situation irrégulière.

Le président chypriote s'était déjà rendu au Liban le 8 avril pour discuter avec M. Mikati de la question des réfugiés et de la manière de contrôler le flux migratoire vers son pays.