AT&T et Verizon vont reporter le déploiement du nouveau réseau sans fil prévu cette semaine à proximité de certains aéroports, après que les plus grandes compagnies aériennes du pays ont déclaré que le réseau interférerait avec la technologie des avions et qu’il provoquerait des perturbations considérables au niveau des vols.
Mardi, le fournisseur de services AT&T a déclaré qu’il retarderait l’activation de nouvelles tours de téléphonie autour des pistes de certains aéroports – sans en préciser le nombre – et qu’il travaillerait avec les autorités de réglementation fédérale pour régler le différend.
L’entreprise de télécommunications Verizon a annoncé qu’elle lancerait son nouveau réseau 5G, avant d’ajouter: «Nous avons volontairement décidé de limiter notre réseau 5G autour des aéroports.»
Ces mesures interviennent après que le secteur du transport aérien a fait monter les enchères dans une épreuve de force avec AT&T et Verizon concernant les plans de lancement du réseau 5G cette semaine, avertissant que des milliers de vols pourraient être annulés ou retardés si le déploiement a lieu à proximité des principaux aéroports.
De quel côté se place le gouvernement?
Des deux.
La Commission fédérale des communications, qui gère les enchères des fréquences radio, a déterminé que la bande C pouvait être utilisée en toute sécurité à proximité du trafic aérien. Elle a établi en 2020 une zone tampon entre la bande 5G et la fréquence que les avions utilisent pour résoudre tout problème de sécurité.
Cependant, Pete Buttigieg et l’administrateur de la Federal Aviation Administration (FAA), Stephen Dickson, dont l’agence est responsable de la sécurité aérienne, y ont vu un problème potentiel. Vendredi, ils ont demandé à AT&T et Verizon de suspendre l’activation du réseau 5G sur la bande C à proximité d’un nombre indéterminé d’«aéroports prioritaires» en attendant que la FAA mène une étude plus approfondie.
Quelle a été la réaction d’AT&T et de Verizon?
Les deux entreprises ont contesté ces préoccupations. La CTIA, groupe commercial de l’industrie des télécommunications sans fil, rapporte que près de quarante pays ont déployé la 5G sur la bande C sans signaler d’interférences nuisibles avec les équipements aéronautiques.
Mais le PDG d’AT&T, John T. Stankey, et celui de Verizon, Hans Vestberg, ont proposé de réduire la puissance de leurs réseaux 5G à proximité des aéroports, comme l’a fait la France.
«Les lois de la physique sont les mêmes aux États-Unis et en France», déclarent MM. Stankey et Vestberg dans une lettre adressée dimanche à Pete Buttigieg et Stephen Dickson. «Si les compagnies aériennes américaines sont autorisées à opérer tous les jours des vols en France, alors les mêmes conditions d’exploitation devraient leur permettre de le faire aux États-Unis», écrivent-ils.
Bien qu’elles aient pris des mesures pour apaiser les responsables fédéraux, les entreprises de télécommunications sont en conflit permanent avec les compagnies aériennes, qui ont annulé plus de dix mille vols américains depuis la veille de Noël en raison du mauvais temps et des pénuries de main-d’œuvre causées par la pandémie de Covid-19.
«L’industrie du transport aérien est confrontée à de nombreux défis, mais la 5G n’en fait pas partie», précise Hans Vestberg dans une note de service mardi.
Combien d’avions seront affectés?
En vertu de l’accord, la FAA mènera une enquête pour le savoir. La FAA permettra aux avions dotés d’altimètres précis et fiables de fonctionner autour de la 5G à forte puissance. Mais les avions équipés d’anciens altimètres ne seront pas autorisés à atterrir dans des conditions de faible visibilité.
Que se passera-t-il au cours des deux semaines à venir?
Ce report de deux semaines donnera à la FAA et aux entreprises le temps de mettre en œuvre l’accord.
Les entreprises AT&T et Verizon seront autorisées à déployer le réseau sur la bande C ce mois-ci, conformément à des licences déjà accordées par la Commission fédérale des communications. Les compagnies aériennes ont jusqu’à vendredi pour fournir aux entreprises une liste de cinquante aéroports où elles estiment que la puissance du réseau sur la bande C devrait être réduite jusqu’au 5 juillet.
D’ici à juillet, les entreprises de télécommunications discuteront avec la FAA et les compagnies aériennes des mesures potentielles à long terme concernant le réseau 5G à proximité des aéroports. Cependant, selon les conditions de l’accord avec la FAA, AT&T et Verizon auront le pouvoir exclusif de décider si des changements de réseau seront apportés.
«Nous avons estimé que c’était la bonne chose à faire pour les passagers – dont nos clients et nous faisons partie. Il faudrait accorder à la FAA un peu de temps pour résoudre ses problèmes avec la communauté aéronautique et donc éviter de gêner davantage les passagers avec des retards supplémentaires au niveau des vols», affirme M. Vestberg dans sa note.
Nicholas Calio, président de l’Association commerciale des compagnies aériennes, a fait preuve de plus de discrétion dans ses commentaires sur l’accord, bien qu’il ait remercié les responsables fédéraux d’avoir conclu l’accord avec AT&T et Verizon.
«La sécurité est, et sera toujours, la priorité absolue des compagnies aériennes américaines. Nous continuerons de travailler avec toutes les parties prenantes pour que le nouveau réseau 5G puisse coexister avec l’aviation en toute sécurité», indique-t-il.
La FAA a publié une courte déclaration sur ce report de deux semaines, affirmant qu’elle se réjouissait «d’utiliser le temps et l’espace supplémentaires pour réduire les perturbations de vol associées à ce déploiement du réseau 5G.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com