LONDRES : Les vingt-trois pays de l'Opep+, qui se réunissent mardi, devraient poursuivre leur ouverture progressive des vannes alors que la demande de pétrole est à ce stade peu affectée par la propagation du variant Omicron.
Plusieurs analystes appellent cependant l'alliance à accélérer la cadence: ils s'inquiètent de l'augmentation trop lente des extractions d'or noir, tandis que la flambée des prix de l'énergie alimente une poussée de l'inflation à travers le monde.
En décembre, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses alliés via l'accord Opep+ avaient déjà décidé de relever la production, malgré les inquiétudes autour d'Omicron qui avaient fait flancher les cours.
Pari payant pour le cartel: l'organisation avait ainsi répondu aux craintes de Washington sur les prix à la pompe, s'attirant les remerciements de la Maison Blanche... Alors même que les cours du brut repartaient de plus belle.
Cette remontée "suggère que les acteurs du marché sont désormais moins inquiets" sur l'effet du variant du Covid-19 sur la demande, explique à l'AFP Giovanni Staunovo, analyste chez UBS.
Un diagnostic partagé par les 13 membres de l'Opep, qui ont estimé lors d'une réunion technique lundi que les conséquences sur la demande seraient modérées et n'affecteraient pas le marché sur le long terme.
Mardi, ils retrouvent leurs dix autres partenaires, tout d'abord au sein du Comité ministériel conjoint de suivi (JMMC) à 13H00 heure de Paris et de Vienne, siège de l'Organisation (12H00 GMT), avant la rencontre plénière par visioconférence une heure plus tard.
"Je m'attends à ce que le groupe s'en tienne à son plan" adopté en mai 2021 "et augmente sa production de 400 000 barils quotidiens en février", affirme M. Staunovo.
Relance difficile
En réalité, l'Opep+ a du mal à parvenir à un tel volume. "Il faut bien se souvenir qu'une hausse du seuil de production autorisé n'est pas la même chose qu'une réelle augmentation", souligne dans une note Bjarne Shieldrop, analyste chez SEB, qui remarque que plusieurs pays peinent déjà à augmenter leurs extractions.
"Le Nigeria et l'Angola sont les deux exemples les plus évidents, mais il est important de noter que la Russie n'a pas non plus accru sa production en décembre, signe qu'elle pourrait déjà avoir atteint sa capacité maximale", souligne-t-elle.
La Russie, qui fait partie des producteurs qui se sont alliés à l'Opep dans le cadre de l'Opep+, pèse autant que l'Arabie saoudite sur le marché du brut.
Autre poids lourd en difficulté, l'Iran, dont les exportations sont limitées par les sanctions américaines.
Et tandis que les pourparlers ont repris fin novembre à Vienne entre Téhéran et les Occidentaux pour tenter de faire revenir les Etats-Unis dans l'accord sur le nucléaire, avec à la clé pour la République islamique une levée des mesures punitives, le marché semble pour l'instant sceptique sur le retour des barils iraniens.
"Un échec (des négociations) mènerait à de nouvelles sanctions" mais également à une remontée des tensions au Moyen-Orient et dans le Golfe", ce qui pourrait encore faire monter les prix, avertit M. Shieldrop.
A la veille du sommet de mardi, l'Opep a nommé un nouveau secrétaire général: le Koweïtien Haitham Al-Ghais, vétéran du secteur, succédera en août et pour trois ans au Nigérian Mohammed Barkindo.
En poste depuis 2016, c'est sous la houlette de M. Barkindo que l'Opep a repris son statut de meneur du marché du brut grâce à l'alliance Opep+.
"Alors qu'un autre chapitre débute avec la nouvelle année, souvenons-nous avec fierté de ce que nous avons accompli par le biais de cette coopération historique", s'est félicité lundi M. Barkindo après la réunion technique de l'Opep.