En Haïti, les gangs sont «tout-puissants», pour ce journaliste rescapé d'une attaque meurtrière

Marché de la capitale d'Haïti, Port-au-Prince (Photo, AFP).
Marché de la capitale d'Haïti, Port-au-Prince (Photo, AFP).
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Publié le Lundi 10 janvier 2022

En Haïti, les gangs sont «tout-puissants», pour ce journaliste rescapé d'une attaque meurtrière

  • Totalement à découvert, des journalistes ont été pris pour cible en fin de matinée par un des gangs qui veut dominer une zone en périphérie de la capitale
  • Sous le choc après la mort de ses deux collègues, le rescapé s'est rendu auprès de la police judiciaire pour témoigner mais n'a pas grand espoir de voir les assassins condamnés

PORT-AU-PRINCE: "Les balles fusaient": seul rescapé de l'attaque où deux journalistes haïtiens ont perdu la vie jeudi, assassinés par un gang en périphérie de Port-au-Prince, Wilmann Vil se terre désormais par peur d'être retrouvé par ces bandes criminelles aux réseaux selon lui insoupçonnés.

Accompagné de Wilguens Louissaint et Amady John Wesley, Wilmann Vil progressait, dans le cadre d'un reportage, à pied jeudi dans le lit d'une rivière asséchée au cœur de la montagne qui surplombe la capitale haïtienne.

Totalement à découvert, ils ont été pris pour cible en fin de matinée par un des gangs qui veut dominer cette zone rurale, devenue stratégique pour rejoindre la moitié sud d'Haïti.

"Les balles fusaient, ils tiraient sans arrêt", se rappelle samedi Wilmann Vil lors d'un entretien téléphonique avec l'AFP.

Le reporter de 31 ans parvient à se mettre à l'abri sous les arbres de la rive et, gravissant un pan de montagne, est protégé par des paysans à qui il explique sa détresse.
Rafales de tirs

"Ils m'ont fait m'asseoir et j'ai pris mon téléphone pour appeler Amady", avec qui il a l'habitude de travailler depuis une décennie.

"Je lui ai demandé où il était et il m'a répondu +les types m'ont capturé, je suis avec eux+", rapporte le travailleur du média en ligne RL production.

Wilmann Vil a alors entendu son collègue supplier les membres du gang de les épargner, lui et Wilguens Louissaint.

"Amady leur répétait +on n'est pas des bandits, on est des journalistes. On est venu faire un reportage+," se remémore Wilmann, qui met alors son téléphone sur haut-parleur "pour que tous les paysans qui étaient autour (de lui) puissent aussi écouter".

Mais des rafales de tirs résonnent au bout du fil et le survivant de l'attaque se rend alors compte qu'il doit fuir au plus vite.

"Les gens de la zone m'ont donné des vêtements pour que je puisse me changer et passer plus discrètement", raconte le journaliste qui a été placé par les riverains dans une petite habitation.

"En chemin, j'ai vu des types armés qui étaient déjà montés sur les toits des maisons et qui me cherchaient", explique-t-il d'une voix très rapide.

Conscients que protéger une personne recherchée par les gangs constitue un grand risque, les travailleurs agricoles lui trouvent un chauffeur de taxi-moto pouvant l'exfiltrer, en compagnie d'un élu local, hors de la zone contrôlée par les bandes armées.
Mieux armés que la police

Sain et sauf, le reporter a vu sa tranquillité quotidienne voler en éclats.

"Ma fille (4 ans) me dit qu'elle a peur et elle ne dort pas", soupire Wilmann qui vit, avec sa famille, calfeutré dans la maison d'un tiers car il a peur "des espions que les bandes peuvent avoir dans (son) quartier".

Le journaliste connaît les modes opératoires des gangs pour avoir, à de nombreuses occasions, été à leur rencontre pour réaliser des reportages.

"Ces types sont tout-puissants", assure-t-il. "J'ai vu comment ils fonctionnent dans les ghettos".

"Ils ont tellement d'armes et de gens qui travaillent pour eux, des personnes dont on n'aurait jamais l'idée de se dire qu'elles sont dans un gang", alerte Wilmann.

Sous le choc après la mort de ses deux collègues, il s'est rendu auprès de la police judiciaire pour témoigner mais n'a pas grand espoir de voir les assassins répondre de leurs actes.

"Ils savent qui sont les types et les policiers savent où ils sont: ils ont même leurs numéros de téléphone", affirme Wilmann Vil.

Fataliste, il estime que, même si elle en avait la volonté, la police haïtienne ne pourrait déloger les gangs des territoires qu'ils ont conquis car ils "sont bien mieux armés que la police".

Sans les nommer, le trentenaire dénonce la responsabilité de personnalités puissantes dans la plongée d'Haïti dans le chaos sécuritaire actuel.

"Je ne défends pas les bandits, ils sont coupables", tient-il à souligner, "mais les politiciens et le secteur privé en Haïti sont aussi coupables car les types des ghettos n'ont pas l'argent pour s'acheter le genre d'armes que j'ai vu entre leurs mains".

Envisageant de s'exiler pour mettre sa famille en sécurité, Wilmann Vil estime avec regret que son "pays est vraiment fini à cause du banditisme".


Londres: manifestation propalestinienne à la veille de la trêve à Gaza

Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
Des manifestants et des contre-manifestants se rassemblent à Whitehall, dans le centre de Londres, lors d'une manifestation nationale pour la Palestine, le 18 janvier 2025. (Photo BENJAMIN CREMEL / AFP)
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  • des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».
  • Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

LONDRES : Il faut continuer à « mettre la pression » : des milliers de manifestants propalestiniens se sont rassemblés dans le centre de Londres samedi, à la veille de l'entrée en vigueur de la trêve conclue entre Israël et le Hamas, espérant plus qu'un « répit temporaire ».

« Nous voulons être optimistes » concernant ce cessez-le-feu, et « nous devons être dans la rue pour nous assurer qu'il tienne », affirme à l'AFP Sophie Mason, une Londonienne de 50 ans, habituée des manifestations propalestiniennes dans la capitale britannique.

La trêve, qui doit débuter dimanche matin, prévoit la libération d'otages israéliens aux mains du Hamas et de prisonniers palestiniens détenus par Israël, un retrait israélien des zones densément peuplées de Gaza, ainsi qu'une augmentation de l'aide humanitaire.

La marche prévue s'est transformée en un rassemblement statique sur Whitehall, la grande avenue du quartier des ministères, la police ayant rejeté le parcours proposé par le mouvement Palestine Solidarity Campaign, car il passait trop près d'une synagogue.

La police, présente en masse, a annoncé sur X avoir arrêté en fin d'après-midi « entre 20 et 30 manifestants » qui étaient sortis du périmètre autorisé, après avoir déjà procédé à sept autres arrestations un peu plus tôt.

Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire « Arrêtez d'armer Israël » ou « Gaza, arrêtez le massacre ». Certains ont chanté : « De la rivière à la mer, la Palestine sera libérée. »

« Nous devons mettre la pression pour que ce cessez-le-feu soit respecté et que l'aide internationale arrive à Gaza », affirme Ben, syndicaliste de 36 ans, qui a refusé de donner son nom de famille.

Anisah Qausher, étudiante venue avec sa mère, estime quant à elle que le cessez-le-feu « arrive tard et il est insuffisant ». Si elle espère qu'il « apportera un répit temporaire », elle estime qu'il va falloir « faire beaucoup plus », évoquant le défi de la reconstruction de Gaza.

Selon elle, l'entrée de davantage d'aide humanitaire est « une victoire », mais « cela ne devrait pas être quelque chose soumis à autorisation ». C'est un droit », ajoute-t-elle.

Une manifestation rassemblant une centaine de personnes brandissant des drapeaux israéliens se tenait non loin de là.

L'attaque du 7 octobre a fait 1 210 morts côté israélien, en majorité des civils, selon un décompte de l'AFP basé sur des données officielles. Sur les 251 personnes enlevées ce jour-là, 94 sont toujours otages à Gaza, dont 34 sont mortes selon l'armée.

Au moins 46 899 personnes, en majorité des civils, ont été tuées dans l'offensive israélienne à Gaza, selon les données du ministère de la Santé du Hamas jugées fiables par l'ONU.

Selon l'ONU, la guerre a provoqué un niveau de destructions « sans précédent dans l'histoire récente » dans le territoire palestinien assiégé.


En Espagne, une trentaine de personnes ont été blessées, dont plusieurs sont dans un état grave, dans un accident de télésiège

Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
Drapeau de l'Espagne (Photo iStock)
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  • « Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.
  • Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

MADRID : Dans une station de ski des Pyrénées, près de la frontière française, dans le nord-est de l'Espagne, un accident de télésiège a fait samedi plus d'une trentaine de blessés, dont plusieurs gravement, ont indiqué les autorités locales.

« Nous sommes en train de parler de 30 à 35 blessés, graves, très graves ou moins graves », a déclaré Miguel Ángel Clavero, directeur des services d'urgence de la région d'Aragon, où se situe la station d'Astún, sur la télévision publique TVE.

« Visiblement, il y a eu un problème au niveau de la poulie de l'un des télésièges, ce qui a entraîné une perte de tension du câble et la chute de certains télésièges », a-t-il expliqué.

Le président régional Jorge Azcón a précisé pour sa part que les trois personnes les plus gravement atteintes avaient été transférées à l'hôpital, l'une d'entre elles, une femme, en hélicoptère.

Les médias locaux ont évoqué un total de neuf blessés très graves, information que M. Azcón n'a pas confirmée.

Tous les skieurs qui étaient restés suspendus dans leur télésiège ont pu être secourus », a-t-il ajouté.

« Nous avons soudainement entendu un bruit et nous sommes tombés au sol, dans le télésiège. Nous avons rebondi cinq fois, en haut, en bas, et nous avons mal au dos et pris des coups, mais il y a des gens qui sont tombés des télésièges », a raconté María Moreno, l'une des victimes, sur la télévision publique.

« Nous avons eu très peur », a-t-elle ajouté.

Un jeune témoin des faits a déclaré sur TVE avoir vu un câble du mécanisme du télésiège sauter. « Les télésièges se sont mis à rebondir soudainement et les gens ont volé », a-t-il décrit.

Cinq hélicoptères et une quinzaine d'ambulances ont été mobilisés pour évacuer les blessés vers des hôpitaux proches de la station, où a été installé un hôpital de campagne, selon les services de secours.

Dans un message publié sur X, le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez a déclaré être « choqué par les informations sur l'accident survenu dans la station d'Astún » et a indiqué avoir « offert tout le soutien » du gouvernement central aux autorités locales.


Iran : deux juges de la Cour suprême assassinés dans leur bureau selon les médias

Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
Des membres de la police se tiennent devant le bâtiment judiciaire après l'assassinat des juges de la Cour suprême Mohammad Moghiseh et Ali Razini à Téhéran, Iran, le 18 janvier. (Reuters)
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  • les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.
  • e président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

TEHERAN : Deux juges de la Cour suprême iranienne ont été assassinés samedi dans leur bureau à Téhéran par un homme armé qui s'est ensuite suicidé, a annoncé l'agence officielle de l'Autorité judiciaire, Mizan Online.

Les chefs de la branche 39 et 53 de la Cour suprême, les juges Ali Razini et Mohammad Moghisseh, ont été tués dans l'enceinte de la Cour suprême, dans le sud de la capitale iranienne, a précisé Mizan Online.

Le porte-parole du pouvoir judiciaire, Asghar Jahangir, a déclaré à la télévision que l'assaillant était « entré dans le bureau des deux juges armé d'un pistolet » et les avait tués.

Les motivations de l'auteur des faits n'ont pas été communiquées, mais Mizan Online a précisé qu'il « n'avait pas de dossier devant la Cour suprême ».

L'affaire, très rare en Iran, « fait désormais l'objet d'une enquête », a ajouté Mizan, qualifiant les faits d'acte « terroriste ».

Selon un communiqué publié sur le site de la présidence, le président iranien, Massoud Pezeshkian, a exhorté les forces de l'ordre à « identifier dans les plus brefs délais les commanditaires et les auteurs » du crime.

« Il ne fait aucun doute que le brillant chemin de ces juges, qui ont consacré leur vie à lutter contre les crimes contre la sécurité nationale, se poursuivra avec force », a-t-il ajouté.

Les deux juges tués samedi étaient des hodjatoleslam, un rang intermédiaire dans le clergé chiite, et avaient présidé les audiences d'importants procès ces dernières années.

Mohammad Moghisseh, âgé de 68 ans, a eu une longue carrière au sein de la justice depuis l'instauration de la République islamique en 1979.

Il a été sanctionné en 2019 par les États-Unis pour avoir supervisé « un nombre incalculable de procès inéquitables ».

De son côté, Ali Razini, 71 ans, a occupé des postes importants au sein du système judiciaire comme politique de l'Iran.

En 1998, alors qu'il était à la tête du pouvoir judiciaire de la capitale Téhéran, il avait été la cible d'une autre tentative d'assassinat, selon Mizan.

En 2005, le juge du tribunal révolutionnaire de Téhéran, Massoud (Hassan) Moghadas, avait été assassiné en pleine rue dans la capitale.

En avril 2023, un ayatollah membre de l'Assemblée des experts, le collège chargé de nommer, superviser et éventuellement démettre le guide suprême, a été tué par balles dans le nord de l'Iran.