BEYROUTH: Les attaques israéliennes contre des cibles au Liban se sont intensifiées lundi, alors que des rumeurs circulaient à Tel-Aviv et à Beyrouth sur la possibilité d'un accord de cessez-le-feu dans les deux jours à venir.
L'envoyé américain Amos Hochstein a mené des négociations complexes entre les autorités israéliennes et libanaises dans le but de mettre fin au conflit, qui a débuté le 23 septembre par des frappes aériennes israéliennes, suivies d'incursions terrestres dans les zones frontalières le premier octobre.
Depuis lors, Israël a assassiné de hauts dirigeants du Hezbollah, et le bilan confirmé des combats s'élève à environ 3 800 morts. Ce chiffre n'inclut pas les membres du Hezbollah tués sur le champ de bataille, dont le nombre est difficile à déterminer en raison des bombardements intenses dans les zones méridionales.
L'escalade de la guerre a également entraîné la destruction de milliers de bâtiments résidentiels et commerciaux dans des zones s'étendant du sud du pays à la banlieue sud de Beyrouth et au nord de la Békaa. Les tensions restent vives car la population vit dans la crainte de frappes aériennes intenses, les ambulances et les camions de pompiers sont mobilisés dans toutes les régions.
Le député Elias Bou Saab, vice-président du Parlement libanais, a déclaré: «Nous sommes optimistes quant à la mise en œuvre d’un cessez-le-feu et il y a de l'espoir. Mais rien n'est sûr avec le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou. Ce qui pourrait faire pression sur lui, c'est le champ de bataille.»
L'agression israélienne s'intensifie chaque fois que les négociations de paix se rapprochent d'un accord, a-t-il ajouté, dans le but de faire pression sur les autorités libanaises.
«Nous insistons sur notre position concernant l'inclusion de la France dans le comité chargé de superviser la mise en œuvre du cessez-le-feu», a déclaré M. Bou Saab.
«Nous n'avons rien entendu sur la liberté de mouvement d'Israël au Liban et nous ne parlons toujours que de la résolution 1701 de l'ONU, sans ajouts et sans mécanisme de mise en œuvre.»
La résolution 1701 a été adoptée par le Conseil de sécurité en 2006 dans le but de résoudre le conflit qui opposait cette année-là Israël au Hezbollah. Elle appelle à la fin des hostilités, au retrait des forces israéliennes du Liban, au retrait du Hezbollah et des autres forces des parties du pays situées au sud du fleuve Litani, et au désarmement du Hezbollah et des autres groupes armés.
La chaîne d'information CNN a cité un porte-parole du Premier ministre israélien qui a déclaré que les pourparlers avançaient vers un cessez-le-feu. Une autre source régionale a déclaré à la chaîne: «L'accord est plus proche que jamais. Toutefois, il n'a pas encore été entièrement finalisé.»
L'ambassadeur d'Israël aux États-Unis, Michael Herzog, a déclaré qu'un accord «pourrait être conclu dans quelques jours», mais qu'«il y a encore des points litigieux qui doivent être résolus».
L'Autorité israélienne de radiodiffusion a cité le ministre de l'Éducation du pays qui a déclaré que M. Hochstein avait le feu vert pour conclure un accord. Elle a ajouté qu'un accord avec le Liban avait été finalisé et que Netanyahou réfléchissait à «la manière de l'expliquer au public».
Lundi également, le diplomate Dan Shapiro, du ministère américain de la Défense, a tenu des réunions avec de hauts responsables israéliens qui se sont concentrées sur les membres d'un comité proposé pour surveiller le cessez-le-feu, en particulier la participation de la France, et sur les détails d'un mécanisme de surveillance qui serait dirigé par les États-Unis.
Selon un rapport, Washington aurait accepté de garantir à Israël qu'il soutiendrait toute action militaire en réponse aux menaces du Liban et qu'il mettrait fin à toute présence du Hezbollah le long de la frontière.
Selon le site d'information Axios, le projet d'accord de cessez-le-feu prévoit une période de transition de 60 jours au cours de laquelle l'armée israélienne se retirerait du Liban-Sud pour être remplacée par l'armée libanaise dans les zones proches de la frontière, et le Hezbollah déplacerait ses armes lourdes de la région frontalière vers les zones situées au nord de la ligne Litani.
Dans ce contexte de négociations de paix, les frappes aériennes israéliennes incessantes sur la banlieue sud de Beyrouth se sont intensifiées lundi, après 10 frappes la veille au soir. Les attaques ont visé Haret Hreik, Hadath, Ghobeiry, Bir al-Abed et Sfeir.
Des centaines de bâtiments ont été endommagés ou détruits, et lorsqu'Arab News s'est rendu dans les zones ciblées, les habitants ont déclaré «qu'il n'y avait jamais eu de bureaux du Hezbollah dans ces structures, ni aujourd'hui ni par le passé, et que les bâtiments étaient principalement destinés à des fins résidentielles».
Un avocat du nom d'Imad a déclaré que l'immeuble du quartier de Hadath dans lequel il vivait s'est effondré lorsqu'il a été touché par une frappe aérienne.
«C’est inconcevable qu'ils utilisent le Hezbollah comme prétexte pour détruire nos maisons, que nous avons achetées grâce à des prêts financiers pour abriter nos familles. Ils ont l'intention de nous anéantir tous», a-t-il déclaré.
L'armée israélienne a déclaré, lundi, qu'une frappe aérienne qui avait touché le quartier de Basta, dans le centre de Beyrouth, tôt samedi, avait «visé un centre de commandement affilié au Hezbollah».
Les efforts pour aider les blessés et récupérer les corps des morts se sont poursuivis sur les lieux de l'attaque jusqu'à dimanche soir. Le ministère libanais de la Santé a déclaré qu'au moins 29 personnes avaient été tuées et 67 blessées.
L'armée israélienne a également mené de nombreuses frappes aériennes dans le sud du Liban, visant principalement les villes de Tyr et de Nabatié. Dix personnes ont été tuées, dont une femme et un membre de l'armée libanaise, et 17 blessées lors de trois frappes aériennes sur Tyr.
Toujours à Tyr, un drone israélien a tué un motocycliste dans un parking près de la Banque centrale du Liban. Et trois civils ont été tués par une frappe aérienne dans la ville de Ghazieh, au sud de Sidon.
De la frontière sud aux rives nord du Litani, aucune zone n'a été épargnée par les frappes aériennes israéliennes, qui se sont étendues jusqu'à la ville de Baalbeck, au nord, et à la ville de Hermel, près de la frontière avec la Syrie.
À l'est, les opérations de va-et-vient entre l'armée israélienne et le Hezbollah se sont poursuivies, l'armée israélienne tentant de prendre le contrôle de la ville de Khiam. Ses forces ont progressé, soutenues par des chars Merkava, depuis la périphérie sud, sous le couvert de frappes aériennes et de bombardements d'artillerie, jusqu'au centre de la ville et vers Ebel al-Saqi et Jdidet Marjeyoun.
L'armée israélienne a également déployé des chars entre les oliveraies de la ville de Deir Mimas après une incursion dans la ville la semaine dernière. Elle a commencé à avancer vers le triangle Tal Nahas-Kfar Kila-Qlayaa. Ailleurs, le Hezbollah et les forces israéliennes se sont affrontés dans le secteur ouest du triangle Maroun al-Ras-Aïnata-Bint Jbeil.
Le Hezbollah a déclaré avoir pris pour cible des positions de l'armée israélienne à la périphérie des villes de Chamaa et de Biyada. Les forces israéliennes ont mené des opérations de démolition de maisons à Chamaa.
Le Hezbollah a également continué à lancer des attaques contre le nord d'Israël. Le groupe a déclaré que ses roquettes «ont atteint la base de Shraga, au nord de la ville d'Acre, et ont visé un rassemblement de l'armée israélienne dans la colonie de Meron».
Les services médicaux israéliens ont déclaré qu'une personne avait été blessée à Nahariya par la chute de fragments d'une roquette.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com