LILLE : Craintes "d'effets secondaires à long terme", défense "des libertés" ou simple "phobie des aiguilles": après deux ans de pandémie, les non-vaccinés interrogés par l'AFP avancent des arguments variés, scientifiquement discutables, mais tiennent à se démarquer des "caricatures" dont ils sont l'objet.
"J'applique le +dans le doute, abstiens-toi+, face à un produit dont on ne sait pas comment il a été fabriqué. C'est un calcul bénéfice risque", explique Virginie Figueira, employée de Pôle emploi dans le Nord.
Alors que le variant Omicron déferle sur la France, où le pass vaccinal est en voie d'adoption, ni elle ni son mari ne sont vaccinés, pas plus que leur fils de 13 ans.
"Des vaccinés, dans mon entourage, ont eu des effets secondaires lourds", frissonne-t-elle, citant "un gamin de 14 ans, sportif", victime d'une myocardite et dont le médecin aurait "établi un lien" avec le vaccin, ou "plusieurs femmes" aux règles perturbées.
"Le Covid n'est pas la peste, ni Ebola", martèle cette trentenaire, contaminée en mars 2020 et guérie à l'aide d'un "traitement classique". "Pas méfiante envers la science", elle se défie "plutôt du gouvernement", qui selon elle "gonfle l'affaire" et agite les peurs, possiblement en raison "d'intérêts financiers".
«Principe de précaution»
"On devrait vacciner ceux qu'on vaccine contre la grippe", pour les autres "ce n'est pas indispensable", tranche pour sa part Diane Kayanakis, 51 ans. Professeure d'allemand dans un collège de la métropole lilloise, elle estime avoir observé "un grand échantillon de malades", qui n'ont "pas eu plus qu'une grippe".
"Je ne suis pas anti-vaccin. J'ai des filles vaccinées contre le papillomavirus", insiste-t-elle, refusant d'être assimilée aux "caricatures" véhiculées par le gouvernement.
"Mais on n'entend plus parler du principe de précaution", regrette-t-elle, "encore plus inquiète sur le plan des libertés individuelles, comme celle d'aller et venir", mises à mal par le pass vaccinal.
"Vaccination oui, pour les gens fragiles, avec des comorbidités", fait écho Véronique Rogez, médecin généraliste de 63 ans à Noyon (Oise), qui n'exerce plus depuis l'obligation vaccinale imposée aux soignants.
"On n'a pas le recul" nécessaire pour "vacciner des populations entières", et il est "criminel" de contraindre les jeunes, juge-t-elle, dans une région proche du niveau national en matière de vaccination.
A l'autre bout de la France, à Montpellier, Nathalie Silovy, paysagiste de 59 ans, est elle guidée, après deux cancers, par sa peur d'une récidive, au vu du "manque de recul" sur l'ARN messager.
"J'ai peur que cela affaiblisse mes défenses" et "la trouille l'emporte sur le truc raisonnable, l'envie d'aller à la piscine, au restau ou au ciné".
«Obsession vaccinale»
Rivée sur l'actualité médicale, elle "attend le vaccin du laboratoire franco-autrichien Valneva", ou encore de l'américain Novavax, aux technologies "plus classiques".
"Nous ne sommes pas tous des cerveaux ramollis, fascistes ou complotistes", ajoute-t-elle, en colère contre des autorités qui "infantilisent les gens".
Pour Lenny, chauffeur routier de 40 ans, ce qui était "une envie d'attendre, voir si c'est efficace" est devenu une "position de principe".
"Il y a trop de bourrage de crâne médiatique. Je comprends pas cette obsession du vaccin. Parmi mes connaissances, tous ceux qui ont eu le Covid étaient vaccinés. A quoi ça sert ?", s'interroge-t-il.
Si certains de ces réfractaires ont longtemps "fait des tests" pour garder "une vie sociale", tous vont désormais "s'organiser autrement", "inviter des amis", "aller marcher", ou "se priver" de certaines activités.
Tous condamnent aussi les dernières déclarations d'Emmanuel Macron, qui a dit vouloir "emmerder" les non-vaccinés. "Il cherche quelqu'un sur qui taper, pour se délester" de ses responsabilités, pense Clément Bostin, demandeur d'emploi de 28 ans à Lille.
Lui est "juste phobique des aiguilles". "J'ai même pas fait le rappel des 25 ans du Tétanos", avoue-t-il.