Kazakhstan: retour à la normale, le président dénonce une «tentative de coup d'Etat»

Dimanche soir, le ministère de l'information a retiré un bilan publié plus tôt dans la journée sur une chaîne officielle Telegram, selon lequel plus de 164 personnes avaient trouvé la mort dans le pays au cours des violences. (AFP).
Dimanche soir, le ministère de l'information a retiré un bilan publié plus tôt dans la journée sur une chaîne officielle Telegram, selon lequel plus de 164 personnes avaient trouvé la mort dans le pays au cours des violences. (AFP).
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Publié le Lundi 10 janvier 2022

Kazakhstan: retour à la normale, le président dénonce une «tentative de coup d'Etat»

  • Le Kazakhstan a présenté les émeutes à Almaty comme une attaque de "groupes terroristes"
  • Près de 8.000 personnes ont été arrêtées après une semaine d'émeutes marquées par une répression implacable

ALMATY: Le président du Kazakhstan a assuré lundi que les émeutes meurtrières qui ont secoué son pays étaient une "tentative de coup d'Etat" menée par des "combattants armés", assurant que ses forces ne tireraient "jamais" sur des manifestants pacifiques.


Les troupes conduites par Moscou et déployées au Kazakhstan à la suite de ces troubles vont se retirer "bientôt", a-t-il ajouté.


"Des groupes de combattants armés qui attendaient leur moment sont entrés en action. Leur objectif principal est apparu clairement (...) Il s'agissait d'une tentative de coup d'Etat", a indiqué Kassym-Jomart Tokaïev lors d'une réunion par visioconférence avec son homologue russe Vladimir Poutine et d'autres chefs d'Etat alliés.


"Jamais nous n'avons utilisé ni n'utiliserons la force militaire contre des manifestants pacifiques", a-t-il dit.   


Il a précisé que 2.030 hommes ont été déployés dans le cadre de cette mission, après son appel à l'aide de cette organisation, dominée par Moscou et regroupant des pays d'ex-URSS.  


Selon le président kazakh, des forces "terroristes" organisées, incluant aussi bien des "islamistes" mais aussi "des criminels", des "casseurs" et des "petites frappes", ont profité d'un mouvement de contestation sur la hausse du prix du carburant pour tenter de renverser le pouvoir.


"Nous avons réussi à reprendre le contrôle de la situation", a-t-il dit. 

Internet a été rétabli et la vie revenait progressivement à la normale lundi à Almaty, la plus grande ville du Kazakhstan, après une semaine d'émeutes et une répression implacable qui ont fait plusieurs dizaines de morts dans le plus grand pays d'Asie centrale. 


Dans la capitale économique de 1,8 million d'habitants, où se sont déroulées les émeutes les plus violentes, les sites web locaux et étrangers étaient à nouveau accessibles lundi, décrété jour de deuil après les pires troubles de l'histoire indépendante de l'ex-république soviétique. Et les transports publics étaient visibles sur les routes d'Almaty pour la première fois depuis le début des violences, ont constaté les correspondants de l'AFP.


Le Kazakhstan a présenté les émeutes à Almaty comme une attaque de "groupes terroristes" et exprimé son mécontentement envers la couverture médiatique étrangère des événements, qui ont commencé par des manifestations contre une hausse du prix du carburant dans l'ouest du pays le 2 janvier.


Dimanche soir, le ministère de l'information a retiré un bilan publié plus tôt dans la journée sur une chaîne officielle Telegram, selon lequel plus de 164 personnes avaient trouvé la mort dans le pays au cours des violences.

Quelques chiffres

Près de 8.000 personnes ont été arrêtées après une semaine d'émeutes marquées par une répression implacable au Kazakhstan, qui ont fait plusieurs dizaines de morts, a annoncé lundi le gouvernement. 

"Au 10 janvier, 7.989 individus sont détenus par les organes du (ministère) de l'Intérieur", a indiqué le ministère dans un

«Erreur technique»

Il a expliqué à deux sites internet privés que sa diffusion était le résultat d'une "erreur technique". Il n'y a toutefois pas eu de nouveau bilan.


Le bilan de 164 morts, qui n'a pas pu être vérifié de manière indépendante, est en forte hausse, les autorités ayant jusqu'ici fait état de 26 manifestants et 16 membres des forces de sécurité tués et plus de 2.000 personnes blessées.


Dans une déclaration envoyée à la presse lundi, le ministère des affaires étrangères a déclaré que les articles des médias étrangers avaient créé "la fausse impression que le gouvernement du Kazakhstan s'en prenait à des manifestants pacifiques. Nos forces de sécurité ont affronté des foules violentes qui ont commis des actes de terreur éhontés".


La présidence a annoncé dimanche que 5.800 personnes avaient été arrêtées, parmi lesquelles "un nombre substantiel d'étrangers", et 125 enquêtes ouvertes dans le sillage de ces émeutes inédites depuis l'indépendance, en 1989, de ce pays de 19 millions d'habitants riche en hydrocarbures.


La contestation avait débuté en province après l'augmentation des prix du gaz, avant de gagner des grandes villes, notamment Almaty, où la police a tiré à balles réelles sur les manifestants prenant d'assaut des bâtiments officiels.


Selon le ministère kazakh de l'Intérieur, le préjudice matériel causé par les violences a été initialement évalué à environ 175 millions d'euros.


Plus de 100 commerces et banques ont été pillés et plus de 400 véhicules détruits, selon la même source.


Le Kazakhstan avait annoncé samedi l'arrestation de l'ex-directeur des services de renseignement, Karim Massimov, première personnalité majeure interpellée, pour des soupçons de "haute trahison".

Poutine: Les forces russes au Kazakhstan se retireront après leur mission

Le président russe Vladimir Poutine a affirmé lundi que les forces de son pays et alliées envoyées au Kazakhstan pour épauler le pouvoir, visé selon lui par le "terrorisme international", quitteraient le pays après la fin de leur mission.


"Une fois que le contingent aura rempli ses fonctions, il se retirera du territoire du Kazakhstan", a indiqué M. Poutine lors d'une réunion par visioconférence avec ses alliés, dont le président kazakh.


Avant lui, le président du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev avait assuré que le retrait aura lieu "bientôt".


Conduits par la Russie, quelque 2.030 militaires de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), ont été déployés au Kazakhstan à la demande du président kazakh. 


Le dirigeant russe a estimé que son voisin et allié avait été victime "d'une agression du terrorisme international", affirmant que ces "bandes d'hommes armés", disposant "clairement d'une expérience de combat", avaient été formés dans des "centres à l'étranger".  


Il a ensuite averti que Moscou ne tolèrera pas de "révolutions colorées" en ex-URSS, formule récurrente pour décrire des révoltes orchestrées selon le Kremlin par l'Occident dans des pays ex-soviétiques depuis les années 2000.


"Nous comprenons qu'il ne s'agit ni de la première ni de la dernière tentative de s'immiscer dans les affaires de nos pays", a-t-il dit.


"Et nous ne laisserons pas la situation être perturbée chez nous, et nous ne laisserons pas se développer les scénarios de soi-disant révolutions colorées", a-t-il martelé.

«Tirer pour tuer»

Refusant tout dialogue avec les manifestants, le président Tokaïev avait autorisé vendredi ses forces à "tirer pour tuer".


Condamnant cet ordre, le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a estimé dimanche sur ABC que "les autorités au Kazakhstan devraient être capables de s'occuper des défis auxquels elles font face de façon pacifique, pour s'assurer que les droits de ceux qui manifestent pacifiquement soient protégés".


Almaty portait dimanche les stigmates des violences, avec des façades d'immeubles noircies par les flammes et des carcasses de voitures brûlées jonchant les rues.


Outre la hausse du coût de la vie, la figure de l'ex-président Noursoultan Nazarbaïev, qui a régné d'une main de fer sur le Kazakhstan de 1989 à 2019, a cristallisé la colère des manifestants.


Son porte-parole, Aïdos Oukibaï, a une nouvelle fois nié dimanche que M. Nazarbaïev ait quitté le pays, assurant qu'il soutenait M. Tokaïev.


Sur fond de rumeurs de lutte de pouvoir, il a aussi affirmé que M. Nazarbaïev avait cédé de son propre chef la direction du Conseil de sécurité nationale à M. Tokaïev, qui avait brusquement annoncé cette semaine qu'il en prenait les rênes.


La situation au Kazakhstan est suivie avec inquiétude à l'étranger. Le pape François a exprimé dimanche sa "douleur" et appelé au "dialogue" pour retrouver la paix.


Moscou a déployé des troupes dans le pays d'Asie centrale dans le cadre d'un contingent multinational de l'Organisation du traité de sécurité collective (OTSC), à l'appel de M. Tokaïev.


Les Etats-Unis ont estimé qu'il serait "très difficile" pour le Kazakhstan d'obtenir le départ des militaires russes, une critique que Moscou a qualifiée samedi de "grossière".


Ukraine : huit morts dans des frappes, Kiev revendique la destruction d'un bombardier russe

Cette photographie distribuée publiée le 19 avril 2024 par le gouverneur du kraï de Stavropol en Russie, Vladimir Vladimirov, montre les restes d'un bombardier stratégique russe à longue portée Tu-22M3 écrasé dans un champ agricole à l'extérieur de Stavropol. (Photo, AFP)
Cette photographie distribuée publiée le 19 avril 2024 par le gouverneur du kraï de Stavropol en Russie, Vladimir Vladimirov, montre les restes d'un bombardier stratégique russe à longue portée Tu-22M3 écrasé dans un champ agricole à l'extérieur de Stavropol. (Photo, AFP)
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  • Moscou a fait état de la mort d'un membre d'équipage dans le crash d'un avion Tupolev-22M3 à la suite d'une défaillance technique, sans mentionner d'implication ukrainienne
  • La Russie bombarde quotidiennement des localités ukrainiennes et Kiev dit éprouver un manque aigu de munitions pour repousser ces attaques

KIEV: Au moins huit personnes, dont des enfants, ont été tuées dans des frappes nocturnes en Ukraine, sur la région de Dnipropetrovsk (centre-est), ont annoncé vendredi les autorités ukrainiennes qui ont revendiqué avoir pour la première fois abattu un bombardier stratégique russe.

Les ministres des Affaires étrangères des Etats du G7 ont dans le même temps pris "l'engagement" de "renforcer" les moyens de défense antiaérienne de l'Ukraine, à l'issue de leur réunion dans le sud de l'Italie. Ils ont par ailleurs exprimé leur "forte préoccupation" à propos de transferts de matériels chinois profitant selon eux à la production militaire russe.

De son côté, Moscou a fait état de la mort d'un membre d'équipage dans le crash d'un avion Tupolev-22M3 à la suite d'une "défaillance technique", sans mentionner d'implication ukrainienne. Les deux pays semblent évoquer le même appareil.

Dans le district ukrainien de Synelnykové, au sud-est de Dnipro, la capitale de la région de Dnipropetrovsk, "plus de dix maisons ont été endommagées" et "six personnes sont mortes", a déclaré le ministre ukrainien de l'Intérieur Igor Klymenko sur Telegram.

Dans la ville de Dnipro, où un immeuble d'habitation de quatre étages et d'autres "infrastructures civiles" ont été touchés, deux personnes ont péri, a-t-il ajouté, prévenant que le bilan risquait de s'alourdir.

Au moins 25 personnes ont été blessées, selon le gouverneur local.

Le chef de la diplomatie ukrainienne Dmytro Kouleba a précisé que "deux enfants", âgés de quatorze et huit ans, figuraient parmi les morts et qu'un troisième, un garçon de six ans, avait été blessé. Différents responsables avaient auparavant fait des déclarations contradictoires sur le nombre des mineurs tués et leur âge.

"Les enfants ne devraient pas être tués par des frappes aériennes dans l'Europe moderne", a lancé M. Kouleba.

Chemins de fer visés

La compagnie publique ukrainienne des chemins de fer Ukrzaliznytsia a dénoncé vendredi "un bombardement massif" de ses infrastructures à Dnipro et dans sa région, faisant état d'une employée tuée et de sept blessés.

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a de nouveau appelé ses partenaires à envoyer "des systèmes de défense antiaérienne à l'Ukraine", au lieu de les laisser "stockés dans des entrepôts".

La Russie bombarde quotidiennement des localités ukrainiennes et Kiev dit éprouver un manque aigu de munitions pour repousser ces attaques, tandis que l'aide occidentale se réduit ou arrive en retard.

La Chambre américaine des représentants a annoncé qu'elle voterait samedi sur une enveloppe de 61 milliards de dollars d'aide à l'Ukraine, bloquée depuis des mois.

Au total, la Russie a tiré 22 missiles et 14 drones explosifs sur le territoire ukrainien dans la nuit de jeudi à vendredi, a souligné dans la matinée l'armée de l'air ukrainienne, affirmant avoir abattu 29 de ces engins.

Volodymyr Zelensky a dit avoir rendu visite à des soldats dans la région de Donetsk, dans l'est, où l'armée russe accentue sa pression.

Le président a expliqué avoir inspecté "la construction de fortifications", une des priorités actuelles de l'Ukraine afin de freiner les troupes de Moscou.

"Abattu" en mission de combat

Le commandant de l'armée de l'air ukrainienne Mykola Olechtchouk a affirmé vendredi que ses forces avaient, "pour la première fois", "détruit un bombardier stratégique de longue portée Tu-22M3, porteur de missiles de croisière X-22".

L'Ukraine avait déjà revendiqué la destruction d'un appareil de ce type en août mais il se trouvait au sol et non dans les airs.

Selon le renseignement militaire ukrainien (GUR), il s'agit cette fois d'un avion qui a participé aux bombardements nocturnes et "a été abattu à la suite d'une opération spéciale".

Le GUR assure que cet aéronef, qui effectuait une "mission de combat", est tombé dans la région de Stavropol, dans le sud-ouest de la Russie.

A Moscou, le ministère russe de la Défense n'a pas confirmé que des tirs ukrainiens avaient visé un avion militaire russe mais une source au sein de l'armée a déclaré à l'agence de presse d'Etat TASS qu'un bombardier supersonique Tupolev-22M3 s'était "écrasé dans la région de Stavropol après une mission de combat, en rentrant sur sa base".

L'appareil n'avait pas d'armements à son bord, a assuré cette source.

Le gouverneur de la région de Stavropol a pour sa part fait savoir qu'un Tupolev-22M3 avait fait une chute dans cette zone après un incident "technique" et qu'au moins un membre de son équipage avait perdu la vie.

"Un avion est tombé dans les champs dans le district de Krasnogvardeïski", a écrit Vladimir Vladimirov sur Telegram.

"Selon les données préliminaires, une défaillance technique est à l'origine de l'accident", a-t-il ajouté, sans donner plus de détails.

Deux autres membres de l'équipage de l'appareil ont été retrouvés vivants et les secours cherchent toujours le quatrième, a-t-il précisé.

Le district de Krasnogvardeïski se situe à quelque 300 km de la frontière ukrainienne.

 

 

 


MSF demande des «politiques dignes» face à «l'abandon» des migrants vers les États-Unis

Des migrants de différentes nationalités prient devant les agents anti-émeutes de la Garde nationale du Texas qui empêchent le passage vers leur frontière, comme vu de Ciudad Juarez, État de Chihuahua, Mexique, le 16 avril 2024. (Photo de Herika Martinez / AFP)
Des migrants de différentes nationalités prient devant les agents anti-émeutes de la Garde nationale du Texas qui empêchent le passage vers leur frontière, comme vu de Ciudad Juarez, État de Chihuahua, Mexique, le 16 avril 2024. (Photo de Herika Martinez / AFP)
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  • MSF a présenté un rapport sur «les conséquences médico-humanitaires dévastatrices» des politiques migratoires restrictives en Amérique centrale et au Mexique, ainsi qu'à la frontière sud des États-Unis
  • L'ONG relève «l'usage politique» de la situation des migrants «pour gagner des voix dans des sociétés de plus en plus hostiles face à l'étranger»

MEXICO: L'ONG Médecins sans frontière (MSF) a demandé jeudi à Mexico des "politiques migratoires dignes et sûres" face à la "désespérance et l'abandon" des migrants qui veulent se rendre aux États-Unis.

MSF a présenté un rapport sur "les conséquences médico-humanitaires dévastatrices" des politiques migratoires restrictives en Amérique centrale et au Mexique, ainsi qu'à la frontière sud des États-Unis.

L'ONG relève "l'usage politique" de la situation des migrants "pour gagner des voix dans des sociétés de plus en plus hostiles face à l'étranger", alors que des élections présidentielles ont lieu cette année au Mexique puis aux États-Unis.

"L'année (2023) a été marquée par des chiffres historiques de flux migratoire dans la région, avec plus de 520.000 personnes traversant la forêt du Darien", porte d'entrée en Amérique centrale entre la Colombie et Panama.

Dans son rapport, MSF relève "plus de 67.000 consultations en santé primaire et psychosociale entre le Honduras, le Guatemala et le Mexique en 2023", soit une hausse de 21% par rapport à 2022. Et de 36% concernant les enfants de moins de cinq ans.

Problèmes respiratoires, cutanés, diarrhée, sont les principaux troubles de santé que présentent les migrants.

"J'ai une déchirure à la jambe droite à cause de la traversée de la forêt (du Darien). Ce sont pratiquement huit pays maintenant", a témoigné un migrant vénézuélien, Moises Rojas, 58 ans, rencontré par l'AFP à Ciudad Juarez à la frontière avec les États-Unis.

"Je voyage avec ma fille. Je n'aurais jamais traversé tant de pays. Mais je suis parti car la situation de mon pays est trop critique", a-t-il ajouté.

Les problèmes de santé mentale sont également importants : "Sur quasiment 3.800 consultations au Honduras, Guatemala et au Mexique, 48% ont été principalement diagnostiqués d'un stress aigu, suivi par les cas de dépression (12%), d'anxiété (11%) et  trouble de stress post-traumatique (11%)".

MSF dénonce également "la violence physique et les enlèvements" pratiqués sur les migrants, évoquant "230 cas de violence avec 775 victimes, dont 52% de femmes et 22% d'enfants et d'adolescents".

"Au Guatemala (...) plus de 150 personnes disent être revenus du Mexique à cause des violences subies là-bas", indique MSF.

"Il est urgent que chaque État - qu'il soit d'origine, de transit ou de destination - assume ses responsabilités dans la gestion de cette crise", insiste l'association médicale humanitaire crée en 1971 en France et qui oeuvre dans plus de 70 pays.

Interrogé par l'AFP, le chef-adjoint de la mission MSF Mexique, Camilo Velez, dénonce par exemple les insuffisances de la politique migratoire américaine.

A la frontière, les migrants doivent déposer leur demande de rendez-vous d'asile sur l'application de CBP, le service américain des douanes et de la protection des frontières.

"Nous demandons que le nombre de 1.450 rendez-vous quotidiens augmente", explique-t-il avançant le chiffre de presque 500.000 personnes bloquées l'année dernière à la frontière.


Les États-Unis mettent leur veto à la candidature de la Palestine, largement soutenue, pour une adhésion complète à l'ONU

Les États-Unis mettent leur veto à la candidature de la Palestine, largement soutenue, pour une adhésion complète à l'ONU
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  • Douze membres du Conseil de sécurité ont voté en faveur de la résolution, tandis que le Royaume-Uni et la Suisse se sont abstenus
  • Le représentant du président palestinien Mahmoud Abbas a exprimé devant le Conseil le désir de son peuple de vivre dans la liberté, la sécurité et la paix, «dans un État indépendant»

NEW YORK: Les États-Unis ont mis jeudi leur veto à un projet de résolution élaboré par l'Algérie qui vise à accorder à l'État de Palestine le statut de membre à part entière de l'ONU, bloquant ainsi efficacement la reconnaissance de la Palestine en tant qu'État par le Conseil de sécurité.

Douze membres sur les quinze que compte le conseil ont voté en faveur de la résolution, le Royaume-Uni et la Suisse s'étant abstenus et les États-Unis ayant voté contre. Pour être adoptée, une résolution du conseil doit disposer d’au moins neuf votes favorables et ne recueillir aucun recours au droit de veto des cinq membres permanents du Conseil, à savoir les États-Unis, le Royaume-Uni, la France, la Russie et la Chine.

Un porte-parole du département d'État américain a déclaré jeudi: «Des actions prématurées à New York, même avec les meilleures intentions du monde, ne permettront pas au peuple palestinien d'accéder au statut d'État.»

«Il existe des questions en suspens sur la capacité du candidat à remplir les critères pour être considéré comme un État. Nous exhortons depuis longtemps l'Autorité palestinienne à entreprendre les réformes nécessaires pour acquérir les critères requis pour la création d'un État.»

«Le Hamas, qui est une organisation terroriste exerçant actuellement son pouvoir et son influence à Gaza, serait partie intégrante de l'État envisagé dans cette résolution. C'est la raison pour laquelle les États-Unis voteront contre cette proposition de résolution du Conseil de sécurité.»

Robert Wood, le représentant adjoint des États-Unis à l'ONU, a également souligné que, en vertu de la législation de son pays, une reconnaissance totale par l'ONU d'un État palestinien entraînerait «l'arrêt du financement de l'ONU, ce qui lie les Américains à leur législation nationale».

Avant une précédente réunion du Conseil de sécurité au cours de ce mois, M. Wood a réaffirmé la position de longue date de Washington selon laquelle l'adhésion pleine et entière des Palestiniens aux Nations unies «est une décision qui devrait être négociée entre Israël et les Palestiniens». Il a poursuivi en ces termes: «Ces derniers doivent parvenir à un accord et c'est ainsi que l'adhésion pleine et entière devrait se concrétiser.»

Le président palestinien, Mahmoud Abbas, a présenté une demande d'adhésion à l'ONU en 2011. Elle n'a pas été examinée par le Conseil de sécurité, mais, l'année suivante, l'Assemblée générale a accordé à l'«État de Palestine» le statut plus retreint d'État observateur non membre.

Le texte concis du projet de résolution proposé par l'Algérie respectait le format habituel des résolutions du Conseil de sécurité. Il préconisait que le ce dernier, après avoir examiné la demande d'adhésion de l'État de Palestine à l'ONU, recommande à l'Assemblée générale d'admettre l'État de Palestine en tant que membre à part entière.

Le vote de jeudi est intervenu après une longue journée de débats de haut niveau dans la salle du Conseil. Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a ouvert la réunion en avertissant que le Moyen-Orient était «au bord du précipice» et en appelant à «la plus grande retenue».

Il a ajouté qu'il était «grand temps de mettre fin au cycle sanglant des représailles» et «d'arrêter».

Il a réaffirmé sa condamnation de l'attaque de l'Iran contre Israël cette semaine et de celle de ce dernier contre le consulat iranien à Damas au cours de ce mois.

«À Gaza, sept mois d'opérations militaires israéliennes ont engendré un véritable enfer humanitaire», a souligné Antonio Guterres.

«Des dizaines de milliers de personnes ont été tuées. Deux millions de Palestiniens ont été confrontés à la mort, à la destruction et au refus d'une aide humanitaire vitale. Ils risquent désormais de succomber à la famine.»

«Une opération israélienne à Rafah aggraverait cette catastrophe humanitaire», a-t-il prévenu, faisant référence aux menaces des autorités israéliennes d'une offensive terrestre dans cette ville du sud de Gaza devenue le dernier refuge de plus d'un million de Palestiniens déplacés par les combats dans d'autres parties du territoire.

La fin des hostilités à Gaza contribuerait de manière significative à désamorcer les tensions croissantes dans la région, a ajouté Antonio Guterres, qui a réitéré ses appels à un cessez-le-feu humanitaire immédiat et à la libération de tous les otages détenus dans le territoire.

Ziad Abu-Amr, le représentant du président palestinien, a déclaré que son peuple aspirait à exercer son droit à l'autodétermination et à vivre dans la liberté, la sécurité et la paix «dans un État indépendant semblable aux autres pays du monde».

S'adressant directement aux États-Unis, il a ajouté: «À ceux qui soutiennent que la reconnaissance de l'État palestinien devrait résulter des négociations plutôt que d’une résolution des Nations unies, nous posons à nouveau la question: comment l'État d'Israël a-t-il été créé? Comment a-t-il été reconnu? N'est-ce pas par le biais d'une résolution des Nations unies, à savoir la résolution 181?»

«Il est grand temps pour le Conseil de sécurité d’assumer sa responsabilité historique et de rendre justice au peuple palestinien en adoptant une résolution acceptant la Palestine comme membre à part entière des Nations unies.»

Le ministre jordanien des Affaires étrangères, Ayman Safadi, a appelé le Conseil de sécurité à «accepter l'État de Palestine en tant que membre à part entière des Nations unies».

Il a ajouté: «Faites-le pour défendre la justice, pour faire triompher la paix, pour rejeter l'injustice, pour dénoncer le mensonge. Ne laissez pas l'avenir de la région entre les mains des éléments les plus extrémistes du gouvernement israélien.»

Le représentant permanent de la Russie auprès des Nations unies, Vassili Nebenzia, a affirmé: «Le minimum que nous sommes tenus de faire, au regard de tous les impératifs moraux, est de répondre à l'aspiration de la Palestine à devenir membre des Nations unies.»

«Nous sommes fermement convaincus que la reconnaissance de la Palestine, sur la base d'un statut équivalent à celui d'Israël, contribuera au règlement à long terme du conflit israélo-palestinien.»

Le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares Bueno, a déclaré que son pays avait rejoint les 139 autres nations qui ont déjà officiellement reconnu l'État de Palestine et qu'il soutenait son admission à l'ONU.

«L'Espagne reconnaîtra l'État de Palestine parce que le peuple palestinien ne peut être condamné à être un peuple de réfugiés», a-t-il lancé. «Cette démarche est également essentielle pour la paix au Moyen-Orient et bénéfique pour la sécurité d'Israël.»

«L'Espagne reconnaîtra un État palestinien parce que ce peuple a le droit à un avenir empreint d'espoir, tout comme le peuple israélien a le droit à un avenir dans la paix et la sécurité après tant de décennies de souffrance.»

Le ministre brésilien des Affaires étrangères, Mauro Vieira, a indiqué aux membres du Conseil que «le moment est venu pour la communauté internationale d'accueillir enfin l'État de Palestine, pleinement souverain et indépendant, en tant que nouveau membre des Nations unies».

L'ambassadeur de Chine aux Nations unies, Fu Cong, a appelé les membres du Conseil à «adopter une attitude responsable à la lumière de l'histoire et à voter en faveur de l'adhésion de la Palestine à la famille des Nations unies en tant que membre à part entière».

Le ministre algérien des Affaires étrangères, Ahmed Attaf, a fait savoir que l'adhésion de la Palestine à l'ONU en tant que membre à part entière était un «droit historique» et que le fait de ne pas l'accorder prolongerait irrémédiablement le conflit israélo-arabe.

La représentante du Royaume-Uni auprès des Nations unies, Barbara Woodward, a souligné que la reconnaissance d'un État palestinien «ne peut pas intervenir ni au début ni à la fin du processus».

Elle a ajouté: «Depuis longtemps, notre position est que nous reconnaîtrons un État palestinien au moment le plus opportun pour le processus de paix. Ce processus débutera par la résolution de la crise immédiate à Gaza».