Kyrsten Sinema, la démocrate qui torpille les ambitions de Biden

Dans cette photo d'archive prise le 28 octobre 2021, le sénateur Kyrsten Sinema (à droite),  quitte le Capitole à Washington, DC. (Mandel Ngan/AFP)
Dans cette photo d'archive prise le 28 octobre 2021, le sénateur Kyrsten Sinema (à droite), quitte le Capitole à Washington, DC. (Mandel Ngan/AFP)
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Publié le Vendredi 14 janvier 2022

Kyrsten Sinema, la démocrate qui torpille les ambitions de Biden

  • Première élue ouvertement bisexuelle du Congrès et seule à ne se réclamer d'aucune religion, c'est en fait par sa discrétion que la sénatrice de l'Arizona Kyrsten Sinema surprend
  • Sans sa voix, dans un Sénat où le camp démocrate compte 51 voix, et les républicains 50, le projet est condamné

WASHINGTON : Avec son parcours, son profil hors norme, et ses tenues colorées, Kyrsten Sinema détonnait déjà au Sénat américain. C'est parce qu'elle tient tête au président Biden sur le passage en force de sa réforme électorale que cette démocrate fait à nouveau les gros titres.

La réforme, présentée comme l'héritière des grands combats pour les droits civiques des années 1960, est une promesse de Joe Biden qui souhaite protéger l'accès aux urnes des minorités.

La sénatrice modérée de l'Arizona n'est pas contre la législation elle-même. Mais elle a affirmé qu'elle s'opposerait à la procédure parlementaire imaginée par l'état-major démocrate et la Maison Blanche pour faire sauter le verrou de l'opposition républicaine. Sans sa voix, dans un Sénat où le camp démocrate compte 51 voix, et les républicains 50, le projet est condamné.

Kyrsten Sinema ne veut pas d'un passage en force qui ne ferait qu'alimenter la «spirale infernale de la division», a-t-elle estimé dans une allocution très solennelle à la tribune du Sénat.

De quoi faire grincer l'aile gauche de son parti, qui reproche à cette centriste de faire obstacle à certaines de leurs plus grandes ambitions dans un Congrès aux majorités démocrates très fragiles.

- Discrétion -

Première élue ouvertement bisexuelle du Congrès et seule à ne se réclamer d'aucune religion, c'est en fait par sa discrétion que la sénatrice de l'Arizona surprend.

Pas un mot, ou rarement, à la presse quand d'autres parlementaires s'arrêtent tous les jours devant les journalistes dans les couloirs du Capitole.

Tendre la main à l'autre parti, c'est sur des béquilles, à cause d'un pied cassé lors d'un marathon, que cette adepte de l'exigeante discipline de triathlon «Ironman» l'avait fait pour le gigantesque projet d'infrastructures voulu par Joe Biden et adopté en novembre.

Elle sillonait ainsi l'hémicycle entre républicains et démocrates lorsque ce texte né d'intenses mois de négociations se heurtait à des obstacles.

Kyrsten Sinema affirmait alors avoir choisi de «suivre l'exemple du défunt sénateur John McCain», un républicain qui, comme elle, représentait l'Arizona et refusait «de diaboliser l'opposition».

Si un autre démocrate conservateur, le sénateur Joe Manchin, est aussi largement critiqué par les progressistes, Kyrsten Sinema s'attire un fiel particulier, une frustration d'autant plus grande que la sénatrice a débuté sa carrière bien plus à gauche.

- Sans-abri -

Née en 1976 en Arizona, elle a connu une «enfance difficile» et sa famille se retrouve même un temps sans abri. «Mais ils s'en sont sortis grâce à la famille, les paroissiens, et en travaillant durement», raconte son site officiel, en affirmant que son parcours reflète le «rêve américain».

Sur fond de protestations contre la guerre en Irak, la jeune femme commence sa carrière politique bien à gauche, proche des Verts, avant de rejoindre le parti démocrate au milieu des années 2000.

Elle entre au parlement de l'Arizona en 2005.

En 2012, elle est élue à la Chambre des représentants et devient la première parlementaire ouvertement bisexuelle du Congrès. 

Dans un pays très croyant, elle devient aussi la seule parlementaire à ne se revendiquer d'aucune religion. Cette ancienne mormone, dans son enfance, ne veut pas pour autant être classée comme «athée».

En 2019, Kyrsten Sinema fait sa rentrée au Sénat. Lors de ces élections marquées par une diversité historique, elle reste discrète sur sa vie personnelle sans pour autant la cacher.

- «Créature dangereuse» -

Avare en mots, la sénatrice livre en revanche de nombreuses images frappantes.

Comme lorsqu'elle se rend en 2020 au Sénat coiffée d'une perruque violette. Une façon de montrer l'importance d'éviter les salons de coiffure en pleine pandémie, confie son entourage.

Ou qu'elle préside la séance dans le vénérable hémicycle vêtue d'un pull rose barré des mots «créature dangereuse».

Autre image qui fait cette fois enrager l'aile gauche: son pouce baissé pour signaler son opposition à l'inclusion de la hausse du salaire minimum dans un plan de relance économique.

La sénatrice n'est pas la seule démocrate à bloquer la mesure, mais elle le fait plus ouvertement.

Un mois plus tard, alors que les critiques à gauche continuent de pleuvoir, elle publie sur Instagram une photo d'elle portant une bague marquée d'une insulte appelant de façon très crue ses détracteurs à aller se faire voir.

Les progressistes le prennent pour eux.

«Un coup de poing à ceux» qui ont tout donné pour la faire élire, s'indigne une responsable du parti démocrate de l'Arizona, Brianna Westbrook.

Kyrsten Sinema, elle, ne répond pas.


Sunak à Berlin pour discuter sécurité européenne avec Scholz

Le Premier ministre britannique Rishi Sunak va discuter défense et sécurité avec le chancelier allemand Olaf Scholz mercredi, lors de sa première visite à Berlin depuis son entrée en fonction il y a dix-huit mois. (AFP)
Le Premier ministre britannique Rishi Sunak va discuter défense et sécurité avec le chancelier allemand Olaf Scholz mercredi, lors de sa première visite à Berlin depuis son entrée en fonction il y a dix-huit mois. (AFP)
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  • Au centre des discussions: l'Ukraine, le montant des dépenses militaires et la volonté de l'Allemagne de renforcer les défenses aériennes de l'Otan en Europe
  • Sunak a affirmé que l'Occident était confronté à la période la plus dangereuse qu'il ait connue depuis la fin de la guerre froide

BERLIN: Le Premier ministre britannique Rishi Sunak va discuter défense et sécurité avec le chancelier allemand Olaf Scholz mercredi, lors de sa première visite à Berlin depuis son entrée en fonction il y a dix-huit mois.

Au centre des discussions qui seront suivies d'une conférence de presse en début d'après-midi: l'Ukraine, le montant des dépenses militaires et la volonté de l'Allemagne de renforcer les défenses aériennes de l'Otan en Europe dans le contexte des frappes de missiles incessantes de la Russie sur l'Ukraine.

"En cette période dangereuse pour le monde, le Royaume-Uni et l'Allemagne se tiennent côte à côte pour préserver la sécurité et la prospérité chez eux et sur le continent", a déclaré M. Sunak.

La visite de M. Sunak à Berlin se tient le deuxième jour de son voyage en Europe qui l'a déjà mené à Varsovie mardi, où il a promis d'augmenter les dépenses militaires de son pays de 2,3% à 2,5% du PIB d'ici à 2030.

Cette hausse devrait permettre au Royaume-Uni de compter parmi les nations membres de l'Otan qui mettent le plus d'argent dans leur défense.

M. Sunak a affirmé que l'Occident était confronté à la période la plus dangereuse qu'il ait connue depuis la fin de la guerre froide, avec l'invasion russe de l'Ukraine, mais aussi avec la menace d'une escalade au Moyen-Orient.

Plus de dépenses militaires

Les pays de l'Otan sont tous sous pression pour augmenter leurs dépenses militaires pour faire face à ces menaces.

Un plus grand nombre de membres européens de l'Otan, dont deux poids lourds comme la France et l'Allemagne, ont récemment augmenté leurs dépenses pour atteindre l'objectif d'au moins 2% du PIB que s'est fixé l'Alliance.

Mais récemment, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a prévenu qu'il allait falloir en faire davantage.

Bruxelles devrait présenter de nouvelles propositions de financement de la défense lors d'un sommet des dirigeants de l'UE en juin.

Début mars, la Commission européenne avait proposé de renforcer drastiquement l'industrie de défense de l'Union face à la menace russe, pour rendre aussi les Européens moins dépendants des Etats-Unis dans la production d'armements.

La nouvelle stratégie de défense européenne sera dotée d'un budget initial de 1,5 milliard d'euros, un montant que beaucoup jugent insuffisant.

"L'Allemagne et le Royaume-Uni sont les deux pays qui dépensent le plus en matière de défense en Europe et qui ont été les premiers à apporter leur soutien à l'Ukraine", a déclaré M. Sunak en Pologne mardi.

"Je suis convaincu que cela va continuer et nous sommes en train de renforcer notre coopération en matière de défense et de sécurité avec les Allemands", a-t-il ajouté.

MM. Sunak et Scholz devraient annoncer un projet commun pour développer des obusiers à roue télécommandés de calibre 155 mm qui seront montés sur des véhicules blindés Boxer.

Ils devraient également discuter du projet du bouclier antimissile "Euro Sky Shield", lancé par l'Allemagne et auquel Paris s'oppose.

Berlin a déjà rallié une vingtaine de pays en Europe (dont le Royaume-Uni) à cette initiative qui profitera des technologies américaines (Patriot), israéliennes (Arrow 3) et allemandes (Iris-T) mais n'aura aucun équipement de fabrication française.

Paris a jusqu'à présent refusé d'en faire partie, les responsables français plaidant plutôt en faveur d'un système de défense aérienne utilisant des équipements européens.


Naufrage au large de Djibouti: au moins 21 migrants morts et 23 disparus, selon l'ONU

Une embarcation de migrants qui a coulé au large de Djibouti. Photo d'archives. (AFP).
Une embarcation de migrants qui a coulé au large de Djibouti. Photo d'archives. (AFP).
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  • La bateau transportait des Ethiopiens venant du Yémen, a indiqué sur X l'ambassadeur éthiopien à Djibouti, Berhanu Tsegaye, en précisant que l'accident a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi au large de Godoria (nord-est de Djibouti)
  • Sur les 77 migrants à bord de l'embarcation, 23 sont toujours portés disparus et 21 corps ont été retrouvés, dont ceux d'enfants

NAIROBI: Au moins 21 migrants, dont des enfants, ont été tués et 23 autres sont portés disparus dans le naufrage de leur embarcation au large de Djibouti, a annoncé mardi l'Organisation internationale pour les migrations (OIM).

La bateau transportait des Ethiopiens venant du Yémen, a indiqué sur X l'ambassadeur éthiopien à Djibouti, Berhanu Tsegaye, en précisant que l'accident a eu lieu dans la nuit de lundi à mardi au large de Godoria (nord-est de Djibouti).

"Les opérations de recherche et sauvetage par les autorités locales et l'OIM sont en cours", a affirmé l'OIM sur X.

Sur les 77 migrants à bord de l'embarcation, 23 sont toujours portés disparus et 21 corps ont été retrouvés, dont ceux d'enfants, selon le chef de mission de l'OIM à Djibouti, Tanja Pacifico.

Le bateau était en route vers la côte djiboutienne après avoir quitté le Yémen lundi vers 19H30 (16H30 GMT), a-t-elle indiqué.

L'ambassadeur éthiopien à Djibouti a confirmé que 33 personnes, dont une femme, avaient survécu, exprimé sa "peine profonde (...) devant la succession d'horribles désastres", et réclamé l'adoption de "mesures légales" contre "les trafiquants d'êtres humains qui mettent les vies de nos citoyens en danger".

Il s'agit du deuxième naufrage rapporté par l'OIM au large de Djibouti en quelques semaines, après un autre le 8 avril dans lequel au moins 38 migrants, dont des enfants, ont péri.

« Route dangereuse »

La "route de l'Est", empruntée par les migrants venant de la Corne de l'Afrique pour rejoindre l'Arabie saoudite via le Yémen en guerre, est considérée par l'OIM comme "l'une des routes migratoires les plus dangereuses et les plus complexes d'Afrique et du monde".

Malgré les risques, "le nombre de personnes qui tentent de traverser est en constante augmentation", a affirmé Mme Ndege.

Le 8 avril, l'OIM estimait qu'au moins 698 personnes avaient péri le long de la "route de l'Est" en 2023. Mais "ce chiffre pourrait être plus élevé car certaines tragédies passent souvent inaperçues", ajoutait l'agence onusienne.

En novembre 2023, 64 migrants avaient disparu, présumés morts en mer, lors d'un naufrage au large des côtes du Yémen.

Outre les naufrages, les migrants sont confrontés le long du chemin à "la famine, aux risques sanitaires, aux trafiquants et autres criminels" et manquent "de soins médicaux, de nourriture, d'eaux, d'un abri", souligne l'organisation.

Selon l'OIM, les Éthiopiens représentent 79% des quelque 100.000 migrants arrivés au Yémen en 2023 depuis les côtes de Djibouti ou de Somalie, le reste étant des Somaliens.

La plupart d'entre eux évoquent des motifs économiques à leur départ, mais une partie met aussi en avant les violences ou les catastrophes climatiques dans leur pays.

Deuxième pays le plus peuplé d'Afrique, l'Ethiopie est déchirée par de nombreux conflits et plusieurs régions ont souffert ces dernières années d'une importante sécheresse. L'inflation est galopante et plus de 15% des 120 millions d'habitants dépendent de l'aide alimentaire.


L'Ukraine va annoncer des mesures pour faire rentrer ses hommes de l'étranger

Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
Des habitants locaux se tiennent devant une affiche de recrutement de la troisième brigade d'assaut ukrainienne alors qu'ils se réfugient dans une station de métro souterraine lors d'une alerte de raid aérien à Kiev le 23 avril 2024 (Photo, AFP).
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  • Selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front
  • Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion

KIEV: Le chef de la diplomatie ukrainienne a indiqué mardi des "mesures" imminentes visant à faire rentrer en Ukraine les hommes en l'âge de combattre se trouvant à l'étranger.

L'Ukraine, qui combat depuis deux ans l'invasion russe, a cruellement besoin de soldats, d'autant que Kiev s'attend à ce que la Russie lance une nouvelle offensive dans les semaines ou mois à venir.

"Le fait de séjourner à l'étranger ne dispense pas un citoyen de ses devoirs envers sa patrie", a déclaré Dmytro Kouleba sur X, annonçant avoir ordonné des "mesures pour rétablir l'équité entre les hommes en âge d'être mobilisés en Ukraine et ceux à l'étranger".

Il n'a pas précisé la nature de ces mesures se bornant à dire que le ministère allait "prochainement fournir des éclaircissements" sur de nouvelles procédures à suivre pour "accéder aux services consulaires".

L'Ukraine interdit aux hommes en âge de combattre de voyager à l'étranger à quelques exceptions près.

Déserteurs 

Mais, selon des estimations de médias, des dizaines de milliers d'hommes ont fui le pays illégalement pour éviter d'aller au front.

Des centaines de milliers d'Ukrainiens vivaient en outre à l'étranger avant l'invasion.

La déclaration du ministre intervient alors qu'un influent site d'information ukrainien ZN.UA a publié lundi soir ce qu'il affirme être une lettre officielle signée par un adjoint de M. Kouleba et préconisant aux consulats ukrainiens de suspendre à partir de mardi tout service consulaire pour les hommes âgés de 18 à 60 ans.

Selon des médias ukrainiens, plusieurs consulats ukrainiens ont cessé d'accepter ces dossiers.

La compagnie d'Etat Dokument qui facilite la délivrance de documents ukrainiens a annoncé mardi sur son site qu'elle "suspendait" les procédures à l'étranger pour des "raisons techniques".

L'Ukraine, dont l'armée est en difficulté face aux troupes russes, a adopté une loi sur la mobilisation visant à durcir les punitions pour les récalcitrants.

Elle a aussi baissé l'âge de mobilisation de 27 à 25 ans.