NUR-SULTAN: Un influent gendre de l'ex-président du Kazakhstan a annoncé lundi sa démission de la direction du principal lobby des affaires du pays, quelques jours après la crise meurtrière qui a entraîné une intervention russe à l'appel des autorités locales.
"Chers collègues! J'ai décidé aujourd'hui de démissionner de mon poste de président du présidium de la Chambre nationale des entrepreneurs +Atameken+, a déclaré Timour Koulibaïev, 55 ans, dans un communiqué publié sur le site de cette entité.
M. Koulibaïev est l'époux de Dinara Koulibaïeva, l'une des filles de l'ex-président Noursoultan Nazarbaïev, âgé de 81 ans. Le couple contrôle la grande banque Halyk et a un poids important dans le secteur clé du pétrole. M. Koulibaïev est considéré comme l'un des hommes d'affaires les plus riches de ce pays d'Asie centrale.
Il n'a pas expliqué sa démission, mais a appelé le lobby à suivre les priorités définies pour les entreprises par le président Kassym-Jomart Tokaïev dans son discours aux parlementaires et aux dirigeants la semaine dernière.
Samedi, deux autres gendres de l'ex-président Nazarbaïev avaient été écartés de la direction de grosses sociétés énergétiques: Dimach Dossanov a quitté la présidence de l'entreprise nationale de transport de pétrole KazTransOil, et Kaïrat Charipbaïev celle de la compagnie gazière QazaqGaz (ex-KazTransGas).
L'annonce de ces mises à l'écart intervient dans la foulée des émeutes meurtrières qui ont ébranlé le Kazakhstan début janvier, faisant selon les autorités 225 morts, menant à l'arrestation de quelque 10.000 personnes et écornant son image de pays stable.
La contestation a démarré le 2 janvier après la hausse brutale du prix du gaz de pétrole liquéfié (GPL), un carburant très utilisé. Le président Tokaïev a accusé plusieurs entreprises, dont QazaqGaz, d'être responsables de cette crise.
Le chef de l'Etat a succédé en 2019 à son mentor, M. Nazarbaïev, qui a régné d'une main de fer pendant trois décennies sur le plus grand pays d'Asie centrale, une transition qui semblait réussie.
Mais la crise survenue début janvier a exposé des failles au sein de l'élite dirigeante, M. Tokaïev s'en prenant de manière inédite mardi à M. Nazarbaïev, qu'il a accusé d'avoir favorisé l'émergence d'une "caste de riches".
Auparavant, le patron des services de renseignement Karim Massimov, un proche de M. Nazarbaïev, avait été limogé et arrêté, soupçonné de "haute trahison".