PARIS: Un journaliste et un photographe qui couvraient pour Le Monde le conflit au Nagorny Karabakh, un territoire azerbaïdjanais séparatiste soutenu par l'Arménie, ont été blessés jeudi, a indiqué le directeur des rédactions du Monde Luc Bronner, sans donner plus de détails.
Un avion sanitaire va être envoyé par la France pour rapatrier les blessés, a annoncé le président français Emmanuel Macron en arrivant à un sommet européen à Bruxelles, apportant son soutien aux journalistes et à leur famille.
Le bombardement a eu lieu dans la matinée de jeudi sur la ville de Martouni où se trouvaient les envoyés spéciaux du Monde, précise le quotidien.
« Lors des bombardements azéris des localités civiles à Martouni, en Artsakh, deux journalistes français du quotidien Le Monde présents sur place ont été blessés. Ils sont transportés à l'hôpital de la ville », a indiqué l'ambassadeure d'Arménie en France, Mme Hasmik Tolmajian.
« Au moment des bombardements, ils étaient près de la mairie de la ville de Martouni. Ils sont grièvement blessés et sont en train de se faire opérer à l'hôpital municipal », a-t-elle ajouté dans l'après-midi.
«Des journalistes sont blessés. Depuis que nous le savons, le centre de crise du Quai d'Orsay est mobilisé, ainsi que l'ensemble de nos capacités pour pouvoir, le plus rapidement possible, organiser le rapatriement», a assuré Emmanuel Macron.
« Un avion sanitaire est prêt à partir au moment où je vous parle. Nous sommes en train de tout faire pour stabiliser les blessés sur place avant de permettre leur évacuation. Nous resterons évidemment mobilisés sur ce sujet avec les journalistes, nos équipes sur place, les équipes à Paris, le journal Le Monde et les familles », a-t-il poursuivi.
Selon les autorités arméniennes, deux journalistes arméniens ont également été blessés par les bombardements tandis que les autorités du Nagorny Karabakh font état de quatre civils tués et onze blessés, dont les journalistes.
Plusieurs reporters accompagnaient les autorités locales dans la ville de Martouni pour interviewer la population et constater les dégâts provoqués par les bombardements, quand la ville a été de nouveau prise sous le feu. Les journalistes se sont alors dispersés.
« Les autorités arméniennes ont échoué à assurer la sécurité de journalistes étrangers lors de leur visite dans la zone de combats. Elles utilisent les journalistes étrangers pour leur propagande. Nous demandons aux journalistes étrangers d'obtenir la permission du camp azéri pour visiter le Karabakh et les zones frontalières », a commenté de son côté le ministère des Affaires étrangères de l'Azerbaïdjan.
Selon le reporter Régis Genté, qui était sur place pour RFI/France 24, les journalistes étaient en train de constater les dégâts causés par un bombardement sur une maison quand ils ont entendu «en l'espace d'une seconde une roquette », «l'attaque a duré à peu près une minute », a-t-il raconté sur France 24.
« Les journalistes ne sont pas des cibles militaires! Les autorités doivent cesser sans délai ces violences », a réagi Reporters sans Frontières (RSF) sur Twitter.
Le territoire séparatiste du Nagorny Karabakh est depuis cinq jours le théâtre d'affrontements sanglants entre l'Azerbaïdjan et des forces séparatistes soutenues par l'Arménie.
Le Nagorny Karabakh, en majorité peuplé d'Arméniens, a fait sécession de l'Azerbaïdjan, entraînant une guerre au début des années 1990 qui avait fait 30.000 morts. Le front est quasi-gelé depuis, malgré des heurts réguliers, notamment en 2016.