BEYROUTH: Alors qu'il ne se passe pratiquement pas un jour au Liban sans qu'une voiture ne soit volée, une maison cambriolée ou une poche délestée, les chiffres indiquent qu’il y a eu dans le pays au cours de cette dernière période une forte augmentation de crimes plus graves, notamment des enlèvements, des extorsions et même des assassinats.
La direction générale des Forces de sécurité intérieure (FSI) a déclaré le 12 janvier que deux Libanais, tous deux âgés d'environ 26 ans, avaient été arrêtés à Beyrouth après avoir envoyé un faux colis piégé dans l’immeuble d'un quartier riche d'Achrafieh, puis réclamé de l'argent pour ne pas le faire exploser.
L'autorité a déclaré qu'après «qu'un homme inconnu, portant un chapeau, un masque et des gants» a livré le colis, le destinataire a reçu un appel lui disant qu'il s'agissait d'un engin explosif et qu'il exploserait s'il ne payait pas 50 000 dollars (1 dollar = 0,87 euro).
Au lieu de payer, le destinataire a jeté le colis dans un bâtiment abandonné près de son domicile et a appelé la police. Les experts ont examiné l'objet mais n'y ont trouvé aucune matière explosive.
Les FSI ont identifié deux suspects et les ont arrêtés. L'un d'eux a dit qu'il s'était inspiré d'un film qu'il avait vu, pour la tentative d'extorsion. Il a choisi comme victime un homme riche pour qui il avait travaillé après l'explosion du port de Beyrouth en 2020.
Selon un rapport publié en novembre par Information International et basé sur les statistiques des FSI, le nombre de meurtres et de vols au Liban a considérablement augmenté au milieu de l'effondrement économique et social du pays.
«Au cours des dix premiers mois de 2021, et comparativement à la même période en 2019, le nombre de voitures volées a augmenté de 212%, les vols de 265% et les meurtres de 101%», indique le rapport.
«Au total, 1 097 voitures ont été volées au cours des dix premiers mois de 2021, contre 351 voitures au cours de la même période en 2019, soit en moyenne 3,6 voitures volées par jour.»
Une source de sécurité a déclaré à Arab News: «Nous avons vu de nouveaux types de vols visant des pneus de voiture, des fils de cuivre et des plaques d'égout appartenant à des installations publiques ou privées. Une fois les auteurs du crime arrêtés, ils ne se sont pas avérés être de dangereux criminels.»
D'autres cas sont plus graves. Le 12 janvier, Abbas al-Khayyat a été libéré après avoir été kidnappé quatre jours plus tôt dans le quartier de Koraytem à Beyrouth par un groupe de personnes affirmant avoir des liens avec les services de sécurité. Sa famille a ensuite reçu des appels des ravisseurs décrivant leurs demandes, dont les détails ont été gardés secrets jusqu'à sa libération.
«Les ravisseurs d'Al-Khayyat l'ont emmené dans une zone proche de la frontière syrienne où ils l'ont battu et torturé», a déclaré la source sécuritaire.
«À la suite des perquisitions menées dans la région par des agents du renseignement de l'armée, les ravisseurs ont pris la fuite mercredi matin dans la voiture d'Al-Khayyat. Celui-ci a ensuite été retrouvé et emmené dans un hôpital de Beyrouth pour y être soigné.»
Un autre cas est celui d’Adnan Dabaja qui a été détenu pendant sept mois après avoir été kidnappé dans la ville de Qaraoun, dans la vallée de la Békaa. Il aurait recouvré sa liberté après avoir payé une importante rançon.
De même, la famille d'Abdallah Saeed Taha a payé une demande de rançon de 300 000 dollars pour sa libération après qu'il a été détenu pendant plusieurs mois dans un village de la Békaa. Cependant, après que l’argent a été payé, le gang a continué à faire chanter la famille, exigeant 10 millions de dollars.
Une source locale a précisé que les gangs de kidnappeurs venaient de la région de Baalbek-Hermel, qui est pratiquement sous le contrôle du Hezbollah, et se déplaçaient librement à la frontière avec la Syrie.
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com