PARIS: Suspense sur la représentation du culte musulman dans les prochains jours: en attendant la tenue d'un « forum » voulu et organisé par l'Etat, le Conseil français du culte musulman (CFCM) était profondément divisé, mercredi, a-t-on appris auprès de plusieurs membres.
Le président sortant Mohammed Moussaoui souhaite que cette instance, principal interlocuteur des pouvoirs publics depuis 2003, soit dissoute lors d'une assemblée générale (AGE) le 19 février. Son mandat s'achève ce mercredi soir.
Initialement, un accord signé en 2020 prévoyait que le recteur de la Mosquée de Paris (GMP), Chems-eddine Hafiz prenne la suite, à partir de jeudi, pour deux ans. Mais la GMP et trois autres fédérations de mosquées s'étant retirées du bureau en mars 2021 pour cause de différends, il ne peut plus assurer cette présidence.
M. Moussaoui a réaffirmé mercredi que d'ici au 19 février, conformément aux statuts, « une présidence collégiale est confiée au deux vice-présidents »... qui sont lui-même et Ibrahim Alci, à la tête de CCMTF, l'une des deux fédérations turques.
Or M. Alci et le Millî Görüs (autre fédération turque) ne souhaitent pas cet intérim. « Il faut que M. Moussaoui garde la présidence jusqu'à la tenue d'une AG et la tenue du Forum pour l'islam », organisé vraisemblablement dans la première quinzaine de février, a indiqué M. Alci.
Ces deux fédérations disent regretter la précipitation avec laquelle une auto-dissolution du CFCM a été avancée et souhaitent plutôt travailler à son « unité », en espérant réunir les huit fédérations de mosquées qui autrefois la composaient.
Le CFCM est bloqué depuis plusieurs mois par des oppositions internes, en particulier par une forte opposition entre Mohammed Moussaoui (dont la fédération est proche du Maroc) et Chems-eddine Hafiz (dont la fédération est proche de l'Algérie).
Ce dernier a affirmé avoir voulu, pendant un temps la semaine dernière, prendre la suite de M. Moussaoui, à la présidence du CFCM. Il a aussi proposé, en vain, « une rencontre fraternelle » des huit fédérations. En début de semaine, il a réitéré « son retrait total et définitif de toutes les instances du CFCM ».
Le gouvernement a déclaré mi-décembre cette instance « morte » et a lancé un « Forum de l'islam de France » qui doit aboutir à une forme de représentation de l'islam basée sur les acteurs départementaux et non plus à partir de la tutelle des fédérations de mosquées affiliées à des pays (Algérie, Maroc, Turquie) qui ont composé le CFCM depuis près de 20 ans.