Amal, un adolescent palestinien écroué depuis un an en Israël sans procès

Moammar Nakhleh, le père du prisonnier palestinien Amal, 17 ans, montre une photo de son fils sur son téléphone, dans le camp de réfugiés de Jalazun, près de la ville de Ramallah, en Cisjordanie, le 8 janvier 2022. (AFP)
Moammar Nakhleh, le père du prisonnier palestinien Amal, 17 ans, montre une photo de son fils sur son téléphone, dans le camp de réfugiés de Jalazun, près de la ville de Ramallah, en Cisjordanie, le 8 janvier 2022. (AFP)
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Publié le Dimanche 09 janvier 2022

Amal, un adolescent palestinien écroué depuis un an en Israël sans procès

  • A la veille d'une audience clé, son père Mouammar craint que le juge renouvelle encore une fois la «détention administrative» d'Amal
  • «Il m'a dit qu'il voulait faire une grève de la faim mais cela me fait peur, car il est déjà très faible», raconte Mouammar à propos de son fils qui souffre de myasthénie

TERRITOIRES PALESTINIENS: Son prénom signifie "espoir" en arabe et sa famille tente de s'en convaincre. Atteint d'une maladie auto-immune, Amal Nakhleh, 17 ans, vit depuis un an dans une prison grisâtre, un des rares adolescents palestiniens détenus sans inculpation ni procès par Israël.


A la veille d'une audience clé, son père Mouammar craint que le juge renouvelle encore une fois la "détention administrative" d'Amal, une mesure controversée permettant à Israël d'incarcérer des suspects pour une durée de six mois renouvelables indéfiniment sans accusation.


"Depuis son arrestation l'an dernier, je ne l'ai vu que deux fois. La dernière fois c'était cette semaine, à la prison, derrière une épaisse vitre, et je n'ai pas pu le toucher", souffle ce journaliste âgé de 50 ans, dans l'appartement familial du camp de réfugiés de Jalazoun, en Cisjordanie occupée.


"Il m'a dit qu'il voulait faire une grève de la faim mais cela me fait peur, car il est déjà très faible", raconte Mouammar à propos de son fils qui souffre de myasthénie, une maladie neuromusculaire auto-immune, et a subi à la mi-2020 une opération pour lui extraire une tumeur cancéreuse de la cage thoracique.


Mardi, le prisonnier palestinien Hicham Abou Hawash, en détention administrative depuis plus d'un an, a mis fin à 141 jours de grève de la faim, un cas emblématique qui a d'ailleurs poussé le quotidien israélien Haaretz à appeler à la fin de ces mesures de détention.


"Si l'Etat avait des preuves contre Abou Hawash (soupçonné de préparer des attaques selon Israël, ndlr), il aurait dû l'inculper. Sinon, il fallait le libérer immédiatement", a souligné le quotidien dans un éditorial. 


Et d'ajouter: "Il est temps pour Israël de renoncer à cette pratique non démocratique (..) de détention administrative illimitée sans preuve ou accusation à réfuter".    


Cette pratique est également critiquée par des organisations de défense des droits humains et des gouvernements à l'étranger, qui accusent Israël d'en abuser.


Mais le ministère israélien des Affaires étrangères la défend, invoquant un état de "sécurité complexe et volatile en Cisjordanie" pour justifier des "ordres de détention visant ceux qui projettent des attaques terroristes, les organisent, les facilitent ou contribuent activement à ce que de tels actes soient commis". 


"L'utilisation des détentions administratives, qui permettent de priver une personnes de sa liberté seulement pour un temps limité, est une mesure effective et légitime contre ces attaques terroristes continues".


Plus de 450 Palestiniens sont actuellement écroués dans des prisons israéliennes dans le seul cadre de ces "détentions administratives". Selon l'ONG israélienne HaMoked, six adolescents font partie de ces détenus. 

Où est la preuve ? 
Ils sont incarcérés sans accusation, ni procès, ni possibilité d'accéder aux éléments de preuve contre eux colligés par les services de sécurité israéliens. 


Amal Nakhleh figure parmi eux. 


Il a été arrêté une première fois par les autorités israéliennes en Cisjordanie occupée en novembre 2020. 


Passionné de football, Amal avait alors récupéré de son opération de cancer et était sorti avec ses amis quand il a été arrêté, accusé d'avoir lancé des pierres sur des soldats israéliens, ce que nie sa famille.


Après 40 jours de détention, un juge israélien a ordonné sa libération. 


"Mais lors de l'audience, le représentant des forces de sécurité a dit: +nous avons un dossier de sécurité contre lui, nous allons demander sa détention administrative. Le juge a demandé: +où est ce dossier, je veux le voir", raconte Mouammar, présent à l'audience.  


Aucun dossier n'a été alors présenté et Amal Nakhleh a été libéré. Mais des semaines plus tard, en janvier 2021, des soldats toquent à l'aube à la porte de l'appartement familial pour l'arrêter et le placer en détention administrative. 


Interrogé par l'AFP, le service de sécurité israélien Shin Beth n'a pas commenté cette affaire, mais il avait déjà indiqué à la presse que Amal était "soupçonné d'avoir participé à une activité terroriste".  


Le cas de Amal a été soulevé auprès des autorités israéliennes par l'Agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa).


"Nous avons écrit à de nombreuses reprises (aux autorités israéliennes) mais n'avons jamais reçu d'informations sur les raisons de son arrestation", a dit à l'AFP Gwyn Lewis, directrice en Cisjordanie de l'Unrwa. 


"Nous demandons sa libération immédiate de la détention administrative (...) parce que sa condition médicale est incroyablement sérieuse et qu'il s'agit d'un mineur", a-t-elle ajouté. 


Depuis son arrestation, la détention a déjà été reconduite deux fois et une nouvelle audience est prévue lundi, à l'approche de ses 18 ans. 


"J'ai peur que si sa détention est renouvelée cette semaine, on ne le revoie plus avant longtemps", lance, nerveux, son père Mouammar. "Je me prépare pour le pire".  


Faisal ben Farhane estime que l'entrée de l'aide à Gaza ne peut être liée à un cessez-le-feu

Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhane, a déclaré que l'entrée de l'aide à Gaza ne pouvait être liée à un cessez-le-feu. (AFP)
Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhane, a déclaré que l'entrée de l'aide à Gaza ne pouvait être liée à un cessez-le-feu. (AFP)
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  • Le sommet extraordinaire conjoint arabe et islamique a discuté de l'évolution de la situation dans l'enclave, ainsi que des efforts visant à instaurer un cessez-le-feu immédiat et durable
  • Le ministre saoudien a déclaré que tout déplacement de Palestiniens était catégoriquement rejeté. Il a ajouté que le Royaume appréciait les efforts de l'Égypte et du Qatar dans les négociations sur le cessez-le-feu


ANTALYA : Le ministre saoudien des Affaires étrangères, Faisal ben Farhane, a déclaré que l'entrée de l'aide à Gaza ne pouvait être liée à un cessez-le-feu.

M. Ben Farhane a déclaré que la communauté internationale devait faire pression sur le gouvernement israélien pour qu'il autorise l'acheminement de l'aide à Gaza.

Le sommet extraordinaire conjoint arabe et islamique a discuté de l'évolution de la situation dans l'enclave, ainsi que des efforts visant à instaurer un cessez-le-feu immédiat et durable.

Le ministre saoudien a déclaré que tout déplacement de Palestiniens était catégoriquement rejeté. Il a ajouté que le Royaume appréciait les efforts de l'Égypte et du Qatar dans les négociations sur le cessez-le-feu.

La réunion a également souligné la nécessité de poursuivre les efforts pour permettre au peuple palestinien d'exercer ses droits inhérents.


A Gaza, la Défense civile annonce dix morts dont sept enfants dans une frappe israélienne

Sept enfants figurent au nombre des dix personnes âgées de 3 à 58 ans et tués dans une frappe aérienne vers 03H30 (00H30 GMT) à Khan Younès, a déclaré à l'AFP Mahmoud Bassal, le porte-parole de cette organisation de secouristes. (AFP)
Sept enfants figurent au nombre des dix personnes âgées de 3 à 58 ans et tués dans une frappe aérienne vers 03H30 (00H30 GMT) à Khan Younès, a déclaré à l'AFP Mahmoud Bassal, le porte-parole de cette organisation de secouristes. (AFP)
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  • L'armée israélienne a dit examiner ces informations. Dans un communiqué, elle a annoncé avoir frappé une quarantaine de "cibles terroristes" dans le territoire palestinien assiégé ces dernières 24 heures
  • A Genève, une porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, Ravina Shamdasani, a mis en cause les actions d'Israël, estimant qu'elles menaçaient la "possibilité pour les Palestiniens de continuer à vivre" dans ce territoire

GAZA: La Défense civile palestinienne a annoncé vendredi la mort de 10 membres d'une même famille victime d'une frappe israélienne nocturne dans le sud de la bande de Gaza, au moment où l'ONU constate que des dizaines de frappes ces dernières semaines entraînent la mort "uniquement des femmes et des enfants".

Sept enfants figurent au nombre des dix personnes âgées de 3 à 58 ans et tués dans une frappe aérienne vers 03H30 (00H30 GMT) à Khan Younès, a déclaré à l'AFP Mahmoud Bassal, le porte-parole de cette organisation de secouristes.

L'armée israélienne a dit examiner ces informations. Dans un communiqué, elle a annoncé avoir frappé une quarantaine de "cibles terroristes" dans le territoire palestinien assiégé ces dernières 24 heures.

A Genève, une porte-parole du Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme, Ravina Shamdasani, a mis en cause les actions d'Israël, estimant qu'elles menaçaient la "possibilité pour les Palestiniens de continuer à vivre" dans ce territoire.

Elle a pointé les destructions mais aussi "l'idée répétée que les Gazaouis devraient quitter complètement le territoire".

Vendredi, le ministre saoudien des Affaires étrangères, Fayçal ben Farhane, a appelé, à l'issue d'une réunion avec ses homologues régionaux en Turquie, à exercer une "pression maximale pour garantir" l'acheminement de l'aide vers Gaza, en proie à une crise humanitaire majeure.

Ramener les otages 

Mettant fin à une trêve de deux mois avec le Hamas, Israël a repris ses bombardements le 18 mars dans la bande de Gaza. Plus de 1.500 personnes ont été tuées depuis, portant à 50.912 le nombre de morts dans cette guerre déclenchée au lendemain de l'attaque sans précédent du mouvement islamiste palestinien en Israël le 7 octobre 2023.

Des efforts pour revenir à un cessez-le-feu sont restés infructueux.

Des médias israéliens ont cependant rapporté vendredi que l'Egypte et Israël avaient échangé des projets de documents portant sur un accord de cessez-le-feu et de libération d'otages.

Selon le Times of Israël, la proposition égyptienne prévoirait le retour en Israël de huit otages vivants et de huit corps en échange d'une trêve de 40 à 70 jours ainsi que de la libération d'un grand nombre de prisonniers palestiniens.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a de son côté réaffirmé son engagement à ramener les otages capturés lors de l'attaque du Hamas et toujours retenus dans la bande de Gaza, dans un message pour Pessah, la Pâque juive.

Ces propos surviennent alors que Donald Trump a fait état de progrès dans les négociations sur la libération d'otages, le président américain ayant déclaré jeudi, lors d'une réunion de son cabinet, que "nous approchons du moment où nous pourrons les récupérer".

A Khan Younès, des images tournées par l'AFP vendredi sur les lieux de la frappe israélienne montrent des secouristes évacuant des corps dans des sacs blancs et des couvertures, et les transportant dans des ambulances vers un hôpital.

La maison de la famille al-Farra a été complètement éventrée, des gravats et objets personnels (une chaussure de sport, un ballon de football vert) jonchant le sol tout autour.

Des témoins ont aussi fait état de tirs continus et intensifs de chars israéliens dans la matinée de vendredi à Khan Younès.

"Uniquement des femmes et des enfants" 

Le porte-parole en langue arabe de l'armée israélienne, Avichay Adraee, a par ailleurs exhorté les habitants de plusieurs quartiers de la ville de Gaza, également dans le nord, à évacuer leur domicile.

"Au cours de la nuit, les troupes ont intensifié leurs opérations terrestres dans le couloir de Morag, tout en poursuivant leurs activités dans la région", a justifié l'armée dans un communiqué, faisant référence à la zone tampon récemment annoncée dans le sud entre les villes de Rafah et Khan Younès.

Le Haut-Commissariat de l'ONU aux droits de l'homme a aussi dénoncé vendredi l'impact des frappes israéliennes de ces dernières semaines, déplorant un "large pourcentage d'enfants et de femmes" parmi les victimes.

"Entre le 18 mars et le 9 avril 2025, il y a eu environ 224 frappes israéliennes sur des immeubles résidentiels et des tentes pour déplacés" et pour "36 frappes répertoriées et corroborées" par le Haut-Commissariat, les victimes "étaient uniquement des femmes et des enfants jusqu'à présent".

L'armée israélienne répète que les combattants palestiniens se réfugient parmi les civils utilisés selon elle comme boucliers, ce que le Hamas dément.


Saleh: «Le Yémen n'est pas un champ de bataille pour les règlements de comptes»

Le général de brigade Tariq Mohammed Abdallah Saleh, membre du Conseil présidentiel du Yémen, observe la patrouille des garde-côtes en mer Rouge, au large de Mokha, dans la province occidentale de Taïz, le 12 décembre 2023. (AFP)
Le général de brigade Tariq Mohammed Abdallah Saleh, membre du Conseil présidentiel du Yémen, observe la patrouille des garde-côtes en mer Rouge, au large de Mokha, dans la province occidentale de Taïz, le 12 décembre 2023. (AFP)
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  • Le général de brigade Tariq Mohammed Abdallah Saleh appelle à un renforcement du soutien aux forces yéménites sur le terrain afin de rétablir l'équilibre
  •  Il a précisé que le gouvernement yéménite travaillait en étroite coordination avec les partenaires internationaux ainsi que la coalition dirigée par l'Arabie saoudite

DUBAÏ: Le Yémen «n'est pas un champ de bataille pour régler des comptes, ni une partie d'un quelconque compromis extérieur», a déclaré un haut responsable du gouvernement à Asharq Al-Awsat dans un entretien exclusif.

Le général de brigade Tariq Mohammed Abdallah Saleh, membre du Conseil présidentiel du Yémen avec rang de vice-président, a également souligné que le fait de réduire le pays à un pion entre des nations puissantes engagées dans des jeux politiques compromettait sa souveraineté et la sécurité régionale.

«Le monde commettrait une erreur en acceptant que le Yémen serve de monnaie d'échange dans les négociations avec l'Iran», a déclaré M. Saleh, qui dirige également le bureau politique de la Résistance nationale. Il a également souligné l'importance stratégique du Yémen pour les routes maritimes mondiales.

M. Saleh est resté très discret depuis que les États-Unis ont intensifié leur campagne aérienne contre les Houthis, alliés de l'Iran, afin de mettre fin à la menace qu'ils font peser sur le transport maritime civil et les navires militaires dans la mer Rouge et le golfe d'Aden.

Il a également prévenu que le fait que le Yémen reste "une base pour les Gardiens de la révolution iraniens" menaçait non seulement les Yéménites, mais aussi les intérêts régionaux et internationaux.

M. Saleh a ajouté que pour parvenir à la stabilité dans ce pays ravagé par les conflits, il fallait soutenir un État national fondé sur la règle constitutionnelle et un véritable consensus populaire, et non des accords géopolitiques à court terme.

Il a appelé à renforcer le soutien aux forces yéménites sur le terrain pour rétablir l'équilibre, non pas comme un outil d'escalade, mais parce qu'il s'agit d'un impératif national pour protéger les civils et préserver les acquis durement gagnés.

Il a précisé que le gouvernement yéménite travaillait en étroite coordination avec les partenaires internationaux ainsi que la coalition dirigée par l'Arabie saoudite, qui soutient la légitimité au Yémen, dans le but d'obtenir un soutien accru pour la lutte nationale.

La coopération avec les partenaires régionaux et internationaux en vue de renforcer les garde-côtes du pays, en particulier en mer Rouge, artère stratégique pour le commerce mondial, se poursuit également, a déclaré le responsable yéménite.

La sécurité maritime est indissociable de la souveraineté nationale, et la défense des voies maritimes fait partie intégrante du rétablissement de l'autorité de l'État sur terre et en mer, a déclaré M. Saleh.

En ce qui concerne l'instauration de la paix au Yémen, M. Saleh a déclaré: «Tout règlement qui ne soumettrait pas les Houthis à la constitution yéménite et à l'État de droit n'aurait aucun sens. Il a écarté toute idée selon laquelle la milice pourrait être acceptée en dehors d'un cadre constitutionnel.»

«La paix ne peut être accordée à un groupe qui rejette l'État. Elle se forge lorsque l'État retrouve la capacité de faire respecter la loi et de protéger ses citoyens.»

Pour M. Saleh, la conclusion d'un accord de paix avec les Houthis – qu'il décrit comme un groupe sanguinaire qui ne s'engage pas à respecter les cadres nationaux et dont l'idéologie est ancrée dans un État ennemi – était pratiquement inexistante.

Il a accusé les Houthis de placer leurs dirigeants et les institutions liées au Corps des gardiens de la révolution iranien au-dessus des institutions de l'État yéménite.

«La gouvernance consiste à gérer les affaires du peuple sur la base de cadres communs», a déclaré M. Saleh. «Les Houthis ne respectent rien de tout cela.»

M. Saleh a directement accusé l'Iran de perpétuer le conflit par l'intermédiaire de ses mandataires armés et de faire du Yémen un otage de la violence et de la rébellion, bien que Téhéran ait toujours nié son implication.

M. Saleh a également reconnu les défis auxquels est confronté le Conseil présidentiel et a qualifié les désaccords internes de «naturels», compte tenu de la complexité de la crise au Yémen.

«En fin de compte, a-t-il déclaré, ce qui nous unit est plus important que toutes les différences.»

«Les désaccords sont naturels dans tout organe de direction, en particulier dans des conditions exceptionnelles comme celles du Yémen. Mais le plus important est notre capacité à gérer cette diversité et ces divergences tout en restant attachés à l'intérêt national.»