PARIS : Du minerai de fer contre la fièvre aux pierres réputées "guérir", jusqu'à celles contenant des matières remarquables pour la médecine, les Hommes ont fait confiance aux vertus des minéraux pour se soigner, comme le raconte l'exposition "Une santé de fer".
A l'occasion de la fête de la Science (5-13 octobre), et au-delà, le musée de minéralogie MINES-ParisTech pose un autre regard sur son impressionnante collection, la quatrième au monde.
Mise en scène par un groupe d'étudiants des écoles des Mines, Normale supérieure, Nationale des chartes et des Arts décoratifs, -une première-, l'exposition se penche sur le rôle à travers l'histoire des minéraux dans la santé des hommes.
On atteint l'endroit, situé contre le jardin du Luxembourg, par une volée de marches ceinturée de fresques du XIXé siècle célébrant le "spectacle de la nature", avec un cirque de Gavarnie en majesté.
La première salle accueille le visiteur dans une demi-pénombre faisant ressortir des pierres de formes et couleurs presque surnaturelles. "C'est un choix esthétique, pour vous en mettre plein la vue", s'amuse Didier Nectoux, conservateur du musée, qui insiste par ailleurs sur sa mission de "concilier le beau et l'utile".
"3e œil"
Vient ensuite la longue et lumineuse enfilade de présentoirs de chêne, exposant dans un classement scientifique rigoureux plus de 4.000 spécimens de tous les minéraux imaginables. Une fraction des plus de 100.000 bien rangés dans des tiroirs dessous.
"C'est parce qu'ils sont beaux que les minéraux ont depuis longtemps servi de talismans et nourri une pensée magico-religieuse", note l'exposition.
L'azurite, avec le bleu profond de sa structure cristalline, a été utilisée aussi bien comme pigment, qu'associée au "3è œil" et au divin, explique une des nombreuses notices disposées sur les présentoirs.
Tout comme la gamme arc-en-ciel des couleurs de la tourmaline lui a conféré mille vertus.
Les croyances ont la vie dure, et un panneau consacré à la lithothérapie, - le soin par les pierres à l'aide d'une mystérieuse "résonance vibratoire" -, remarque que si le terme était aussi recherché que celui de minéralogie sur Google en France en 2004, il l'est vingt fois plus aujourd'hui.
M. Nectoux préfère s'en remettre au constat des chercheurs : aucune étude ne leur a conféré une efficacité supérieure à l'effet placebo. Comme pour le jade, ou néphrite, ainsi appelé parce qu'on lui prêtait la vertu de guérir les affections des reins en s'en frottant le dos.
Maux d'estomac
Tout n'est pas qu'histoire de magie dans cette exposition très pédagogique, qui associe des thèmes à chacune des dix familles de minéraux présents.
Comme celui mettant en regard leurs aspects bénéfiques et nocifs sur la santé des hommes.
"L'or, le cuivre sont utilisés très précocement dans la palette de la pharmacopée", remarque M. Nectoux. Dès l'Antiquité, l'argent est utilisé comme antibactérien, avant qu'on ne comprenne sa toxicité.
L'utilisation de l'antimoine, un métalloïde interdit dans le royaume de France au XVIè siècle, va donner lieu à des affrontements épiques entre les médecins de l'époque, avant son autorisation au siècle suivant grâce à un traitement bénéfique pour Louis XIV.
L'amiante, initialement paré de toutes les vertus pour l'industrie, dévoilera plus tard ses méfaits pour la santé. Bien moins controversée et toujours prisée, l'argile smectite, dont un médicament réputé soulager les maux d'estomac a tiré son nom.
Nombre d'entre eux, ou leurs composants, comptent des propriétés remarquables. Comme le chrome que l'on trouve dans la wulfénite, et que l'on retrouve dans les prothèses, entre autres.
L'exposition, dont le parcours suit la classification des minéraux, aborde aussi des questions d'actualité. Comme l'impact sur l'environnement de l'exploitation de ces ressources.
Car comme le remarque Mr Nectoux, dans ce musée on "étudie plus que l'histoire de la Terre, on raconte aussi l'histoire des hommes et de l'industrie". Pour les aider à réfléchir aux choix de société qui engagent leur environnement. (AFP)