STOCKHOLM: La Suède, présente militairement au Mali, s'est dit jeudi "très préoccupée" par la situation dans le pays et entend "analyser les conséquences" que cela pourrait avoir sur sa présence sur le terrain.
"La Suède est très préoccupée par l'évolution de la situation au Mali, tant en ce qui concerne la présence du groupe (russe) Wagner que le report des élections" destinées à ramener les civils au pouvoir, a indiqué le ministère des Affaires étrangères dans un courriel à l'AFP.
"Nous suivons de près l'évolution de la situation (...), en collaboration avec les Nations unies, l'UE et nos autres partenaires contributeurs de troupes, et analysons notamment les conséquences que les développements actuels pourraient avoir sur notre présence militaire", a-t-il ajouté.
Interrogé sur un éventuel retrait des militaires suédois de la force de l'ONU Minusma, le département des opérations de paix de l'ONU a indiqué à New York "n'avoir reçu aucune information" allant dans ce sens.
"La Minusma joue un rôle important dans le soutien de la paix et de la stabilité au Mali, et nous sommes reconnaissants pour les contributions essentielles de tous les pays contributeurs de troupes et de police", a ajouté un porte-parole du département, Aditya Mehta.
Après un coup d'Etat en mai 2021, le deuxième en moins d'un an, la junte militaire malienne a dit ne plus prévoir d'élections le 27 février comme elle s'y était engagée, mais projeter à la place une transition qui pourrait durer jusqu'à cinq ans.
Les Occidentaux lui reprochent aussi d'avoir fait appel aux services des mercenaires du groupe russe Wagner.
La ministre des Affaires étrangères Ann Linde avait prévenu mercredi à la radio publique SR que la situation actuelle, notamment la présence de mercenaires russes, pouvait "avoir des conséquences sur notre engagement" dans le pays africain.
Les Suédois ont actuellement quelque 220 soldats stationnés au Mali dans le cadre de la Minusma (Mission des Nations unies au Mali) et 150 autres au sein de l'opération militaire française Takuba, qui vise à réunir des forces spéciales de différents pays pour accompagner les forces locales au combat.
La contribution militaire suédoise à Takuba prendra fin, comme prévu, au premier trimestre 2022, tandis que le retrait des troupes de la Minusma doit s'achever mi-2024 au plus tard.
Le pays compte également un contingent dans le cadre de la mission de formation EUTM de l'UE.
Plusieurs partis au Parlement suédois demandent un départ rapide des troupes suédoises du Mali mais Mme Linde estime qu'un retrait doit être coordonné avec, par exemple, d'autres pays européens sur le terrain.
Lors d'une réunion régulière mardi du Conseil de sécurité consacrée au Mali, l'ambassadeur du pays Issa Konfourou a affirmé qu'il "n'y avait pas de mercenaires" de Wagner au Mali mais uniquement des "instructeurs russes" en vertu d'une coopération militaire entre le Mali et la Russie remontant au début des années 1960.
L'ambassadeur russe à l'ONU, Vassily Nebenzia, a de son côté parlé d'"hystérie" des Occidentaux à l'égard des nouveaux partenariats que le gouvernement malien, a-t-il précisé, est en droit de rechercher après le désengagement militaire soudain de la France au Mali.
Le Soudan depuis le coup d'Etat du 25 octobre
Voici les temps forts au Soudan depuis le coup d'Etat du 25 octobre 2021.
Le pays traverse une délicate transition depuis la chute en 2019 d'Omar el-Béchir censée aboutir à des élections libres fin 2023.
Nouveau coup d'Etat
Le 25 octobre 2021, le chef de l'armée, le général Abdel Fattah al-Burhane arrête de nombreux membres civils des autorités de transition, dont le Premier ministre Abdallah Hamdok, et décrète l'état d'urgence.
Il maintient souhaiter "une transition vers un Etat civil et des élections libres en 2023".
Au moins sept personnes sont tuées et 80 blessées par des tirs de l'armée à Khartoum, selon un syndicat de médecins pro-démocratie, lors de manifestations massives contre le putsch, largement condamné par la communauté internationale.
Washington suspend une aide de 700 millions de dollars au Soudan.
Désobéissance civile, pression internationale
Le 26, des milliers de Soudanais manifestent à Khartoum lors d'une journée de "grève générale".
Abdallah Hamdok est assigné à résidence.
Le 27, les arrestations de militants et manifestants se multiplient, les heurts se poursuivent.
L'Union africaine suspend le Soudan, la Banque mondiale cesse son aide.
Le 28, le Conseil de sécurité de l'ONU réclame le retour d'un "gouvernement de transition dirigé par des civils", de même que le président américain Joe Biden.
Le patron de la télévision d'Etat est limogé, les radios FM interrompues, alors qu'internet est coupé depuis le putsch.
Manifestations
Le 30, des dizaines de milliers de Soudanais manifestent contre le putsch. La répression fait trois morts.
Le 1er novembre, l'émissaire de l'ONU à Khartoum évoque des efforts de "médiations".
Le 4, sous la pression internationale, quatre ministres sont libérés. L'armée annonce la formation "imminente" d'un gouvernement.
Le 9, la Troïka (Grande-Bretagne, Etats-Unis et Norvège) à la manoeuvre sur le dossier soudanais, réclame la réinstallation de M. Hamdok.
Nouveau Conseil de souveraineté
Le 11, le général Burhane nomme un nouveau Conseil de souveraineté, sans les représentants du bloc réclamant un transfert du pouvoir aux civils. Avec son second, le général Mohammed Hamdane Daglo, dit "Hemedti", chef des paramilitaires des Forces de soutien rapide (RSF), il promet "des élections libres et transparentes" en juillet 2023.
Le lendemain, Washington et Bruxelles dénoncent le nouveau Conseil de transition.
Répression
Le 13, au moins huit personnes sont tuées dans la répression d'une mobilisation de dizaines de milliers d'opposants.
Le chef de la chaîne qatarie Al-Jazeera à Khartoum est arrêté le 14, puis relâché le 16.
Le 17, seize manifestants sont tués à Khartoum lors de la journée la plus sanglante depuis le putsch.
Retour du Premier ministre
Le 21, Abdallah Hamdok est rétabli dans ses fonctions, sans faire cesser les manifestations.
Le lendemain, plusieurs hommes politiques détenus depuis le coup d'Etat sont libérés.
Le 24, Abdallah Hamdok ordonne l'arrêt "immédiat" des limogeages et annonce le "réexamen" des nominations intervenues durant sa détention.
Le Premier ministre démissionne
Le 19 décembre, trois hommes sont tués par balle et plusieurs femmes violées lors de manifestations au troisième anniversaire du lancement de la "révolution" ayant évincé Omar el-Béchir.
Le 30, six manifestants sont tués, puis trois le 2 janvier. En soirée, le Premier ministre démisionne.
Le 4 janvier 2022, Washington, Bruxelles, Londres et Oslo préviennent qu'ils "ne soutiendront pas un Premier ministre ou un gouvernement nommé sans l'implication d'un grand panel d'acteurs civils".
Dialogue sous l'égide de l'ONU
Le 10, l'émissaire de l'ONU Volker Perthes annonce le lancement de discussions indirectes avec les parties civile et militaire.
Le 13, mort d'un général de la police, puis d'un manifestant lors de nouvelles manifestations.
Depuis le 25 octobre, 64 manifestants ont été tués et des centaines blessés, notamment par balles, selon un syndicat de médecins pro-démocratie. Les forces de l'ordre sont également accusées du viol d'au moins 13 manifestantes, selon l'ONU.