WASHINGTON : Les républicains par leur silence, Biden par ses attaques... Le premier anniversaire de l'assaut du Capitole a offert un large espace politique à Donald Trump, plus que jamais au coeur de l'équation politique américaine.
En marquant l'attaque il y a un an jour pour jour contre le Congrès américain, Joe Biden a surpris. Lui qui n'évoque d'habitude son prédécesseur que par des détours de phrases, des surnoms comme "l'autre type" ou "le gars d'avant", n'a pas ménagé le moindre coup contre son adversaire, dont les partisans avaient envahi le temple de la démocratie américaine le 6 janvier dernier.
Donald Trump a créé un "tissu de mensonges" et "tenté d'empêcher un transfert pacifique du pouvoir", a tancé le démocrate.
Mais par ses attaques, Joe Biden a aussi offert à son rival la chance de redescendre dans l'arène politique.
Sans se faire attendre, l'ex-président a enfilé les gants et riposté à coup de communiqués.
Un premier pour dénoncer le "théâtre politique" qu'a selon lui constitué le discours de Biden, destiné à faire oublier ses "échecs".
"Tout ce qu'il touche se transforme en échec!", a-t-il répété dans un second, à quelques minutes d'intervalle.
Avec un troisième, il a enfoncé le clou: "N'oubliez jamais le crime qu'a été l'élection présidentielle de 2020. N'abandonnez jamais!"
Donald Trump avait pourtant été contraint de renoncer à tenir une conférence de presse jeudi, et il semblait résigné à se tenir en retrait de cette journée de commémorations.
Au contraire, le violent mano a mano entre les deux septuagénaires a parfois eu des accents de remake de la campagne de 2020. Jusqu'à planter le décor pour 2024?
Tout paraît possible.
Mutisme républicain
Car aux diatribes du tempétueux milliardaire, les républicains – quasi unanimes à condamner les actions des manifestants pro-Trump il y a un an – opposent un mutisme déconcertant.
Les rares à se fendre d'un communiqué jeudi, comme le puissant sénateur Lindsey Graham, le font pour aller dans le sens de Donald Trump, signe une fois encore de la mainmise de l'ex-président sur son parti, plus d'un an après sa défaite à l'élection de novembre 2020.
"Si la présidence Biden est en chute libre un an après le 6 janvier, ce n'est pas en raison de l'attaque contre notre Capitole, mais bien à cause de ses politiques ratées et de la faiblesse de son leadership", accuse l'élu de Caroline du Sud.
Selon lui, Joe Biden et sa vice-présidente Kamala Harris tentent de transformer l'assaut du Capitole en affaire politique.
Le chef des républicains au Sénat, Mitch McConnell a également accusé ses collègues démocrates "d'exploiter cet anniversaire pour promouvoir des objectifs politiques partisans". Absent des commémorations, il a quitté Washington pour assister à des obsèques dans le sud du pays.
Couloirs désertés
Seules voix dissonantes au sein du "Grand Old Party": Liz Chenez, élue opposée à Donald Trump, et son père Dick Cheney, ancien vice-président de George W. Bush.
Les deux étaient présents lors de la minute de silence en hommage aux policiers morts des suites de l'attaque.
Liz Cheney est aussi l'une des deux élus républicains qui ont accepté de participer à la commission d'enquête parlementaire qui cherche à faire la lumière sur les responsabilités dans les événements du 6 janvier 2021 et les tentatives de rejeter les résultats de la présidentielle.
Malgré les innombrables preuves du contraire, bien plus de la moitié des électeurs du parti conservateur croient toujours que ce scrutin a été volé à Donald Trump.
Alors pour cette journée de commémorations et à moins d'un an de législatives cruciales, les républicains ont déserté les couloirs du Capitole.
Pas un républicain dans l'hémicycle du Sénat où, quelques heures après l'allocution de Joe Biden, le chef démocrate Chuck Schumer a accusé Donald Trump de "continuer aujourd'hui à répandre sa bile venimeuse".
Les deux seuls élus à avoir rompu le silence républicain appartiennent à la frange la plus farouchement pro-Trump du parti.
"Le 6 janvier n'était pas une insurrection", a plaidé l'élu de Floride Matt Gaetz, lors d'une conférence de presse rythmée de vidéos censées appuyer cette théorie.
Sa collègue Marjorie Taylor Greene a déploré que "les électeurs républicains, les partisans de Trump soient traînés dans la boue depuis un an".
Comme Donald Trump, l'élue sulfureuse a vu un de ses comptes bannis de Twitter. Comme l'ancien président, elle épouse la théorie d'une "élection volée".