CERBÈRE : Marine Le Pen a défendu dimanche à la frontière franco-espagnole une politique "dissuasive" d'immigration, fil rouge de sa campagne, en suggérant notamment de rétablir le délit de séjour irrégulier, pour que les fonctionnaires puissent "dénoncer" la présence de clandestins.
"On pourra renforcer les moyens (contre l'immigration) à l’infini. Si on continue à mettre en place une politique attractive d’immigration, on ne réglera pas le problème. Il faut mettre en place une politique dissuasive d’immigration", a déclaré la candidate du Rassemblement national à la présidentielle, en sortant des bureaux de la police des frontières à Cerbère (Pyréenées orientales), tout près de l'Espagne.
La candidate d'extrême droite propose pour ce faire de couper "la totalité des pompes aspirantes" à l'immigration, de "rendre les procédures (d'expulsion) plus faciles", et de "rétablir la pénalisation de la présence et de l’entrée illégale sur le territoire, ce qui permet de remettre en place l’article 40 (du code de procédure pénale), qui oblige les fonctionnaires à dénoncer les situations de présence clandestine, ce qui permet également de poursuivre les associations qui font de l’incitation à l’immigration".
Le délit de séjour irrégulier a été aboli par le gouvernement de François Hollande en décembre 2012.
"Quand on vous explique que ce n’est pas possible de régler le problème de l’immigration clandestine et que, dans le même temps, on dépénalise le fait de se maintenir ou d’entrer illégalement sur le territoire, on met en place une hormone de croissance de l’immigration clandestine", a-t-elle dit aussi à la frontière du Perthus, où elle a plaidé pour "rétablir les frontières" et renforcer les effectifs des policiers et des gendarmes à celles-ci.
Elle a critiqué au passage l'Union européenne qui est "dans une démarche de laisser-faire, laisser-aller, laisser-passer". "Je crains que ça ne s'aggrave en 2022 avec la coalition allemande" de centre gauche au pouvoir à Berlin, a-t-elle ajouté.
Mme Le Pen avait déjà présenté fin septembre son projet de référendum sur l'immigration, qui réformerait en profondeur la Constitution, où elle veut y inscrire la "maîtrise" des flux migratoires, la "priorité nationale" par exemple au logement et à certaines aides, et le principe d'une supériorité du droit français sur le droit international pour refondre "l'ensemble du droit applicable aux étrangers".