PARIS : Taxe carbone aux frontières, commande publique orientée vers le «made in France», grand emprunt: les candidats à l’Élysée fourmillent d'idées pour relancer une industrie française dont les lacunes sont apparues au grand jour avec la crise sanitaire.
Une taxe carbone face à une «concurrence déloyale» (Pécresse)
Si elle accédait à l’Élysée le 24 avril prochain, la candidate LR Valérie Pécresse s'engage à défendre la «souveraineté économique française». Pour y parvenir, elle préconise comme nombre d'autres candidats -dont Emmanuel Macron, qui veut faire avancer cette cause lors du semestre de présidence française de l'UE- l'introduction «d'une taxe carbone aux frontières de l’Europe». Avec cette mesure, elle entend défendre l'industrie et l'agriculture françaises afin qu'elles «ne soient pas soumises à une concurrence déloyale de la part de pays qui ne respectent pas la même discipline écologique». En d'autres termes, cette taxe imposée à l'entrée du plus grand marché au monde qu'est l'UE permettrait aux producteurs français de faire face à des pays qui ne respectent pas les mêmes normes sur les émissions de CO2 ou l'utilisation de produits phytosanitaires. Comme il s'agit d'une règle européenne, elle devra évidemment convaincre ses partenaires de l'UE.
Un grand emprunt pour la «reconstruction» industrielle (Le Pen)
Elle a fait du «patriotisme économique» l'un de ses thèmes de prédilection. Si elle remportait la présidentielle, la candidate du Rassemblement national, Marine Le Pen, lancerait «un grand emprunt de reconstruction nationale» de 500 milliards d’euros que l’État rémunérerait à 2%. Son but ? Financer une politique d’investissements et de prêts destinés aux petites, moyennes et très petites entreprises (PME et TPE). «C'est par la relance des investissements que l'on recréera de la croissance et de l'emploi», assure-t-elle. A titre de comparaison, le plan de relance lancé par le gouvernement à fin 2020 s'élevait à 100 milliards d'euros.
Une commande publique tricolore (Zemmour)
«Pour redevenir puissante, la France doit redevenir un pays d'industrie»: le candidat d'extrême droite Éric Zemmour a consacré à la réindustrialisation une part importante de son discours de Villepinte le 5 décembre, quelques jours après avoir annoncé officiellement sa candidature à la présidentielle. Parmi les nombreuses pistes évoquées, il entend «privilégier» les entreprises françaises via la commande publique. «Il n'y a pas de raison que tous les pays du monde réservent leurs marchés publics à leurs entreprises nationales, pendant que la France fait le choix de l’étranger par dogmatisme budgétaire et européen», s'indigne-t-il. La réorientation de la commande publique vers la production française et européenne revient dans la plupart des programmes.
Une réindustrialisation verte (Jadot)
«Si on prend le pouvoir, on va réindustrialiser le pays», promet le candidat écologiste à la présidence de la République, Yannick Jadot qui défend le «made in France» et préconise une relance verte de l'économie. En d'autres termes, il promet notamment de réorienter la réindustrialisation vers les énergies renouvelables ou de moduler la TVA en fonction de l'impact environnemental. «L'écologie est l'alliée de l'industrie et de la création d'emplois», a-t-il proclamé.
Refabriquer en France (Montebourg)
Chantre du «made in France», Arnaud Montebourg prévoit de partir à la conquête de l'industrie perdue. L'ancien ministre du Redressement productif au début du quinquennat de François Hollande se fixe l'objectif de «refabriquer sur le sol national la soixantaine de produits critiques» que le pays doit désormais importer, selon lui. Les secteurs concernés au premier chef sont l’électronique, la pharmacie, l’alimentation ou encore le machinisme. Pour y parvenir, il estime qu'entre 300 et 400 usines doivent être reconstruites, soit «trois à quatre usines nouvelles par département».
Et aussi... nationalisations, réductions d'impôts et agence de relocalisation
Le candidat communiste Fabien Roussel propose la nationalisation de grandes entreprises stratégiques. Le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan veut, quant à lui, diviser par deux l’impôt sur les sociétés (IS) à 12,5%, «mais uniquement sur les bénéfices réinvestis en France».
Le LFI Jean-Luc Mélenchon préconise, pour sa part, la création d'une «agence pour les relocalisations», qui «recenserait les secteurs industriels indispensables à la souveraineté nationale et à la bifurcation écologique».